Bataille d'Auray (1364)

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Bataille d'Auray
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille d'Auray, miniature par Jean Froissart.
Informations générales
Date
Lieu Auray (Morbihan)
Issue Victoire anglo-monfortiste
Belligérants
Bretons blésistes
France
Bretons monfortistes
Angleterre
Commandants
Charles de Blois
Bertrand Du Guesclin
Jean III de Chalon-Auxerre
Jean de Montfort
Jean Chandos
Olivier V de Clisson
Robert Knolles
Forces en présence
4 000 hommes[1] 3 500 hommes[1]
Pertes
800 à 1 000 morts
1 500 prisonniers
inconnues

Guerre de Succession de Bretagne

Batailles

Coordonnées 47° 40′ nord, 2° 59′ ouest

La bataille d'Auray () est la dernière bataille de la guerre de Succession de Bretagne, guerre régionale qui s'inscrit dans la rivalité franco-anglaise de la guerre de Cent Ans. Elle oppose une armée anglo-bretonne aux ordres de Jean IV de Montfort à une force franco-bretonne soutenant le parti de Charles de Blois.

Prélude

Au début de 1364, après l'échec des négociations d'Évran, le jeune Jean IV de Bretagne, fils de Jean de Montfort, vient attaquer Auray avec l'aide de l'Anglais John Chandos, aux mains des Franco-Bretons depuis 1342 car cette ville littorale est un enjeu stratégique (château fort construit sur un escarpement, dominant un port abrité et qui dispose d'un pont sur la route de Vannes)[2]. Il entre dans Auray et assiège le château que bloquent par mer les navires de Nicolas Bouchart en provenance du Croisic.
Les vivres venant à manquer, les assiégés acceptent de rendre la place, si les secours n'arrivent pas avant la Saint-Michel.
Le 27 septembre, tandis que Charles de Blois est à l'abbaye Notre-Dame de Lanvaux, Du Guesclin, qui commande l'avant-garde, se trouve à Brandivy. Le 28, du Guesclin vient s'installer sur la rive gauche du Loc'h, en vue du château. Pour éviter de se trouver entre le château et l'armée française, Jean IV évacue Auray et se place face à l'ennemi, sur le coteau de la rive droite.
Le 29, des tentatives d'accord ont lieu, sans succès et Charles de Blois ordonne l'attaque. Son armée passe la rivière et se range face au sud. Jean IV suit le mouvement et se range face au nord[3].

Forces en présence

Armée franco-bretonne de Charles de Blois

À gauche le comte d'Auxerre, à droite du Guesclin, au centre Charles de Blois. Une faible réserve qui ne sera pas utilisée.

Armée anglo-bretonne de Jean IV de Bretagne

À droite Clisson, à gauche l'Anglais Robert Knolles, au centre Jean IV et l'Anglais Chandos. Une réserve importante prête à intervenir.

La bataille

La bataille d'Auray, d'après la Chronique de Bertrand Du Guesclin par Cuvelier

Une première courte escarmouche oppose les arbalétriers français et les archers anglais. Puis les hommes d'armes se précipitent sans chercher à manœuvrer.
Le combat est acharné, car tous veulent que cette bataille soit décisive et mette fin à cette guerre longue et cruelle. De plus la consigne a été donnée de part et d'autre de ne pas faire de quartier à celui des deux prétendants qui viendrait à tomber aux mains de ses ennemis.
Chaque corps anglo-breton est enfoncé, l'un après l'autre, mais les réserves rétablissent la situation. Par contre l'aile droite franco-bretonne plie et, n'étant pas soutenue par les réserves, se replie vers le centre. L'aile gauche plie à son tour et les troupes de Charles de Blois lâchent pied. Charles, renversé d'un coup de lance, est achevé par un soldat anglais obéissant à la consigne donnée. Du Guesclin, ayant brisé toutes ses armes, est obligé de se rendre à John Chandos.

Conséquences

Cette victoire met fin à la guerre de Succession de Bretagne et par le traité de Guérande, en 1365, le roi de France reconnaît Jean IV de Bretagne comme duc de Bretagne.

La légende

(1364) dans Pierre Le Baud, Compillation des cronicques et ystoires des Bretons, XVème siècle, Bibliothèque nationale de France)

Une légende dont certains l'attribuent à une prophétie de Merlin, voudrait qu'en 1341, Jean III le Bon, duc de Bretagne de l'époque, sauva une sorcière du lynchage. Celle-ci, pour le remercier, lui offrit un jeune lévrier nommé Yoland dont elle déclara qu'il ne serait jamais fidèle qu'au duc de Bretagne. C'est la même année que va s'éteindre Jean le Bon, dont l'héritage revient à Jeanne de Penthièvre, épouse de Charles de Blois depuis 1337; ce qui provoque la colère de Jean de Montfort, frère du défunt Jean III, et se considérant donc comme héritier légitime. C'est alors que va débuter la guerre de Succession de Bretagne. Au cours de celle-ci, Jean de Montfort tombe aux mains des adversaires français et meurt lors du second siège d'Hennebont. Sa femme, Jeanne de Flandre, continue alors à mener le combat et envoie leur fils, Jean IV, âgé de 5 ans, auprès d'Édouard III à Londres, afin de le protéger. Au bout de quelques années, Jean IV de Montfort, ayant épousé la fille d'Édouard III, vient continuer le combat face à Charles de Blois, jusqu'à la fameuse bataille d'Auray. Rappelons que Charles de Blois, duc de Bretagne, est donc maître du fidèle Yoland, toujours fringuant vingt trois ans après la mort de Jean III. Les troupes de Charles de Blois sont alors à un jet de pierre de celles de Jean IV. Charles jette un regard à son lévrier fétiche, et Yoland lui rend son regard, d'un air mélancolique. Puis, tout à coup, l'animal se précipite vers les rangs ennemis. Les capitaines de Charles de Blois ne savent que faire. Est-ce un signal d'attaque? Le chien de la sorcière leur indique t-il la victoire, ou au contraire la défaite? Dans le camp de Jean IV on est tout aussi perplexe. Le chien vient il sauter à la gorge du meneur? Dans le camp des bretons bretonnants, on se souvient également de la prophétie voulant que Yoland n'appartienne qu'au duc de Bretagne. Le lévrier s'approche alors de Jean IV, se dresse sur ses pattes arrières, et vient lécher la main du cavalier: Yoland vient de faire allégeance. Et le soir même, Charles de Blois, n'était plus duc de Bretagne, périt au combat, tandis que le traité de Guérande, signé l'année suivante, fera de Jean IV de Montfort le légitime duc de Bretagne, comme l'avait supposé l'intervention surnaturelle de Yoland. Après le combat, on retrouva le corps de l'animal inanimé, non pas qu'un soldat ait osé porté atteinte à cet être sacré, mais le lévrier ayant rempli sa mission, son cœur avait simplement cessé de battre[4].

Notes et références

  1. a et b Yves Coativy, La Bretagne ducale. La fin du Moyen Âge, Éditions Jean-paul Gisserot, , p. 34
  2. Jean-Michel Cauneau, Chronique de l'État breton, Presses universitaires de Rennes, , p. 289
  3. Jean-Joseph Julaud, Histoire de France pour les nuls, First Éditions, , p. 210
  4. Pierre Bellemare, Jean-Marc Epinoux, Jean-François Nahmias, L'Empreinte de la bête. Cinquante histoires où l'animal a le premier rôle, Albin Michel, , p. 57-60

Voir aussi

Bibliographie

  • Laurence Moal, Auray 1364. Un combat pour la Bretagne, Presses universitaires de Rennes, 2012. (ISBN 9782753521070).
  • Jean-Claude Castex, Répertoire des combats franco-anglais de la Guerre de Cent Ans (1337-1453), Vancouver, Éd. du Phare-Ouest, 2012. p.27 et suiv.

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