Sites mégalithiques de l'Aude
Au début du XXe siècle, le département de l'Aude n'était pas considéré comme l'un des plus riches en sites mégalithiques de tous les départements de France[1]. Plusieurs découvertes dans les années 1960 et 1970 ont pourtant permis de doubler le nombre de sites recensés[2].
Caractéristiques
[modifier | modifier le code]Recensement
[modifier | modifier le code]Dans son Essai sur les Monuments mégalithiques du département de l'Aude, Germain Sicard remarquait déjà que le département de l'Aude n'est pas une terre renommée du mégalithisme pour le nombre de ses monuments. En 1929, il y recensait 35 dolmens, 22 menhirs et 3 cromlechs tout en soulignant l'absence d'exploration méthodique du département[3]. Depuis, plusieurs découvertes effectuées dans les années 1960 (la nécropole de la Clape ne fut découverte qu'en 1965) et 1970 ont permis à Jean Guilaine de recenser environ 70 dolmens[2]. Comme dans beaucoup de départements du sud de la France, la toponymie atteste d'ailleurs de l'existence ancienne de menhirs, désormais disparus, comme en témoignent les noms de « Peyro dreito », « Peyro ficado » ou « Peyro lébado »[3]. De plus, les monuments du département ont aussi subi des destructions pour des raisons religieuses, d'autres ont été épargnés après avoir été christianisé (Pierre Droite à Rieux-en-Val)[3].
Répartition géographique
[modifier | modifier le code]Géographiquement, dolmens et menhirs sont plus présents dans le nord et le sud-est du département, en prolongement des fortes densités de l'Hérault ou des Pyrénées-Orientales, alors que l'ouest du département en est complètement dépourvu. Ces fortes densités correspondent aux zones géographiques les plus favorables à l'élevage (sud Minervois, Corbières) favorisant une meilleure conservation du patrimoine mégalithique[2], a contrario, dans les zones de plaine ces constructions gênant les cultures ont bien souvent été détruites.
Architecture
[modifier | modifier le code]Au niveau de la typologie, les dolmens se partagent entre[2] :
- dolmens allongés, souvent abusivement catalogués d'allées couvertes, rectangulaires ou sub-rectangulaires (Arco del Pech, Boun Marcou, Monze, Clot de l'Hoste) parfois sectionnés en deux ou trois parties par des dalles échancrées (Pépieux, Saint-Eugène) ;
- chambres accessibles par un couloir rétréci (La Clape no 7) ;
- des édifices courts mais disposant d'un vestibule (La Clape no 8) ;
- chambres simples, carrées ou rectangulaires, s'apparentant à de simples coffres mégalithiques.
Si les édifices sont globalement de « dimensions plutôt réduites »[3], quelques monuments se caractérisent par leur taille exceptionnelle : les menhirs de Counozouls et de Malves-en-Minervois atteignent respectivement 8,90 m et 5 m mètres de hauteur, l'allée couverte de Saint Eugène atteint 15 m de longueur pour 3 m de largeur et le dolmen Lo Morrel dos Fados s'étire sur 24 m de longueur.
Datation
[modifier | modifier le code]La datation de ces monuments s'étire du Néolithique final au Chalcolithique, soit au cours du IIIe millénaire av. J.-C.[2].
Folklore
[modifier | modifier le code]Peu de légendes sont associées à ces constructions mégalithiques. Leur origine est souvent liée à l'unique thématique d'un géant ayant jeté des pierres ou son palet (« palats »)[3] créant ainsi de facto le menhir ou le dolmen associé.
Inventaire
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Sicard 1929, p. 436
- Guilaine 1998
- Sicard 1929, p. 436-454
- Sicard 1929, p. 499-509
- Paul Ambert et Jacques Gatorze, « Les dolmens de la Roueyre à Bize-Minervois (Aude) », Archéologie en Languedoc, no 4, , p. 97-103 (lire en ligne)
- Sicard ne le mentionne pas dans son inventaire de 1926. Jean Guilaine et Luc Jallot considèrent qu'il s'agit d'un bloc naturel. La pierre est d'ailleurs située dans un chaos granitique naturel.
- Bruno Marc, Dolmens & menhirs - Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Cazouls-les-Béziers, Éditions du Mont, , 170 p. (ISBN 9782915652253)
- P. Barthes et A. Rieussec, « Fournes-Cabardès - Menhir de Peyregat », Bilan scientifique régional, Direction Régionale des Affaires Culturelles Midi-Pyrénées, , p. 30 (lire en ligne)
- « Monument mégalithique, dit Allée couverte de Saint-Eugène, sur le domaine de Russol », notice no PA00102733, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Menhir », notice no PA00102758, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Dolmen dit Table des Morts », notice no PA00102767, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Pascal Rouquette, « Les Corbières maritimes », Bilan scientifique régional, , p. 55-56 (lire en ligne)
- « Dolmen des Fades ou Palet de Roland », notice no PA00102854, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Menhir dit Pierre levée de Picarel », notice no PA00102896, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Dolmen de la Jagantière ou Palet de Roland », notice no PA00102920, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Germain Sicard, « Essai sur les Monuments mégalithiques du département de l'Aude », Bulletin de la Société préhistorique de France, vol. 26, no 9, , p. 436-454 (lire en ligne)
- Germain Sicard, « Essai sur les Monuments mégalithiques du département de l'Aude », Bulletin de la Société préhistorique de France, vol. 26, no 10, , p. 499-509 (lire en ligne)
- Jean Guilaine, « Les dolmens de l'Aude », dans La France des dolmens et des sépultures collectives (4500 - 2000 avant J.-C.), Paris, Éditions Errance, , 336 p. (ISBN 2-87772-157-4), p. 175-176
- Paul Ambert, « Allées de l'Aude et dolmens à antichambre », Bulletin de la Société Préhistorique Française, vol. 72, no 2, , p. 57-64 (lire en ligne)