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« Signe de piste (collection) » : différence entre les versions

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mise en conformité WP:NdPV : La description et thématique ne concernait que la collection initiale (37 ans sur 85 d'existence) et basée en partie sur des textes susceptibles d'être orientés politiquement (combat considéré de gauche en 1972, et voir note sur Pascal Ory dans Positionnement et thématique)
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'''Signe de piste''' est une collection française de [[littérature d'enfance et de jeunesse|romans pour la jeunesse]] créée en [[1937]] par les éditions Alsatia. Elle connaît alors un large succès. Elle est reprise par d'autres maisons à partir des [[années 1970]].
'''Signe de piste''' est une collection française de [[littérature d'enfance et de jeunesse|romans pour la jeunesse]] créée en [[1937]] par les éditions Alsatia. Elle connaît alors un large succès et sera aussi éditée en [[Allemagne]] vers les [[années 1960]]. A partir des [[années 1970]] elle est reprise successivement par d'autres maisons d'éditions. Toujours éditée elle est une des plus vielles collection française de [[littérature d'enfance et de jeunesse|romans pour la jeunesse]].


Le scoutisme et le catholicisme forment le substrat essentiel des thématiques abordées, dans une approche fréquemment qualifiée de réactionnaire{{Sfn|Guérin|1993}}{{,}}<ref name=":0" />{{,}}<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":2" />.
De pars la réédition régulière des romans de son édition initiale, où le scoutisme et le catholicisme formaient un substrat important des thématiques abordées{{Sfn|Guérin|1993}}{{,}}<ref name=":0" />, elle est souvent {{Citation|considérée, à tort, comme une collection scoute}}<ref name=":4" /> .


== Historique ==
== Historique ==
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Cette littérature de jeunesse a eu un très gros succès dans les [[années 1950]] à [[années 1970|1970]] dans le cadre des éditions Alsatia. Les ventes atteignent {{Unité|370000|exemplaires}} en 1957<ref name=":0">{{Article|auteur1=[[Pascal Ory]]|titre="Signe de piste" - le pays perdu de la chevalerie|périodique=La Revue des livres pour enfants|date=1990|lire en ligne=https://cnlj.bnf.fr/fr/block-revue-numerique/signe-de-piste-le-pays-perdu-de-la-chevalerie|pages=73-74}}</ref>. Les tirages du « Prince Eric », de Serge Dalens dépassent, sur le long terme, les deux millions cinq cent mille exemplaires<ref name=":0" />.
Cette littérature de jeunesse a eu un très gros succès dans les [[années 1950]] à [[années 1970|1970]] dans le cadre des éditions Alsatia. Les ventes atteignent {{Unité|370000|exemplaires}} en 1957<ref name=":0">{{Article|auteur1=[[Pascal Ory]]|titre="Signe de piste" - le pays perdu de la chevalerie|périodique=La Revue des livres pour enfants|date=1990|lire en ligne=https://cnlj.bnf.fr/fr/block-revue-numerique/signe-de-piste-le-pays-perdu-de-la-chevalerie|pages=73-74}}</ref>. Les tirages du « Prince Eric », de Serge Dalens dépassent, sur le long terme, les deux millions cinq cent mille exemplaires<ref name=":0" />.


Dans les années 60, Signe de piste se retrouve au cœur d'une polémique. La collection est contestée par les milieux catholiques comme laïcs, en raison de sa conception traditionaliste de l’histoire, comme de la place qu'elle accorde à la notion de hiérarchie<ref name=":1">{{Ouvrage|auteur1=Christian Chelebourg|titre=Les Fictions de jeunesse|passage=22-23|lieu=Paris|éditeur=PUF|date=2013|pages totales=236|isbn=9782130591849|lire en ligne=https://www-cairn-info.wikipedialibrary.idm.oclc.org/feuilleter.php?ID_ARTICLE=PUF_CHELE_2013_01_0015|consulté le=7/8/2022}}</ref>. Les [[Scouts de France]] rappellent n'avoir aucun lien avec la collection. Celle-ci est présentée dans [[Combat (journal)|''Combat'']] du {{Date-|3 novembre 1972}} comme {{Citation|dangereuse pour les enfants parce qu'elle ne s'affirme pas pour ce qu'elle est en réalité : une littérature d'extrême-droite, et qu'elle noie son idéologie sous de pseudo-bons sentiments, pensant, à travers cet amalgame, faire passer naturellement tous les éléments que nous avons brièvement analysés ici : passéisme, élitisme, culte du chef, critique de la démocratie, racisme et xénophobie, bonne conscience de la civilisation de l'Occident, anti-féminisme, etc.}}<ref name=":2">{{Article|auteur1=Isabelle Jan|auteur2=Paul Lidsky|titre=Faux roman scout ? Vrai roman de classe ?|périodique=Combat|date=3 novembre 1972|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t533190c/f8.item.zoom}}</ref>{{,}}<ref name=":0" />.
Dans les années 60, Signe de piste se retrouve au cœur d'une polémique. La collection est contestée par les milieux catholiques comme laïcs, en raison de sa conception traditionaliste de l’histoire, comme de la place qu'elle accorde à la notion de hiérarchie<ref name=":1">{{Ouvrage|auteur1=Christian Chelebourg|titre=Les Fictions de jeunesse|passage=22-23|lieu=Paris|éditeur=PUF|date=2013|pages totales=236|isbn=9782130591849|lire en ligne=https://www-cairn-info.wikipedialibrary.idm.oclc.org/feuilleter.php?ID_ARTICLE=PUF_CHELE_2013_01_0015|consulté le=7/8/2022}}</ref>. Les [[Scouts de France]] rappellent n'avoir aucun lien avec la collection. Celle-ci est présentée dans [[Combat (journal)|''Combat'']] du {{Date-|3 novembre 1972}} comme {{Citation|dangereuse pour les enfants parce qu'elle ne s'affirme pas pour ce qu'elle est en réalité : une littérature d'extrême-droite, et qu'elle noie son idéologie sous de pseudo-bons sentiments, pensant, à travers cet amalgame, faire passer naturellement tous les éléments que nous avons brièvement analysés ici : passéisme, élitisme, culte du chef, critique de la démocratie, racisme et xénophobie, bonne conscience de la civilisation de l'Occident, anti-féminisme, etc.}}<ref name=":2">{{Article|auteur1=Isabelle Jan|auteur2=Paul Lidsky|titre=Faux roman scout ? Vrai roman de classe ?|périodique=[[Combat (journal)|Combat]]|date=3 novembre 1972|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t533190c/f8.item.zoom}}</ref>{{,}}<ref name=":0" />.


À la fin des années 1970, [[François Chagneau]]<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Pierre Joubert|titre=Souvenirs en vrac|passage=180-181|éditeur=Editions universitaires|date=09/1986|isbn=|lire en ligne=}}</ref> en devient le patron avec comme directeur littéraire [[Alain Gout]] et la collection est renommée "Safari-Signe de Piste".
À la fin des années 1970, [[François Chagneau]]<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Pierre Joubert|titre=Souvenirs en vrac|passage=180-181|éditeur=Editions universitaires|date=09/1986|isbn=|lire en ligne=}}</ref> en devient le patron avec comme directeur littéraire [[Alain Gout]] et la collection est renommée "Safari-Signe de Piste".
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== Positionnement et thématique ==
== Positionnement et thématique ==
A partir des années 70 la collection initiale fait l’objet de nombreuses études concernant principalement la collection initiale (1937-1967), parfois orientées politiquement<ref name=":2" /> et faisant suite aux polémiques initiées au début des [[années 1960]].
[[Pascal Ory]] indique que le corpus de la collection témoigne {{Citation|d'un projet politique foncièrement "réactionnaire"}}, valorisant le passéisme et la nostalgie. Il identifie une idéologie de la collection qui serait toute féodaliste. Ainsi, {{Citation|malgré son nimbe religieux, sa principale préoccupation est d'ordre social ; elle tient dans la relation hiérarchique, de suzerain à vassal, qui structure son imaginaire, dans la méfiance atavique qui l'anime à l'égard de la démocratie}}<ref>{{Article|auteur1=Pascal Ory|titre=Signe de piste, le pays perdu de la chevalerie|périodique=La revue des livres pour enfants|date=1990|lire en ligne=https://cnlj.bnf.fr/fr/block-revue-numerique/signe-de-piste-le-pays-perdu-de-la-chevalerie|pages=78-79}}</ref>.
[[Pascal Ory]] (texte susceptible d'être orienté politiquement<ref group="N">Secrétaire d’État dans le gouvernement de François Mitterrand, Pascal Ory a aussi été adjoint au maire [[Parti socialiste (France)|PS]] de [[Chartres]] et candidat du PS aux [[Élections municipales de 2001 en France|élections municipales de 2001]]</ref>), indique que le corpus de la collection témoigne {{Citation|d'un projet politique foncièrement "réactionnaire"}}, valorisant le passéisme et la nostalgie. Il identifie une idéologie de la collection qui serait toute féodaliste. Ainsi, {{Citation|malgré son nimbe religieux, sa principale préoccupation est d'ordre social ; elle tient dans la relation hiérarchique, de suzerain à vassal, qui structure son imaginaire, dans la méfiance atavique qui l'anime à l'égard de la démocratie}}<ref>{{Article|auteur1=Pascal Ory|titre=Signe de piste, le pays perdu de la chevalerie|périodique=La revue des livres pour enfants|date=1990|lire en ligne=https://cnlj.bnf.fr/fr/block-revue-numerique/signe-de-piste-le-pays-perdu-de-la-chevalerie|pages=78-79}}</ref>.


Des tentatives régulières de récupération de cette collection ont lieu par des mouvements traditionalistes ou d'extrême-droite sous prétexte de scoutisme<ref>{{Ouvrage|prénom1=Marie-José Chombart de|nom1=Lauwe|titre=Vigilance: vieilles traditions extrémistes et droites nouvelles|passage=116|éditeur=Editions de l'Atelier|date=1987|isbn=978-2-85139-084-4|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=hIw__Im4GjMC&pg=PA116&lpg=PA116&dq=signes+de+piste+extr%C3%AAme+droite&source=bl&ots=xPUjUiuX2W&sig=ACfU3U2l6ZYjYxbY-vVT1KWT01aS7GkI3A&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiX9fuGpqv5AhVEKxoKHe5LDGUQ6AF6BAg8EAM#v=onepage&q=signes%20de%20piste%20extr%C3%AAme%20droite&f=false|consulté le=2022-08-03}}</ref>.
Des tentatives régulières de récupération de cette collection ont aussi lieu par des mouvements traditionalistes ou d'extrême-droite sous prétexte de scoutisme<ref name=":4">{{Ouvrage|prénom1=Marie-José Chombart de|nom1=Lauwe|titre=Vigilance: vieilles traditions extrémistes et droites nouvelles|passage=116|éditeur=Editions de l'Atelier|date=1987|isbn=978-2-85139-084-4|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=hIw__Im4GjMC&pg=PA116&lpg=PA116&dq=signes+de+piste+extr%C3%AAme+droite&source=bl&ots=xPUjUiuX2W&sig=ACfU3U2l6ZYjYxbY-vVT1KWT01aS7GkI3A&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiX9fuGpqv5AhVEKxoKHe5LDGUQ6AF6BAg8EAM#v=onepage&q=signes%20de%20piste%20extr%C3%AAme%20droite&f=false|consulté le=2022-08-03}}</ref>.


=== Thèmes abordés ===
=== Thèmes abordés ===


Christian Guérin indique que les romans de la collection {{Citation|centrés sur l'homme occidental, [...] exaltent l'œuvre coloniale et scientifique de
Christian Guérin indique que les romans de la collection initiale sont {{Citation|centrés sur l'homme occidental, [...] exaltent l'œuvre coloniale et scientifique de
l'Europe lorsqu'ils n'illustrent pas les vertus d'une société d'ordre, patriarcale et
l'Europe lorsqu'ils n'illustrent pas les vertus d'une société d'ordre, patriarcale et
hiérarchisée, où la vertu, le travail (et la piété souvent) sont justement récompensés tandis que les velléités contestataires sont vilipendées}}{{Sfn|Guérin|5=1993|p=51}}. Le scoutisme et le catholicisme forment le substrat essentiel des thématiques abordées{{Sfn|Guérin|5=1993|p=53}}.
hiérarchisée, où la vertu, le travail (et la piété souvent) sont justement récompensés tandis que les velléités contestataires sont vilipendées}}{{Sfn|Guérin|5=1993|p=51}}. Le scoutisme et le catholicisme forment le substrat essentiel des thématiques abordées{{Sfn|Guérin|5=1993|p=53}}.


Le héros type, très majoritairement un jeune garçon, de la beauté adolescente d'un [[kouros]], est un noble dans la moitié des romans : {{Citation|c'est bien là l'une des caractéristiques principales des romans de la collection : l'aventure y est soit proprement aristocratique, soit élitiste}}{{Note|texte=Christian Guérin indique : {{citation|En résumé, le héros «SDP » est un beau garçon, orphelin ou dans la proximité d'un orphelin ; il est titré, ou c'est un «élu» sans qu'il le sache toujours ; il est scout, dans la mouvance du scoutisme ou d'un groupe de pairs organisé comme des scouts, et, dans tous les cas ou presque, il est traversé par un système représentationnel hérité du scoutisme catholique de l'avant et de l'immédiat après-guerre. L'aventure est son espace de réalisation}}|groupe=n}}{{,}}{{Sfn|Guérin|5=1993|p=53}}. Il incarne une jeunesse positive, par opposition au monde adulte forcément dévoyé, celui de la ville, et d'une {{Citation|république ploutocratique, parlementaire et cosmopolite}}{{Sfn|Guérin|5=1993|p=55}}.
Le héros type, très majoritairement un jeune garçon, de la beauté adolescente d'un [[kouros]], est un noble dans la moitié des romans : {{Citation|c'est bien là l'une des caractéristiques principales des romans de la collection : l'aventure y est soit proprement aristocratique, soit élitiste}}{{Note|texte=Christian Guérin indique : {{citation|En résumé, le héros «SDP » est un beau garçon, orphelin ou dans la proximité d'un orphelin ; il est titré, ou c'est un «élu» sans qu'il le sache toujours ; il est scout, dans la mouvance du scoutisme ou d'un groupe de pairs organisé comme des scouts, et, dans tous les cas ou presque, il est traversé par un système représentationnel hérité du scoutisme catholique de l'avant et de l'immédiat après-guerre. L'aventure est son espace de réalisation}}|group=N}}{{,}}{{Sfn|Guérin|5=1993|p=53}}. Il incarne une jeunesse positive, par opposition au monde adulte forcément dévoyé, celui de la ville, et d'une {{Citation|république ploutocratique, parlementaire et cosmopolite}}{{Sfn|Guérin|5=1993|p=55}}.


La collection doit ainsi une part importante de son succès au fait qu'elle propose, à travers ses récits initiatiques propres à enthousiasmer de jeunes adolescents, un univers clos, parfois autoréférentiel, une bulle de l'imaginaire affirmant l'opposition au réel{{Sfn|guérin|5=1993|p=55-57}}.
La collection doit ainsi une part importante de son succès au fait qu'elle propose, à travers ses récits initiatiques propres à enthousiasmer de jeunes adolescents, un univers clos, parfois autoréférentiel, une bulle de l'imaginaire affirmant l'opposition au réel{{Sfn|guérin|5=1993|p=55-57}}.


Les images de Joubert et Gourlier, d'accès facile, proposent un miroir aux jeunes garçons invités à s'identifier au héros : {{Citation|l'illustration exalte [...] glorieusement le corps masculin adolescent}}, dans une sensualité qui culmine dans la représentation habituelle du couple de garçons, à l'érotisme omniprésent, quoique {{Citation|neutralisé}} par l'uniforme, la loi, la discipline et les valeurs{{Note|texte=Christian Guérin indique : {{citation|les illustrations donnent ce couple à voir à travers une large palette de situations qui rythment les développements
Les images de Joubert et Gourlier, d'accès facile, proposent un miroir aux jeunes garçons invités à s'identifier au héros : {{Citation|l'illustration exalte [...] glorieusement le corps masculin adolescent}}, dans une sensualité qui culmine dans la représentation habituelle du couple de garçons, à l'érotisme omniprésent, quoique {{Citation|neutralisé}} par l'uniforme, la loi, la discipline et les valeurs{{Note|texte=Christian Guérin indique : {{citation|les illustrations donnent ce couple à voir à travers une large palette de situations qui rythment les développements
romanesques : moment de la rencontre, du plaisir partagé de la presque nudité et des sports de plein air, de la confidence, de l'effusion, de la confrontation, de la séparation, aussi. L'érotisme est omniprésent: position des corps, figuration des gestes, expression des visages ne peuvent tromper l'observation la moins prévenue}}.|groupe=n}}{{,}}{{Sfn|Guérin|5=1993|p=58}}. Il peut se nuancer de sado-masochisme{{Sfn|Guérin|5=1993|p=59}}. La place des filles dans l'illustration est restreinte, stéréotypée (écervelée et gentille), et {{Citation|lorsqu'elle est laide, tout comme le garçon, c'est alors qu'elle manifeste un mal répréhensible: elle aguiche, elle divertit l'intimité mâle en menaçant son épanouissement}}{{Sfn|Guérin|5=1993|p=59}}.
romanesques : moment de la rencontre, du plaisir partagé de la presque nudité et des sports de plein air, de la confidence, de l'effusion, de la confrontation, de la séparation, aussi. L'érotisme est omniprésent: position des corps, figuration des gestes, expression des visages ne peuvent tromper l'observation la moins prévenue}}.|group=N}}{{,}}{{Sfn|Guérin|5=1993|p=58}}. Il peut se nuancer de sado-masochisme{{Sfn|Guérin|5=1993|p=59}}. La place des filles dans l'illustration est restreinte, stéréotypée (écervelée et gentille), et {{Citation|lorsqu'elle est laide, tout comme le garçon, c'est alors qu'elle manifeste un mal répréhensible: elle aguiche, elle divertit l'intimité mâle en menaçant son épanouissement}}{{Sfn|Guérin|5=1993|p=59}}.

En 1964 les romans scouts représentent encore 50% de la collection{{Sfn|Guérin|5=1993|p=51}}, mais cette proportion baisse au fils des nouveaux romans se détachant de cette thématique, détachement qui sera accentué au début des années 1980 par l'apparition des romans de Sciences Fiction dans la collection ne permettant plus cette description de la collection<ref>{{ouvrage|auteur1=Charline Avrillault|titre=« Signe de Piste » : histoire et analyse d’une collection octogénaire de romans scouts (1937-2020)|passage=64|éditeur=Enssib|nature ouvrage=Mémoire de Master 2|date=20 août 2020|url=https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notices/70207-signe-de-piste-histoire-et-analyse-d-une-collection-octogenaire-de-romans-scouts-1937-2020|consulté le=2022-09-09|site=www.enssib.fr}}</ref>. La collection garde néanmoins toujours une image de collection Scoute par la rééditions régulière des romans scouts à succès de l'édition original.


== Auteurs et illustrateurs==
== Auteurs et illustrateurs==
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Les principaux auteurs de ''Signe de piste'' sont : [[Serge Dalens]], [[Jean-Louis Foncine]], [[Georges Ferney]], [[Pierre Labat (scout)|Pierre Labat]], [[Bruno Saint-Hill]] dont les livres ont été réédités par les [[Fleurus (maison d'édition)|éditions Fleurus]], puis par les éditions : Delahaye, Elor, [[Éditions du Triomphe|du Triomphe]], de la Licorne ou [[Éditions Pierre Téqui|Téqui]].
Les principaux auteurs de ''Signe de piste'' sont : [[Serge Dalens]], [[Jean-Louis Foncine]], [[Georges Ferney]], [[Pierre Labat (scout)|Pierre Labat]], [[Bruno Saint-Hill]] dont les livres ont été réédités par les [[Fleurus (maison d'édition)|éditions Fleurus]], puis par les éditions : Delahaye, Elor, [[Éditions du Triomphe|du Triomphe]], de la Licorne ou [[Éditions Pierre Téqui|Téqui]].


Des journalistes comme [[Bertrand Poirot-Delpech]] (''Portés disparus'', sous le pseudonyme de Bertrand Mézière) ou des artistes comme [[Philippe Avron]] (''Le Coup d'envoi'', ''Patrouille ardente'') y publièrent leurs premiers romans.
Des journalistes comme [[Bertrand Poirot-Delpech]] (''Portés disparus'', sous le pseudonyme de Bertrand Mézière) ou des artistes comme [[Philippe Avron]] (''Le Coup d'envoi'', ''Patrouille ardente'') y publièrentleurs premiers romans.


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== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
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=== Références ===
=== Références ===

Version du 9 septembre 2022 à 16:31

Signe de piste est une collection française de romans pour la jeunesse créée en 1937 par les éditions Alsatia. Elle connaît alors un large succès et sera aussi éditée en Allemagne vers les années 1960. A partir des années 1970 elle est reprise successivement par d'autres maisons d'éditions. Toujours éditée elle est une des plus vielles collection française de romans pour la jeunesse.

De pars la réédition régulière des romans de son édition initiale, où le scoutisme et le catholicisme formaient un substrat important des thématiques abordées[1],[2], elle est souvent « considérée, à tort, comme une collection scoute »[3] .

Historique

La collection est créée en 1937, par Jacques Michel (pseudonyme de Maurice de Lansaye, commissaire Scout de France et directeur de la collection « Feu de camp » aux éditions J. de Gigord de 1930 à 1936) et par Madeleine Gilleron. À l'origine, elle rassemble principalement des romans scouts. Les premiers volumes parus sont : Sous le Signe de la tortue de Georges Cerbelaud-Salagnac, Le Bracelet de vermeil, premier volume de la saga du Prince Éric de Serge Dalens et Le Tigre et sa panthère de Guy de Larigaudie. La Bande des Ayacks de Jean-Louis Foncine y est publié en 1938.

Dès le début, l'illustrateur Pierre Joubert accompagne la création[4] et en désigne notamment le logo. Il a dessiné environ 50 % des couvertures de la collection. Par le volume et la renommée, Michel Gourlier est le second « grand illustrateur » de cette collection. Mais il faut citer également Igor et Cyril Arnstam, Robert Gaulier ou René Follet.

Sous l'occupation, l'esprit et l'idéologie du régime de Vichy imprègnent fortement la collection. Serge Dalens annonce en 1941 travailler à un essai, Les trois destins du Maréchal, afin de défendre, selon lui, un chef « que l'on dit vendu parce qu'il s'est donné ». La collection rencontre alors un large succès[4].

La collection est dirigée à partir de 1954 par Jean-Louis Foncine et Serge Dalens.

En 1957, sont créées les collections "Prince Eric" à destination des plus jeunes et "Rubans noirs" pour les ainés.

Cette littérature de jeunesse a eu un très gros succès dans les années 1950 à 1970 dans le cadre des éditions Alsatia. Les ventes atteignent 370 000 exemplaires en 1957[2]. Les tirages du « Prince Eric », de Serge Dalens dépassent, sur le long terme, les deux millions cinq cent mille exemplaires[2].

Dans les années 60, Signe de piste se retrouve au cœur d'une polémique. La collection est contestée par les milieux catholiques comme laïcs, en raison de sa conception traditionaliste de l’histoire, comme de la place qu'elle accorde à la notion de hiérarchie[5]. Les Scouts de France rappellent n'avoir aucun lien avec la collection. Celle-ci est présentée dans Combat du comme « dangereuse pour les enfants parce qu'elle ne s'affirme pas pour ce qu'elle est en réalité : une littérature d'extrême-droite, et qu'elle noie son idéologie sous de pseudo-bons sentiments, pensant, à travers cet amalgame, faire passer naturellement tous les éléments que nous avons brièvement analysés ici : passéisme, élitisme, culte du chef, critique de la démocratie, racisme et xénophobie, bonne conscience de la civilisation de l'Occident, anti-féminisme, etc. »[6],[2].

À la fin des années 1970, François Chagneau[7] en devient le patron avec comme directeur littéraire Alain Gout et la collection est renommée "Safari-Signe de Piste".

Après le succès du Safari-Signe de Piste (1971-1974), l'engouement n'est plus le même auprès du grand public et la collection souffre du désintérêt ou du manque de moyen de ses repreneurs successifs. La collection cherche à se relancer via un petit éditeur, EPI, en créant le "Nouveau Signe de Piste". Mais ce fut un échec à cause de la volonté des représentants de Hachette qui assurait la diffusion en librairie, lesquels dirigeants préféraient privilégier leurs propres collections.

En 1979 La collection passe chez Desclée de Brouwer (DDB).

En 1983 elle est reprise par le groupe Bégédis qui lui redonne du succès via ses maison d'édition de l'Epi puis aux éditions Universitaires qui appartiennent au groupe.

La collection passera ensuite au groupe Media Participation en reprenant le nom "Signe de Piste" d'abord via sa maison d'édition Proost en 1991, puis sa maison d'édition Fleurus[8].

En 2003 la collection passe aux édition Carnot qui n'en édite pas[8].

Depuis 2007 la collection est reprise par les éditions Delahaye[9] et de nouveau éditée sous le nom "Signe de Piste" et l'abréviation "S2P".

En 1977, Alain Poher, Président du Sénat, remet à la collection « Signe de piste », représentée par ses directeurs Serge Dalens et Jean-Louis Foncine, la Minerve d'Or de la Société d'Encouragement au Bien[réf. souhaitée].

Positionnement et thématique

A partir des années 70 la collection initiale fait l’objet de nombreuses études concernant principalement la collection initiale (1937-1967), parfois orientées politiquement[6] et faisant suite aux polémiques initiées au début des années 1960. Pascal Ory (texte susceptible d'être orienté politiquement[N 1]), indique que le corpus de la collection témoigne « d'un projet politique foncièrement "réactionnaire" », valorisant le passéisme et la nostalgie. Il identifie une idéologie de la collection qui serait toute féodaliste. Ainsi, « malgré son nimbe religieux, sa principale préoccupation est d'ordre social ; elle tient dans la relation hiérarchique, de suzerain à vassal, qui structure son imaginaire, dans la méfiance atavique qui l'anime à l'égard de la démocratie »[10].

Des tentatives régulières de récupération de cette collection ont aussi lieu par des mouvements traditionalistes ou d'extrême-droite sous prétexte de scoutisme[3].

Thèmes abordés

Christian Guérin indique que les romans de la collection initiale sont « centrés sur l'homme occidental, [...] exaltent l'œuvre coloniale et scientifique de l'Europe lorsqu'ils n'illustrent pas les vertus d'une société d'ordre, patriarcale et hiérarchisée, où la vertu, le travail (et la piété souvent) sont justement récompensés tandis que les velléités contestataires sont vilipendées »[11]. Le scoutisme et le catholicisme forment le substrat essentiel des thématiques abordées[12].

Le héros type, très majoritairement un jeune garçon, de la beauté adolescente d'un kouros, est un noble dans la moitié des romans : « c'est bien là l'une des caractéristiques principales des romans de la collection : l'aventure y est soit proprement aristocratique, soit élitiste »[N 2],[12]. Il incarne une jeunesse positive, par opposition au monde adulte forcément dévoyé, celui de la ville, et d'une « république ploutocratique, parlementaire et cosmopolite »[13].

La collection doit ainsi une part importante de son succès au fait qu'elle propose, à travers ses récits initiatiques propres à enthousiasmer de jeunes adolescents, un univers clos, parfois autoréférentiel, une bulle de l'imaginaire affirmant l'opposition au réel[14].

Les images de Joubert et Gourlier, d'accès facile, proposent un miroir aux jeunes garçons invités à s'identifier au héros : « l'illustration exalte [...] glorieusement le corps masculin adolescent », dans une sensualité qui culmine dans la représentation habituelle du couple de garçons, à l'érotisme omniprésent, quoique « neutralisé » par l'uniforme, la loi, la discipline et les valeurs[N 3],[15]. Il peut se nuancer de sado-masochisme[16]. La place des filles dans l'illustration est restreinte, stéréotypée (écervelée et gentille), et « lorsqu'elle est laide, tout comme le garçon, c'est alors qu'elle manifeste un mal répréhensible: elle aguiche, elle divertit l'intimité mâle en menaçant son épanouissement »[16].

En 1964 les romans scouts représentent encore 50% de la collection[11], mais cette proportion baisse au fils des nouveaux romans se détachant de cette thématique, détachement qui sera accentué au début des années 1980 par l'apparition des romans de Sciences Fiction dans la collection ne permettant plus cette description de la collection[17]. La collection garde néanmoins toujours une image de collection Scoute par la rééditions régulière des romans scouts à succès de l'édition original.

Auteurs et illustrateurs

Les principaux auteurs de Signe de piste sont : Serge Dalens, Jean-Louis Foncine, Georges Ferney, Pierre Labat, Bruno Saint-Hill dont les livres ont été réédités par les éditions Fleurus, puis par les éditions : Delahaye, Elor, du Triomphe, de la Licorne ou Téqui.

Des journalistes comme Bertrand Poirot-Delpech (Portés disparus, sous le pseudonyme de Bertrand Mézière) ou des artistes comme Philippe Avron (Le Coup d'envoi, Patrouille ardente) y publièrentleurs premiers romans.

Notes et références

Notes

  1. Secrétaire d’État dans le gouvernement de François Mitterrand, Pascal Ory a aussi été adjoint au maire PS de Chartres et candidat du PS aux élections municipales de 2001
  2. Christian Guérin indique : « En résumé, le héros «SDP » est un beau garçon, orphelin ou dans la proximité d'un orphelin ; il est titré, ou c'est un «élu» sans qu'il le sache toujours ; il est scout, dans la mouvance du scoutisme ou d'un groupe de pairs organisé comme des scouts, et, dans tous les cas ou presque, il est traversé par un système représentationnel hérité du scoutisme catholique de l'avant et de l'immédiat après-guerre. L'aventure est son espace de réalisation »
  3. Christian Guérin indique : « les illustrations donnent ce couple à voir à travers une large palette de situations qui rythment les développements romanesques : moment de la rencontre, du plaisir partagé de la presque nudité et des sports de plein air, de la confidence, de l'effusion, de la confrontation, de la séparation, aussi. L'érotisme est omniprésent: position des corps, figuration des gestes, expression des visages ne peuvent tromper l'observation la moins prévenue ».

Références

  1. Guérin 1993.
  2. a b c et d Pascal Ory, « "Signe de piste" - le pays perdu de la chevalerie », La Revue des livres pour enfants,‎ , p. 73-74 (lire en ligne)
  3. a et b Marie-José Chombart de Lauwe, Vigilance: vieilles traditions extrémistes et droites nouvelles, Editions de l'Atelier, (ISBN 978-2-85139-084-4, lire en ligne), p. 116
  4. a et b Cantier 2019, p. 163.
  5. Christian Chelebourg, Les Fictions de jeunesse, Paris, PUF, , 236 p. (ISBN 9782130591849, lire en ligne), p. 22-23
  6. a et b Isabelle Jan et Paul Lidsky, « Faux roman scout ? Vrai roman de classe ? », Combat,‎ (lire en ligne)
  7. Pierre Joubert, Souvenirs en vrac, Editions universitaires, , p. 180-181
  8. a et b « « Signe de Piste » : histoire et analyse d’une collection octogénaire de romans scouts (1937-2020) - Notice bibliographique | Enssib », sur www.enssib.fr (consulté le )
  9. « Reprise des Signe de Piste édités par les éditeurs précédents », sur Editions Delahaye (consulté le )
  10. Pascal Ory, « Signe de piste, le pays perdu de la chevalerie », La revue des livres pour enfants,‎ , p. 78-79 (lire en ligne)
  11. a et b Guérin 1993, p. 51.
  12. a et b Guérin 1993, p. 53.
  13. Guérin 1993, p. 55.
  14. guérin 1993, p. 55-57.
  15. Guérin 1993, p. 58.
  16. a et b Guérin 1993, p. 59.
  17. Charline Avrillault, « Signe de Piste » : histoire et analyse d’une collection octogénaire de romans scouts (1937-2020) (Mémoire de Master 2), Enssib, (lire en ligne), p. 64

Annexes

Bibliographie

  • Nathalie BOITEL, Écrits et chuchotements autour d'une collection pour la jeunesse, Signe de piste, maîtrise, 1991.
  • Laurent Déom, Le Roman scout : Du texte à la réception : Essai de psychosociologie d’un imaginaire littéraire : Dalens, Foncine, Leprince, Valbert, Vauthier (1937-2000), université catholique de Louvain-la-Neuve (thèse de doctorat), 2007.
  • Florence FOURQUIER, Littérature enfantine et idéologie, Safari-Signe de Piste : trente huit ans au service de l'encadrement politique de l'adolescence, mémoire d'IEP, dir Mlle de Luze, IEP de Bordeaux, 1974.
  • Agathe GEORGES-PICOT, Analyse historique de la collection Signe de Piste, maîtrise d'histoire, dir Philippe Levillain, université de Paris X, 1988.
  • Alain Gout, La littérature pour adolescents: analyse de la collection "signe de piste", maîtrise de lettres modernes, université de Paris VIII, 1970.
  • Alain Gout, Signe de piste : Étude structurale et socio-thématique d'une collection de romans pour adolescents, université de Paris VIII (thèse de troisième cycle), 1973.
  • Christian Guerin, Éclaireurs, scouts de France et Signe de piste : histoire d'un système de représentations (1920-1964), Université Paris 10, 1993, 3 vol. (thèse d'Histoire)
  • Christian Guérin, « La collection "signe de piste". Pour une histoire culturelle du scoutisme en France », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 40,‎ , p. 45–61 (DOI 10.3406/xxs.1993.2999, lire en ligne, consulté le )
  • Michel Menu, Raiders scouts, presses d'Île de France, 1955.
  • Jacques Scheer, Signe de piste et scouts de France, université de Paris VIII (mémoire de maîtrise en sciences de l'éducation), 1983.
  • Charline Avrillault, Le roman scout et le succès de la collection « Signe de Piste » (Mémoire du Master 1), Université de Lyon - Université Lumière Lyon 2, (présentation en ligne)
  • Charline Avrillault, « Signe de Piste » : histoire et analyse d’une collection octogénaire de romans scouts (1937-2020) (Mémoire de Master 2), Université de Lyon - Université Lumière Lyon 2, (présentation en ligne, lire en ligne)
  • Jacques Cantier, Lire sous l'occupation, Paris, CNRS éditions, , 381 p. (ISBN 9782271093325).

Liens externes