Louis Pergaud

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Louis Pergaud
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Portrait de Louis Pergaud.
Nom de naissance Louis-Émile-Vincent Pergaud
Naissance
Belmont
Drapeau de la France France
Décès (à 33 ans)
Fresnes-en-Woëvre
Drapeau de la France France
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres

Œuvres principales

Louis Pergaud est un instituteur et écrivain français né le à Belmont (Doubs) et mort pour la France le à Fresnes-en-Woëvre (Meuse)[1],[2].

Il est notamment l'auteur de De Goupil à Margot, prix Goncourt 1910, et de La Guerre des boutons, paru en 1912.

Biographie

Jeunesse

Louis Pergaud est originaire de Belmont, près de Besançon dans le Doubs. Son père, Élie Pergaud, instituteur paroissial depuis 1877, avait épousé le Noémie Collette, fille de fermiers de la même commune.

Louis est le cadet de trois enfants dont Pierre (-) et Lucien (1883-1973). Il se retrouve orphelin à 18 ans, son père et sa mère étant morts à Fallerans à un mois d'intervalle (respectivement les et ).

Il suit les traces de son père au moment de choisir son métier : après une préparation à Besançon, en , Louis Pergaud, âgé de seize ans, dont le travail est excellent, présente le concours d’entrée à l’École normale et il est reçu premier. Après 3 ans d'études acharnées dans cette école, il en sort, le , troisième de sa promotion. Il est nommé enseignant à Durnes, son premier poste, pour la rentrée d’.

Premiers écrits

En 1903, il épouse Marthe Caffot, institutrice à La Barèche, un village voisin. En , avec l'aide d'un ami poète, Léon Deubel, il fait paraître son premier recueil de poésies, L’Aube. En 1905, lors de la séparation des Églises et de l'État, Pergaud est muté à Landresse, toujours dans le Doubs. L'arrivée au village d'un instituteur réputé socialiste et anticlérical suscite des protestations des populations locales ulcérées. Le refus de Pergaud d'assister à la messe et d'enseigner la doctrine catholique ont pour effet d'aggraver les tensions.

En 1907, il abandonne sa femme. Il monte à Paris où sa maîtresse Delphine Duboz le rejoindra peu après. Il travaille comme clerc puis obtient un poste d'instituteur à l'école communale d'Arcueil puis à Maisons-Alfort, consacrant tout le temps qu'il peut à sa plus grande passion : l'écriture. Pergaud, l'écrivain, puisera aux souvenirs de sa terre natale, la Franche-Comté, pour composer la quasi-totalité de ses œuvres. La prose de Pergaud est souvent assimilée soit au mouvement réaliste, parfois même naturaliste, soit au mouvement moderniste. En 1908, Marthe Caffot et lui divorcent après presque trois ans de séparation. Le divorce est prononcé aux torts de l'écrivain. En , il épouse Delphine Duboz dont le grand-père est originaire de Domprel dans le Doubs[n 1].

Reconnaissance

Sa première publication en prose parait dans le Mercure de France en 1910 ; intitulé De Goupil à Margot, ce recueil de nouvelles reçoit le prix Goncourt la même année. Avec cette œuvre Pergaud s'établit comme maître littéraire dans le domaine animalier. Certains critiques y voient l'expression des similitudes entre les instincts amoraux des animaux, et les activités immorales des hommes. Ces mêmes critiques proposent que Pergaud adopte une telle position en conséquence de son fervent antimilitarisme, une attitude qu'il aurait développée durant son service national en 1902[3].

En 1911 sort son deuxième recueil de nouvelles sur le thème des animaux, dont La Revanche du corbeau.

En 1912, il écrit La Guerre des boutons, roman de ma douzième année : rivalités belliqueuses entre garçons de deux villages voisins à chaque rentrée scolaire. Cette guerre prend une forme un peu particulière : en plus des coups et des injures, les « vaincus » se voient confisquer leurs boutons en guise de trophées, avant d'être renvoyés chez eux. Le roman commence avec humour et innocence, mais devient de plus en plus sinistre au fur et à mesure que la frontière entre jeu et réalité est brouillée. Sa Majesté des mouches développera plus tard des aspects assez similaires. On trouvera aussi dans la Guerre des boutons plusieurs thèmes relevant de la vie sociopolitique de la Troisième République française : le conflit entre l'Église et le mouvement anticlérical, l'esprit revanchard, l'instruction civique à la Jules Ferry, etc. Les villages que Pergaud appelle Longeverne et Velrans sont ceux de Landresse et Salans, et dans le personnage de La Crique on reconnaîtra l'auteur lui-même.

En 1913 paraît Le Roman de Miraut, chien de chasse. Il écrit de nombreuses autres histoires à propos de la vie « rustique » et du règne animal, qui seront publiées à titre posthume.

Mort

Louis Pergaud en tenue militaire.

En , Louis Pergaud est mobilisé dans l'armée française comme sergent (il sera nommé sous-lieutenant en ) au 166e régiment d'infanterie [4] cantonné à Verdun. Il sert en Lorraine sur le front ouest, pendant l'invasion allemande. Le , son régiment lance, dans le secteur des Éparges près de Verdun, une attaque contre les lignes allemandes (attaque contre Marchéville-en-Woëvre - cote 233) à l'issue de laquelle il est porté disparu[5].

Selon l'hypothèse actuelle[réf. nécessaire], il aurait été piégé dans les barbelés et blessé par balles, plusieurs heures plus tard. Des soldats allemands seraient venus à son secours et l'auraient emmené avec quelques-uns de ses camarades dans un hôpital provisoire à Fresnes-en-Woëvre. Celui-ci est détruit par un tir de barrage de l'armée française le , Louis Pergaud et de nombreux compatriotes figurant au nombre des victimes, bien que leurs corps n'aient jamais été retrouvés.

Plaque commémorative au 3 rue Marguerin, à Paris (14e arr.).

Le , Louis Pergaud est déclaré « mort pour la France ». Ce jugement fera l'objet de deux transcriptions, les 3 et , car il est établi deux fiches de transcription pour les officiers.

Du au , il tient un Carnet de guerre, publié en intégralité en 2011. Dans Mots, propos et anecdotes, Paul Léautaud rapporte l'extrait surprenant d'une correspondance de Pergaud :

« J’ai des lettres de Louis Pergaud qu’il m’écrivait du « front ». Il était aux anges. « Je ne donnerais pas ma place pour je ne sais quoi. On tire du « Boche » comme du lapin. » »

Sa correspondance à sa femme, Delphine, permet de nuancer ce propos. Parti dans l'enthousiasme pour chasser rapidement les « Boches », la durée, la dureté et l'horreur le ramèneront à son antimilitarisme d'avant la mobilisation. Et au fil de sa correspondance, on sent monter du respect pour les soldats allemands.

Œuvre

Du point de vue stylistique, Louis Pergaud se réclame de Rabelais, notamment pour sa science de l'énumération[réf. nécessaire].

L'œuvre de Pergaud est toujours très populaire en France, avec plus d'une trentaine de rééditions de La Guerre des boutons. Elle est entrée dans le domaine public le [n 2].

Il existe une association à Paris, Les Amis de Louis Pergaud, fondée en 1965[6].

Adaptations cinématographiques

La Guerre des boutons a donné lieu à plusieurs adaptations cinématographiques :

Hommages et odonymie

Plaque commémorative sur le fronton de la mairie de Durnes.
  • Le prix Louis-Pergaud est un prix littéraire créé en 1953. Il récompense un auteur dont l'œuvre traite de la Franche-Comté ou un auteur comtois quel que soit le thème de son livre.
  • Une vingtaine d'écoles, quatorze collèges, un lycée, la médiathèque municipale d'Arcueil et plusieurs rues portent son nom ainsi qu'une des dix-neuf rames du tramway bisontin.
  • À Landresse, un restaurant a pour enseigne « Petit Gibus » surnom de l'un des enfants de la Guerre des boutons.
  • Marguerite Henry-Rosier lui a rendu hommage par ce poème : Vers pour Louis Pergaud,
  • L'association des Amis de Louis Pergaud a inauguré, à Marchéville-en-Woëvre le , une stèle érigée près de l'endroit où il a disparu. Elle est due à Raymond Corbin, alors président de l'association et membre de l'Institut.
  • On peut voir une statue du poilu Louis Pergaud par Antoine Bourdelle sur la promenade Micaud à Besançon. Les titres de certains de ses romans ont été gravés sur le socle. Ce monument en bronze fut inauguré en 1932, trois ans après la mort du sculpteur.
  • Un petit musée lui est consacré à Belmont, son village natal.
  • En 1982, à l'occasion du centenaire de la naissance de Louis Pergaud, le chanteur et musicien franc-comtois Roger Serge a réalisé l'album Roger Serge chante Louis Pergaud[7].

Galerie

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Notes et références

Notes
  1. Elle meurt en 1963 et est enterrée à Landresse.
  2. Mort en 1915, la date de libération des droits commence au 1er janvier 1916 à laquelle s'ajoutent les durées de protection. Droits d'auteur de 50 ans au jour de sa mort. Mort pour la France, les droits sont prorogés de 30 ans. Prorogation de guerre : 14 ans et 272 jours (6 ans et 152 jours pour la 1re, et 8 ans et 120 jours pour la seconde), soit une durée de protection totale de 94 ans et 272 jours.
Références
  1. Registre matricule no 2216 de Louis Pergaud, en ligne sur les archives départementales du Territoire de Belfort. Les date et lieu du décès sont fixés officiellement par un jugement du tribunal civil de la Seine en date du 4 août 1921
  2. Fiche de Louis Pergaud dans la base Mémoire des hommes.
  3. Jérôme Garcin, « La guerre de Pergaud », Le Nouvel Observateur no 2575, semaine du 13 mars 2014.
  4. [PDF] Historique du 166e régiment d’infanterie pendant la guerre 1914-1918, Berger-Levrault, Nancy.
  5. Journal de marche et opération du 166e RI.
  6. « Gros plan : Les Amis de Louis Pergaud », verdun-meuse.fr, consulté le 24 janvier 2016.
  7. Site de Roger Serge.

Annexes

Bibliographie

Éditions originales
  • L'Aube, Édition du Beffroi, Lille, 1904, 68 p., recueil de poèmes
  • De Goupil à Margot, histoires de bêtes (prix Goncourt 1910), Mercure de France, Paris, 1909, 258 p.
  • La Revanche du corbeau, nouvelles histoires de bêtes, Mercure de France, Paris, 1911, 253 p., réédité par les éditions Le Goupy, Paris, en 1925 avec dessins sur pierre par Roger Reboussin.
  • Le Roman de Miraut, chien de chasse, Mercure de France, Paris, 1913, 424 p., réédité par les éditions Les Bibliophiles comtois en 1964 avec lithographies originales de Roger Reboussin.
  • La Guerre des boutons, roman de ma douzième année, Mercure de France, Paris, 1912, 344 p.
  • Léon Deubel: Régner, poèmes recueillis par Louis Pergaud, Mercure de France, Paris, 1913, 260 p. (préface de Pergaud p. 5 à 48).
  • Les Petits Gars des champs, in Revue des œuvres nouvelles, no 3, .
  • Les Rustiques, nouvelles villageoises, préface de Lucien Descaves, Mercure de France, Paris, 1921, 241 p.
  • Lebrac bûcheron, roman inachevé, introduction d'Edmond Rocher, Mercure de France, Paris, 1923, 318 p. Œuvre posthume.
  • La Vie des bêtes, études et nouvelles, Mercure de France, Paris, 1923, 318 p.
  • Carnet de guerre, Éditions établie par Françoise Maury, Mercure de France, Paris, 2011, 158 p.
  • Lettres à Delphine. Correspondance (1907-1915), Mercure de France, Paris, 2014
Recueils

Il existe plusieurs éditions des Œuvres complètes de Louis Pergaud, parmi lesquelles celle du Livre Club Diderot, préfacée par Pierre Gamarra au Mercure de France (1970). Ce recueil comprend :

  • De Goupil à Margot
  • La Revanche du corbeau
  • Le Miracle de saint Hubert
  • Le Roman de Miraut
  • Dernières Histoires de bêtes
  • La Guerre des boutons
  • Lebrac bûcheron
  • Les Petits Gars des champs
  • Les Rustiques
  • Nouvelles villageoises posthumes
  • La Vie des bêtes
  • Léon Deubel
  • Ébauches et choix de poèmes

Articles connexes

Liens externes

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