Industrie laitière

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L'industrie laitière est l'industrie agroalimentaire qui achète le lait cru réfrigéré (principalement de vache mais aussi de brebis et de chèvre) aux éleveurs pour le transformer en produits laitiers (lait standardisé, yaourt, beurre, etc) ou des sous-produits (poudre de lait). Les procédés industriels de traitement du lait incluent quasi-systématiquement la normalisation. En 2010, l'industrie laitière est la deuxième industrie agroalimentaire en France quant au chiffre d'affaires, juste derrière l'industrie de la viande. En 2007, le plus grand groupe laitier quant aux ventes annuelles mondiales en 2006 est Nestlé, avec 18,6 milliards de dollars. Il est suivi de Lactalis et de Danone avec respectivement 10,4 et 10 milliards de dollars[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

Les produits de l'industrie laitière[modifier | modifier le code]

Le lait est la base de nombreux produits laitiers, comme le beurre[4], le fromage de différents types de lait ou les yaourts, zho... Certains produits de lait transformés sont utilisés dans les industries agroalimentaire, chimique et pharmaceutique : lait concentré, lait en poudre, caséine ou lactose. Le lait de vache et le petit lait servent aussi dans l’alimentation animale. Le lait est composé principalement d'eau, de matière grasse, de protéines et de calcium. En France, 85 % du lait est consommé une fois transformé sous forme de beurre, fromage et fromage de lactosérum ou crème.

Les chiffres de l'industrie laitière[modifier | modifier le code]

Traite mécanique d'une vache

La production mondiale de lait s'est élevée en 2007 à 679 millions de tonnes, et à 25 millions de tonnes en France. Elle se répartit ainsi :

Production de lait entier frais, en France et dans le monde, en 2007, par espèce animale (Kt)[5]
France % France Monde % monde
Lait de brebis 264 1,0 % 904,9 0,1 %
Lait de chèvre 579 2,3 % 15 126,8 2,2 %
Lait de vache 24 373,7 96,7 % 566 850,2 83,5 %
Lait de bufflonne n/a n/a 86 574,5 12,8 %
Lait de chamelle n/a n/a 1 611,5 0,2 %
Total 25 216,7 679 206,9

Réglementation[modifier | modifier le code]

La récolte du lait animal pour l'alimentation est soumise à des quotas pour raison de surproduction dans de nombreux pays :

Les quotas laitiers imposés aux agriculteurs n'ont plus cours en France depuis début 2016. Ce sont les laiteries qui gèrent un quota à ne pas dépasser, elles peuvent choisir les agriculteurs qu'elles collectent.

Procédés de fabrication[modifier | modifier le code]

Traitement thermique et filtration[modifier | modifier le code]

Bien que le lait sort de la mamelle sous forme quasi-stérile, il est souvent ensemencé par des germes bons et mauvais provenant du matériel de traite, de l'état sanitaire de trayons de l'animal. Si certains d'entre eux peuvent s'avérer bénéfiques à l'organisme humain, d'autres sont pathogènes lorsqu'ils prolifèrent, notamment. Dans le secteur laitier (fermiers, artisans, industriels), deux méthodes très différentes existent permettant de maîtriser l'état sanitaire des produits laitiers : l'équilibre bactériologique laissant le lait intacte ou l'éradication partielle ou totale des bactéries par stérilisation, pasteurisation, thermisation, microfiltration.

Pour distribuer les produits à base de lait, les industriels de ce secteur doivent donc maîtriser leur état sanitaire, mais aussi, les adapter à leur choix de distribution :

  • interdiction législative du lait cru (dans certains pays) ;
  • exportations ;
  • longue conservation du lait (notions de rentabilité, praticité) ;
  • récupération des matières grasses excédentaires permise par la normalisation (notions de rentabilité) ;
  • coût de revient de la transformation (notions de rentabilité).

Pour ces raisons, ceux-ci font le choix de l’éradication partielle ou totale des bactéries.

Cependant, des transformations laitières basées sur l'équilibre bactériologique (lait cru) et protégées par un cahier des charges (AOP, IGP) sont également produites par l'industrie laitière (roquefort par exemple). Le cahier des charges de l'AOP Roquefort interdit la pasteurisation du lait. Les cahiers de charges interdisant la pasteurisation du lait sont exceptionnels en France. Dans le cas du St-Nectaire la pasteurisation est autorisée, les fromages industriels porteront la dénomination « fromage laitier » alors que les fromages au lait cru sont exclusivement produits par les fermier et portent la mention fromages fermiers. Certaines usine laitières privées collectent les fromages fabriqués dans les fermes (en blanc : c'est-à-dire quelques jours après la fabrication), pour les affiner dans leurs propres locaux. Ils portent cependant la mention « fromage fermier ».

L'industrie laitière fabrique presque exclusivement des produits traité thermiquement ou micro filtrés :

  • Lait thermisé : La thermisation est un léger chauffage que subit le lait (de 45 °C pendant 30 minutes à 72 °C pendant 1 seconde). Destruction de certains germes. Plutôt utilisé par les petites structures ou les artisans.
  • Lait pasteurisé : C’est un traitement thermique du lait (63 °C pendant 30 minutes ou 72 °C pendant 15 secondes) qui a pour but d’éliminer tout germe pathogène (mauvais microbe). La flore utile du lait est aussi détruite (celle qui participe à l'affinage du fromage).
  • Lait micro filtré : Un système de membranes extrêmement fines qui retient les bactéries. Selon un affineur « le résultat final sera des fromages très homogènes au niveau goût mais sans grand caractère ! »[6].

Standardisation du lait[modifier | modifier le code]

Johannes Vermeer, La Laitière

Afin de disposer d'une matière première homogène, l'industrie laitière standardise le lait cru. La standardisation consiste à ajuster le taux de matières grasses, de protéines, voire d'eau contenu dans le lait.

  • Standardisation en matières grasses ;
  • Standardisation en protéines.

Ainsi, le lait standardisé par l'industrie laitière a toujours le même taux de matières grasses alors que le lait cru est plus ou moins gras au cours de la saison. La matière grasse récupérée sert à d'autres fabrications (crème, beurre…).

En Amérique du Nord, les contenants de lait dans les magasins sont le plus souvent de deux litres au Canada et comparables mais en mesures impériales aux États-Unis. Sous sa forme transformée, on trouve dans le commerce de la grande distribution le lait pasteurisé sous forme de :

Le laitier est la personne qui transforme le lait dans une laiterie. C'est aussi le commerçant qui le vend.

Études par pays[modifier | modifier le code]

Des études par pays sur l'industrie laitière sont effectuées par les organismes gouvernementaux d'aide à l'exportation. Notamment, le Département de l'Agriculture des États-Unis et Agriculture et Agroalimentaire Canada en publient gratuitement sur leurs sites internet, et diffusent aussi celles-ci sur le site Globaltrade.net.

Industrie en France[modifier | modifier le code]

Organisation de la profession[modifier | modifier le code]

Fédérations[modifier | modifier le code]

  • FNPL : Fédération Nationale des Producteurs de Lait
  • OPL : Organisation des producteurs de lait/ Coordination rurale
  • FNCL : Fédération Nationale des Coopératives Laitières
  • FNIL : Fédération Nationale des Industries Laitières

Des fédérations dépendent :

  1. ATLA : Association de la Transformation Laitière Française, association ayant 2 adhérents : la FNCL et la FNIL.
  2. CNIEL : Centre National Interprofessionnel de l'Économie Laitière et FIL France (Association Laitière Française)
  3. ANICAP : Association Nationale Interprofessionnelle Caprine
  4. CNAOL : Conseil National des Appellations d'Origine Laitières

Syndicats de produits[modifier | modifier le code]

  • SFPP : Syndicat des Fromages à Pâte Pressée
  • SIGF : Syndicat Interprofessionnel des Fromages à Pâte Pressée Cuite
  • SYNDIFRAIS : Syndicat National des Fabricants de Produits Laitiers Frais
  • SYNDILAIT : Syndicat National des Fabricants de Lait de Consommation
  • SYNDIFONTE : Chambre Syndicale Française des Industriels Fondeurs de Fromage
  • SPPAIL : Syndicat Professionnel des Producteurs d'Auxiliaire pour l'Industrie Laitière
  • Loi de 1884 régissant les syndicats professionnels (forme juridique des trois fédérations et des syndicats de produits, excepté le SFPP qui est une association loi de 1901)

Production[modifier | modifier le code]

La production de lait en France se répartit en 2008, sur un total de collecte de 23 milliards de litres[7] :

  • no 1 : Lactalis avec 5,5 milliards de litres
  • no 2 : Yoplait avec 2,2 milliards de litres
  • no 3 : Laïta (regroupement réalisé en 2008 entre trois coopératives : Coopagri Bretagne, Terrena et Even) avec 1,5 milliard de litres

Consommation en France[modifier | modifier le code]

22,2 milliards de litres de lait sont collectés et livrés à plus de 700 sites de transformation qui emploient 60 000 personnes. La plupart de ces 22,2 milliards de litres sont consommés sous une autre forme que du lait liquide, qui ne constitue que 11 % de la collecte. Le chiffre d'affaires de l'industrie laitière en France est de 23,4 milliards d'euros. Les deux tableaux ci-dessous regroupent les statistiques 2007 relatives à la production et à la transformation du lait[8].

Part de la collecte (matière sèche utile collectée)
Produit part en % poids de produits final en tonne sauf lait liquide
Fromages 38 % 1 750 000
Beurre 20 % 411 000
Lait en poudre 12 % 517 000
Laits conditionnés 11 % 3,8 milliards de litres
Yaourts et desserts 7 % 2 200 000
Crème 6 % 351 000
Total des produits de grande consommation 75,5 %
Poudre de lactosérum 4 % 629 000
Caséines 2 % 38 000
Total des produits industriels 24,5 %
Parts des chiffres d'affaires 2007 des productions de l'industrie laitière en France
Produits de 1re transformation
Beurres vrac 4,8 %
Poudres maigres 4,7 %
Poudres grasses 2,8 %
Caséines/Caséinates 1,3 %
Lactosérum en poudre 3,5 %
Total des Produits Industriels 17,1 %
Laits liquides 11,5 %
Laits concentrés conditionnés 0,1 %
Produits frais 26,9 %
Crèmes conditionnées 5,8 %
Beurres conditionnés 5,2 %
Fromages (hors frais) 30,2 %
Total produits de grande consommation 79,7 %
Total 1re transformation 96,8 %
Produits de 2de transformation
Fromages fondus 2,6 %
Poudres infantiles 0,5 %
Autres poudres cond. 0,1 %
Total 2de transformation 3,2 %
Total général 100 %

Au niveau international[modifier | modifier le code]

En 2007, la France a importé 4,4 millions de tonnes de produits laitiers, notamment du beurre, de la crème fraîche et du lait concentré sucré, principalement issus de l'Union européenne. Parallèlement, elle a exporté 9,2 millions de tonnes de produits laitiers, principalement du lait (Espagne et Italie), du fromage (monde entier), et des yaourts (Espagne et Union Européenne)[9].

Traitement[modifier | modifier le code]

Réservoirs de lait dans une fromagerie en Seine-et-Marne

Pour conserver le lait cru à long terme, il est nécessaire de transformer le lait en fromage ou de détruire les micro-organismes qu'il contient. Plusieurs procédés existent aujourd'hui :

Impacts environnementaux[modifier | modifier le code]

Ils varient beaucoup selon le type de sol, et d'élevage (de l'élevage extensif à l'élevage hors-sol industriel en passant par l'élevage biologique), notamment en matière de biodiversité et d'émissions de gaz à effet de serre, ou de risques écoépidémiologiques.

Le programme Life + soutient un projet dit « LIFE Carbon dairy » porté par l'Institut de l'élevage et visant à « promouvoir une approche qui conduira à une réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur laitier sur une période de 10 ans »[10] ; grâce à des outils destinés aux agriculteurs et à leurs conseillers techniques afin qu'ils puissent évaluer l'impact carbone des modes d'élevage, ainsi que leurs émissions de gaz à effet de serre[10]. Le projet « met également l’accent sur la préservation du carbone stocké dans les sols, la promotion de systèmes d’élevage innovants et des pratiques qui y sont associées, et l'élaboration d'une feuille de route en matière climatique pour la production laitière, accompagnée de plans d’action adaptés à chaque système de production. Pertinent en matière de lutte contre le changement climatique »[10].

Le bilan énergétique en agriculture appliqué à des élevages bovins laitiers français montre une grande diversité des consommations d'énergies directes et indirectes : de 2 948 MJ à 6 361 MJ pour produire 1 000 litres de lait, en moyenne des quartiles inférieur et supérieur. Ces différences proviennent surtout du recours plus ou moins important à l'alimentation extérieure pour le bétail et à la fertilisation minérale azotée des cultures fourragères[11].

Les fromageries industrielles vendent leurs fromages sur des circuits longs. Sorti d'usine, le fromage passe par un grossiste ou une centrale d'achats puis se retrouve ensuite chez un détaillant situé sur le territoire national ou à l'étranger. Les fromages industriels parcourent de nombreux kilomètres avant d'arriver dans l'assiette du consommateur. Ils font partie des systèmes agroalimentaires modernes fortement consommateurs de ressources énergétiques, notamment à cause du transport routier.

Impacts sur le développement rural[modifier | modifier le code]

L'industrie agroalimentaire fait vivre certaines campagnes car elle maintient le tissu de producteurs laitiers dans certaines zones rurales (notamment les zones d'AOP) pour qui elle est l'une des principales ressources.

Cependant elle participe à la transformation de la campagne non sans impacts négatifs :

  • Modification des paysages : en s'agrandissant, les fermes se modernisent, elles utilisent de plus gros tracteurs, suppriment des haies, des talus et des rivières pour avoir des parcelles plus grandes. Cela conduit à un appauvrissement du paysage.
  • Réduction de la biodiversité : l'agrandissement des fermes conduit à une diminution de la biodiversité pour les mêmes raisons que celles évoquées ci-dessus.
  • Vidage des campagnes : des fermes plus grosses, mécanisées et automatisées se traduisent par une baisse des besoins en main-d’œuvre.

Bien-être animal[modifier | modifier le code]

Avec les conditions actuelles, le bien-être animal tend à être fortement affecté. Lors de la traite, qui peut prélever jusqu'à 60 litres de lait par jour à une vache[12], les mammites sont fréquentes. Par ailleurs, bien que les fermes familiales soient encore majoritaires, l'industrie laitière voit se démocratiser depuis quelques années de plus grands élevages tel que celui de la ferme des mille vaches. Dans ces nouvelles "fermes", les vaches sont enfermées leur vie entière et n'ont ainsi plus d'accès aux pâtures. Pour éviter ce problème, certains labels comme le label Agriculture biologique garantissent aux vaches un accès au pâturage.

Conséquence subsidiaire de l'industrie laitière, le vêlage, qui résulte d'une insémination artificielle, entraîne chaque année la naissance d'un veau pour maintenir la lactation de la vache. Ce veau est généralement retiré à sa mère deux jours après sa naissance[12]. Pour les deux êtres, cette séparation engendre un stress important[13].

Les principaux groupes laitiers[modifier | modifier le code]

Yaourts et desserts dans un supermarché français.

Classement par taille[modifier | modifier le code]

Classement par ventes annuelles 2006, en milliards de dollars américains[1] :

Références[modifier | modifier le code]

Global Milk Consumption 2009 : http://chartsbin.com/view/1492

  1. a et b Rabobank et Les Echos, in Les Echos, jeudi 22 novembre 2007, page 24, lire en ligne
  2. Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, École de laiterie de Saint-Hyacinthe, CH372, Centre régional d'archives et de généalogie
  3. « Les problèmes de la production laitière », L'Ouest en mémoire (INA), (consulté le )
  4. ORTF, « La production et la transformation du lait », L'Ouest en mémoire (INA), (consulté le )
  5. source : http://faostat.fao.org/site/569/DesktopDefault.aspx?PageID=569
  6. « Lait cru, thermisé, pasteurisé ?..... La différence ! Les conseils et informations de la fromagerie Martin, vente de fromages en ligne dans le monde… », sur fromagerie-martin.com (consulté le )
  7. Oddo, Brèves du 11 juin 2008
  8. « Le lait - Produits-laitiers.com », sur produits-laitiers.com via Wikiwix (consulté le ).
  9. source : http://faostat.fao.org/site/535/default.aspx
  10. a b et c projets soutenus par Life + élus en 2013
  11. Charlotte Bordet, Jean-Luc Bochu, Audrey Trevisiol, Références PLANETE 2010, Fiche 2- Production « Bovins lait strict », Fiche 4- Production « Bovins lait cultures», Toulouse, Solagro, , 25 p. (lire en ligne)
  12. a et b (en) « Vaches laitières, vaches à lait », sur www.ciwf.fr (consulté le )
  13. France 3, « Lait : séparation d'une vache et de son veau », (consulté le )
  14. « 人民网--404页面 », sur french.peopledaily.com.cn (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henri de Rothschild, Contribution à l’étude de l’industrie laitière en France et dans les principaux pays laitiers d’Europe et d’Amérique, 1902
  • Rolet Antonin, L'Industrie laitière, sous-produits et résidus, 1905
  • Michel Moisan, Histoire de l'industrie laitière en Bretagne : de l'explosion de la production à la mondialisation des marchés, Coop Breizh, 2008
  • Elsa Casalegno et Karl Laske, Les cartels du lait. Comment ils remodèlent l'agriculture et précipitent la crise, Don Quichotte, 2016

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]