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Contrainte artistique volontaire

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Une contrainte artistique volontaire est une contrainte artistique (formelle, théorique, plastique, thématique…) utilisée sciemment comme un moteur créatif. Le rapport entre les contraintes artistiques et littéraires et la liberté est problématique : on soupçonne parfois les premières de nuire à la seconde. Pour lever cette ambiguïté, les praticiens utilisent aussi un oxymore, la « contrainte libératoire », qui investit le concept de toute sa charge créatrice.

Art et contrainte

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Les contraintes sont à la base de la littérature « oulipienne » et plus généralement de tous les « Ouxpo » Ouvroirs d’X Potentielle (Oulipo, Oupeinpo, Outrapo, Oubapo, etc.)

À ce sujet, Raymond Queneau (dans Bâtons, chiffres et lettres) écrivait : "Une autre bien fausse idée qui a également cours actuellement, c'est l'équivalence que l'on établit entre inspiration, exploration du subconscient et libération, entre hasard, automatisme et liberté. Or, cette inspiration qui consiste à obéir aveuglément à toute impulsion est en réalité un esclavage. Le classique qui écrit sa tragédie en observant un certain nombre de règles qu'il connaît est plus libre que le poète qui écrit ce qui lui passe par la tête et qui est l'esclave d'autres règles qu'il ignore." Par ailleurs, l'OuLiPo a nuancé de lui-même la rigidité de la contrainte, par le concept de clinamen, qui réintroduit la liberté dans la création.

« Parce que la forme est contraignante, l'idée jaillit plus intense ! » Charles Baudelaire, à propos de la forme sonnet, dans une Lettre à Armand Fraisse datant du 18-19 février 1860.

Littérature

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L'un des exemples les plus célèbres de contrainte dans le domaine littéraire est La Disparition (1969) de Georges Perec, qui ne comporte pas la lettre e. D'autres exemples sont, de l'auteur britannique Christine Brooke-Rose, Remake (1996), qui ne comporte pas la lettre t, et Between (1968), qui ne contient pas le verbe to be (être). On parle dans ce cas de lipogrammes.

Le Train de Nulle Part est un roman écrit en 2004 sans verbe.

Les Années est un roman autobiographique d'Annie Ernaux publié en 2008 dans lequel n'apparaît jamais le pronom je.[réf. nécessaire]

Des contraintes beaucoup plus sophistiquées sont à l'origine de certains romans conçus comme des puzzles ou des charades, par exemple Locus Solus, de Raymond Roussel, ou La Vie mode d'emploi, de Georges Perec.

Le poète et philosophe Emmanuel Fournier a introduit une forme d'écriture consistant à bannir le noms et à n'utiliser les verbes qu'aux modes impersonnels, principalement l'infinitif. Cette « philosophie infinitive » serait selon lui un moyen de contourner les préjugés et d'élargir la pensée.

Arts graphiques

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L'artiste américain Jerry Gretzinger réalise des cartes géographiques imaginaires en s'appuyant sur un jeu de 114 cartes à jouer qu'il a lui-même conçues et qui lui indiquent comment poursuivre son travail de création[1]. La recherche sur les contraintes dans les arts graphiques a bien sûr plus spécifiquement été développée par l'Oupeinpo et l'Oubapo.

Jean-Sébastien Bach a composé des partitions sous forme de palindrome ou encore d'upside down, préfigurant ainsi les recherches des futurs Oumupo. Bach a intégré à son Offrande musicale de nombreuses contraintes formelles: le canon à l'écrevisse, par exemple, utilise deux lignes mélodiques superposées dont chacune présente la suite inversée des notes de l'autre.

Le musicien français PV Nova lance le un projet d'album (10 days, 10 songs) pour lequel il réalise dix chansons en dix jours, avec un suivi direct sur Facebook et des contraintes tirées au sort[2].

Au Québec le dramaturge Robert Gravel, cofondateur du Théâtre experimental de Montréal, a inventé le principe du match d'improvisation, en adaptant à la forme théâtrale les règles du hockey. Dans les matches d'improvisation, les équipes se voient attribuer diverses contraintes (le thème, la durée, le style) pour effectuer leur improvisation.

Milie von Bariter, cofondateur de l'Outrapo, a exposé le principe de censure liberatrice au théâtre[3] et comment, par exemple, les contraintes subies par les gens de théâtre (la règle des trois unités à l'époque classique, ou l'interdiction faite aux femmes de faire du théâtre) a forcé l'imaginaire des artistes pour trouver des formes nouvelles. Par exemple, l'Outrapo a repris volontairement en démonstration publique[4] toute une série d'interdictions successives qui avaient été imposées aux acteurs de théâtre de foire au XVIe siècle (interdiction de faire des dialogues, des monologues, de parler puis même de chanter). Ces interdictions provocant à chaque fois la création d'un genre dramatique nouveau (le mimodrame, l'opéra bouffe, le théâtre d'écritaux). Ainsi les contraintes peuvent parfois stimuler la créativité.

Notes et références

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  1. Philippe Rekacewicz, « Les cartes magiques de Jerry Gretzinger », sur visionscarto.net, (consulté le ).
  2. Angèle Chatelier, « Dix chansons en dix jours, le pari de PV Nova », sur Oui FM, (consulté le ).
  3. Milie von Bariter, « Censorship as liberation », sur Drunken Boat (consulté le )
  4. Pigron, « Un mot sur l'Outrapo », sur Un texte pour Józef Tura, (consulté le )

Articles connexes

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