Traité de Francfort

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Dessin noir et blanc montrant des civils et des militaires, certains assis, d'autres debout, autour d'une table, examinant et discutant les documents objets du traité.
Gravure sur bois contemporaine montrant les négociations du traité de Francfort à l’hôtel Zum Schwan.

Le traité de Francfort est un traité mettant fin à la guerre franco-allemande de 1870-1871, signé entre la France et l’Allemagne à Francfort-sur-le-Main le [1], à la suite de l'armistice franco-allemand demandé, malgré les protestations de Léon Gambetta, par le gouvernement de la Défense nationale, le 28 janvier 1871, qui prévoit la capitulation de Paris, alors assiégé par les Allemands.

Les préliminaires

L’hôtel Zum Schwan sur la Goetheplatz en 1895.

Des élections au suffrage universel ont lieu le 8 février 1871. À Paris, Louis Blanc arrive en tête suivi de Victor Hugo, Léon Gambetta et Giuseppe Garibaldi. Mais du fait des candidatures multiples possibles, Adolphe Thiers arrive en tête dans vingt-six départements. Ces résultats démontrent l'antagonisme entre Paris et sa volonté de résistance, et la province qui veut en finir avec la guerre.

L’Assemblée nationale se réunit à Bordeaux le 13 février. Elle est dominée par les partis conservateurs (en particulier les royalistes). Sur 675 élus, 400 sont monarchistes. Le 16 février, Jules Grévy est porté à la présidence de l’Assemblée et Adolphe Thiers est élu à main levée chef du gouvernement. Il obtient carte blanche pour négocier les préliminaires de paix. Le lendemain, Émile Keller, député du Haut-Rhin lit une déclaration affirmant le droit imprescriptible des Alsaciens et des Lorrains à rester membres de la nation française.

Les négociations sont entamées, à Versailles, par Adolphe Thiers et Jules Favre dès le 23 février avec le chancelier impérial Otto von Bismarck. Elles aboutissent le 26 février à la signature des préliminaires à Versailles. Ce texte est ratifié par l’Assemblée nationale le 1er mars par 546 voix contre 170 et 23 abstentions. Les 35 députés des territoires cédés quittent la séance. Le soir même, le député-maire de Strasbourg, Émile Kuss succombe à un malaise cardiaque.

Le traité

Les nouvelles frontières redessinées par le traité de Francfort.

Les discussions se poursuivent à Bruxelles, puis à Francfort. L'essentiel est arrêté dans le texte précédent. Il s'agit seulement de fixer les dispositions juridiques et de trancher certains détails. C'est Jules Favre qui est chargé de mener ces discussions jusqu'à leur conclusion.

Les principales dispositions sont les suivantes :

Les annexions

Bismarck refuse la consultation des populations. Il s'agit pour lui d'un « retour » à l'Allemagne de l'Alsace et d'une partie des départements lorrains (dont la Lorraine allemande historique), la Haute-Alsace ayant été annexée par Louis XIV en 1648 et le reste en 1697.

Sont annexés :

La France perd 14 470 kilomètres carrés, 1 694 communes et 1 597 000 habitants. Elle perd également 20 % de son potentiel minier et sidérurgique, ainsi que la liaison par canaux entre le canal de l'Est et le canal du Rhône au Rhin.[réf. nécessaire]

L'indemnité

Les termes du traité prévoient une indemnité de guerre de cinq milliards de francs-or à verser en trois ans. En gage de ce paiement, les Allemands obtiennent l'occupation d'une partie du territoire (6 départements du Nord et Belfort) jusqu'au paiement complet de cette somme.

Les négociations lors des préliminaires ont permis à Thiers de réduire l'indemnité de six à cinq milliards contre l'entrée de l'armée allemande à Paris qui avait effectivement bivouaqué du 1er au 3 mars sur les Champs-Élysées.

Le gouvernement dirigé par Thiers, conseillé par Léon Say, émet un emprunt public le 20 juin 1871 d'un montant de deux milliards à 5 % et la souscription, ouverte le 27 juin, est couverte deux fois et demi[2]. Ce succès est cependant relatif, car le cours de l'emprunt public déjà existant, le 3%, n'à fait qu'une petite remontée à 53,5. La Ville de Paris lève au même moment un emprunt de 1,2 million de francs, qui a un succès bien plus net, car il est sursouscrit quinze fois[3]. Ce dernier y tient audience[3].

Un nouvel emprunt public, de l'État français fut décidé et voté le 15 juillet 1872, mais cette fois international d'un montant de trois milliards à 5 %, émis le 28 juillet. Le succès fut au rendez-vous, la souscription étant couverte quatorze fois et demi : un million de souscripteurs, dont une cinquantaine de grandes banques du monde entier permirent d'atteindre la somme record de 44 milliards ! C'est la première fois qu'un emprunt de cette nature et d'un telle ampleur est émis dans le monde[4].

Les premiers versements sont donc rapidement transférés aux autorités allemandes qui sont satisfaites du respect de l'échéancier. Le 16 septembre 1873, le dernier soldat allemand quitte Verdun.

Autres dispositions

Le traité de Francfort au Bismarck Stiftung und Archiv in Friederichsruh.

Une clause du traité permet aux Alsaciens-Lorrains la possibilité de conserver la nationalité française. Les autorités imposeront par la suite ensuite qu'ils quittent la région avant le 1er octobre 1872 pour conserver le bénéfice de l'option pour la nationalité française et vice-versa pour ceux résidant en territoire français ayant opté pour la nationalité allemande. Environ 30 000[réf. nécessaire] optants choisiront cette solution, sur 1 597 000 habitants dans les provinces annexées ; mais d'autres sources indiquent 100 000, d'autres encore indiquent plus de 450 000.

La France institue une bourse d'études destinée à rendre la clause de départ plus attractive et plus accessible aux familles les plus modestes.

Le traité de commerce de 1862 avec la Prusse n'est pas renouvelé mais la France accorde à l'Allemagne la clause de la nation la plus favorisée pour le commerce et la navigation.

La France respecte jusqu'en 1914 l'intégralité des clauses du traité de Francfort.

Ce traité va polariser la politique française pour les quarante années qui suivent sur les relations entre la France et l'Allemagne, mais la reconquête de l'Alsace-Lorraine, des « provinces perdues », va devenir une obsession caractérisée par un revanchisme qui va être l'un des motifs du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Bibliographie

Références

  1. Texte intégral du Traité préliminaire de paix et du Traité de Francfort
  2. Soit 4 milliards 897 millions. Source : Georges Lecomte, Thiers, Dunod, 1933.
  3. a et b Alfred Colling, La Prodigieuse histoire de la Bourse, Paris, Société d'éditions économiques et financières, , p. 212
  4. Jules Bertaut, Les Dessous de la finance, Tallandier, 1954, pp. 279-281.

Articles connexes

Liens externes