René Gimpel

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René Gimpel
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NeuengammeVoir et modifier les données sur Wikidata
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Société d'iconographie parisienne (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieu de détention

René Albert Gimpel, né le à Paris et mort le au camp de concentration de Neuengamme, est un collectionneur, galeriste et marchand d'art français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines familiales[modifier | modifier le code]

René Gimpel est issu d'une famille alsacienne d'origine juive, mais athée.

Il est le fils d'Ernest Gimpel (1858-1907), fils d'un directeur d'école de Mulhouse et époux d'Adèle Vuitton, nièce du malletier Louis Vuitton.

Lui aussi malletier, Ernest Gimpel fait de mauvaises affaires[pas clair] pendant la guerre de 1870[1]. Ayant quitté l'Alsace pour Paris[2], il s'associe à Nathan Wildenstein avec lequel il fonde une société de négoce en art ancien à Paris. Les deux hommes ouvrent une filiale à New York en 1903.

Carrière de 1907 à 1940[modifier | modifier le code]

À la mort de son père, René prend sa succession aux côtés de Nathan Wildenstein.

En , il décide de s'associer à Joseph Duveen (1869-1939), qualifié de « plus célèbre et plus spectaculaire marchand de tableaux du siècle ». Il épouse[Quand ?] la sœur cadette de Joseph, Florence.

René est à cette époque un des amis de Marcel Proust[réf. nécessaire].

Période de l'Occupation : Résistance et déportation[modifier | modifier le code]

Dès la défaite en 1940, René Gimpel et ses fils[réf. nécessaire] entrent dans la Résistance. Admirateur de Paul Éluard en qui il voit, comme il le dit dans une lettre à son amie Rose Adler du , « le sauveur du pays », il monte avec Gabrielle Picabia le réseau Gloria.

Gimpel devient suspect aux yeux du régime de Vichy, qui l'interne puis le relâche fin 1942 faute de preuves.[pas clair]

Dénoncé par un confrère, Jean-François Lefranc[3], il est emprisonné par les Allemands à la prison Montluc de Lyon, puis au camp de Royallieu d'où un convoi de déportation l'emmène le au camp de concentration de Neuengamme, près de Hambourg.

Il y meurt d'épuisement et de mauvais traitements le [4].

Collection[modifier | modifier le code]

Trois toiles peintes par André Derain entre et , qui figuraient dans sa collection et avaient été volées par les nazis, doivent être restituées à ses héritiers, selon un arrêt de la cour d'appel de Paris en date du 0 : Paysage à Cassis, La Chapelle-sous-Crécy et Pinède, Cassis, conservées jusqu'en au musée d'art moderne de Troyes et au musée Cantini de Marseille[5],[6],[7].

Le , le tableau Pinède, Cassis, présent dans les collections du musée Cantini depuis 1987, a été rendu symboliquement à ses héritiers par Benoît Payan, maire de Marseille, qui a émis lors de cette cérémonie le souhait de donner à l’une des salles du musée Cantini le nom de René Gimpel. Dans une lettre les descendants de René Gimpel, qui n’ont pas pu faire le déplacement, rappellent notamment que c’est à Marseille que René Gimpel a participé à la création de l’un des premiers réseaux de Résistance dès [8].

Les intérêts de la famille Gimpel sont défendus par Corinne Hershkovitch, avocate spécialisée depuis 1995 dans la restitution des œuvres d'art pillées chez des collectionneurs juifs pendant la Seconde Guerre mondiale[9].

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

René Gimpel et son épouse, Florence Duveen (sœur du grand antiquaire Joseph Duveen), ont eu trois fils :

  • Ernest (dit « Charles ») ( - ) — alias « Charles Beauchamp » pendant la clandestinité, compagnon de la Libération[10] — fonde avec son frère Pierre/Peter ( - ) la galerie londonienne Gimpel fils[11] en 1946. L'ajout du mot « fils » est un hommage à leur père René.
  • Jean Gimpel ( - ), historien médiéviste et essayiste, auteur de nombreux ouvrages, avait un salon à Londres où se pressait tout ce que Londres comptait de savants et d'intellectuels. Il publia, en 1963, chez Calmann-Lévy, les précieux Carnets (1918-1939) de son père sous le titre Journal d'un collectionneur, marchand de tableaux, mine de renseignements sur le marché de l'art au début du XXe siècle et sur la vie intellectuelle et culturelle de l'époque.

En 2007, René Patrick Gimpel « junior », fils d'Ernest (Charles), directeur de la galerie Gimpel fils de Londres, s'associe avec Berthold Müller pour créer la galerie Gimpel & Müller à Paris (12 rue Guénégaud), spécialisée dans les abstractions géométriques, lyriques et l'art cinétique.

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. René Gimpel, Journal d'un collectionneur, p. 465.
  2. Après l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne en 1871.
  3. Communication de son petit-fils René Gimpel dans les Carnets de recherche du CIERA, colloque du 19 mai 2015.
  4. Dans le même camp se trouve Roland Malraux, demi-frère d'André Malraux, qui meurt le 3 mai 1945 sur le Cap Arcona, sous les bombes de la Royal Air Force.
  5. « André Derain : la justice ordonne la restitution aux héritiers d'un marchand d'art juif », lefigaro.fr, 30 septembre 2020.
  6. « Toiles de Derain : la justice ordonne la restitution à une famille spoliée », fr.timesofisrael.com, 1er octobre 2020. Ce lien contient des photographies des toiles concernées.
  7. « Décision de restituer trois tableaux d’André Derain à la famille de René Gimpel », sur www.culture.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/, (consulté le ).
  8. « Marseille restitue le Derain aux héritiers de René Gimpel », La Marseillaise,‎
  9. « Restitution d'œuvres spoliées par les nazis : la France a du mal à assumer son passé », leparisien.fr, 15 avril 2019.
  10. Voir sur le site de l'ordre de la Libération.
  11. Gimpel fils a promu le travail d'artistes tels que Nicolas de Staël, Pierre Soulages, Marcel Duchamp, Yves Klein, Lynn Chadwick, Anthony Caro, Niki de Saint Phalle et, pour les contemporains, Alan Davie, Albert Irvin, etc.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Diana J. Kostyrko, « René Gimpel's Diary of an Art Dealer », The Burlington Magazine, , nº 1350, volume 157, pp. 615-619
  • Diana J. Kostyrko, The Journal of a Transatlantic Art Dealer: René Gimpel 1918-1939, Turnhout et Londres, Harvey Miller Publishers, 2017, 360 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]