Rafik Abdessalem

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 31 décembre 2014 à 12:56 et modifiée en dernier par Moumou82 (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Rafik Abdessalem
Illustration.
Rafik Abdessalem en décembre 2011.
Fonctions
24e ministre tunisien des Affaires étrangères

(1 an, 2 mois et 17 jours)
Président Moncef Marzouki (provisoire)
Premier ministre Hamadi Jebali
Gouvernement Jebali
Prédécesseur Mouldi Kefi
Successeur Othman Jerandi
Biographie
Nom de naissance Rafik Ben Abdessalem Bouchlaka[1],[2]
Date de naissance
Nationalité tunisienne
Parti politique Ennahdha
Diplômé de Université de Westminster
Religion Islam

Rafik Abdessalem, de son vrai nom Rafik Ben Abdessalem Bouchlaka (arabe : رفيق بن عبد السلام بوشلاكة), né en 1968, est un homme politique tunisien, ministre des Affaires étrangères entre 2011 et 2013, au sein du gouvernement Hamadi Jebali.

Biographie

Formation et carrière professionnelle

Durant ses études, il est membre du bureau exécutif de l'Union générale tunisienne des étudiants de 1987 à 1990[3]. Abdessalem s'installe au Maroc en 1990 puis au Royaume-Uni[4]. Il est titulaire d'un doctorat en politique et relations internationales de l'université de Westminster en 2003[3],[5]. Il est également titulaire d'une licence en philosophie de la faculté des lettres et sciences humaines de l'université Mohammed V - Agdal de Rabat[3].

Installé au Royaume-Uni, il crée le Maghreb Center for Research and Translation et préside la London Platform for Dialogue qui regroupe hommes politiques et intellectuels arabes[3],[4]. Il est également chercheur à l'université de Westminster et à l'Oxford Centre for Islamic Studies, conférencier au centre Marc Field pour les hautes études et chef du département de recherche au centre d'études de la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera[3]. Il est aussi membre de comités scientifiques et de recherche[3],[4].

Militantisme politique

Il intègre le bureau politique du parti Ennahdha en exil, son bureau exécutif comme chargé des médias entre 2001 et 2007, et le Conseil de la Choura[4].

Ministre des Affaires étrangères

Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, et Rafik Abdessalem, le 5 janvier 2012.
Abdessalem à la réunion du conseil de la Ligue arabe, le 24 février 2012.

Il est nommé ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Hamadi Jebali, le 24 décembre 2011, succédant ainsi à Mouldi Kefi ; il prête serment le jour même de sa nomination. Le 26 décembre, la passation des pouvoirs a lieu au siège du ministère, le jour de la passation des pouvoirs entre les Premiers ministres Béji Caïd Essebsi et Hamadi Jebali.

Des manifestations ont lieu devant le siège du ministère le 26 décembre pour demander le départ du nouveau ministre en raison du fait qu'il est le gendre de Rached Ghannouchi, leader d'Ennahda, et de sa proximité avec l'émirat du Qatar[6].

Il annonce, le 12 février 2012 lors de sa visite au Caire, la tenue à Tunis d'une conférence sur la Syrie destinée à trouver une solution à la répression de la révolution[7].

Abdessalem doit également, durant son mandat, trouver une solution pour les immigrés disparus en Italie. Il annonce que son ministère et le ministère de la Défense crée un comité spécialisé dans l'investigation sur place[8]. Le 18 février, le chef de la diplomatie marocaine Saâdeddine El Othmani propose, lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union du Maghreb arabe à Rabat, la suppression du mot « arabe » du nom de l'organisation son remplacement par l'appellation « Union maghrébine » ; cette proposition reçoit le soutien de la Mauritanie mais est rejetée suite à l'opposition de Mourad Medelci, Ashour Bin Khayal et Abdessalem[9]. Le 22 mars, les fonctionnaires du ministère protestent et demandent à voir le ministre pour discuter de leur situation ; ceux-ci déclarent qu'Abdessalem adopte une attitude hautaine à leur égard[10]. Le lendemain, Abdessalem annonce n'avoir aucun problème avec le mouvement syndical et être prêt à discuter avec ses représentants en dehors des horaires de travail[11].

Sa position au sein du gouvernement est affectée par l’affaire très controversée du SheratonGate, un scandale de mœurs et de détournement d'argent public médiatisé à la suite des révélations de la blogueuse Olfa Riahi et qui entraîne des poursuites judiciaires[12],[13] et de vives réactions au sein même du mouvement Ennahda[14].

Abdessalem quitte son poste ministériel lors du remaniement gouvernemental qui suit la démission du chef du gouvernement, Hamadi Jebali, entraînée par une grave crise politique consécutive à l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, le 6 février 2013. Malgré les fortes pressions de son parti, avec la mutation à l'initiative du ministre de la Justice Noureddine Bhiri du juge d’instruction en charge de l’affaire, Mohamed Malki, le SheratonGate connaît un rebondissement avec le passage au pôle judiciaire, en mai 2013, de Rafik Abdessalem, visé par la plainte d'un groupe de 25 avocats se basant sur le travail d'enquête d'Olfa Riahi[15]. En réaction, l'ancien ministre tente une riposte avec une deuxième plainte déposée contre la blogueuse, le 21 mai, où « il va jusqu’à l’accuser de propager des informations pouvant nuire à l’ordre public »[16]. Cependant, l’interdiction de voyage émise à l’encontre de la blogueuse dans le cadre de cette affaire, le 4 janvier, conduisant Reporters sans frontières à la soutenir contre un « délit de presse » présumé, est finalement levée par le juge d'instruction de première instance le 20 juillet de cette année[17],[18]. L'affaire connaît un nouveau rebondissement en septembre 2013, en raison des accusations de corruption émises à l'encontre de l'ancien ministre par Me Taïeb Bel Sadek, avocat d'Olfa Riahi[19].

Vie privée

Abdessalem est marié avec Soumaya Ghannouchi, diplômée de philosophie et chercheuse à la School of Oriental and African Studies de Londres, qui signe régulièrement des articles dans le quotidien The Guardian dès 2006 ; elle est la fille de Rached Ghannouchi[20],[21].

Publications

Abdessalem est l'auteur de plusieurs livres dont :

  • In religion, secularism and democracy
  • United States of America between hard power and soft power

Abdessalem publie également des douzaines d'articles en arabe et en anglais[4] et écrit régulièrement pour des journaux, dont le quotidien Asharq al-Awsat[3].

Références

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. (fr) « Rafik Ben Abdesslem Bouchlaka : la nomination des ministres dépend de leurs compétences », Mosaïque FM, 14 décembre 2011
  2. « Tunisie - Plainte contre Rafik Abdessalem pour falsification de son vrai nom « Bouchleka » », Business News, 1er février 2013
  3. a b c d e f et g (fr) « Biographie de M. Rafik Abdessalem, nouveau ministre des Affaires étrangères », Business News, 25 décembre 2011
  4. a b c d et e (en) Sana Ajmi, « Rafik Abdessalem », Tunisia Live, 17 décembre 2011
  5. (en) Rafik Abdessalem Bouchlaka, Islam, secularity & modernity, éd. University of Westminster, Londres, 2002-2003
  6. (fr) Abou Chadha, « Rafik Abdessalem, critiques et réactions suite à sa nomination », Tunisie numérique, 28 décembre 2011
  7. (fr) « La Tunisie accueille la Conférence internationale des amis de la Syrie », Business News, 13 février 2012
  8. (fr) Syrine Guediche, « Rafik Abdessalem présente les activités du ministère des AE durant les deux derniers mois », Tunisie numérique, 17 février 2012
  9. (fr) « Rafik Abdessalem provoque la colère des amazighs maghrébins », Business News, 22 février 2012
  10. (fr) « Tunisie : des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères protestent et accusent Rafik Abdessalem de les snober », Tunisie numérique, 22 mars 2012
  11. (fr) Wafa Sdiri, « Tunisie : Rafik Abdessalem répond aux accusations des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères », Tunisie numérique, 23 mars 2012
  12. (fr) « Tunisie - SheratonGate : Rafik Abdessalem entendu par le ministère public », Jawhara FM, 3 janvier 2013
  13. (fr) Mehdi Dahmen, « Rafik Abdesslem poursuit en justice les médias étrangers », Tunisie News, 4 janvier 2013
  14. (fr) « Tunisie-Politique : Ennahdha vole au secours de Rafik Abdessalem », Kapitalis, 11 juin 2013
  15. (fr) Lilia Weslaty, « Sheratongate : Le juge chargé de l’affaire muté par le ministre de la Justice », Nawaat, 30 janvier 2013
  16. (fr) Dorra Meziou, « Rafik Abdessalem porte une nouvelle plainte contre Olfa Riahi », Business News, 23 mai 2013
  17. (fr) « Sheratongate : La blogueuse tunisienne, Olfa Riahi, auditionnée par le juge d'instruction », Reporters sans frontières, 17 janvier 2013
  18. (fr) « Tunisie – Levée de l’interdiction de voyage sur Olfa Riahi », Business News, 20 juillet 2013
  19. (fr) « Tunisie – Nouvelles données dans l’affaire SheratonGate », Business News, 7 septembre 2013
  20. (fr) « Liste définitive des membres du nouveau gouvernement », Mosaïque FM, 16 décembre 2011
  21. (fr) Ridha Bourkhis, « Tunisie. Chassez le népotisme, il revient au galop ! », Kapitalis, 19 décembre 2011