Nyarlathotep

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Nyarlathotep
Personnage de fiction apparaissant dans
les récits du Mythe de Cthulhu.

Nyarlathotep sous les traits de l'Homme noir dans La Maison de la sorcière, nouvelle de Howard Phillips Lovecraft.Illustration de Jens Heimdahl[1].
Nyarlathotep sous les traits de l'Homme noir dans La Maison de la sorcière, nouvelle de Howard Phillips Lovecraft.
Illustration de Jens Heimdahl[1].


Créé par Howard Phillips Lovecraft
Première apparition Nyarlathotep (nouvelle publiée en 1920)

Nyarlathotep Écouter, surnommé le Chaos rampant (The Crawling Chaos), est une entité cosmique inventée par l'écrivain américain H. P. Lovecraft dans le poème en prose Nyarlathotep (1920).

Âme et messager des Autres Dieux (Other Gods), de puissantes créatures aux desseins impénétrables, Nyarlathotep apparaît sous diverses formes dans d'autres récits de Lovecraft, puis dans plusieurs nouvelles et romans rattachés au Mythe de Cthulhu, ensemble de textes littéraires rédigés par des continuateurs de l'œuvre lovecraftienne, et notamment par l'écrivain Robert Bloch.

Fictions et poèmes de Lovecraft[modifier | modifier le code]

Nyarlathotep sous sa forme de pharaon dans La Quête onirique de Kadath l'inconnue.
Illustration de Katharsisdrill[2].
L'avatar ailé de Nyarlathotep, tel qu'il apparaît dans Celui qui hantait les ténèbres.
Illustration d'Ernő Juhász[3].

Nyarlathotep, surnommé « le Chaos Rampant », est à la fois le messager, le cœur et l'âme des Autres Dieux (Other Gods).

Dans le poème en prose Nyarlathotep (écrit en novembre ou décembre 1920 puis publié dans le fanzine The United Amateur daté de novembre 1920 mais édité au moins deux mois plus tard)[4], il est représenté comme un homme au teint bistre affirmant être sorti des ombres antiques des pyramides égyptiennes. Nyarlathotep voyage de ville en ville afin de dispenser un savoir impie qui dépasse l'être humain et conduit des villes entières à la folie, symbolisant ainsi l'horreur cosmique. Cet être est également mentionné dans les sonnets Fungi de Yuggoth composés par Lovecraft.

Dans La Quête onirique de Kadath l'inconnue (The Dream-Quest of Unknown Kadath, 1927), Nyarlathotep apparaît sous les traits d'un pharaon majestueux qui prétend pouvoir revêtir un millier de formes différentes. On découvre également qu'il est au service des Autres Dieux, dont il prétend accomplir les desseins, et qu'il peut se déplacer quasiment à sa guise sur la Terre et dans les Contrées du Rêve.

L'Homme noir préside diverses cérémonies auxquelles se livre la sorcière Keziah Mason dans la nouvelle La Maison de la sorcière (The Dreams in the Witch House, 1933). L'apparence de Nyarlathotep emprunte ici aux thèmes traditionnels du sabbat démoniaque.

Robert Blake, le protagoniste de la nouvelle Celui qui hantait les ténèbres (1936), évoque un avatar de Nyarlathotep réfugié dans l'église abandonnée de Federal Hill à Providence. Cette gigantesque entité noire, munie d'ailes et d'un œil trilobé brûlant, ne supporte aucune lumière.

Inspiration[modifier | modifier le code]

Nyarlathotep représenté sous les traits de Nikola Tesla. Image promotionnelle de Julien Noirel[5] pour l'adaptation en bande dessinée[6] du poème en prose Nyarlathotep (1920) de Howard Phillips Lovecraft.

Dans une lettre de 1921 adressée à Reinhardt Kleiner, Howard Phillips Lovecraft relie le rêve qu'il a fait — décrit comme « le [cauchemar le] plus réaliste et horrible que j'ai fait depuis l'âge de dix ans » — à son poème en prose Nyarlathotep (1920).

Dans son rêve, il reçoit une lettre de son ami Samuel Loveman qui dit : « Ne manquez pas d'aller voir Nyarlathotep s'il vient à Providence. Il est horrible - horrible au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer - mais merveilleux. Il vous hante des heures durant. Je frissonne toujours à ce qu'il m'a montré. »

Nikola Tesla tenant des lampes sphériques à plasma, illustration de Warwick Goble, Pearson's Magazine, mai 1899.

Dans sa lettre à Kleiner, Lovecraft commente :

« Je n'avais jamais entendu le nom Nyarlathotep avant, mais avais semblé comprendre l'allusion. Nyarlathotep était un genre de forain ou conférencier ambulant qui se produisait en public et ses expositions éveillaient des discussions et de la peur. Ces exhibitions étaient composées de deux parties : d'abord, une horrible et probablement prophétique bobine de cinéma ; et plus tard quelques expériences extraordinaires avec des appareils scientifiques et électriques. Quand j'ai reçu la lettre, j'ai semblé me rappeler que Nyarlathotep était déjà à Providence.... J'ai semblé me rappeler que des personnes m'avaient chuchoté dans la crainte ses horreurs, et m'avaient averti de ne pas aller le voir. Mais la lettre rêvée de Loveman m'a décidé.... Quand je suis sorti de la maison, j'ai vu la rue remplie d'hommes marchant lourdement dans la nuit, tout en chuchotant apeurés et se rendant au même endroit. Je suis allé avec eux, effrayé et pourtant désireux de voir et d'entendre le grand, l'obscur, l'inexprimable Nyarlathotep[trad 1]. »

— H. P. Lovecraft[7]

L'exégète lovecraftien Will Murray suggère que cette image de Nyarlathotep a pu être inspirée par l'inventeur Nikola Tesla, dont les nombreuses conférences ont impliqué des expériences extraordinaires avec des appareils électriques, et que beaucoup décrivent comme un sinistre personnage[8].

Autre exégète de Lovecraft, Robert M. Price pense que le nom Nyarlathotep a pu être inconsciemment suggéré à Lovecraft par deux noms de Lord Dunsany, un auteur qu'il a beaucoup admiré : Alhireth-Hotep, un faux prophète dans The Gods of Pegana, et Mynarthitep, un dieu décrit comme « fâché » dans The Sorrow of Search[9].

Nyarlathotep dans le mythe de Cthulhu[modifier | modifier le code]

Fictions de Robert Bloch[modifier | modifier le code]

Fictions d'August Derleth[modifier | modifier le code]

Autres médias[modifier | modifier le code]

Jeux de rôle[modifier | modifier le code]

Nyarlathotep tel qu'il apparaît dans le jeu de rôle L'Appel de Cthulhu.
Illustration de Mario Zuccarello[10].

Dans le jeu de rôle L'Appel de Cthulhu, Nyarlathotep figure parmi les « Dieux extérieurs », conjointement avec Azathoth, Yog-Sothoth et Shub-Niggurath[11].

Bien qu'il apparaisse sous diverses formes dans ce jeu, son avatar le plus représenté consiste en un énorme monstre à trois pattes, qui hurle à la lune[12]. Sa tête constituée d'un tentacule s'inspire vraisemblablement de l'avatar du Howler in the Night, décrit dans la nouvelle L'Habitant de l'ombre d'August Derleth, entre autres influences[13],[14].

La campagne Les Masques de Nyarlathotep prend pour thème les complots du Dieu extérieur, mettant en scène plusieurs avatars de Nyarlathotep : la Chauve-Souris des Sables (adorée en Australie), la Femme Boursouflée (adorée en Asie), le Pharaon Noir (adoré en Égypte et à moindre échelle en Angleterre) et la Langue Sanglante (adorée au Kenya et par quelques sectateurs de New York).

Nyarlathotep contrôle de nombreux serviteurs tels que les Shantaks et les Horreurs Chasseresses. De plus, il n'est que rarement adoré pour lui-même ; toutes les invocations des dieux mentionnent son nom car il est leur messager. Les Shaans ou Insectes de Shaggai sont notamment connus pour adorer Nyarlathotep.

Sources primaires[modifier | modifier le code]

Littérature[modifier | modifier le code]

Nyarlathotep tel qu'il apparaît dans L'Habitant de l'ombre (The Dweller in Darkness, 1944), nouvelle d'August Derleth.

Anthologies[modifier | modifier le code]

Jeux de rôle[modifier | modifier le code]

Bandes dessinées[modifier | modifier le code]

Nyarly, version humoristique de Nyarlathotep figurant dans la bande dessinée en ligne Unspeakable Vault (of Doom).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Edward DeGeorge, « What Face Wears Nyarlathotep ? », Crypt of Cthulhu, Bloomfield (New Jersey), Cryptic Publications, no 12 (vol. 2, no 3),‎ temps pascal, 1983, p. 28-29.
  • (en) Gavin Callaghan, « Sinister Showmen and H. P. Lovecraft », Lovecraft Annual, New York, Hippocampus Press, no 11,‎ , p. 153-178 (ISBN 978-1-61498-344-6, JSTOR 26868541).
  • (en) John D. Haefele, « Reappraising « The Haunter of the Dark » », Lovecraft Annual : New Scholarship on H. P. Lovecraft, New York, Hippocampus Press, no 7,‎ , p. 136-148 (ISBN 978-1-61498-073-5, JSTOR 26868471).
  • (en) Daniel Harms, The Cthulhu Mythos Encyclopedia : A Guide to Lovecraftian Horror, Oakland (Californie), Chaosium, coll. « Call of Cthulhu Fiction », , 2e éd. (1re éd. 1994), 425 p. (ISBN 1-56882-119-0).
    Réédition augmentée : (en) Daniel Harms, The Cthulhu Mythos Encyclopedia : A Guide to H. P. Lovecraft Universe, Elder Signs Press, , 3e éd. (1re éd. 1994), 402 p. (ISBN 978-0-9748789-1-1 et 0-9748789-1-X, présentation en ligne).
  • (en) Chris Jarocha-Ernst, A Cthulhu Mythos Bibliography and Concordance, Seattle, Armitage House, , 463 p. (ISBN 978-1-887797-01-6).
  • (en) S. T. Joshi et David Schultz, An H. P. Lovecraft Encyclopedia, New York, Hippocampus Press, (1re éd. 2001), 362 p. (ISBN 0-9748789-1-X, présentation en ligne).
  • (en) S. T. Joshi, The Rise and Fall of the Cthulhu Mythos, Poplar Bluff, Mythos Books, , 324 p. (ISBN 978-0-9789911-8-0, présentation en ligne)
    Réédition augmentée : (en) S. T. Joshi, The Rise, Fall, and Rise of the Cthulhu Mythos, New York, Hippocampus Press, , 357 p. (ISBN 978-1-61498-135-0, présentation en ligne).
  • Jean-Louis Leutrat, « L'Égypte et le cinéma dans l'œuvre de Howard Phillips Lovecraft », dans H. P. Lovecraft, fantastique, mythe et modernité, Paris, Dervy, coll. « Cahiers de l'hermétisme », , 464 p. (ISBN 2-84454-108-9, présentation en ligne sur le site NooSFere), p. 375-381.
  • (en) Steven J. Mariconda, « Lovecraft's Cosmic Imagery », dans S. T. Joshi et David E. Schultz (dir.), An Epicure in the Terrible : A Centennial Anthology of Essays in Honor of H.P. Lovecraft, New York, Hippocampus Press, (1re éd. 1991) (ISBN 978-0-9846386-1-1), p. 196-207.
  • (en) Steven J. Mariconda, « Toward a Reader-Response Approach to the Lovecraft Mythos », dans S.T. Joshi (dir.), Dissecting Cthulhu : Essays on the Cthulhu Mythos, Lakeland (Floride), Miskatonic River Press, , 280 p. (ISBN 978-0-9821818-7-4, présentation en ligne), p. 131-138.
  • (en) Will Murray, « Behind the Mask of Nyarlathotep », Lovecraft Studies, West Warwick, Necronomicon Press, no 25,‎ , p. 25-29 (ISSN 0899-8361).
    Article repris dans : (en) Will Murray, « Behind the Mask of Nyarlathotep », dans S.T. Joshi (dir.), Dissecting Cthulhu : Essays on the Cthulhu Mythos, Lakeland (Floride), Miskatonic River Press, , 280 p. (ISBN 978-0-9821818-7-4, présentation en ligne), p. 131-138.
  • (en) Duncan Norris, « Lovecraft and Egypt : A Closer Examination », Lovecraft Annual, New York, Hippocampus Press, no 10,‎ , p. 3-45 (ISBN 978-1-61498-180-0, JSTOR 26868511).
  • Jean-Pierre Picot, « Randolph Carter, frère d'Ulysse l'avisé et de Sindbad le marin », dans H. P. Lovecraft, fantastique, mythe et modernité, Paris, Dervy, coll. « Cahiers de l'hermétisme », , 464 p. (ISBN 2-84454-108-9, présentation en ligne sur le site NooSFere), p. 217-236.
  • (en) Robert M. Price, « Lovecraft's « Artificial Mythology » », dans S. T. Joshi et David E. Schultz (dir.), An Epicure in the Terrible : A Centennial Anthology of Essays in Honor of H.P. Lovecraft, New York, Hippocampus Press, (1re éd. 1991) (ISBN 978-0-98-463861-1), p. 259-268.
  • (en) Brandon Reynolds, « Lovecraft's Avatars : Azathoth, Nyarlathotep, Dagon, and Lovecraftian Utopias », Lovecraft Annual, New York, Hippocampus Press, no 3,‎ , p. 96-108 (ISBN 978-0-9824296-2-4, JSTOR 26868392).
  • (en) Marcello Ricciardi, « « He Haunts One for Hours Afterwards » : Demonic Dissonance in Milton's Satan and Lovecraft's Nyarlathotep », dans Gregor Thuswaldner et Daniel Russ (dir.), The Hermeneutics of Hell : Visions and Representations of the Devil in World Literature, Palgrave Macmillan, , XI-322 p. (ISBN 978-3-319-52197-8 et 978-3-319-84846-4), p. 253-269.
  • (en) Carl H. Sederholm, « Falling into the Void : “Nyarlathotep” », dans Antonio Alcala Gonzalez et Carl H. Sederholm (dir.), Lovecraft in the 21st Century : Dead, But Still Dreaming, New York / Londres, Routledge, coll. « Routledge Studies in Speculative Fiction », (ISBN 978-0-367-71304-1 et 978-0-367-71308-9), p. 295-307.
  • (en) M. Swetha et K. Ganeshram, « Imaginary Creatures in H. P. Lovecraft's « The Beast in the Cave », « Nyarlathotep », and « The Nameless City » », IJELLH (International Journal of English Language, Literature in Humanities), vol. 6, no 12,‎ (ISSN 2321-7065, lire en ligne).
  • (en) Robert H. Waugh, A Monster of Voices : Speaking For H. P. Lovecraft, New York, Hippocampus Press, , 384 p. (ISBN 978-0-9844802-2-7, présentation en ligne), « Bloch and Leiber : the Siblings at War with Lovecraft, the Compound Ghost », p. 109-130.
  • (en) René J. Weise, « Reordering the Universe : H. P. Lovecraft's Subversion of the Biblical Divine », Lovecraftian Proceedings, New York, Hippocampus Press, no 2,‎ , p. 47-63 (ISBN 978-1-61498-190-9).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Traduction[modifier | modifier le code]

  1. (en) « I had never heard the name NYARLATHOTEP before, but seemed to understand the allusion. Nyarlathotep was a kind of itinerant showman or lecturer who held forth in public halls and aroused widespread fear and discussion with his exhibitions. These exhibitions consisted of two parts — first, a horrible — possibly prophetic — cinema reel; and later some extraordinary experiments with scientific and electrical apparatus. As I received the letter, I seemed to recall that Nyarlathotep was already in Providence.... I seemed to remember that persons had whispered to me in awe of his horrors, and warned me not to go near him. But Loveman's dream letter decided me.... As I left the house I saw throngs of men plodding through the night, all whispering affrightedly and bound in one direction. I fell in with them, afraid yet eager to see and hear the great, the obscure, the unutterable Nyarlathotep. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Art of Jens Heimdahl », sur Facebook (consulté le ).
  2. Site de Katharsisdrill, voir en ligne.
  3. Site d'Ernő Juhász, voir en ligne.
  4. Joshi et Schultz 2004, p. 190-191.
  5. « Julien Noirel : Ultra-book : Ultra-book », sur ultra-book.com (consulté le ).
  6. Rotomago et Noirel 2007.
  7. H. P. Lovecraft, "Letter To Rheinhart Kleiner", 21 décembre 1921 ; cité par Lin Carter, Lovecraft : A Look Behind the Cthulhu Mythos, pp. 18-19.
  8. Murray 2011, p. 131-138.
  9. Price 1998, p. vii, 1-5.
  10. www.zuccarelloartworks.daportfolio.com.
  11. Harms 1998, p. 234.
  12. Petersen et Willis 1988, p. 48-49.
  13. (en) Doug Bolden, « From giving us tentacled headed Nyarlathotep to important spores that would help to grow the Call of Cthulhu RPG, let's hear it for Derleth's craptastic "Dweller in Darkness" », sur dickens of a blog, (consulté le ).
  14. (en) Poster Bot, « More Than A Thousand And One : The Many Faces Behind The Faceless Howler », sur The Monarch Review : Seattle's literary and arts magazine, (consulté le ).
  15. (en) Don G. Smith, H.P. Lovecraft in Popular Culture : The Works and Their Adaptations in Film, Television, Comics, Music and Games, Jefferson (Caroline du Nord) / Londres, McFarland & Company, , IX-168 p. (ISBN 978-0-7864-2091-9, présentation en ligne), p. 139.