Malouinière du Puits Sauvage

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Malouinière du Puits Sauvage
Image illustrative de l’article Malouinière du Puits Sauvage
Type Malouinière
Architecte Michel Marion (1697-1761)
Début construction 1729
Fin construction 1732
Propriétaire initial famille Nouel
Destination initiale habitation
Propriétaire actuel Jean Gauttier (architecte-peintre)
Destination actuelle habitation
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1990)[1]
Coordonnées 48° 37′ 00″ nord, 1° 58′ 44″ ouest[2]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces de France Bretagne
Région Bretagne
Département Ille-et-Vilaine
Commune Saint-Servan réunie à Saint-Malo
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(Voir situation sur carte : Saint-Malo)
Malouinière du Puits Sauvage
Géolocalisation sur la carte : Ille-et-Vilaine
(Voir situation sur carte : Ille-et-Vilaine)
Malouinière du Puits Sauvage
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(Voir situation sur carte : France)
Malouinière du Puits Sauvage
Site web http://lepuitssauvage.blogspot.com

La malouinière du Puits Sauvage, située à Saint-Malo, au hameau de Saint-Étienne, no 4 rue du Puits Sauvage, est une ancienne demeure construite par des corsaires et des armateurs malouins du XVIIIe siècle.

Situation[modifier | modifier le code]

Située au hameau Saint-Étienne sur la route de Château-Malo, dans l'ancienne commune de Saint-Servan-sur-Mer aujourd'hui en Saint-Malo, la malouinière fait angle entre la rue de la Croix Ruaux et la Rue du Puits Sauvage, juste en face l'impasse Edmond-Miniac.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Selon l'entretien accordé à un journal local par le propriétaire actuel du lieu Jean Gauttier architecte, l'appellation de ce lieu viendrait du fait que son grand-père horticulteur lorsqu'il nommait l'eau dans son puits pour arroser ses terrains horticoles, vidait l'eau des puits voisins.

Historique[modifier | modifier le code]

La malouinière du Puits Sauvage a été construite en 1729, sur les vestiges d'un ancien manoir du XVe siècle.

XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Dès la fin du XVIIIe siècle, le développement considérable de la richesse malouine permet aux armateurs et capitaines corsaires de faire construire les premières résidences secondaires, les malouinières. Le Puits Sauvage est resté un de ces merveilleux exemples. Michel Marion (1697-1761), architecte du Roy a réalisé cette construction pour la famille Nouël de la Baronnie, famille d'armateurs et descendant d'un neveu de Jacques Cartier[3]

En 1799, la famille Le Fer de Chanteloup, neveu de Duguay-Trouin, vend la maison à la famille Marion, enfants de l'architecte.

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

En 1807, Thérèse Marion épouse Louis Gauttier, armateur, capitaine corsaire et ami de Robert Surcouf.

Les malouinières sont, avant tout, des maisons des champs à proximité de Saint-Malo. Leurs fonctions principales étaient, pour les armateurs et capitaines qui habitaient dans la ville close :

  • villégiature et réceptions ;
  • la poste : toutes ces demeures étaient dotées de colombiers qui permettaient a l'armateur de communiquer avec les différents ports de France ;
  • le jardin produisait une polyculture de subsistance que chaque famille ramenait à Saint-Malo intramuros.

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Les bombardements de 170 obus de la Seconde Guerre mondiale ont détruit la buanderie, l'aile ouest, le pavillon du jardinier, et fait disparaitre les dessins du jardin qui furent reconstitués[4]. Ceux ci d'une superficie d'un hectare sont dessinés par des bosquets de buis et de charmilles.

À la fin de la guerre, Michel Gauttier eut la charge de 800 prisonniers que les autorités voulaient occuper en leur faisant déblayer les gravats des bâtiments détruits par les bombardements. La mission fut finalement confiée à des ouvriers français, mais permis à Michel Gauttier de faire la connaissance parmi les prisonniers de l'ancien jardinier en chef de la plus ancienne nursery de cactées en Europe, les établissements Haage à Erfurt ex Allemagne de l'est. Ce qui permit à Michel de servir d'intermédiaire pour faire acheminer à travers le monde à des clients fortunés des graines et des boutures dont certains clients pour le remercier lui en offrirent en retour. C'est ainsi qu'il commença une collection de cactées dont il fit bientôt un commerce, livrant par camion a travers tous l'ouest ces plantes si recherchées. Il ouvrit même un magasin à l'enseigne de La fleur des Îles , rue Ville Pépin.

Pour développer sa production il construisit de petites serres tropicales qui furent les victimes de la tempête de 1987, remplacé depuis par la grande serre de 26 mètres de long, sur cinq mètres de haut, abritant en 2024 quelque 800 espèces.

De sa passion il fit un métier, mais le duvet des Cactées dites succulents irritent les yeux pendant plusieurs années, raison pour laquelle, par mesure de sécurité on ne visite par la serre d'où l'on peut voir la collection au travers des baies vitrée, celles-ci n'étant pas opaques[5].

La malouinière du Puits Sauvage, le logis et les communs, a été inscrits au titre des monuments historiques en 1990 et est ouvert au public depuis 1998.

XXIe siècle[modifier | modifier le code]

Jean Gauthier, qui a passé la plus grande partie de sa vie dans cet héritage familial, dans lequel il s'est énormément investi relevant des pans de murs, voit arriver un dossier invraisemblable, la mairie de Saint-Malo décide de déclasser le PLU du secteur Fougerais-Saint-Étienne en projetant, malgré la loi du interdisant toutes constructions dans un périmètre de 500 mètres, autour d'un monument historique qu'il soit inscrit ou classé. Toute la presse c'est fait l'écho de ce scandale qui a fini par être retoqué par les architectes du patrimoine qui refusèrent de donner leur aval à la construction d'un hôpital psychiatrique au bout de la propriété détruisant déjà un un petit bois compris dans ce secteur[6][réf. incomplète].

Il doit s'occuper également entre 2016 et 2019 de ses beaux-parents en fin de vie. Aucun de ses trois enfants ne souhaitant prendre la responsabilité de la gestion du domaine, c'est bien à contre cœur qu'il se résigne à mettre sa demeure en vente. Mais faute de trouver un acquéreur à même de faire face aux obligations d'un bâtiment inscrit aux Monuments historiques, il a dû se résigner à poursuivre son œuvre. Il reçoit des propositions fantaisistes de gens qui ignorent que l'on ne peut pas faire n'importe quoi avec un monument inscrit.

Il poursuit sa tâche, car depuis cinq années sans chauffage, certaines parties ont subies quelques désordres, l'humidité ayant fait notamment tomber les moulures en plâtre du grand salon qui avaient 350 ans d'âge, ainsi que fragilisé un mur de la cuisine[7]

Architecture[modifier | modifier le code]

Logis[modifier | modifier le code]

Autour de la malouinière, bâtiment modeste et austère à deux travées, baies et deux lucarnes à volutes, avec amortissement à boule, cornes d'abondance et scènes mythologiques au départ d'escaliers. Toit pentu et hautes cheminées, n'offrant qu'une seule pièce à chaque étage, et encadrée de deux ailes surbaissées, dans lesquels se trouvent les escaliers desservant l'étage noble, s'ordonnent des bâtiments de service disposés autour d'une cour carrée, le tout sur un terrain d'un hectare entièrement clos de murs. Elle offre une superficie de 278mètres carrés habitables, et autant sur les trois autres dépendances.

Le logis de 20 pièces d'une surface habitable de 550 mètres carrés, possède deux escaliers situés dans les ailes. Le corps central avec ses pièces nobles, salle à manger et grand salon (XVIIIe siècle) a conservé ses lambris d'origine rehaussés les impostes de la porte de gypseries aux sujets mythologiques qui sont caractéristiques de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

On peut y découvrir en plus des pièces déjà citées : le bureau, la bibliothèque de Style Empire conservant les lettres de marques données aux propriétaires successifs. Pistolets et sextants des différents propriétaires, capitaines et corsaires, ainsi que de nombreux portraits de famille, dont un daté de 1450.

Dans une des salle est conservée une toile marouflée, datée de 1942 provenant d'un hôtel de Saint-Servan, le Pavillon le Cunningham, représentant le débarquement de Louis-Antoine de Bougainville à Tahiti, par le peintre de la marine Étienne Blandin (1903-1991)[8][réf. incomplète].

Dépendances[modifier | modifier le code]

Le domaine possède :

  • une magnifique serre tropicale de 26 mètres de long, sur une largeur de 5,5 mètres et une hauteur de 5 mètres, qui renferme la plus belle collection de cactées de Bretagne avec plus de 800 espèces rapportés d'Amérique du Sud, de Madagascar, d'Afrique du Sud, et encore d'Australie.
  • piscine à chevaux, datée de 1734. Entièrement pavée, elle est unique dans la région. Elle était encomblée et ne fut redécouverte que lors de la tempête de 1987. Elle a une profondeur de 2,50 métres et une eau qui sortait dans le bassin à 11°.
Malouinière du Puits Sauvage à Saint-Malo : la piscine à chevaux, 1734.

Le jardin du Puits Sauvage[modifier | modifier le code]

Après la restauration des bâtiments, le jardin a retrouvé son état d'origine depuis 1999 : un jardin structuré à la française, plantation de buis qui depuis les années 2020 souffrent de maladie, et charmille, terrasse d'agrément et une division en carré potager, le verger avec ses pommiers, pruniers, poiriers ; ensemble séparé par une allée de cerisiers; la basse-cour à l'extérieur des murs de l'enclos. On trouve dans ce jardin parmi une profusion de fleurs, quelques plants de vigne.

Une spécificité malouine de ces jardins est la mise en valeur d'une collection botanique de cactées et plantes succulentes que les navigateurs malouins avaient pour habitude de ramener de leurs expéditions maritimes et cultivaient dans leur malouinière. Le Puits Sauvage possède donc une telle une collection forte de plus de 800 espèces, dont certains spécimens sont issus de celles rapportées en France par le Contre-Amiral Gauttier vers 1820. Une grande verrière de 26 mètres de long, 5,5 mètres de large et 5 mètres de hauteur, présente ces espèces, originaires d'Amérique du Sud et d'Afrique du Sud, de Madagascar ou d'Australie. Certaines sont des boutures de boutures qui ont été ramenées au Puits Sauvage dans la première moitié du XIXe siècle par des capitaines et armateurs malouins. Cette serre ne se visite pas par mesure de sécurité. En effet les petits duvets garnissant les plantes sont très nocifs pour les yeux. L'extérieur, en bordure des carrés potagers recomposés, les plantes exotiques en containers ponctuent le parcours du jardin de mai à octobre.

Dans le jardin, une terrasse en pointe, munie de sabords et de canons en bois Page d'aide sur l'homonymie, et une petite barre à roue, permettant aux enfants de venir jouer aux corsaires[9][réf. incomplète].

Propriétaires[modifier | modifier le code]

  • Pierre-Henry Gauttier du Parc (1772-1850), contre-amiral, hydrographe. c'est lui qui ramena la Vénus de Milo à Paris. En 1820, il ramena de Montevideo comptoir maritime ouvert aux Français en (Uruguay) des spécimens de cactées.
  • Michel Gauttier (1917-2016), né et mort à Saint-Malo, secrétaire de Préfecture, horticulteur, a dû s'occuper de 800 prisonniers allemands lors de la Seconde Guerre mondiale
  • Jean Gauttier, architecte du patrimoine, peintre, c'est à lui que nous devons depuis quarante ans la restauration méthodique des bâtiments et des recherches généalogiques ayant permis d'éclairer l' historique des lieux. Il reçu le Prix national en 2013 de l'Association des vieilles maisons françaises pour son travail sur cette malouinière[10]. C'est grâce à la vente de ses peintures qu'il a pu jusqu'à présent restaurer et entretenir cette grande bâtisse et à passé 110 jours à faire visiter sa demeure[11][réf. incomplète].

En littérature[modifier | modifier le code]

  • Frédéric Mars, de son vrai nom Frédéric Ploton, a écrit une série de trois épisodes dont la malouinière du Puits Sauvage sert de décor aux aventures de trois malouines sur la piste du meurtrier d'un célèbre joueur de cornemuse.
  • "La Breiz Brigade 1", Bienvenue chez les corrigans, Éditions Les Escales, 2023, 352.p.
  • "La Breiz Brigade 2", Ni Français, Ni Breton, Éditions Les Escales, 2023.
  • "La Breiz Brigade 3", L'ombre des remparts, Éditions Les Escales, 2023.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notice no PA00090967, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Coordonnées vérifiées sur Géoportail
  3. La famille Nouël de La Baronnie porte: D'argent au pin de sinople soutenu de deux cerfs affrontés et rampant de sable, (Potier de Courcy). Marie Michelle Nouël (1730-17..), dame de La Baronnie, épouse à Saint-Malo le Nicolas Éon (1717-1787), négociant à Marseille (généalogie man8rove)
  4. Le Télégramme, Philippe Delacotte, 13 septembre 2018.
  5. Gérard Lebailly, La malouinière du Puits Sauvage , Ouest-France, 23 novembre 2010.
  6. Marie Axelle Richard, Ouest-France, > et Le Télégramme, .
  7. Isabelle Lé, Ouest-France, 25 avril 2019[réf. incomplète].
  8. Lionel Bernard, étude d'inventaire parc naturel régional de la Rance Côte d'Émeraude
  9. Bernadette Armel, Le Pays Malouin, 23 février 2023.
  10. Jean Gauttier la Malouinière du Puits Sauvage
  11. Yves Gaudart, Le Pays Malouin, 28 janvier 2024.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]