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Louis de France (1682-1712)

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Louis de France
Description de cette image, également commentée ci-après
Louis de France, duc de Bourgogne par Hyacinthe Rigaud, vers 1700.

Titre

Dauphin de France


(10 mois et 4 jours)

Prédécesseur Louis de France
Successeur Louis de France
Biographie
Titulature Fils de France
Duc de Bourgogne
Dauphin de France
Dynastie Maison de Bourbon
Surnom Petit Dauphin
Naissance
Château de Versailles (France)
Décès (à 29 ans)
Château de Marly (France)
Sépulture Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis
Père Louis de France
Mère Marie-Anne de Bavière
Fratrie Philippe V d'Espagne
Charles de France
Conjoints Marie-Adélaïde de Savoie
Enfants Louis de France
Louis de France
Louis de France
Religion Catholicisme
Description de cette image, également commentée ci-après

Louis de France, né au château de Versailles le puis décédé au château de Marly le , est le fils du Grand Dauphin, fils de Louis XIV, et de Marie-Anne de Bavière. Par analogie avec son père, il est parfois appelé après sa mort le « Petit Dauphin ». Il était l'héritier en seconde ligne de son grand-père, mais il mourut avant ce dernier. De son union avec son épouse, Marie-Adélaïde de Savoie, naissent trois enfants, dont le futur Louis XV, devenu roi en 1715.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Louis naît au château de Versailles le . Il est alors ondoyé le jour même par le cardinal Emmanuel-Théodose de La Tour d'Auvergne et par Nicolas Thilbault, curé de l'église Saint-Julien de Versailles. La cérémonie se fait dans la chambre de sa mère, en fait celle de l'épouse de Jean-Baptiste Colbert, ministre du roi, en présence de son grand-père, le roi Louis XIV, et de son jeune frère, Philippe d'Orléans[1]. Il est le premier prince à naître au château, où la cour venait à peine de s'installer. Enceinte de plusieurs mois, la dauphine était mal à l'aise dans sa chambre.

Elle avait passé une nuit sans sommeil dans cette pièce bruyante et qui empestait la peinture. On y entendait les ouvriers travailler. La dauphine s'installe donc chez madame Colbert, pour achever sa grossesse sereinement. Le , le même jour que ses frères Philippe et Charles, il est baptisé par Pierre du Cambout de Coislin, grand aumônier de France, dans la chapelle royale de Versailles. La cérémonie est présidée par François Hébert, qui est curé de l'église Notre-Dame de Versailles. Son parrain est alors le roi Louis XIV et sa marraine la princesse palatine[2].

Éducation[modifier | modifier le code]

Louis était l'héritier en seconde ligne de son grand-père paternel Louis XIV. Le duc de Beauvilliers qui était le gendre de Colbert, est nommé son gouverneur et Fénelon comme étant précepteur, et a des sous-précepteurs spécialisés sous ses ordres. Denis Moreau est alors le premier valet. Son éducation est soignée, et il nous est d'ailleurs parvenu des carnets de dessins d'enfants[3]. Durant l'année 1695, Charles-François Silvestre devient le maître à dessiner de Louis et de ses frères, le duc d'Anjou et le duc de Berry[4]. Les trois frères sont alors installés dans l'aile du Midi.

Prenant prétexte de l'éducation du prince, le duc de Beauvilliers passa commande aux intendants des provinces des Mémoires pour l'instruction du duc de Bourgogne en 1696, formant la première description statistique du royaume. Pour ce qui concerne son caractère physique, sa grande-tante par alliance[2], épouse de Monsieur, écrit du jeune Louis dans ses correspondance ceci :

« Le duc de Bourgogne est en outre tout de travers, il a une jambe beaucoup plus courte que l'autre, si bien que, quand il veut se tenir debout, le talon d'un de ses pieds est en l'air et il ne touche le sol qu'avec les doigts de pieds… »

Mariage[modifier | modifier le code]

En 1696, Louis est marié à Marie-Adélaïde de Savoie, la fille de Victor-Amédée II et d'Anne-Marie d'Orléans. Ce mariage avait été conclut dans le cadre du traité de Turin, qui mettait fin aux conflits de la Guerre de la Ligue d'Augsbourg. Le mariage est célébré le , au château de Versailles. La jeune princesse parvient a séduire le duc de Bourgogne pourtant pieux et sévère et le couple se montre unit en toute situation. La duchesse mettra au monde trois enfants :

  1. Louis de France ( - ), duc de Bretagne ;
  2. Louis de France ( - ), duc de Bretagne puis dauphin de France ;
  3. Louis de France ( - ), duc d'Anjou puis le futur roi Louis XV.

À la cour de France[modifier | modifier le code]

Portrait de Louis de France, duc de Bourgogne par Joseph Vivien, 1700.

Dès 1702, à l'âge de vingt ans, il est admis par son grand-père le roi Louis XIV au Conseil d'en-haut et il est initié aux secrets d'État concernant la religion, la diplomatie et la guerre, mais il montre très peu d'habilité à la guerre, il échoue dans la campagne de 1708, alors qu'il commandait en Flandre avec l'assistance du duc de Vendôme. En réalité, le duc était sous sa conduite autoritaire et peu bienveillante, et dans laquelle il eut à combattre Eugène de Savoie-Carignan et le duc de Marlborough, durant l'épisode de la bataille d'Audenarde. Le duc de Bourgogne est l'auteur d'un libre de mathématiques, Élémens de géométrie[5], apprécié et recommandé par Leibniz.

Le duc était entouré d'un cercle de personnes, connu comme « la faction de Bourgogne », et qui était notamment de son ancien précepteur Fénelon (qui composa d'ailleurs pour lui les Fables et opuscules pédagogiques et aussi Les Aventures de Télémaque), de son ancien gouverneur, du duc de Beauvilliers, du duc de Chevreuse et du duc de Saint-Simon. Ces aristocrates de rangs élevés étaient des réformateurs qui souhaitaient un retour à une forme de monarchie moins absolue où des conseils et des organismes intermédiaires entre le roi et le peuple, confiés à des représentants de la veille noblesse (et non plus de robe), assisteraient ainsi le gouvernement royal.

Ce plan de gouvernement est condensé dans les Tables de Chaulnes. Il y avait là cet idéal utopique d'un type de régime monarchique contrôlé par l'aristocratie (autoproclamée représentante du peuple) et décentralisée (de très larges pouvoirs serinant accordés aux provinces). C'est la politique que le duc de Bourgogne aurait probablement appliquée si il était devenu roi. Il succéda à son père comme dauphin à sa mort, survenue le .

Décès[modifier | modifier le code]

Madame de Ventadour avec le roi Louis XIV et ses héritiers par Nicolas Largillière, vers 1715.

Moins d'un an plus tard, son épouse Marie-Adélaïde et lui tombèrent malades, puis ils moururent alors à six jours d'intervalle au cours d'une épidémie de rougeole[6], entre le 12 et le 18 février 1712. En fait, d'après les Mémoires de Saint-Simon, il paraît plus probable que la dauphine ait d'abord succombé à une septicémie provoquée par un abcès dentaire[7] (le tableau clinique décrit par Saint-Simon est très évocateur), et d'après le compte rendu qui fut fait après l'autopsie du dauphin décédé six jours plus tard, il semble qu'il soit d'une septicémie à streptocoque A, puisque ses organes étaient liquéfiés, ce qui concorde parfaitement avec l'effet de ce puissant microbe.

Leur fils aîné, Louis de France, duc de Bretagne, succomba à la même maladie le 8 mars suivant. Seul survécut leur plus jeune fils, le duc d'Anjou, alors âgé de deux ans seulement. La mort prématuré du duc de Bourgogne, à l'âge de vingt-neuf ans, ruina les espoirs de sa faction, et par ailleurs la plupart de ceux qui en faisaient partie se mirent à mourir à leur tour de mort naturelle. Pourtant, la Régence, qui commença en 1715, mit en pratique des idées soulevées par ce parti avec la création de la polysynodie ; mais celle-ci, ayant alors rapidement montré ses limites, elle fut abandonnée dès 1718 et on revint alors à la monarchie absolue sous la tutelle du Régent.

Vue générale du château de Marly, prise de l’Abreuvoir par Pierre-Denis Martin, 1724.

Le cœur du duc de Bourgogne fut porté à la chapelle Sainte-Anne (nommée « chapelle des cœurs », renfermant les cœurs de quarante-cinq rois et reines de France) de l'église du Val-de-Grâce. En 1793, lors de l'épisode de la profanation de la chapelle, l'architecte Louis François Petit-Radel s'empare d'une urne reliquaire en vermeil, qui renfermait le cœur du duc. Il le vendit ou l'échangea contre des tableaux à des peintres qui étaient à la recherche de brun de momie, rare et hors de prix, qui était réputé, une foi mêlée à de l'huile, donner un glacis incomparable aux tableaux[8]. Selon des recherches récentes, il s'agirait d'une légende due à une nouvelle de G. Lenotre[9].

Titulature[modifier | modifier le code]

Alors que le père Claude-François Ménestrier, expert en héraldique, militait pour que Louis puisse porter comme armes un écartelé de France et de Bourgogne ancien, Louis XIV décida que son petit-fils ne porterait que l'écu de France ; fils aîné, ce prince n'était pas obligé d'écarteler ses armes avec celles du Dauphiné ou de Bourgogne. Il ne porta donc le simple écu de France sous une couronne ouverte de prince du sang, jusqu'au jour où le Grand Dauphin mourut et où le roi décida qu'il deviendrait dauphin de France à son tour, en reprenant les armes de son père, de France écartées des armes delphinales[10], comme souvent attribuées aux héritiers du trône français.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
  1. Registre des baptêmes (1682) de l'église Saint-Julien de Versailles, Archives départementales des Yvelines
  2. a et b Registre des baptêmes (1687) de l'église Notre-Dame de Versailles, Archives départementales des Yvelines
  3. Rémi Mathis, « Mais qui est vraiment Soros ? », Ad Vivum. L'estampe et le dessin anciens à la BnF, . Lire en ligne ; à propos de BnF, Estampes, Réserve Ad-12-fol
  4. Fabien de Silvestre, « Brevet de maître à dessiner des ducs de Bourgogne, d'Anjou et de Berry pour Charles-François Silvestre », sur israel.silvestre.fr, (consulté le ).
  5. Élémens de géométrie de Monseigneur le duc de Bourgogne.
  6. Les Femmes du Roi-Soleil de Simone Bertière, livre de poche 2010 (p. 509)
  7. Olivier Chaline, L'année des quatre dauphins, Paris, Flammarion, , 218 p. (ISBN 9782081249622), p. 39
  8. André Castelot, L'Histoire insolite, Paris, Perrin, , 427 p. (ISBN 2-262-00248-7), p. 171
  9. Laetitia Levrat, « Laetitia Levrat. Martin Drölling (Bergheim 1752-Paris 1817) : un état de la question. Art et histoire de l’art. 2010. dumas-00556601 », CNRS HAL open science,‎ (lire en ligne)
  10. Hervé Pinoteau, La symbolique royale française, Ve – XVIIIe siècle, P.S.R. éditions, 2004, p. 518.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christian-Philippe Chanut, La vie du duc de Bourgogne, père de Louis XV, éd. Communication et Tradition, 1996.
  • Lucien Bély (dir.), Dictionnaire Louis XIV, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1405 p. (ISBN 978-2-221-12482-6)
  • marquis de Vogüé, Le duc de Bourgogne et le duc de Beauvillier : lettres inédites, 1700-1708 : avec un portrait, deux fac-similés et une carte, 1900
  • Laurent Coste , L'intendance de Bordeaux à la fin du XVIIe siècle: Edition critique du mémoire "pour l'instruction du duc de Bourgogne" CTHS, 2022
  • Directions pour la conscience d'un roi, composées pour l'instruction de Louis de France, duc de Bourgogne , par François de Salignac de La Mothe, 1775
  • Mémoire de Monseigneur le Dauphin (Louis de France, duc de Bourgogne) pour Nostre Saint-Père le Pape, imprimé par ordre exprès de Sa Majesté (1712).
  • Lettres du duc de Bourgogne au roi d'Espagne Philippe V et à la reine, H. Laurens , 1912-1916
  • Louis XIV et le duc de Bourgogne (2021), Jules Michelet (1798-1874), Levallois-Perret : CMI publishing , DL 2021 Louis XIV et le duc de Bourgogne (2015), Jules Michelet (1798-1874), Paris : Éditions des Équateurs , DL 2015
  • Louis et Marie-Adélaïde de Bourgogne (2002), Sabine Melchior-Bonnet, Paris : R. Laffont , 2002
  • Vie du duc de Bourgogne (1996), Claude-François-Xavier Millot (1726-1785), Paris : Communication et tradition , 1996
  • Lettres inédites du duc de Bourgogne. - [2] (1880)
  • Louis de Bourbon, duc de Bourgogne et dauphin de France d'après sa correspondance. - [3] (1880)
  • [Recueil. Dossiers biographiques Boutillier du Retail. Documentation sur Louis, dauphin de France (duc de Bourgogne)] (1880), Paris : Charavay : Le correspondant , 1880-1916
  • Vie du dauphin, père de Louis XV, écrite sur les mémoires de la cour ; enrichie des écrits du même prince (1826), Liévin-Bonaventure Proyart (1743?-1808), Paris : Méquignon fils aîné : Boiste fils aîné , 1826
  • Vie du dauphin, père de Louis XV, écrite sur les mémoires de la cour ; enrichie des écrits du même prince (1819), Liévin-Bonaventure Proyart (1743?-1808), Paris : Méquignon fils aîné , 1819
  • Vie du Dauphin père de Louis XV (1782), Liévin-Bonaventure Proyart (1743?-1808), 1782
  • Sentimens sur la mort de monseigneur le dauphin et de Madame la dauphine, à l'occasion d'un sermon touchant le néant des choses humaines, prononcé dans l'église de S.-Paul, le second dimanche de Carême, l'an 1712 (1712), De La Bessière, [Paris : R. Mazières , 1712]
  • Oraison funèbre de très-haut très-puissant et excellent prince monseigneur Louis dauphin et de très-haute très-puissante et vertueuse princesse madame Marie-Adélaïde de Savoye son épouse (1712), Charles de La Rue (1643-1725), 1712

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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