Le Mourillon

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 3 janvier 2022 à 19:59 et modifiée en dernier par Vlaam (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Le Mourillon
Le Mourillon
Le quartier du Mourillon à Toulon vu d'hélicoptère (1995)
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Ville Toulon
Canton Canton de Toulon-6
Géographie
Coordonnées 43° 06′ 25″ nord, 5° 55′ 55″ est
Altitude m
Site(s) touristique(s) Plages du Mourillon, Musée des arts asiatiques, jardins
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Toulon
Voir sur la carte administrative de Toulon
Le Mourillon
Liens
Site web www.mourillon.fr

Le Mourillon est un des quartiers de l'Est de Toulon dont les hauteurs appartiennent à la Provence cristalline. C'est un véritable village provençal enclavé dans la ville toulonnaise, disposant de plusieurs monuments historiques (forts), églises, places, d'un musée (arts asiatiques), de son marché quotidien et de ses diverses rues commerçantes. La presqu'île du Mourillon donne à la fois sur la petite rade et sur la grande rade. C'est dans cette dernière que se trouvent les plages du Mourillon.

Histoire

Initialement, le Mourillon (diminutif de mourre, « museau » en provençal, pour désigner la presqu'île) désignait une zone plus vaste que l'actuel quartier et s'étendait depuis les zones marécageuses de l'embouchure de la rivière Eygoutier dans la petite rade (actuel Port Marchand) jusqu'à la corniche le long de la grande rade en passant par l'extrémité de La Mitre. Avant le XVIIIe siècle, il n'y avait que très peu d'habitations, mais on y trouvait un cimetière de galériens chrétiens de la flotte turque de l'époque de l'alliance franco-ottomane, ainsi qu'une poudrière et une houillère, qui ont disparu. Les terrains étaient principalement utilisés comme jardins et vignobles, les pêcheurs s'adonnaient à leur activité sur la corniche.

Comme les alluvions transportées par la rivière Eygoutier (du provençal eygue ou aygue : « eau ») avaient tendance à ensabler l'accès à la vielle darse du port de Toulon, la rivière fut détournée lors de l'agrandissement de l'arsenal par Colbert en 1680[1]. Le nouveau lit de la rivière faisait alors le tour des hauteurs du Mourillon pour aller se jeter dans le port-abri Saint-Louis, à l'ouest du fort Saint-Louis.

Le Mourillon, ouvert sur la grande rade ou rade des Vignettes (ainsi appelée en raison des vignobles riverains) avait une position militaire stratégique. La Tour royale ou Grosse Tour qui gardait l'entrée de la petite rade, a été bâtie au milieu du XVIe siècle sur le cap de la Manègue (ou Pipady) surmonté par la pinède de La Mitre. Le fort Saint-Louis, dont le rôle était de défendre le port contre les navires ennemis venus du large, a été bâti à la fin du XVIIe siècle sous le nom de fort des Vignettes. En partie détruit lors du siège de Toulon en 1707, le fort Saint-Louis fut reconstruit à l'identique. Dès le XVIIe siècle, le terrain du Polygone situé à la Mitre sert de terrain d'exercice pour les marins qui s'entrainent au maniement de la bombarde et du canon, puis de l'artillerie de Marine au XIXe siècle. Un stand de tir sera construit au XXe siècle et détruit au milieu des années 1960. Le fort Lamalgue fut construit vers la fin du XVIIIe siècle. Il tient son nom de Margo (« la marge » ou la malgo) désignant les terrains situés sur les hauteurs du Mourillon où poussaient les vignes de Margo qui firent leur entrée à la cour de Louis XIV (qu'il ne faut pas confondre avec le paronyme Margaux). L'émir Abd El-Kader y fut emprisonné.

Les terrains du Mourillon situés du côté de la petite rade étaient utilisés par la Marine dès le début du XVIIIe siècle pour stocker des bois de construction des vaisseaux de guerre à l'arsenal de Toulon. Vers 1820, des entrepôts à bois furent édifiés sur les terrains situés sur l'actuel quartier du Port-Marchand. On y trouvait plus d'une trentaine, ainsi que deux bassins d'immersion pour le stockage des bois et une scierie. En 1845, un incendie détruisit les stocks de bois. Par la suite, les détenus et les gardiens du bagne de Toulon y installèrent leur potager, profitant de l'eau douce de l'Eygoutier.

Avec l'extension du grand arsenal de Toulon au Mourillon[1], au milieu du XIXe siècle, le quartier commence à prendre sa physionomie actuelle. La Marine reprend le potager du bagne, transféré à Cayenne en Guyane. Une fortification partant du fort Lamalgue jusqu'à la porte d'Italie à Toulon protégeait le quartier. La porte Bazeilles fut percée dans la muraille en 1873 (actuel rond-point à fontaine). Les casernes de l'infanterie et de l'artillerie de marine (qui seront rattachées en 1900 à l'Armée de Terre pour devenir infanterie et artillerie coloniale) sont construites au milieu du XIXe siècle ainsi que le haut immeuble appelé « tour Carrée » situé sur les hauteurs du quartier, servant de mess pour les officiers et d'amer signalé sur les cartes marines de l'époque.

Construite sur l'ancien lit détourné de la rivière Eygoutier, l'artère principale du quartier, le boulevard de Bazeilles, précédemment appelé boulevard de l'Eygoutier, tient son nom d'une localité des Ardennes non loin de Sedan où les troupes de Marine, dont le régiment des casernes du Mourillon, ont durement combattu pendant la guerre de 1870. Pendant l'ère industrielle, au XIXe siècle, les bagnards bâtissent dans l'arsenal du Mourillon cinq cales de construction navale, puis deux grandes cales à structure métallique au début du XXe siècle. Les premières frégates cuirassées sont construites au Mourillon (Napoléon en 1850, La Gloire en 1858) ainsi que les premiers sous-marins modernes du monde (Gymnote en 1887, Gustave Zédé en 1888). Plusieurs entreprises sous-traitantes de l'arsenal se créent alors et la population ouvrière s'installe autour des artères principales. L'église Saint-Flavien sera édifiée en 1864. La Mitre, en bord de mer, devient le quartier des officiers de marine avec ses villas : on l'appelle le « quartier de la marine ».

Le Tramway de Toulon au Mourillon (ligne n° 3).

Le tramway est installé dès 1890 pour emmener les Toulonnais jusqu'à la station Sainte-Hélène, puis vers l'actuel terminus en 1910 après l'élargissement du boulevard du Littoral. Côté grande rade, les « bains de mer » Almeras et Sainte-Hélène ainsi que les bains de mer de la Source accueillent les premiers baigneurs. Côté petite rade, ce sont les bains de mer du Polygone. Au début du XXe siècle, la jetée du port Saint-Louis est réalisée et l'activité de pêche côtière se développe.

Le Mourillon devient une destination pour des visiteurs de passage comme Claude Farrère, Alexandre Dumas, Gustave Flaubert ou Jules Michelet. Un jardin d'acclimatation est aménagé en 1887. Face à la mer et aux bains Sainte-Hélène, les demeures bourgeoises se multiplient, entourées de parcs et jardins aux essences ramenées par les multiples expéditions lointaines. Dans son livre Le Monde du silence, l'officier de marine Jacques-Yves Cousteau raconte sa toute première plongée sous-marine en apnée, en 1936[2] aux pieds de la « villa Verne » ainsi appelée parce qu'elle a appartenu à la bru de Jules Verne, sans que ce dernier n'y soit jamais venu (elle abrite à présent le musée des arts asiatiques de Toulon[3]).

Le Fort Saint-Louis est un monument historique classé, mais non un site touristique culturel car il n'est pas ouvert au public.

Côté militaire, les activités sous-marines se développent au Mourillon dont le côté Ouest, sur la petite rade, est utilisé comme base de sous-marins par la Marine française. C'est du quai des sous-mariniers qu'est parvenu à s'échapper, en désobéissance des ordres reçus du gouvernement de Vichy, le sous-marin Casabianca lors du Sabordage de la flotte française à Toulon en 1942. En réponse au repli de la 29e flottille de sous-marins allemands du port de La Spezia en Italie au Mourillon en 1943, les bombardements alliés ciblent les anciens entrepôts de l'arsenal nord du Mourillon qui est rasé ; des bombes s'abattent sur des maisons du quartier et notamment sur le cinéma Comœdia, l'école et la poste de la rue Castel. Le bombardement allié de novembre 1943 fait plus de 200 morts au Mourillon. Le bord de mer sera vidé de sa population par les Allemands et des casemates sont installées le long du « quai » (en fait, chemin) Belle-Rive face à la grande rade.

Après la guerre, la Marine cède à la ville les terrains ravagés de l'arsenal nord, actuel quartier du Port Marchand. Les bassins d'immersion et le chenal sont comblés durant la reconstruction. Les activités sous-marines reprennent après la guerre avec l'atelier des torpilles dans l'enceinte de l'arsenal du Mourillon.

Ancienne rue typique du Mourillon.

Les HLM Bazeilles sont construits au début des années 1950. L'église Saint Jean Bosco est édifiée en 1965. Au début des années 1970, on entame les travaux de construction des plages artificielles. Du milieu des années 1970 jusqu'en 1982, l'urbanisation modifie largement l'aspect du Mourillon mais la « loi littoral » empêche l'élargissement de la corniche en une route à plusieurs voies et que le « mur de béton » devienne continu comme ailleurs sur la côte. Ces plages artificielles ont été gagnées sur la mer grâce à du sable de carrière transporté depuis l'est du Var. Auparavant, il y avait des criques de galets en contrebas de la corniche Frédéric-Mistral.

Géomorphologie

Les hauteurs du Mourillon, situées en Provence cristalline au sud de la dépression permienne, présentent un faible relief constitué de phyllades et de roches métamorphiques longuement érodées[4],[5].

Mourillon Rugby

  • Union sportive du Mourillon club de rugby à XV.
  • Cadets 2006/2007 Demi-Finalistes Teulière B
  • Cadets 2007/2008 Éliminé en 16e de finale Teulière B

Annexes

Notes et références

  1. a et b Rémi Kerfridin / Bernard Cros, L'Arsenal de Toulon, Toulon, Extrême Eden Editions, , 144 p. (ISBN 978-2-952-94285-0), p.10 à 23 et 138 à 141
  2. Le Monde du silence, édition n° 318, 1956, page 11.
  3. Magali Bérenger, Toulon de A à Z, Alan Sutton, , 128 p. (ISBN 9782813802224), page 110
  4. « Plan local d'urbanisme de Toulon », topographie, p. 6, toulon.fr
  5. Stephen Giner et Ion Cepleanu (préface d'Éric Buffetaut), Miroirs de la terre, Presses du Midi 2010, (ISBN 978-2-8127-0188-7), p. 37, 39

Articles connexes

Lien externe