La Lucerne-d'Outremer
La Lucerne-d'Outremer | |
L'église abbatiale. | |
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Manche |
Arrondissement | Avranches |
Intercommunalité | Communauté de communes de Granville, terre et mer |
Maire Mandat |
Gérard Dieudonné 2014-2020 |
Code postal | 50320 |
Code commune | 50281 |
Démographie | |
Population municipale |
867 hab. (2014) |
Densité | 60 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 48° 47′ 04″ nord, 1° 25′ 36″ ouest |
Altitude | Min. 31 m Max. 146 m |
Superficie | 14,48 km2 |
Élections | |
Départementales | La Haye-Pesnel |
Localisation | |
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La Lucerne-d'Outremer est une commune française, située dans le département de la Manche en région Basse-Normandie, peuplée de 867 habitants[Note 1].
Géographie
La commune de la Lucerne-d'Outremer s'étend de celle du Tanu à celle de Saint-Pierre-Langers. Le Thar, petit fleuve côtier qui se jette dans mer de la Manche au sud de Saint-Pair-sur-Mer en forme la limite nord, ce qui en fait une commune située à la frontière historique de l'Avranchin (auquel elle appartient) et du Cotentin[1].
Les bois de la Lucerne forment la majeure partie de son territoire vers l'ouest et séparent ainsi les deux épicentres de la commune : le bourg, avec le château et l'église paroissiale vers l'est ; l'abbaye de La Lucerne vers l'est.
Les principaux lieux-dits sont : la Malenfandière, le Haut-Pignon, les Granges, les Holidières, les Réages.
Toponymie
Le nom propre de cette commune serait emprunté au nom de l'abbaye des Prémontrés installée sur son territoire et connue soit comme abbaye de La Lucerne (d'Outremer), soit comme abbaye Très-Sainte-Trinité de La Lucerne (d'Outremer) [abbatia Sanctissimae Trinitatis de Lucerna].
Étymologiquement, le nom commun lucerne est dérivé du latin lucerna qui désigne, en latin classique, à la fois une « lampe », un « guide » et un « poisson phosphorescent »[2]. Notons que la ville de Lucerne, en Suisse, et une douzaine de villes des États-Unis, portent un toponyme similaire. Pour Édouard Le Héricher, "Lucerna" viendrait de Lucus (le bois sacré)[3] mais cette étymologie paraît aujourd'hui peu admise.
Il est en outre certain que la Lucerne est une forme discriminante de La Luzerne, toponyme appliqué à une commune proche de la Basse-Normandie, dans le même département de la Manche[4]. En effet, le nom de « La Luzerne » (ou "Luserne" [5], porté notamment aux XVIIe-XIXe siècles (jusqu'en 1853) par cette commune était aussi le nom de La Luzerne près de Saint-Lô.
Quant au déterminant d'Outremer appliqué à la commune, puis à l'abbaye, il ne peut désigner que le territoire d'au-delà de la mer connue à cet endroit au Moyen Âge, c'est-à-dire la Manche. Ce pays d'Outre-Mer ne peut être que l'Angleterre. Or, l'abbaye a bien été construite en 1143, c'est-à-dire peu après la conquête du royaume anglo-saxon par Guillaume de Normandie, couronné officiellement en 1066 à Westminster. À partir de cette époque, l'ancienne Église anglo-saxonne est dirigée par des évêques réformateurs anglo-normands sous l'autorité des archevêques de Cantorbéry. Il s'ensuit un grand mouvement de construction d'édifices religieux de très grande taille, de type roman et cistercien telles Rievaulx, Fountains et Kirkstall, qui ne sont pas sans rappeler l'église de l'abbaye de La Lucerne. Il est plus que probable[6] que l'appellation Outremer soit une marque de ces liens politiques, religieux et architecturaux d'un royaume qui s'étend des deux côtés de la Manche.
Quoi qu'il en soit, selon Danièle Ducœur[7], le surnom d'Outremer ne date que de 1853 afin de distinguer les deux communes de La Lucerne (ou La Luzerne), près de Saint-Lô et La Lucerne (ou La Louiserne ou La Luzerne) où se situe l'abbaye. Cependant, l'historienne affirme que la dénomination choisie était censée rappeler l'aveu rendu[8] par l'abbé Philippe Badin au roi d'Angleterre, Henri V, en 1419.
Finalement, les deux explications, l'une étymologique, l'autre historique, si l'on excepte quelques détails contradictoires, se recoupent.
Histoire
En 1327, le principal seigneur de la Lucerne était Jean Tesson, chevalier, seigneur du Grippon. Il avait donné en arrière-fief à Robert de Semilly un cinquième de fief de haubert s'étendant sur la Lucerne et la Mouche. Guillaume de La Cervelle était quant à lui tenant d'une vavassorie noble. En 1377 et 1390, le seigneur de La Lucerne était un nommé Thomas de La Lucerne. En 1463 la recherche de Montfaut cite Jean du Homme comme seigneur, en 1666, celle de Guy Chamillart cite Louis et Robert Guyon, écuyers. En 1789, le seigneur principal était Carbonnel de Canisy, dont la descendance a possédé le château jusqu'au début du XXIe siècle et possède encore une partie du bois[9].
L'abbaye possédait quant à elle un fief de l'abbaye, avec gage-pleige et basse-justice, droit de colombier, et s'étendant à la Lucerne, les Chambres et Subligny[10]. On peut encore voir, sur le site de l'abbaye, les salles de justice et le colombier médiéval.
Politique et administration
Démographie
En 2014, la commune comptait 867 habitants. Depuis 2004, les enquêtes de recensement dans les communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans (en 2007, 2012, 2017, etc. pour La Lucerne-d'Outremer[13]) et les chiffres de population municipale légale des autres années sont des estimations[Note 2].
Économie
Lieux et monuments
- Église paroissiale Notre-Dame, des XIIIe et XIXe siècles. Elle était à la présentation du seigneur du lieu. On peut y voir l'ancien Christ de jubé provenant de l'abbaye (1637).
- Abbaye de La Lucerne, fondée au XIIe siècle, de l'ordre des Prémontrés.
- Château de la Lucerne, du XIXe siècle, dans le bourg.
Activité et manifestations
Personnalités liées à la commune
- Léonor Claude de Carbonnel de Canisy (1732 1811), maréchal des camps et des armées du roi, seigneur de la Lucerne et de Guéhébert[16].
- Louis Emmanuel de Carbonnel de Canisy (1768 1834), donataire de Hanovre en 1810, écuyer de l'empereur Napoléon, premier écuyer du Roi de Rome[16].
- Marquis François René Hervé de Carbonnel de Canisy (1754-1824), marié à Anne Charlotte de Loménie de Brienne, dame de compagnie de Madame Élizabeth, sœur du roi Louis XVI, guillotiné avec elle en 1794[16].
- Henri de Carbonnel de Canisy (1838-1899), officier de cavalerie, conseiller général du canton de La Haye-Pesnel[16].
Voir aussi
Notes et références
Notes
- Population municipale 2014.
- Dans le tableau des recensements et le graphique, par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu, pour les populations légales postérieures à 1999 de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique que les populations correspondant à l'année 2006, première population légale publiée calculée conformément aux concepts définis dans le décret no 2003-485 du 5 juin 2003, et les années correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee.
Références
- Altitudes, coordonnées, superficie : répertoire géographique des communes 2013 (site de l'IGN, téléchargement du 19 mars 2014)
- Édouard Le Héricher, L'Avranchin monumental et historique, Avranches, 1846, t. 2, p. 65-103.
- Il est donc possible de voir dans le nom propre un jeu polysémique sur l'ensemble de ces vocables, sachant que l'abbaye est comme le phare qui illumine et qui guide. En outre, Jésus, dans l'Église primitive, était représenté sous forme de poisson, du grec ἰχθύς, abréviation de ΙΗΣΟΥΣ « Jésus » ; ΧΡΙΣΤΟΣ « Christ » ; ΘΕΟΥ « Dieu » ; ΥΙΟΣ « fils » ; ΣΩΤΗΡ « Sauveur », autrement dit « Jésus Christ fils de Dieu, notre sauveur ». Comme l'indique la notation « il est donc possible », il s'agit d'une hypothèse vraisemblable, mais semblant inédite.
- Édouard Le Héricher, Avranchin monumental et historique, t. 2, Avranches, Tostain, (lire en ligne), p. 66.
- Explication d'un des guides de l'abbaye donné le 20 mai 2010
- Gallia Christiana, t. XI, col. 556, note marginale.
- Hypothèse vraisemblable, mais semblant inédite.
- Abbaye Sainte-Trinité de la Lucerne, Orep éditions, 1er trimestre 2008
- L'expression rendre foi et hommage, ou rendre aveu, employée en droit féodal, signifie « remplir certains devoirs à l’égard de son suzerain »
- Chanoine Pigeon, Le diocèse d'Avranches, Coutances, t. 2, 1888, p. 366-367.
- Chanoine Pigeon, Le diocèse d'Avranches, Coutances, t. 2, 1888, p. 367.
- « Le maire Gérard Dieudonné candidat à un second mandat », sur ouest-france.fr, Ouest-France (consulté le )
- Réélection 2014 : « La Lucerne-d'Outremer (50320) - Municipales 2014 », sur elections.ouest-france.fr, Ouest-France (consulté le )
- Date du prochain recensement à La Lucerne-d'Outremer, sur le-recensement-et-moi.fr, site spécifique de l'Insee.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 20062007 2008 2009 2010 2011201220132014 .
- Fonds Durand de Saint-Frond, généalogiste. Archives départementales de la Manche 130-J 604.
Liens externes
- La Lucerne-d’Outremer sur le site de la communauté de communes
- Résumé statistique de La Lucerne-d’Outremer sur le site de l'Insee