Indigènes du détroit de Torrès

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Indigènes du détroit de Torrès
Description de cette image, également commentée ci-après
Des autochtones devant leur drapeau officiel en 2021.

Populations importantes par région
Population totale 59 111 (2016)[1]
Autres
Langues Langues aborigènes d'Australie et papoues
Religions Animisme, christianisme
Ethnies liées Mélanésiens

Les indigènes du détroit de Torrès (en anglais : Torres Strait Islanders) sont les autochtones des îles de ce détroit, dans le nord du Queensland, en Australie. Avec les Aborigènes d'Australie ils sont l'un des deux ensembles de peuples indigènes de ce pays.

Les îles du détroit de Torrès sont habitées depuis au moins 2 500 ans[2].

Par divers aspects de leur culture, les indigènes du détroit de Torrès sont plus proches des Papous de Papouasie-Nouvelle-Guinée que des Aborigènes d'Australie : par exemple, ils pratiquaient déjà l'agriculture avant la venue des Européens. La plupart de leurs langues s'apparentent pourtant aux langues aborigènes, à l'exception des indigènes des îles de Mer, d'Erub et d'Ugar, situées au nord-est du Détroit de Torrès, qui parlent le meriam mir, une langue papoue. Ces langues ont un vocabulaire austronésien indiquant des contacts anciens probables avec les navigateurs austronésiens venus d'Indonésie ou des rives de la Nouvelle-Guinée[3].

Définition[modifier | modifier le code]

Carte des îles du détroit de Torrès.

Officiellement, du point de vue du gouvernement australien, un(e) indigène du détroit de Torrès est une personne qui :

  1. a des ancêtres indigènes du détroit de Torrès ;
  2. s'identifie comme telle et ;
  3. est reconnue comme telle par sa communauté indigène.

Les trois critères doivent être remplis. Officiellement, un terme tel que « en partie indigène » n'a aucune valeur. La couleur de peau n'est pas un critère[4]. La même définition s'applique aux Aborigènes[4].

Démographie[modifier | modifier le code]

La ville de Thursday Island, la capitale administrative et commerciale des îles du détroit de Torrès.

Environ 6 800 indigènes habitent les îles du détroit, tandis que 42 000 résident ailleurs, principalement à Townsville et à Cairns, dans la partie continentale du Nord du Queensland.

Environ 6 % des indigènes australiens sont indigènes du détroit de Torrès ; 4 % ont des origines mixtes (aborigène et indigène du détroit de Torrès).

Culture[modifier | modifier le code]

Masque.

Situé entre l'Australie et l'île de Nouvelle-Guinée, le détroit de Torrès a toujours été au croisement des influences culturelles des rives de ses deux voisins, d'autant que les indigènes du détroit de Torrès pratiquaient la navigation et les voyages maritimes.

D'après le Australian Museum, la religion des indigènes du détroit de Torrès diffère des croyances religieuses aborigènes[5].

Une chanson enfantine traditionnelle des indigènes de ces îles est la chanson Taba naba, reprise et diffusée par plusieurs chanteurs non indigènes en 2000.

Eddie Mabo et la question des terres[modifier | modifier le code]

Jusqu'en 1992, la fiction juridique de terra nullius faisait que la propriété indigène traditionnelle des terres de ces îles n'était pas reconnue par la législation australienne. Eddie Mabo, un indigène du détroit de Torrès, porta jusqu'à la Cour suprême les revendications de son peuple, mais mourut quelques mois avant que ne soit reconnu le droit indigène coutumier en matière de propriété terrienne. Ce droit s'applique également aux Aborigènes. La répudiation de la doctrine de terra nullius par la Cour suprême est l'une des décisions juridiques les plus célèbres de l'histoire de l'Australie[6].

Demande de reconnaissance des indigènes du Détroit de Torrès[modifier | modifier le code]

Le , les délégués à une convention référendaire des aborigènes et des indigènes du détroit de Torrès tenue près d'Uluru en Australie centrale adoptent la Déclaration d'Uluru[7], qui appelle à la reconnaissance d'une « voix des Premières nations » dans la Constitution de l'Australie et à une « Commission Makarrata » (commission de rassemblement après la lutte) pour superviser un processus de « conclusion d'accords » et d'« expression de la vérité » entre le gouvernement et les peuples autochtones[8]. Le , le Premier ministre Malcolm Turnbull publie une déclaration conjointe avec son ministre de la Justice et son ministre des Affaires autochtones, rejetant ces demandes[9]. Le débat se poursuit en 2021[10],[11],.

Lors de la campagne pour les élections législatives de 2019, la question est peu présente, toutefois le gouvernement fédéral reprend le sujet en désignant en juillet 2019 un comité chargé de concevoir dans les détails la création d’instances « pour que les voix indigènes soient entendues à tous les niveaux de l’Etat » (ministre Ken Wyatt, 30 octobre 2019). Les professeurs Tom Calma et Marcia Langton dirigeront ces travaux.[réf. nécessaire].

La déclaration d'Uluru a reçu le prix Sydney de la paix 2021[12],[13].

Indigènes du Détroit de Torrès célèbres[modifier | modifier le code]

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « 2016 Census: Aboriginal and/or Torres Strait Islander Peoples QuickStats - Australia », sur quickstats.censusdata.abs.gov.au (consulté le ).
  2. (en) « "General History" », Torres Strait Regional Authority, site web du gouvernement australien
  3. Rod Mitchell, 1995, Linguistic Archaeology in Torres Strait: The Western-Central Torres Strait Language, Townsville, James Cook University, thèse universitaire.
  4. a et b (en) John Gardiner-Garden, The Definition of Aboriginality, Parlement australien, consulté le 5 décembre 2000
  5. (en) "Indigenous Australia: Spirituality", Australian Museum
  6. « Mabo v. Queensland ».
  7. (en) « Uluru Statement from the Heart », sur referendumcouncil.org.au (consulté le )
  8. (en) « Uluru Statement: a quick guide », sur Australian Parliamentary Library (consulté le )
  9. (en) Helen Davidson, « Indigenous recognition: Turnbull refuses to commit to referendum council's proposal », sur le site du journal the Guardian, (consulté le )
  10. (en) Hannah McGlade, « WA's new Aboriginal Heritage Act keeps mining interests ahead of the culture and wishes of Traditional Owners », sur The Conversation (consulté le )
  11. (en) Karl Quinn, « Kerry O'Brien issues fiery call to action in Logies Hall of Fame speech », sur le site du journal The Sydney Morning Herald, (consulté le )
  12. (en) « Uluru Statement from the Heart wins 2021 Sydney Peace Prize », sur The University of Sydney (consulté le )
  13. (en) « 2021 Uluru Statement from the Heart », sur Sydney Peace Foundation (consulté le )
  14. (en)http://www.national-renewal.org.au/ConCon/del/mye-ge.shtml

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Droit international[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]