Culture underground

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La culture underground [1], ou « souterraine », est, avant l'apparition d'Internet, un complexe social-culturel, contreculturel, d'opposition à l'industrie culturelle mais en relation dialectique avec elle. Tel artiste underground pouvant, quelques années plus tard, devenir « over-ground ».

À la fois dépassée et réactualisée par la culture numérique, l'underground est, dans le contexte français, et jusque dans les années 2000, une construction consciente de journalistes, écrivains, auteurs de Bandes dessinées autour de la personnalité de Jean-François Bizot et des ouvrages (en particulier Lipstick Traces: A Secret History of the 20th Century (en)) de Greil Marcus autour de médias comme Actuel, Technikart ou le magazine Tracks. Cette approche généalogique de la culture se poursuit dans les années 2010 avec Pacôme Thiellement sous l'influence de Ben Watson (critique musical) ou de Charles Shaar Murray.

Définition

L’underground rassemble des individus et des cultures en marge des habitudes culturelles dites « mainstream » largement relayées par les médias de masse et les institutions de leurs époques[2]. On y trouve souvent des critiques des normes sociales, des morales, des codes inhérents à l'organisation sociale qui y est parfois conspuée[3], ainsi que des techniques de communication et des réseaux de diffusion alternatifs aux moyens traditionnels (fanzines plutôt que grande presse, vente ou échange lors d'événements plutôt que commerce par grande distribution, prône du « do it yourself » et de l'autogestion).

Cette exclusion du système courant n'est cependant pas systématiquement délibérée, et l'engagement sociopolitique n'est que facultatif. On peut ainsi également considérer comme underground tout milieu associé à de quelconques comportements déviants[2]. Les mouvements underground se distinguent ainsi par un éloignement des cultures et des médias de masse et d'autre part par des valeurs véhiculées souvent considérées comme n'étant pas socialement ou politiquement correctes, voire subversives.
Leurs protagonistes tiennent souvent à rester dans l'ombre. Un certain élitisme se développe parfois, chacun voulant rester en compagnie d'autres gens partageant les mêmes passions sans que ces dernières ne soient galvaudées par un effet de mode, dans le but avoué de conserver leur « identité culturelle ». Les mouvements les plus importants punk, techno[4], mods, skinhead, metal, gothique, etc. adoptent des codes propres, et ainsi, très paradoxalement, tendent à s'uniformiser.

Sujet à de nombreux stéréotypes et poncifs sensationnalistes, ces mouvements culturels, souvent extrêmes ou même violents sur certains points (discours radicaux et subversifs, musique bruitiste, imagerie bizarre, gore, etc.), peinent parfois à exister sur le long terme au sein d'une société qui accepte difficilement, et parfois même réprime[5], cet anticonformisme. D'où cette connotation de révolte et d'insoumission au terme : une résistance face au monopole de la culture uniforme[2].

Les idéaux et principes d'un mouvement underground sont souvent exprimés artistiquement : musique, peinture, littérature, cinéma, performance... et diffusés par le biais de médias spécifiques : fanzines, presse, radios libres, et depuis la création de l'internet : sites web, forums, etc.

Historique

Certes, les thèses de Greil Marcus seraient d'un grand secours pour établir une histoire contemporaine de l'underground, c'est-à-dire depuis le début du XIXe siècle.

Dans l'ouvrage L'Étoile des Juifs de Serge Klarsfeld, l'auteur fait état des PV d'arrestations de français non soumis à l'obligation de porter l'étoile jaune, mais qui l'ont fait, pour certains, jusqu'au péril. Sur les insignes sérieux ou fantaisistes qu'épinglaient ces personnes, des mentions comme « Auvergnat » ou « Zazou » (suivi d'un numéro). D'autre part, dans un discours du chef de la milice, visible dans le documentaire Le Chagrin et la Pitié, le terme « Zazou » est employé pour qualifier cette « pauvre France » réfractaire à l'ordre nouveau. En 1962, à la question portant sur l'avenir de l'art et son évolution mercantile plutôt que spirituelle : « What will happen to serious artists who hope to retain these qualities in their work » (« Qu'arrivera-t-il aux artistes sérieux qui souhaitent conserver ces qualités dans leur travail ») le peintre Marcel Duchamp répond « They will go underground »[6].

L'usage courant du terme en France, son utilisation systématique (parfois à des fins publicitaires) est attribuable, si ce n'est à Jean-François Bizot lui-même, du moins à une nébuleuse où les organes de presse qu'il a créé : Actuel, Radio Nova, Nova Mag[7] ont eu une part active. Il faut adjoindre à ceux-ci des publications comme Charlie Mensuel ou Fluide glacial. La diffusion de bande dessinée (fanzine) ne doit pas pour autant occulter d'autres vecteurs culturels comme la musique, à travers les labels Saravah ou Byg Records. Simplement, comme l'illustre une revue comme Antirouille (numéro consulté datant de 1978), tout un réseau de publications associatives nourrissait une scène contre-médiatique qualifiable de souterraine jusqu'à la libéralisation des ondes.

Depuis 1995, l'underground s'internationalise.

Notes et références

  1. Définition de « Underground » sur le Trésor de la langue française informatisé.
  2. a b et c Es-tu underground ? - Nightlife-Mag.net, 10 septembre 2007
  3. Culture Underground - Clad Strife, webzinemaker.com, 4 août 2001 (voir archive)
  4. Briser le Cercle de Christoph Fringeli, 1995 sur zerez
  5. Répression policière au Czektek 2005
  6. (en) They will go Underground - Citation attribuée à Duchamp en 1962
  7. Nova Mag titre « Paris undergound » en décembre 2000 (à recouper)

Annexes

Articles connexes

Liens externes