Chute de Kaboul
Date | |
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Lieu | Kaboul (Afghanistan) |
Issue |
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Émirat islamique d'Afghanistan | Afghanistan
États-Unis (sécurisation de l'aéroport pour l'évacuation des ressortissants étrangers) |
Haibatullah Akhundzada Abdul Ghani Baradar Suhail Shaheen |
Ashraf Ghani |
Offensive des talibans de 2021
Batailles
Kandahar, Lashkar Gah, Kaboul
Coordonnées | 34° 30′ nord, 69° 10′ est | |
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La prise de Kaboul est la prise de la capitale afghane par les talibans le , après leur irruption dans la ville par l'ouest à l'issue de leur offensive lancée en mai[1],[2]. Les forces talibanes mènent d'abord un violent assaut avant d'interrompre les combats en vue d'une reprise des négociations avec le gouvernement.
Alors que les négociations sont tendues, un transfert pacifique du pouvoir est demandé par les talibans[3] et le gouvernement déclare à son tour sa volonté de laisser « pacifiquement » Kaboul aux rebelles[4].
Dans l'après-midi même du , le président de la République Ashraf Ghani démissionne et quitte le pays, pendant que les Occidentaux évacuent leurs ressortissants par l'aéroport international de Kaboul où se presse une foule d'Afghans cherchant à fuir. Les talibans reprennent le pouvoir sans combattre, vingt ans après en avoir été chassés.
Contexte
Les talibans et leurs alliés ont lancé une offensive généralisée le , simultanément au retrait de la plupart des troupes américaines d'Afghanistan. Après avoir perdu en quelques semaines la majeure partie du pays, l'armée nationale afghane est en proie au chaos et, à la mi-août, seules deux unités restent opérationnelles : le 201e corps et la 111e division, tous deux basés à Kaboul. La capitale est encerclée à son tour après la capture par les forces talibanes de Mehtarlâm, Sharana, Gardêz, Assadâbâd, Jalalabad et de nombreuses autres villes ainsi que de districts de l'est[5].
Évacuations, combats et négociations
Après la chute d'Hérat le , les gouvernements américain et britannique ont annoncé le déploiement de 3 000 et 600 soldats de leurs forces respectives à l'Aéroport international de Kaboul, afin d'assurer l'évacuation de leurs ressortissants, du personnel des ambassades et des civils afghans qui ont travaillé avec les forces de la coalition. Le département de la Défense américain nomme cette mission opération Allies Refuge.
Le , le commandement taliban ordonne officiellement à ses troupes d'arrêter leur progression aux portes de Kaboul, en déclarant qu'elles ne prendraient pas la ville par la force, bien qu'elles aient déjà pénétré dans sa périphérie[6]. Les habitants signalent que les combattants talibans avancent dans les zones urbaines indépendamment des déclarations officielles de leurs dirigeants[7],[4]. Après quelques affrontements, les insurgés auraient capturé la prison de Pul-e-Charkhi et libéré tous les détenus. Les combattants talibans ont hissé leur drapeau dans plusieurs quartiers de la ville et ont fait pression sur certains policiers pour qu'ils remettent toutes leurs armes. L'aérodrome de Bagram et le centre de détention de Parwan, où se trouvaient 5 000 prisonniers, sont également tombés aux mains des talibans.
Dans l'après-midi, le président afghan Ashraf Ghani démissionne et quitte le pays. Les talibans entrent dans le palais présidentiel[8] et, après avoir refusé tout potentiel gouvernement de transition ou un quelconque partage du pouvoir[9], indiquent qu'ils annonceront ultérieurement le rétablissement de l'Émirat islamique d'Afghanistan[10].
Bien qu'initialement sécurisé par les forces américaines, l'aéroport est rapidement hors de contrôle quelques heures devant l'afflux massif de la population cherchant à quitter le pays. Le tarmac est envahi par des milliers de personnes tentant désespérément de monter à bord d'un avion[11]. Les vols commerciaux sont annulés et l'espace aérien afghan est de facto clos au trafic civil avec l'annonce de l'arrêt du contrôle aérien civil du pays[12]. De nombreux pays de l'OTAN, en particulier le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France, les Pays-Bas, l'Italie, le Danemark et l'Espagne, annoncent l'évacuation en urgence de leur personnel diplomatique et de leurs ressortissants. La France déclenche en ce sens le l'opération Apagan visant à évacuer ses ressortissants, avec l'envoi d'avions de transport Airbus A400M et C-130 vers la base aérienne Al-Dhafra aux Émirats arabes unis[13]. La Russie évacue également ses ressortissants à partir du 25 août[14].
Au , plus de 10 000 militaires et policiers de plusieurs nations occidentales, épaulés par plus de 600 militaires afghans[15], sont dans l'aéroport et s'occupent de l’évacuation de leurs ressortissants et des ponts aériens. À cette date, il y a 7 000 militaires américains — dont la majorité de la 82e division aéroportée, un millier de militaires britanniques et une centaine de soldats et policiers français[16] ; seize C-17 de l’USAF ont évacué plus de 5 700 personnes dont 250 Américains[17].
Dans la nuit du au , l'armée américaine évacue ses derniers soldats 24 h avant l'accord prévu avec les talibans[18]. Le dernier soldat américain à embarquer et le dernier à fouler le sol afghan est le Major Général Chris Donahue[18]. Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, confirme sur Twitter que les soldats américains sont partis et que leur pays a gagné sa pleine indépendance[18].
Depuis le , la coalition internationale a évacué 123 000 civils via l'aéroport de Kaboul[18]. À la suite du départ du gouvernement des États-Unis en août, des centaines de citoyens américains[19] et, séparément, des centaines de résidents américains (détenteurs de « cartes vertes ») ont été laissés en Afghanistan[20].
Notes et références
- (en) « Taliban enter Afghan capital Kabul: Officials », Daily Sabah, (consulté le ).
- « Afghanistan : au lendemain de la chute de Kaboul, la peur et la panique d’une population qui cherche à fuir », Le Monde, (consulté le ).
- (en) « Afghan president flees the country as Taliban move on Kabul », sur AP NEWS, (consulté le ).
- (de) « Taliban vor Kabul: Evakuierung der deutschen Botschaftsmitarbeiter läuft an », FAZ.NET, (ISSN 0174-4909, lire en ligne, consulté le ).
- (en-US) « Taliban encircling Afghan capital Kabul, prepping final assault through east », sur longwarjournal.org, (consulté le ).
- (en-US) Lara Jakes, Eric Schmitt et Helene Cooper, « Afghanistan Live Updates: Afghan President Said to Have Fled as Taliban Enter Kabul », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
- (en-GB) Joanna Walters (now); Alex Mistlin, Jessica Murray et Helen Sullivan (earlier), « Afghanistan president, Ashraf Ghani, reported to have left country as Taliban orders fighters to enter Kabul – live », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
- Agence France-Presse, « Afghanistan : les talibans ont pris Kaboul, panique internationale », Le Point, (consulté le ).
- « Asia Pacific. Taliban officials: there will be no transitional government in Afghanistan », Reuters, 15 août 2021.
- (en) « Taliban sweep into Afghan capital after government collapses », sur AP NEWS, (consulté le )
- « L'Afghanistan aux mains des talibans, vent de panique à l’aéroport de Kaboul », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- François Duclos, « L’Afghanistan recommande d’éviter son espace aérien », sur air-journal.fr, Air Journal, (consulté le ).
- « Opération d’évacuation de ressortissants en Afghanistan », sur www.defense.gouv.fr (consulté le ).
- https://www.lefigaro.fr/flash-actu/la-russie-lance-des-centaines-d-evacuation-d-afghanistan-20210825
- « Afghan special forces open fire to contain crowds », news.yahoo.com, 21 août 2021.
- « CT/ COIN SOUTH ASIA. NATO Special Operators Now Exfiltrate People Directly from Kabul », t-intell.com, 20 août 2021.
- Ellen Knickmeyer, Robert Burns, James Laporta et Zeke Miller, « Biden vows to evacuate all Americans — and Afghan helpers », apnews.com, 21 août 2021.
- [vidéo] Le Parisien, « Afghanistan : les derniers soldats américains ont quitté Kaboul, les talibans exultent », sur YouTube, (consulté le )
- (en) Kathryn Watson, « Uncertainty lingers for Americans trying to leave Afghanistan after U.S. withdrawal », CBS News, 31 août 2021.
- Lara Jakes, « Stranded in Kabul: A U.S. Resident Runs Out of Options », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ) :
« Refugee groups say hundreds, and possibly thousands, of green card holders have been left behind. »