Opération Chtorm-333

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Opération Chtorm-333
Description de cette image, également commentée ci-après
Le palais Tajbeg après l'assaut le 27 décembre 1979.
Informations générales
Date
Lieu Palais Tajbeg, Kaboul
Issue Victoire soviétique
Belligérants
Drapeau de l'URSS Union soviétique République démocratique d'Afghanistan
Commandants
Grigori Boïarinov Hafizullah Amin
Forces en présence
660 hommes 2 200 hommes
Pertes
19 morts
60 blessés
200 morts
200 blessés
1 700 prisonniers

Guerre d'Afghanistan

Coordonnées 34° 27′ 17″ nord, 69° 06′ 48″ est
Géolocalisation sur la carte : Afghanistan
(Voir situation sur carte : Afghanistan)
Opération Chtorm-333
Le palais Tajbeg photographié par Mikhaïl Evstafiev en 1987. Il sert alors de quartier général à la 40e armée soviétique.

L’opération Chtorm-333 (en russe : Шторм-333, « tempête-333 ») (nom de code pour le KGB : opération AGAT/agate) est une opération des forces spéciales soviétiques (Spetsnaz) le , qui a lieu au déclenchement de la guerre d'Afghanistan (1979-1989). Le résultat de l'opération est la prise d'assaut du palais Tajbeg, la mort du président de la république démocratique d'Afghanistan Hafizullah Amin, de son fils de onze ans, et de 200 de ses gardes du corps.

Un total de 17 autres bâtiments gouvernementaux de Kaboul sont pris d'assaut lors de l'opération Baïkal-79, dont le ministère de l'Intérieur, la Sécurité intérieure (KHAD) et l'État-major général (palais de Darulaman).

Historique[modifier | modifier le code]

L'attaque contre le palais présidentiel, dont la sécurité est assurée par 2 200 militaires de la garde personnelle d'Amin[1], est effectuée par les unités suivantes réunissant environ 660 hommes[2],[3] :

  • 24 de l'unité Grom (Tonnerre) du groupe Alpha ;
  • 30 de l'unité Zenit (Zénith) formés d'instructeurs du KGB — tous dotés de gilets pare-balles et casques ;
  • 520 hommes du 154e détachement autonome de Spetsnaz, également appelé le « bataillon musulman » car ne regroupant que des hommes originaires des républiques soviétiques d'Asie centrale musulmanes, créé spécifiquement pour servir en Afghanistan en et dissout après l'opération[3] et opérant sous uniforme similaire à celui de l'armée afghane ;
  • 87 parachutistes de la 9e compagnie du 345e régiment aéroporté de la Garde (en) — ces deux dernières unités ne disposant pas de gilets pare-balles[3].

L'attaque surprise est initialement prévue à 21 h 30 mais elle est avancée à la suite des reconnaissances des positions soviétiques de la part des forces afghanes. Les forces spéciales soviétiques approchent de leur cible à 19 h 30 à bord de neuf véhicules de transport de troupes de l'Armée de terre soviétique BTR-60 et BMP-1 présents depuis plusieurs mois pour lutter contre une insurrection dans certaines provinces afghanes.

Ils se retrouvent sous le feu peu efficace d'armes légères et de grenades, des ZSU-23-4 déciment alors les gardes avec leurs canons de 23 mm. Les forces spéciales quittent les blindés et investissent rapidement le palais en éliminant toute résistance pièce par pièce et se rapprochent de la suite d'Amin. Celui-ci est abattu derrière un bar par un officier soviétique qui est entré dans sa chambre[2]. L'opération a duré 43 minutes[3].

Selon le bilan officiel, 19 Soviétiques y perdirent la vie — deux du groupe Grom, trois du groupe Zenit, cinq parachutistes et neuf du « bataillon musulman »[2] — dont le colonel Grigori Boïarinov, responsable de l'opération, tué par un tir ami car confondu avec un garde afghan[4]. Une soixantaine sont blessés[3]. Selon Vassili Mitrokhine, les pertes soviétiques ont été d'une centaine de tués et blessés[5] possiblement sur l'ensemble de l'Afghanistan.

Les pertes afghanes sont de l'ordre de 200 tués, 200 blessés et près de 1 700 hommes capturés[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Peter Tomsen, Wars of Afghanistan, PublicAffairs, , 1re éd., 849 p. (ISBN 978-1-58648-763-8), p. 174.
  2. a b c et d Chris Chant, Forces spéciales : Un panorama complet des forces spéciales du monde, Paris, Parragon, , 240 p. (ISBN 978-1-4723-1235-8), p. 76, 77
  3. a b c d et e (ru) Oudmantsev Vadim, « Боевое крещение "мусульман" », sur vpk-news.ru,‎ (consulté le ).
  4. Éric Denécé, « Les forces spéciales soviétiques (1917-1991) », dans Renseignements & opérations spéciales, vol. 1, Paris, L'Harmattan, (ISBN 2-7384-7730-5, lire en ligne), p. 172.
  5. (en) Vassili Mitrokhine, The Sword and the Shield : The Mitrokhin Archive and the Secret History of the KGB, Basic Book, , 736 p. (ISBN 978-0-465-00310-5 et 0-465-00310-9), p. 390-391.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Lester W. Grau, « The Takedown of Kabul : An Effective Coup de Main », dans William G. Robertson et Lawrence A. Yates, Block by Block : The Challenges of Urban Operations, Fort Leavenworth, Kansas, US Army Command and General Staff College Press, (lire en ligne [PDF]), p. 291-324.
  • (en) Aleksandr Antonovich Lyakhovskiy (trad. Gary Goldberg et Artemy Kalinovsky), Inside the Soviet Invasion of Afghanistan and the Seizure of Kabul, December 1979, Washington, D.C., Cold War International History Project, coll. « Working Papers » (no 51), , 81 p. (lire en ligne [PDF]).
  • (en) Vasili Mitrokhin, The KGB in Afghanistan, Washington, D.C., Cold War International History Project, coll. « Working Papers » (no 40), , 171 p. (lire en ligne [PDF]).