Café Procope

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Café Procope
Entrée du café Procope
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Le café Procope est un célèbre, et l’un des plus anciens, cafés-restaurants de Paris. Il se situe au 13, rue de l'Ancienne-Comédie, dans le 6e arrondissement. Il est également accessible par le passage de la Cour du Commerce-Saint-André.

Café d’artistes et d’intellectuels, il était fréquenté au XVIIIe siècle par Voltaire, Diderot et d’Alembert. Centre actif durant la Révolution française, il reste longtemps un lieu de rencontre d’écrivains et d’intellectuels (Musset, Verlaine, Anatole France), d’hommes politiques (Gambetta) et le Tout-Paris.

Historique

La genèse

Vingt ans après l’introduction d’une boisson tonique du nom de « café » à la cour de France, un Arménien du nom de Grégoire, originaire d’Ispahan, ouvre un café rue Mazarine (près la rue Guénégaud et à côté du théâtre de la Comédie-Française). Lorsque le théâtre quitte cet emplacement pour aller rue des Fossés Saint-Germain (qui devient par la suite rue de la Comédie, puis de l’Ancienne-Comédie), en 1680, Grégoire déménage son café. Il vient alors s’installer en face et fait prospérer ses affaires en attirant la nombreuse clientèle du monde du spectacle.

Le Procope au XVIIIe siècle

Le café Procope au XVIIIe siècle :
au second plan, de gauche à droite : Condorcet, La Harpe, Voltaire et Diderot.

En 1670, arrive en France un Sicilien de Palerme, Francesco Procopio dei Coltelli (qui francisera son nom en François Procope-Couteaux). Il travaille comme garçon chez un cafetier arménien du nom de Pascal qui possédait un café rue de Tournon, à la foire Saint-Germain[1], Il se met à son compte deux ans plus tard et, en 1686[2], il rachète à Grégoire son établissement, qu’il fait luxueusement décorer.

Plaque placée en légende d’un portrait de Benjamin Franklin au café Procope

L’établissement, qui porte désormais le nom de « Le Procope », devient rapidement l’un des cafés littéraires les plus courus. Il concurrence même le café de la Place du Palais-Royal, fondé cinq ans plus tôt (et qui deviendra le café de la Régence[3]). Après la mort de François Procope en 1716, son fils lui succède.

Le café attire des auteurs comme Voltaire ou Rousseau, qui y ont leurs habitudes[4],[5],[6]. La « légende » du café dit que Diderot y écrivit des articles de l’Encyclopédie, que Benjamin Franklin y prépara « le projet d’alliance de Louis XVI avec la nouvelle République » selon une plaque commémorative[7], et qu’il y aurait conçu des éléments de la future Constitution des États-Unis[8].

Montesquieu fait allusion au café Procope dans la 36e des Lettres persanes[9] :

« Le café est très en usage à Paris : il y a un grand nombre de maisons publiques où on le distribue. Dans quelques unes de ces maisons on dit des nouvelles, dans d’autres on joue aux échecs. Il y en a une où l’on apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent : au moins, de tous ceux qui en sortent, il n’y a personne qui ne croie qu’il en a quatre fois plus que lorsqu’il y est entré. »

Le Procope sous la Révolution française

Le club des Cordeliers se réunit au café Procope, avec Danton et Marat comme figures principales. Il en fait alors rapidement un foyer révolutionnaire. Robespierre, dont un portrait figure en vitrine, et les Jacobins y ont également leurs habitudes. Sur un des murs, on trouve une citation de Camille Desmoulins :

« Ce café n’est point orné comme les autres de glaces, de dorures et de bustes, mais il est paré du souvenir de Grands Hommes qui l’ont fréquenté et dont les ouvrages en couvriraient les murs s’ils y étaient rangés. »

Le bonnet phrygien (coiffure des affranchis durant l’Antiquité) y est exhibé pour la première fois, et le mot d’ordre pour l’attaque du palais des Tuileries, le , en partit. La table que Voltaire utilisait sert d’autel votif lors du passage de ses cendres, en 1794, puis pour les cercueils de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau et de Jean-Paul Marat, en route pour le Panthéon.

Le Procope au XXe siècle

Le Procope a été choisi pour le cérémonie de remise de plusieurs prix : le Grand Prix de l'humour noir depuis 1954 (parmi les lauréats, on notera Raymond Queneau, Roland Topor, Pierre Desproges, Plantu ou Albert Dupontel[réf. nécessaire]), le prix Jean Zay depuis 2005.

Architecture et décoration

Bicorne de Napoléon Ier.

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 est reproduite sur les murs de l’une de salles. Les portes des toilettes comportent les indications « Citoyens » et « Citoyennes », respectivement pour les hommes et les femmes[10], et de nombreux documents évoquant la Révolution sont présents aux murs. Un chapeau de Napoléon se trouve notamment présenté dans l’entrée.

La façade avec ses balcons en fer forgé, ainsi que la toiture correspondante, ont fait l’objet d’une inscription aux monuments historiques par un arrêté du [11].

Galerie

Accès

Le Procope est accessible par les lignes (M)(4)(10) à la station Odéon ainsi que par la ligne de bus RATP 58637086.

Notes et références

  1. Christian Benoit, 250 réponses aux questions d’un flâneur parisien : En hommage à Léon-Paul Fargue (1878-1947), poète et "piéton de Paris", Le Gerfaut, , 260 p. (ISBN 978-2-914622-82-0, lire en ligne), p. 165.
  2. Ou en 1685, d’après [[#Benoit2007|Benoit, op. cit.]]
  3. Sur le Procope et le Café de la Régence, voir [[#Lemaire1997|Lemaire, op. cit.]] et Jacques Protat, Le Cabaret new-yorkais : Prolégomènes à l’analyse d’un genre spectaculaire, thèse de doctorat, université de Bourgogne, Faculté de sciences humaines, École doctorale 202, Département de sciences de l’information et de la communication, décembre 2004, 716 p., p. 41.
  4. Auguste Lepage, Les cafés artistiques et littéraires de Paris, Paris, Martin Boursin, , 317 p. (lire en ligne), chap. II (« Le Café Procope »), p. 35–42.
  5. Jacques Demougin (dir.), Dictionnaire historique, thématique et technique des littératures, vol. 2 : L-Z, Paris, Larousse, , 1862 p. (ISBN 2-03-508302-8).
  6. Gérard-Georges Lemaire, Les cafés littéraires : Vies, morts et miracles, Paris, La Différence, (ISBN 2-7291-1170-0).
  7. Il s’agit du Traité d’amitié et de commerce, conclu entre le Roi et les États-Unis de l’Amérique septentrionale le 6 février 1778 conclu et signé par Conrad Alexandre Gérard, syndic royal de la ville de Strasbourg et secrétaire du Conseil d’État, et Benjamin Franklin, Silas Deane et Arthur Lee, députés du Congrès général des États-Unis de l’Amérique septentrionale. Voir Traité d’alliance franco-américaine de 1778.
  8. Il s’agit là probablement plus d’une légende que d’une vérité historique.
  9. Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, Lettre 36. Usbek à Rhédi, à Venise, sur Wikisource.
  10. Les hommes pourront lire sur le mur de leurs commodités une citation attribuée à Voltaire : « Les femmes sont comme les girouettes ; quand elles sont rouillées elle se fixent » (d’après une réplique de Lisette dans Le Dépositaire, acte IV, scène 1). Voltaire a utilisé cette image à plusieurs reprises, l’appliquant à lui-même : « Je suis assez semblable aux girouettes, qui ne se fixent que quand elles sont rouillées », écrit-il au comte d’Albaret dans une lettre du 10 avril 1760.
  11. Notice no PA00088496, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

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Annexe

Article connexe

Lien externe