Anemone (radar)

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Thales/Dassault Électronique Anemone
Description de cette image, également commentée ci-après
Le radar Anemone se situe dans la pointe avant du Super Étendard (l'antenne est dans la partie en noir).
Pays d'origine Drapeau de la France France
Mise en opération 1994
Quantité produite 46
Type Radar multimode à antenne électronique passive
(attaque air-mer et air-air)
Transmetteur Magnétron
Fréquence Bande I/J (8 à 20 GHz)
Portée entre 100 et 200 km en mode air-mer
Diamètre 57 cm

L’Anemone[Note 1], acronyme d'« Appareil Numérisé pour l'Exploitation des MOuvements Navals Éloignés », est un radar embarqué français fabriqué depuis le milieu des années 1980. Il est particulièrement adapté à la lutte anti-navire, même à des distances importantes.

Historique[modifier | modifier le code]

Fabriqué par le constructeur français Thales[1], l’Anemone était prévu d'être installé sur le Dassault Super-Étendard depuis l'apparition, en 1991, de sa version modernisée (standard 2)[2], aussi désignée « Super Étendard Modernisé » ou tout simplement « SEM ». Si le contrat a été signé avec la Marine et la DGA fin 1986[3],[4], il n'a cependant été mis en service qu'à partir de mi-1994, remplaçant l'ancien modèle analogique, l'Agave, qui équipait le Super Étendard au début de sa carrière opérationnelle. Par ailleurs, seulement 46 radars ont été achetés pour équiper les SEM, ce qui a imposé à la Marine nationale et aux ingénieurs de Dassault de prévoir la conception d'un boîtier spécial pour pouvoir réinstaller des Agaves si les Anemones n'étaient pas disponibles. Il existait donc pour cet avion un « Boîtier d'Adaptation et d'Interface Radar » (BAIR)[5], permettant de monter indifféremment l'un ou l'autre des deux équipements dans la pointe avant de l'avion.

Son prix, dans les années 1990 était estimé à 2 millions de dollars pièce[4].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

L’Anemone est un radar de navigation et conduite de tir tridimensionnel à balayage électronique passif numérisé embarqué, adapté à l'attaque air-mer, grâce à l'emploi de missiles anti-navires AM-39 Exocet, mais également à la défense aérienne à l'aide de missiles Matra R550 Magic II[1]. Les nouveaux modes de fonctionnement de ce radar offrent des possibilités qui permettent également d'optimiser l'utilisation des missiles nucléaires tactiques ASMP[6].

L’Anemone est un radar entièrement numérique à basse fréquence de répétition (BFR)[5],[7], opérant en bandes I/J (entre 8 et 20 GHz) avec agilité de fréquences. La taille limitée du nez du SEM imposait au constructeur de concevoir un radar léger, dont le poids ne devait pas excéder 60 kg[1]. La principale différence avec l'Agave est une antenne plane à fentes de plus grand gain[5], qui offre une portée et une distance d'accrochage deux fois plus grande que celles de son prédécesseur[5],[6]. L'équipement de technologie numérique affiche de très bonnes performances, avec une amélioration technologique des circuits et l'utilisation d'un tube télévision associé à une mémoire numérique[7].

Le système de navigation et d'attaque (SNA) de l’Agave, conçu dans les années 1970, utilisait des calculateurs dont les possibilités d'évolution étaient très limitées. Pour permettre l'introduction de nouvelles conduites de tir et pouvoir dialoguer avec le nouveau radar Anemone, il a été nécessaire de moderniser les calculateurs[6], en améliorant leur capacité de calcul, en augmentant le nombre de liaisons de transfert de données, et en offrant la possibilité de modifier la programmation des équipements majeurs[6].

L'atout majeur de l’Anemone, par rapport à l’Agave, vient de sa capacité, en mode « air-mer » de pouvoir accrocher ses cibles en mode de Poursuite sur Informations Discontinues (PSID)[5],[7], à l'inverse du mode PSIC qu'utilisait l’Agave. Cette solution technique assure une plus grande discrétion d'émission, tout en surveillant l'environnement autour de la piste verrouillée. Son agilité en fréquences, qui fait varier en permanence les fréquences d'émission, est un autre avantage, car ce radar est très peu sensible aux contre-mesures électroniques. Difficilement brouillable lors de sa sortie[5],[6],[7], il était considéré comme étant au niveau des radars RDY du Mirage 2000-5[5].

En outre, toujours en mode « air-mer », il ajoute des capacités de recherche en lignes, de loupe et de mémorisation de la situation de surface, et d'indicateur de route et de vitesse de la cible marine. En mode « air-air », il permet une recherche en lignes et un accrochage automatique[7].

Avec le F/A-18 Hornet ?[modifier | modifier le code]

En , la firme McDonnell Douglas prit contact avec Dassault Électronique pour proposer une version de l’Anémone pour l'évolution « Hornet 2000 » du F/A-18 Hornet[4]. La société américaine avait proposé de vendre le Hornet 2000 à la Marine française comme remplacement des Crusaders vieillissants. Au cours de cette année, Dassault Électronique et Westinghouse signèrent un accord d'échange de technologies de traitement du signal et de bus de données systèmes pour les applications électroniques de Défense[4]. Initialement, le marché permettait au processeur 32 bits de Dassault, de technologie macro-hybride, d'être adapté aux standards américains[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Sans accent, à l'inverse de l'anémone, une famille de fleurs.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) « Anemone Fire Control Radar of the Super-Étendard aircraft », Thales (consulté le ).
  2. « Super Étendard - Avionique » [archive du ], sur avionique.free.fr, (consulté le ).
  3. (en) « Military Aircraft of the World : Super Étendard », Flight International magazine, Flight Global/Archives, vol. 140, no 4281,‎ , p. 38 (ISSN 0015-3710, lire en ligne [PDF])
  4. a b c d et e (en) Radar review : Anemone : Archived 10/97 : Program Review - Background, Forecast International, , 3 p. (lire en ligne [PDF]), p. 2
  5. a b c d e f et g Pascal, « Le Super Étendard Modernisé », sur air-defense.net, Air-Defense.net, (consulté le ).
  6. a b c d et e « La Marine a reçu ses Super Etendard S5 ! », sur psk.blog.24heures.ch, Les blogs Avia News, (consulté le ).
  7. a b c d et e « Caractéristiques du Super Étendard (SUE/SEM) », sur ffaa.net, French Fleet Air Arm, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Comité pour l'histoire de l'aéronautique, L'électronique militaire, t. 1, Département d'histoire de l'armement du Centre des hautes études de l'armement, (lire en ligne [PDF])
  • Jacques Darricau et Yves Blanchard, « Histoire du radar dans le monde puis en France, Partie 1 », Revue Pégase, no 107,‎ , p. 14-15 (lire en ligne [PDF])
  • Comité pour l'histoire de l'aéronautique, Les avions militaires : Ouvrage introductif, t. II, Département d'histoire de l'armement du Centre des hautes études de l'armement, (lire en ligne)
  • Philippe Nôtre et Stéphane Le Hir, ABCD'AIR de la chasse embarquée, Toulouse, Privat, , 236 p. (ISBN 978-2-7089-9258-0 et 2-7089-9258-9, présentation en ligne)
  • (en) Christopher Chant, A Compendium of Armaments and Military Hardware, Routledge Revivals, , 578 p. (ISBN 978-1-134-64668-5 et 1-134-64668-2, présentation en ligne, lire en ligne)
  • Robert Jackson (trad. de l'anglais par Marie-Caroline Davy), L'aviation militaire moderne : évolution, armes, caractéristiques, Rome/Paris, Gremese Editore, , 319 p. (ISBN 88-7301-624-3 et 9788873016243, présentation en ligne, lire en ligne)