Vert-Vert

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Vairvert, Ver Vert, Le Voyage du perroquet de Nevers

Vert-Vert
ou les Voyages du perroquet
de la Visitation de Nevers
Image illustrative de l’article Vert-Vert
Vert-Vert au parloir (1807), Jean-Michel Moreau

Auteur Jean-Baptiste Gresset
Pays Drapeau de la France France
Genre Poésie
Éditeur Guillaume Niegard
Lieu de parution La Haye
Date de parution 1734
Nombre de pages 48

Vert-Vert ou les Voyages du perroquet de la Visitation de Nevers est un poème écrit par Jean-Baptiste Gresset en 1734.

Composition et publication[modifier | modifier le code]

Composé par Jean-Baptiste Gresset sous la forme de quatre chants en décasyllabes, le poème est présenté lors de sa première édition en 1734 comme un « poème héroï-comique » sous le titre Vairvert ou les Voyages du perroquet de la Visitation de Nevers[1]. Il devient « poème héroïque » lors des éditions suivantes, les voyages se singularisant, le perroquet n'étant plus que de Nevers et son nom prenant la graphie Ver Vert[2] puis Vert-Vert.

Les premières publications semblent avoir été réalisées sans l'autorisation de l'auteur[3] comme mentionné par Gresset à partir de « l'édition de Soissons » de 1735 : « Il se répand depuis quelque tems plusieurs Copies, tant manuscrites qu'imprimées, mais très-infidelles, du Poëme que je donne au Public. Dans les éditions qu'on a intitulées de Londres, & les deux de la Haye, la Pièce est entièrement défigurée. Celle d'Amsterdam, pour être plus correcte que les précédentes, n'est pas exempte d'un grand nombre de fautes, dont l'Errata n'en découvre qu'une partie. On en a cependant profité dans cette Edition ; les soins que s'est donnés un des plus habiles hommes de notre tems, pour la perfectionner, la rendent la meilleure de toutes celles qui ont paru jusqu'à présent[2] ».

Les dernières éditions connues sont celles de 1924[4] et 1945[5], respectivement illustrées par François-Maurice Roganeau et Jean Trubert[3]. Un extrait du poème est publié dans le tome II de la nouvelle Anthologie de la poésie française (2000) de la Pléiade[6],[7].

Argument[modifier | modifier le code]

Vert-Vert raconte l’histoire humoristique d’un perroquet recueilli dans un couvent de Nevers. Élevé par les sœurs visitandines, Vert-Vert, « perroquet dévot » parle effectivement un langage chrétien. Demandé par les religieuses nantaises de la congrégation, il est confié à un batelier de la Loire. Naturellement, il apprend sur le bateau le vocabulaire des matelots et des femmes légères. Arrivé à destination, le perroquet jure comme un marinier. Les religieuses nantaises, épouvantées, le renvoient à Nevers où l'on a le plus grand mal à lui faire réapprendre le latin, mais où il finit ses jours entouré de sollicitude, au point d'ailleurs qu'il meurt d'indigestion[8] :

« Bourré de sucre et brûlé de liqueurs,
Ver-Vert, tombant sur un tas de dragées
En noirs cyprès vit ses roses changées. »

Commentaire[modifier | modifier le code]

Le sujet de ce poème est assez mince ; l’intrigue ne comporte guère de rebondissements ; le rythme inhérent au décasyllabe est en règle générale assez monotone ; Vert-Vert se soutient donc uniquement par la qualité du style, l’harmonie de la versification et le choix heureux des images et des formules. Le poète donne un relief inattendu et charmant aux détails infimes de la vie conventuelle – les petites jalousies des nonnes, leurs préoccupations minuscules... – qui fait de Vert-Vert un ouvrage unique et inégalé dans la poésie badine française [réf. souhaitée].

Postérité et adaptations[modifier | modifier le code]

L'histoire de Vert-Vert connaît un succès donnant lieu à une postérité importante dans les domaines de la littérature, du théâtre et de la peinture jusqu'au milieu XIXe siècle[8],[9].

Littérature[modifier | modifier le code]

Un exemplaire de l'Histoire de Vert-Vert se trouvait dans la bibliothèque de Gustave Flaubert, l'auteur d'Un cœur simple qui évoque un autre perroquet[6]. Dans les Mémoires du général baron de Marbot (1891), l’auteur, Jean-Baptiste Antoine Marcellin de Marbot, fait référence à son enfance (« Lorsque, bien des années après, j’ai lu l’histoire de Vert-Vert vivant au milieu des visitandines de Nevers...»)[10]. Le mamelouk Ali rapporte que Napoléon aimait à lire Vert-Vert durant son séjour à Sainte-Hélène[11].

Théâtre[modifier | modifier le code]

Les Visitandines, opéra-comique en 3 actes, livret de Louis-Benoît Picard, musique de François Devienne, est créé à Paris salle Favart le . Sous la Restauration, l’œuvre est remaniée, réduite à 2 actes et représentée sous le titre : Le Pensionnat de jeunes demoiselles le [12]. Vert-Vert, comédie en 3 actes d'Adolphe de Leuven et Auguste Pittaud de Forges est créée le au théâtre du Palais-Royal par Virginie Déjazet. Vert-Vert, opéra-comique en 3 actes, livret d’Henri Meilhac et Charles Nuitter, musique de Jacques Offenbach, est créé à l’Opéra-Comique le .

Peinture[modifier | modifier le code]

Fleury François Richard peint en 1804 Vert-Vert, huile sur bois de 58 × 41 cm conservée au musée des Beaux-Arts de Lyon. Le Perroquet Vert-Vert au couvent des Visitandines de Nantes, aquarelle gouachée de 12,5 × 15 cm peinte par Jean-Claude Rumeau vers 1820, est présentée au musée du monastère royal de Brou de Bourg-en-Bresse à l'occasion de l'exposition L'invention du passé. « Gothique, mon amour », 1802-1830 mais son lieu de conservation n'est pas connu. Pour le salon de 1824, Jean-François Garneray peint un Départ de Vert-Vert pour Nantes[13]. En 1827, Louis-Pierre Spindler expose au musée royal trois tableaux d'après le poème de Gresset : Vert-Vert au parloir, Vert-Vert en voyage et Vert-Vert jurant[14],[15]. Vers 1830, Auguste Couder peint une Mort de Vert-Vert conservée au musée de l'Oise à Beauvais. La Captivité de Vert-Vert de François Marius Granet, huile sur toile de 124 × 98 cm peinte en 1834, est conservée au musée Granet d'Aix-en-Provence. Le lieu de conservation de son Vert-Vert de 1818, huile sur toile de 72,5 × 94 cm, est en revanche inconnu[16], de même que celui de sa Religieuse gardant Vert-Vert présentée au salon de 1831[13]. L'Arrivée de Vert-Vert à Nantes de François-Joseph Navez se fait remarquer au salon de 1835 par « un effet clair et agréable, une variété de costumes et de physionomies très-pittoresques »[17]. Le Vert-Vert de Claudius Jacquand, huile sur toile de 41 × 39 cm peinte en 1835, est conservé au musée du monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse. Son Arrivée de Vert-Vert à Nantes de 1847 est au musée de la Faïence et des Beaux-Arts de Nevers. Eugène-Ernest Hillemacher peint un Voyage de Vert-Vert présenté aux salons de 1853 et 1855 et mentionné comme « appartenant à l'impératrice »[13].

Un service en porcelaine, réalisé à la manufacture de Sèvres et aujourd'hui conservé au musée de Picardie (Amiens), illustre lui aussi le poème[18].

Presse[modifier | modifier le code]

Le Vert-Vert[19] est au début du XIXe siècle un petit quotidien spécialisé dans la chronique des spectacles parisiens et la vie littéraire dirigé par Anténor Joly[20],[21],[22]. Favorable aux idées romantiques, il reçut la contribution d’auteurs tels que Victor Hugo, Théophile Gautier ou Gérard de Nerval.

Le Ver-Vert est un billet d'humeur publié chaque jour de la semaine dans les colonnes du Journal du Centre en page « Nevers ».

Tourisme[modifier | modifier le code]

Le sentier du Ver-Vert, nommé en souvenir du perroquet des sœurs visitandines, est un chemin de promenade bordant la Loire à proximité du monastère de la Visitation à Nevers.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Baptiste Gresset, Vairvert ou les Voyages du perroquet de la Visitation de Nevers : Poeme heroi-comique, La Haye, Guillaume Niegard, , 48 p. (BNF 36126250) lire en ligne sur Gallica.
  2. a et b Jean-Baptiste Gresset, Ver Vert ou le Voyage du perroquet de Nevers : Poeme heroique, Soissons, , 5e éd., 32 p. (BNF 36126253) lire en ligne sur Gallica.
  3. a et b (fr + nl) « Jean Baptiste Louis Gresset (1709-1777) - Editions langue française Ver-Vert (Vairvert/Vert-Vert/Vertvert/Ververt) », Le musée du perroquet, Cultureel Brabant (voir et lire en ligne).
  4. Jean-Baptiste Gresset, Vert-Vert, d'après Gresset, Paris, éditions Henri Laurens, , 20 p. (BNF 32193943).
  5. Jean-Baptiste Gresset, J.-B. Louis Gresset. Vert-vert : Illustrations originales de Jean Trubert. Bois gravés de G. Poilliot, Paris, Éditions de l'Ibis, , 87 p. (BNF 32193945).
  6. a et b « Gustave Flaubert — questions — réponses », réponse 2, Hugues Pradier, Jacques-Rémi Dahan (lire en ligne).
  7. Anthologie de la poésie française : XVIIIe siècle, XIXe siècle, XXe siècle (textes choisis, présentés et annotés par Martine Bercot, Michel Collot et Catriona Seth), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , 1642 p. (ISBN 2-07-011599-2, BNF 37107871).
  8. a et b « Le symbolisme du perroquet », artifex in opere.com (lire en ligne).
  9. (fr + nl) « Jean Baptiste Louis Gresset (1709-1777) - Ver-Vert (Vairvert / Vert-Vert/Ververt) », Le musée du perroquet, Cultureel Brabant (voir et lire en ligne).
  10. Jean-Baptiste Antoine Marcellin de Marbot, Mémoires du général baron de Marbot, t. I, Paris, Librairie Plon, Nourrit et Cie, 8e éd. (BNF 37532200), « Chapitre II », p. 13 lire en ligne sur Gallica.
  11. Louis-Étienne Saint-Denis, Souvenirs du mameluck Ali sur l'empereur Napoléon, Paris, Payot, , 320 p. (BNF 3403018, lire en ligne), p. 177.
  12. (en) Article sur Les Visitandines de Devienne.
  13. a b et c Émile Bellier de La Chavignerie et Louis Auvray, Dictionnaire général des artistes de l'École française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours : architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes ; ouvrage commencé par Émile Bellier de La Chavignerie continué par Louis Auvray, Paris, Librairie Renouard, 1882-1885, 3 volumes (BNF 35782911, lire en ligne) lire en ligne sur Gallica.
  14. Musée du Louvre, Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure, et lithographie des artistes vivans, exposés au Musée Royal, le 1er mai 1831, Paris, Auguste-Jean-Baptiste Vinchon, fils et successeur de Me. Ve. Ballard, , 216 p. (BNF 35767614, lire en ligne).
  15. Charles Gabet, Dictionnaire des artistes de l'école française au XIXe siècle, Paris, Mme Vergne, , 710 p. (BNF 30472133, lire en ligne) lire en ligne sur Gallica.
  16. L'invention du passé : Gothique, mon amour, 1802-1830 (exposition, Bourg-en-Bresse, Monastère royal de Brou, 19 avril-21 septembre 2014 ; catalogue par Béatrice de Chancel-Bardelot, Christian Corvisier, Jean-François Luneau, et al.), Malakoff, Bourg-en-Bresse, Hazan, Monastère royal de Brou, , 192 p. (ISBN 978-2-7541-0761-7, BNF 43829184), p. 109.
  17. Charles-Paul Landon, Annales du Musée et de l'école moderne des beaux-arts, Paris, Annales du Musée, 1823-1835, 26 volumes (BNF 30732526, lire en ligne).
  18. « Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais - Search Result », sur www.photo.rmn.fr (consulté le )
  19. Le Vert-Vert (1832-1902), « quotidien » puis « journal politique du matin et du soir », puis « journal-programme », puis « gazette de Paris », puis « revue du monde parisien », puis « messager des théâtres » (BNF 32888151).
  20. Sylvain Ledda, Hernani et Ruy Blas. : De flamme ou de sang, Toulouse, Presses du Mirail, , 192 p. (lire en ligne), p. 43.
  21. Anne Ubersfeld, Le Roi et le Bouffon : essai sur le théâtre de Victor Hugo, José Corti, 2001 (première édition 1974), 851 p..
  22. Michel Brix, « Nerval journaliste (1826-1851) », Études nervaliennes et romantiques VIII, Presses universitaires de Namur, no d'édition,‎ , p. 72.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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