Xavier Azalbert

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Xavier Azalbert
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Fonctions
Président
BonSens.org (d)
Directeur de la publication
FranceSoir
Rédacteur en chef
FranceSoir
Biographie
Naissance
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RevelVoir et modifier les données sur Wikidata
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Xavier Azalbert, né le à Revel (Haute-Garonne), est un entrepreneur français. D'abord employé de grandes entreprises, il se met à son compte puis prend en 2014 la tête du journal France-Soir, qu'il transforme en un site d'actualités, FranceSoir. Le média s'oriente alors vers la publication de fausses informations, beaucoup relevant du complotisme. Il diffuse par ailleurs de la désinformation sur plusieurs sujets.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et début de carrière[modifier | modifier le code]

Xavier Azalbert naît le [1] à Revel, en Haute-Garonne[2],[3].

Il fait des études de mathématiques et d'économie et sort diplômé de l'université de Toulouse, avec une spécialisation en économétrie. Il se fait embaucher par le cabinet de conseil McKinsey[4], avant de rejoindre Fidelity Investments, multinationale américaine spécialisée dans la gestion d'actifs[5]. Il s'oriente ensuite vers le secteur de la banque en ligne, mais aussi du BTP et de la dépollution des sols (notamment avec une entreprise majeure du secteur, Valgo), en créant ou reprenant des entreprises[6]. Il est notamment le dirigeant de la société Mutualize, qui rachète en 2016 la néo-banque Morning[7].

Amateur de cyclisme et de triathlon, il voyage au Brésil ou en Afrique du Sud pour participer à des courses[5].

Prise en main de France-Soir[modifier | modifier le code]

En 2014, Xavier Azalbert prend le contrôle du journal France-Soir, issu de la Résistance et fondé en 1944. La prise de contrôle se fait aux dépens de Philippe Mendil, acheteur du média deux ans plus tôt et qui doit devenir l'associé d'Azalbert. Celui-ci estime que sa « confiance a été trahie »[5].

Initialement, Azalbert n'impose pas de changement de la ligne éditoriale, FranceSoir se contentant de reprendre des dépêches d'agences de presse comme l'AFP. Il est même apprécié par les employés pour sa capacité à attirer des investisseurs et ses talents de négociateur, et son esprit « crédule face aux fausses informations » fait sourire en interne[5]. Il utilise toutefois le site pour faire la promotion de ses performances sportives et de ses entreprises[5].

Mais en 2019, les journalistes se mettent en grève[4], afin de réclamer le respect de la convention collective des journalistes et la création d'une mutuelle d'entreprise[5]. Les collaborateurs du journal protestent également contre ce qui est décrit par un ancien employé comme « un modèle à base de jeux concours et de sponsoring de rubriques »[4]. Les relations avec Xavier Azalbert se tendent ; celui-ci exige désormais de relire chaque article avant publication et met en place « un climat de méfiance et de surveillance généralisée ». Après six semaines de grève, les quatre derniers employés sont licenciés « pour motif économique ». Ils sont remplacés par des contributeurs dont l'identité reste floue[5]. C'est le début d'un « virage éditorial », selon l'avocat des journalistes, amorcé sous l'impulsion d'Azalbert, qui réoriente le média vers la désinformation et le complotisme[4].

Prises de position et désinformation[modifier | modifier le code]

Sur la pandémie de Covid-19[modifier | modifier le code]

En 2020, il participe au documentaire conspirationniste Hold-up sur la pandémie de Covid-19[5]. Sur son site FranceSoir, Azalbert donne la parole à des vidéastes connus pour leur désinformation sur le sujet, notamment Silvano Trotta[4], et défend le microbiologiste controversé Didier Raoult[6]. Il intervient régulièrement sur CNews et Sud Radio, deux médias pointés pour la place laissée aux théories conspirationnistes ou d'extrême droite[5]. Il est qualifié par Le Parisien de « figure du complotisme français »[5].

Le site FranceSoir est lui épinglé à plusieurs reprises pour des textes conspirationnistes, notamment par Conspiracy Watch qui le décrit comme ayant « basculé dans le complotisme le plus échevelé »[4].

En , Azalbert participe à la création de BonSens avec de nombreuses personnalités de la sphère antivaccins[5], une association qui se donne pour but, comme inscrit dans ses statuts, de veiller « à ce que toute activité et tout projet médical, de transition énergétique ou environnementale quels qu’ils soient tant à l’échelon local […] que national s’exerce dans le respect des Français, de la Constitution »[8].

Invitation de Peter Ford[modifier | modifier le code]

En novembre 2021, Xavier Azalbert invite Peter Ford, ancien ambassadeur britannique et acteur de la propagande du régime de Bachar-el-Assad via le lobby British Syrian Society (qu'il co-dirige), ainsi que Fawaz Akhras, père d'Asma el-Assad, l'épouse du dirigeant[9], pour un entretien, qui montre la « convergence des théories complotistes en faveur de Vladimir Poutine ». Azalbert fait ainsi un parallèle, dont « le rapport ne semble pas évident » pour Élie Guckert, entre la gestion de la crise sanitaire et la politique étrangère de l'OTAN au Moyen-Orient[10], tandis que Peter Ford fait le lien avec la politique de lutte contre le réchauffement climatique qu'il accuse de « [catastrophiser] sur le climat », à l'encontre du consensus scientifique sur le sujet. Il se félicite par ailleurs d'avoir « énormément donné la parole à des étrangers de manière à pouvoir ramener leurs visions des choses »[9].

Azalbert est également présent lors de la fondation du Mouvement international russophile, dont le premier congrès a lieu en mars 2023. Il participe par la suite à une réunion du Dialogue franco-russe aux côtés de Thierry Mariani, député européen membre du Rassemblement national et président du lobby pro-Kremlin[10].

Attaque contre le site Fact & Furious[modifier | modifier le code]

En , Libération révèle que Xavier Azalbert et Idriss Aberkane ont déclenché une offensive contre le site « Fact & Furious », et son fondateur, Antoine Daoust, allant jusqu'à tenter de faire chanter ce dernier pour racheter son site, lui promettant l’arrêt des « procédures » à son encontre dans le cadre de son divorce et d'accusations de violences conjugales de son ex-conjointe[11]. Antoine Daoust est ensuite victime de harcèlement et de menaces de mort[12]. L'affaire survient au moment où la Commission paritaire des publications et des agences de presse envisage de retirer son agrément de service de presse en ligne à FranceSoir, alors que « Fact & Furious » en bénéficie toujours, ce qui aurait pu permettre au site de continuer à en bénéficier[13]. Azalbert assure par ailleurs avoir l'intention de publier une « enquête » sur Antoine Daoust et milite en faveur d'« « assises du fact checking voire des médias » accompagnées d’« une véritable enquête judiciaire » et d’une « enquête parlementaire et sénatoriale » »[14].

Xavier Azalbert achète finalement le domaine internet FactandSerious.fr après la perte d'agrément CPPAP de FranceSoir ; sa première publication vise Rudy Reichstadt, le fondateur de ConspiracyWatch, victime de propos antisémites[15],[13].

Cyberharcèlement[modifier | modifier le code]

Xavier Azalbert a été l’administrateur d'un groupe de cyberharcèlement baptisé « groupe CIA ». Selon un ancien membre du collectif, celui-ci est chargé de réaliser une contre-communication intensive et violente à toute critique de Didier Raoult. Cette boucle de messagerie privée sur Twitter est gérée par Xavier Azalbert[16]. Elle réunit Éric Chabrière, le porte-parole de l'IHU et une trentaine de comptes actifs. Le « groupe CIA » injurie et pratique le doxxing envers les internautes qui émettent des doutes sur la méthodologie de l'IHU ou du professeur Didier Raoult [17],[18].

Affaires judiciaires[modifier | modifier le code]

En , la cour d'appel de Paris donne raison à Philippe Mendil, l'ancien associé d'Azalbert chez FranceSoir, déclarant que « l'entrepreneur [a] été évincé sans « juste motif » », et condamne Xavier Azalbert à 50 000  de dommages et intérêts.

En 2021, Azalbert attaque le médecin Mathias Wargon en diffamation, pour des propos qu'il aurait tenus le , dans l'émission Polonews, sur BFM TV[19]. Ce jour-là, Xavier Azalbert est invité pour défendre une tribune publiée sur FranceSoir, qui défend Didier Raoult et attaque la gestion de la pandémie de Covid-19 par la France, ainsi que plusieurs médecins et organismes de santé publique français. Elle se termine selon des médecins par une référence à la guillotine, ce que nie Xavier Azalbert[19]. Wargon critique de manière virulente la tribune au cours de la séquence diffusée à la télévision. Azalbert dépose plainte mais le tribunal de Paris le déboute, estimant que l'émission constitue une « critique virulente, mais légitime », que les propos de Mathias Wargon « ne visaient pas directement Xavier Azalbert, [ou relevaient] d’une « interprétation personnelle et subjective » de la tribune » et qu'ils ne sont pas diffamatoires[19].

En 2021, un internaute sur le réseau social Twitter révèle l'existence d'un groupe de désinformation nommé « groupe CIA » qui sévissait pendant la pandémie. Des captures d'écran sont alors partagées par cet internaute, montrant entre autres Xavier Azalbert comme faisant partie de ce groupe de désinformation [1][17],[16].

Le , il saisit la Cour de justice de la République, avec Christian Perronne, contre le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, qui a déclaré trois jours plus tôt : « on a un vaccin [pour lequel] on a maintenant trois ans de recul, on sait qu'on n'a pas d'effets secondaires, et donc il faut y aller ». Il l'accuse de « propos fallacieux » ; la plainte est classée sans suite et le ministre réaffirme l'efficacité du vaccin[20].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Xavier AZALBERT », sur Copains d'avant (consulté le ).
  2. « Annonces légales », sur actulegales.fr.
  3. « Acte de cession de parts sociales », Acte sous seing privé du 09 février 2009, sur www.pappers.fr, (consulté le ).
  4. a b c d e et f « FranceSoir, le complotisme pour moteur ? », sur Stratégies, (consulté le ).
  5. a b c d e f g h i j et k Robin Korda, « Xavier Azalbert, le pro de la finance qui a fait de France Soir un site complotiste » Accès payant, Le Parisien, (ISSN 0767-3558, consulté le ).
  6. a et b « Qui est Xavier Azalbert, qui a transformé "France soir" en site relayant des infos complotistes? », sur RMC, (consulté le ).
  7. « Pourquoi Mutualize souhaite reprendre la néobanque toulousaine Morning », La Dépêche, (ISSN 0181-7981, consulté le ).
  8. Vincent Coquaz et Fabien Leboucq, « Qu’est-ce que l’association «BonSens» cofondée par la députée Martine Wonner et des personnalités pro-Raoult ? » Accès payant, sur Libération, (ISSN 0335-1793, consulté le ).
  9. a et b Élie Guckert, « Covid, climat, Syrie : la convergence des luttes complotistes par FranceSoir », sur Conspiracy Watch, (consulté le )
  10. a et b Élie Guckert, Comment Poutine a conquis nos cerveaux, Plon, , 256 p. (ISBN 978-2-259-3-1721-4, lire en ligne), p. 206
  11. Service Checknews, « Derrière l’«affaire Fact & Furious», les dérives et les coups tordus de la sphère complotiste française », sur Libération, (consulté le ).
  12. « 🔴 Conspiracy News #46.2023 », sur Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme,‎ (consulté le )
  13. a et b « Intimidations à domicile, données privées... France Soir et Idriss Aberkane, l'inquiétante dérive », sur L'Express, (consulté le ).
  14. « Quand la complosphère lance une campagne de dénigrement des « fact-checkeurs » », sur Conspiracy Watch, (consulté le )
  15. « L’affaire « fact & furious », entre règlements de compte personnels et dérive complotiste », sur www.unadfi.org, (consulté le ).
  16. a et b « Didier Raoult ne cyberharcèle pas mais il a des lieutenants qui le font », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  17. a et b « Sur les réseaux sociaux, les méthodes radicales des pro-Raoult », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Laure Dasinieres, « Appels anonymes, menaces de mort : le violent cyberharcèlement des scientifiques depuis le début du covid », sur Numerama, (consulté le )
  19. a b et c Mathilde Cousin, « Le directeur de France-Soir débouté de ses poursuites contre un médecin », 20 Minutes, (ISSN 2270-6658, consulté le )
  20. « La plainte contre les propos sur la vaccination de l'ex-ministre de la Santé Rousseau classée », sur Le Figaro, (consulté le )