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Organisation économique de l’agriculture et de l’élevage[modifier | modifier le code]

La reconstitution de l'organisation de l'économie antique à partir des sources disponibles (essentiellement textuelles) soulève de nombreuses difficultés. L'activité agricole de la Mésopotamie antique est documentée par des dizaines de milliers de documents administratifs, mais provenant essentiellement d'un secteur spécifique de l'économie, celui des institutions (palais et temples), et secondairement de domaines privés appartenant aux élites. Ce sont donc leurs activités et leurs initiatives qui sont la principale source d'information, et un des débats récurrents dans le champ de la recherche est de savoir s'ils représentent bien une majorité des activités agricoles, ou bien si une large partie de celles-ci nous échappe car elle n'a jamais nécessité la production d'une documentation écrite. Les modèles théoriques utilisés pour tenter de reconstituer le fonctionnement de l'économie mésopotamienne et les objectifs de ses acteurs jouent donc un rôle déterminant dans les productions scientifiques. Il apparaît en tout cas que l'agriculture et l'élevage ont impliqué une large partie des moyens humains, tissé des relations diverses et complexes entre les individus par le biais de différents accords plus ou moins formalisés, et fourni une large partie de ce qui était nécessaire à la subsistance matérielle de la société sous des modalités et des formes variées.

Modèles théoriques[modifier | modifier le code]

L'analyse de la société mésopotamienne antique et de son économie pose divers problèmes d'interprétation quand elle cherche à passer à une échelle générale impliquant d'essayer de reconstituer les principes guidant le fonctionnement des activités et les choix des acteurs. Bien que cela ne soit pas toujours formulé, les choix théoriques des chercheurs ont tendance à guider leurs interprétations. Assez tôt dans l'histoire de l'étude de la documentation cunéiforme, il a donc été tenté d'y transposer des grilles de lecture élaborées à partir de l'étude d'autres civilisations, ce qui s'est notamment traduit par des analyses de la société mésopotamienne la décrivant comme féodale[1], ou encore des interprétations inspirées par les théories marxistes (notamment le « mode de production asiatique »)[2].

L'approche wéberienne fournit elle aussi des éléments d'analyse utiles[3]. Ses idées ont servi de point de départ à une analyse des sociétés du Proche-Orient ancien par le prisme de l'idéaltype de domination « patrimoniale », et plus généralement la mise en avant du fait que les royaumes de l'époque étaient conçus comme le patrimoine du souverain et que les unités économiques (palais, temples, familles de notables, « firmes » de marchands, foyers paysans) étaient toutes perçues à leur échelle comme des « maisons », ce qui a permis notamment de dépasser l'opposition public/privé[4].

Mais l'opposition fondamentale dans l'analyse des économies antiques est celle opposant « modernistes » et « primitivistes », ou plus exactement « formalistes » et « substantivistes ».

Le modèle dit « formaliste » repose sur les hypothèses de l’économie néo-classique. Il considère que les agents économiques quels qu’ils soient et où qu’ils soient sont « rationnels » : concrètement les consommateurs sont mus par l’objectif de maximisation de leur utilité, et les producteurs par la maximisation de leurs profits. L'économie suit alors des lois intemporelles et universelles, le marché existe dans toutes les sociétés, et dans les conditions optimales de concurrence pure et parfaite les prix sont fixés par l'offre et la demande permettant une allocation efficace des moyens de production et l'optimum parétien. On peut donc utiliser les outils de l’analyse économique moderne pour étudier les économies antiques, ce qui rejoint les opinions « modernistes »[5].

Le modèle concurrent, dit « substantiviste », dérive des travaux de Karl Polanyi, qui estimait que les économies pré-industrielles étaient encastrées dans le social et celles du passé ne l'étaient pas. Il considère donc que les différentes civilisations ne suivent pas des lois économiques universelles et ne peuvent être étudiées en dehors de leur contexte social propre. Les individus y ont une « rationalité » propre qui ne se retrouve pas dans les autres sociétés sous la même forme[6],[7]. Ici les outils de l'analyse économique moderne ne sont pas forcément opératoires et il faut mettre en avant d'autres concepts comme la redistribution, la réciprocité et l'échange. Certains chercheurs de cette mouvance comme J. Renger vont jusqu'à exclure l'idée de recherche de profit chez les Anciens, qui utiliseraient les surplus uniquement pour manifester leur prestige et servir au culte des dieux[8].

Les descriptions de modèles données précédemment prennent en compte des cas extrêmes pour renforcer leur valeur explicative, mais concrètement les chercheurs étudiant l'économie mésopotamienne ne les reprennent jamais vraiment en tant que telles. Selon M. Van de Mieroop, ils sont sans doute pour beaucoup des « modernistes » qui s'ignorent, utilisant les outils d'analyse de l'économie contemporaine pour les économies antiques, tout en prenant en compte les spécificités des sociétés qu'ils étudient[9].

Acteurs de l'économie agricole[modifier | modifier le code]

L’économie agraire est une activité centrale dans les sociétés de la Mésopotamie ancienne, concernant toute la population de près ou de loin. La base de richesse est en général le contrôle de terres agricoles et de bêtes, a fortiori dans un pays qui n'a que peu de matières premières et dans lequel les échanges sont faiblement monétisés et reposent avant tout sur la redistribution des productions agricoles. En raison des contraintes écologiques pesant sur la majeure partie de la région, les activités agricoles sont encadrées par les grands domaines institutionnels, un secteur « public » manifestement dominant, même si des domaines « privés » ont probablement existé depuis les temps les plus reculés.

Il s'agit ici de donner un aperçu de ces structures agraires ; les situations ont pu varier suivant les lieux et les époques, pour des études plus précises voir les articles relatifs aux différents royaumes et périodes de l'histoire mésopotamienne (Période des dynasties archaïques, Lagash, Empire d'Akkad, Troisième dynastie d'Ur, Première dynastie de Babylone, Dynastie kassite de Babylone, Nuzi, Assyrie, Empire néo-babylonien, Babylonie tardive).

Les unités économiques[modifier | modifier le code]

Il est courant de distinguer dans l’économie mésopotamienne un secteur économique « public » formé par deux institutions, le palais et le temple, et à côté un secteur économique « privé » dont la nature et l’ampleur sont très discutés, ainsi que des communautés urbaines et rurales qui ont joué un rôle important mais peu documenté. Une autre approche, d'inspiration webérienne, prend plutôt pour base de la société la maison(née) ou le domaine.

Le palais et le temple sont souvent nommés comme « institutions », ou « grands organismes » (à la suite de A. L. Oppenheim[10]). Constituant le versant « public » de l'économie mésopotamienne, ils ont pour but de dégager des revenus (donc du surplus agricole) pour les besoins des autorités politiques. C'est de leur administration que provient la majeure partie des sources de gestion dont on dispose. L’association palais-temple est en fait surtout valable en Basse Mésopotamie, le temple n'occupant pas une place importante dans l’économie de la Haute Mésopotamie, où les palais de l’aristocratie disposent d’une place plus grande qu’au sud[11]. L’importance du temple dans le sud est visible dès l'époque des Dynasties archaïques, au point que l’on a parlé par le passé de « cité-temple ». Dans les faits, si les temples paraissent bien disposer de la majeure partie des ressources, ils sont étroitement contrôlés par le pouvoir royal (donc le palais) dès cette période, et cela se confirme pour les périodes suivantes[12]. Les domaines des temples forment des sortes de « réserves » pour les élites qui trouvent souvent une source de richesse et de prestige social dans l’exercice de charges dans l’administration du temple ou le culte, qui donnent accès à des concessions de terres. Mais le temple a également un poids important en tant qu’organisation, puisqu’il prend de plus en plus de pouvoir au niveau local au fur et à mesure que le territoire dominé par les rois s’agrandit, ce qui provoque un éloignement de leur autorité. Le temple fonctionne comme un garant de cohésion locale, jouant même un rôle d’assistance aux plus faibles à certaines périodes. Ils ont pour eux un avantage indéniable, celui de la durée, que n’ont pas les lignées aristocratiques : leur permanence en tant qu'institution majeure vient sans doute de leur capacité de résistance plus forte que les autres acteurs sociaux face aux aléas économiques et politiques grâce à leurs moyens d'accumulation de capital voire d'investissement[13],[14]. Le pouvoir royal reste malgré tout très important, et c’est dans son entourage que se trouvent les fortunes les plus importantes, à commencer par les familles princières, que ce soit au nord ou au sud. En plus de disposer pour lui-même de domaines importants, le palais garde toujours un contrôle sur les grands domaines des temples ou des élites, et peut disposer de leurs richesses, réalise des donations de terres, tandis qu’il draine vers lui une grande quantité de biens par le biais des divers prélèvements (taxes, tribut, pillages) ; dans le cas de la période médio-assyrienne, le palais dispose même d'une forme de propriété éminente sur toutes les terres du royaume, qui lui permet notamment de récupérer les terres sans héritier et de les réattribuer[15]. Le pouvoir royal joue également un rôle important dans l’économie en tant que régulateur[16],[17]. Les grands organismes ont donc attiré une grande partie des études sur l'économie de la Mésopotamie antique et leur rôle économique est primordial[18].

Le secteur « privé » concerne les domaines situés en dehors du cadre du temple et du palais des rois et gouverneurs. Ses contours sont assez difficiles à définir[19] puisque toutes les fortunes connues sont associées au palais ou au temple, et sont parfois construites sur la patrimonialisation de domaines et charges publics, ou du moins sur la réalisation de surplus à partir de terres concédées en guise de revenus pour l'exercice d'une fonction publique. Mais il est indéniable qu’une grande partie des élites et même de la couche moyenne de la société a pu entreprendre des activités à titre privé : c’est surtout documenté pour les activités de prêt et de commerce, mais l'existence de domaines privés est également documentée, ne serait-ce que par les nombreux actes de ventes de terres qui ont été mis au jour[20]. Beaucoup de spécialistes (surtout dans la mouvance « moderniste ») estiment qu'ils jouent un rôle économique de plus en plus important au cours du temps, la documentation écrite de nature privée croissant de façon continue à partir du début du IIe millénaire, donc une « privatisation » de l'économie, qui pourrait aussi résulter d'un désengagement de l’État dans la gestion directe de l'activité de production agricole[21]. Mais cela reste discuté car les institutions restent importantes durant toute l'histoire mésopotamienne et que le « public » et le « privé » sont toujours fortement imbriqués. La situation de la majeure partie de la population n'est pas évaluable par la documentation disponible : il y avait manifestement des moyens et petits propriétaires agricoles comme l’apprennent çà et là des actes de transactions de propriété. Le principal obstacle à l’évaluation du rapport entre le secteur public et le secteur privé est donc le fait que les sources incitent à estimer que le premier occupait une place majeure, mais il est impossible de trouver des documents permettant une évaluation certaine de cela.

Il y avait sans doute aussi des formes de propriété commune, mais elles restent impossibles à étudier en l'absence de documentation suffisante. Des indivisions apparaissent dans certains textes juridiques prévoyant leur partage. En tout cas le cycle agricole nécessite une forme d'organisation communautaire : coordonnée par des conseils des Anciens, les « maires » des villages (puisque des biens communaux ont manifestement existé, notamment pour prendre en charge les terres laissées en déshérence) ou des administrateurs d'institutions, notamment pour gérer l'irrigation ou la rotation des jachères ainsi que les corvées (généralement ordonnées au niveau central mais mises en pratique au niveau local)[22]. Dans l'approche marxisante du mode asiatique de production, l'opposition entre un secteur public à assise urbain et secteur communautaire dominant dans le monde rural est une donnée essentielle[23].

En tout état de cause, l'opposition public/privé n’est pas plus rigide dans le contexte de l'économie de la Mésopotamie antique qu’elle ne l’est dans celui de l’économie actuelle : les acteurs économiques à tous les niveaux pouvaient être impliqués dans les deux suivant des stratégies diverses. Il est souvent tentant de parler d’« économie palatiale » ou d'« économie de temple ». Il faudrait alors plutôt parler d'« économie domaniale », la base de la société et de l’économie mésopotamienne étant la « maisonnée » (É), à l'image de l'oikos de la Grèce antique. Il peut s'agir d'un palais (la maison du roi), d'un temple (la maison d'une divinité), d'un grand domaine « privé » (la maison d'un notable) ou d'une exploitation de dépendants (la maison d'un homme humble), ces différentes maisonnées entretenant entre elles diverses relations, notamment de type hiérarchique. Les institutions, le palais et le temple, ne sont alors en fin de compte que les maisonnées les plus importantes, qui se singularisent des autres plus par leur taille que par leur nature[24].

Les groupes sociaux[modifier | modifier le code]

La hiérarchie sociale de la Mésopotamie antique est assez peu étudiée, sans doute parce que la documentation n’incite pas à le faire, notamment parce qu’elle ne documente qu’indirectement la majeure partie des couches modestes[25].

Le haut de la société est constitué autour du roi et de la famille royale. La société mésopotamienne est dirigée par une élite sociale formant un groupe aristocratique (ou des sortes de « patriciens ») aux contours flous, qui sont généralement proches du pouvoir et disposent des richesses (notamment les terres) et des fonctions majeures liées à l'administration du royaume et des temples, ou dans l'armée. Les élites sociales de l’ancienne Mésopotamie disposent parfois d’un statut reconnu juridiquement dans les textes législatifs : les awīlum du Code de Hammurabi[26], les a'īlu des Lois assyriennes[27]. Mais la nature exacte de ces groupes est débattue[28].

Il en va de même pour le groupe qui les suit en honorabilité, à savoir les muškēnum du Code de Hammurabi[26] (peut-être aussi les aššurāiu des Lois assyriennes, quoi que leur statut juridique ne soit pas clair[27]). Ces « particuliers » sont-ils les dépendants des grands organismes et des élites sociales, ou bien des personnes évoluant hors du cadre de ceux-ci dans les communautés villageoises ? La couche moyenne de la société que représenteraient des agriculteurs « indépendants » qui n’ont pas besoin de travailler directement pour les puissants, ou du moins pas en permanence ou pas totalement (en effectuant à l’occasion des travaux saisonniers pour les grands organismes ou en louant leurs terres en complément des leurs) n’est pas aisée à appréhender. Il n’en va pas de même pour le groupe des « dépendants » qui ne peuvent subsister par leurs propres moyens et sont forcés de travailler sur les terres des grands organismes ou des autres grands propriétaires. On parle parfois de « semi-libres » ou « serfs », comme dans le cas des šiluhli et ālaiū de la période médio-assyrienne[29] ou des širku de la Babylonie récente[30]. Ce statut économique ne se confond pas avec celui - juridique - d’esclave, qui n’implique pas forcément une dépendance économique même si c’est souvent le cas. Quoi qu’il en soit, les esclaves n’ont apparemment jamais été une force de travail importante dans l'agriculture[31].

La mobilité sociale est surtout attestée dans le cas de la déchéance, liées notamment au surendettement des paysans qui conduit à la perte de propriétés gagées voire à l’esclavage pour dettes. Dans certains cas, les temples prenaient sous leur aile les plus démunis, souvent contre leur travail. L'ascension sociale se repère surtout dans les trajectoires des familles qui réussissent à amasser des richesses sur plusieurs générations et à constituer de grands domaines, souvent en se rapprochant du pouvoir politique (le cas de la famille Egibi à Babylone[32]).

Un dernier groupe particulier doit être mentionné, celui des nomades ou semi-nomades, vivant de façon mobile au moins une partie de l’année. Mal connus car évoqués dans les textes sous un jour souvent biaisé, on sait qu'ils ont généralement pour activité principale l'élevage, pouvant prendre en charge des troupeaux des grands organismes. Ils peuvent également disposer de terres cultivées une partie de l'année, ou louer leurs bras sur les domaines des sédentaires. Ils vivent souvent en symbiose avec ceux-ci, échangeant leurs produits de l’élevage contre ceux de l’agriculture. Les relations avec les sédentaires ne sont toutefois pas toujours cordiales, et ils sont souvent craints pour leurs razzias[33].

Formes d’exploitation des terres et troupeaux[modifier | modifier le code]

Les modalités de mise en valeur des ressources agricoles peuvent se regrouper entre les deux catégories classiques de l'histoire des structures agraires : mise en valeur directe par le propriétaire, ou mise en valeur indirecte par un preneur pour le compte d'un bailleur (qu'il soit le propriétaire ou un locataire/bénéficiaire qui sous-loue). Cette seconde catégorie se subdivise elle-même en deux parties : les concessions de terre en guise de rémunération pour l'exercice d'un service, ou bien le système du fermage qui voit le preneur verser une redevance au bailleur. Ces trois formes, qui sont généralement combinées par les plus grands domaines institutionnels, recouvrent en fait des réalités économiques et sociales bien diverses selon qu'on se place du côté des élites ou des petits exploitants, et admettent des différences notables suivant les lieux et les époques. En tout cas, même si les palais et les temples semblent généralement disposer d'une majeure partie des terres, l'importance de l'exploitation indirecte nuance l'importance de leur administration dans l'organisation de l'agriculture.

Exploitation directe des domaines[modifier | modifier le code]

Une partie des terres des domaines institutionnels, privés ou communaux était gérée directement par leurs propriétaires. Les cas des petites exploitations indépendantes ou des propriétés communes échappent à la documentation disponible comme il a été vu plus haut. N'est surtout connu que le cas de la mise en valeur directe par les institutions, qui confient une partie de leurs terres et de leurs bêtes à des dépendants directs organisés en équipes. À la période d'Ur III, il s'agit de la « propriété du seigneur » (GÁN.NIG.EN.NA), travaillée par des équipes de laboureurs avec leurs bêtes de labour sous la direction de chefs d'équipes (ENGAR). Ces terres sont destinées à subvenir aux besoins courants du temple (alimentation et rémunération du personnel, offrandes cultuelles), et constituent apparemment la majeure partie des domaines de ces institutions[34]. Ce système se retrouve par la suite en Basse Mésopotamie et également dans le nord comme à Mari où il semble représenter la forme de dominante de gestion des terres royales[35] ou dans le grand domaine de Tell Sabi Abyad d'époque médio-assyrienne[36]. Il semble néanmoins que cette forme de mise en valeur soit secondaire par rapport à la concession des terres. Les temples de la Babylonie récente font bien exploiter une certaine partie de leurs terres par leurs dépendants, notamment leurs oblats, mais elle semble secondaire par rapport aux terres louées et concerne surtout les palmeraies. De leur côté, les notables urbains de cette période ne confient que rarement leurs propriétés agricoles à leurs esclaves[37].

Terres de service[modifier | modifier le code]

Les terres des grands domaines institutionnels était tout d'abord un moyen d'assurer la subsistance de personnes qui travaillaient pour leur compte. C'est le principe des « champs de subsistance » (GÁN.ŠUKU.RA) de la période d'Ur III, des terres de service (ilku(m)) attestées en Babylonie à partir du début du IIe millénaire[38], desquelles dérivent les différentes tenures militaires de la période achéménide[39], ou encore des terres de prébende (ma'uttu) des gouverneurs et grands dignitaires néo-assyriens qui font partie du vaste domaine royal agrandi par les conquêtes territoriales[40]. Ces terres sont concédées à une personne qui doit en tirer un revenu, généralement en la concédant à son tour à un fermier, pour assurer la charge matérielle liée à la fonction qu'il occupe dans l'administration de l'institution, ou bien au service militaire du roi. Ces terres pouvant généralement se transmettre par héritage, on remarque une tendance à leur patrimonialisation par leurs détenteurs, même si elles ne sont pas aliénables. Un principe similaire régit les terres de prébende des temples babyloniens, concédées contre l'exercice d'une charge liée au culte[41].

Fermage[modifier | modifier le code]

La concession des terres peut se faire en fermage, en fait plus généralement une forme de métayage : le propriétaire ou le bénéficiaire d'une terre la loue à un exploitant chargé de la mettre en valeur contre une redevance, généralement une part de la récolte. Cela permet de régler les tensions autour de la mise en valeur de la terre, les grands propriétaires ayant les champs et les moyens matériels, mais pas les moyens humains, qu'ont les petits propriétaires qui n'ont pas assez de terre pour assurer leur subsistance ou les prolétaires qui ne possèdent pas de terre du tout. Cette pratique est courante sur les terres des grands organismes, notamment « champ affermés » de la période d'Ur III (GÁN.URU4.LÀ) ou les terres confiées aux tributaires (naši biltim) paléo-babyloniens, puis cette forme est dominante sur les grands domaines institutionnels ou privés de la Babylonie récente. Un contrat régit généralement cet accord, prescrivant les tâches que doit accomplir le tenancier, au minimum la mise en culture du champ et la récolte, et dans des cas de première mise en culture celle-ci était décrite (défrichement, cultures à planter) et des aménagements étaient faits pour le versement du loyer, qui ne prenait qu'au bout d'un certain nombre d'années, et souvent à un taux réduit. Les conditions de livraison de la part de la récolte versée en guise de loyer, après la moisson, étaient également fixées. Les proportions variant selon les époques : 1/3 à la fin du IIIe millénaire, 1/4 à 1/3 au début du IIe millénaire, souvent plus au Ier millénaire, mais cela cache des disparités suivant les lieux et les types de cultures, sans doute aussi les potentialités des terres cultivées[42].

«§ 60 : Si quelqu'un donne un champ en location à un jardinier pour y planter un verger (jardin, palmeraie), il devra cultiver le verger pendant quatre ans ; la cinquième année, le propriétaire du verger et le jardinier diviseront la récolte en parts égales ; le propriétaire choisira et prendra sa part en premier. § 61 : Si le jardinier ne complète pas la plantation (des arbres) du champ, mais laisse un espace non cultivé, ils incluront la partie non cultivée dans sa part (au partage de la récolte). § 62 : S'il ne plante pas le champ qui lui a été donné (pour en faire) un verger, si (c'est un champ) sillonné, le jardinier devra mesurer et livrer au propriétaire du champ une estimation du rendement du champ pour les années durant lesquelles il a été laissé en jachère d'après le rendement du (champ) voisin ; il fera le travail (requis) du champ et le restituera au propriétaire du champ »

Dispositions sur le fermage dans les vergers dans le Code de Hammurabi (XVIIIe siècle av. J.-C.)[43].

« Nidinti-Bêl, administrateur en chef (šatammu) de l’Eanna, et Nabû-ah-iddin, officier royal responsable de l’administration de l’Eanna, ont nommé Nanaya-êresh, fils de Gimillu, irrigateur (gugallu) sur la terre agricole plantée de palmiers propriété de la Dame d’Uruk, concédée en tenure administrative (bît ritti) à Innin-zêr-ibni, fils de Rîmût-Innin. Nanaya-êresh devra verser à l’Eanna les dattes dues en redevance, autant qu’il en aura été estimé forfaitairement par l’Eanna, conformément à l’estimation réalisée par les estimateurs officiels de l’Eanna. Les restes de régimes de dattes que Nanaya-êresh recevra des arboriculteurs, il devra les donner pour les bovins et les ovins. »

La mise en location d'une palmeraie de l'Eanna, temple de la déesse Ishtar à Uruk (535 av. J.-C.)[44]

L'organisation de l'élevage[modifier | modifier le code]

« 1 taureau et 1 âne, l'année de (l'installation de) la prêtresse-EN à Eridu (2038 av. J.-C.) ; 2 taureaux et 2 ânes, l'année où Shu-Sîn est devenu roi (2037 av. J.-C.) ; 16 taureaux et 6 ânes, l'année du bateau « bouquetin de l'Abzu » (2036 av. J.-C.) ; pour cause de mort, ils ont été mis à la charge des cultivateurs, parce que leurs peaux n'ont pas été reçues. Le scribe (en charge) des taureaux de labour a dû remplacer ces taureaux et ânes. (lacune) (Domaine de la) Maison d'Amar-Sîn. »

Contrôle de l'administration sur les morts de bêtes de labour d'un domaine institutionnel en gestion directe, période d'Ur III[45].

L'élevage reprend une organisation grossièrement similaire à celle de l'exploitation des terres[46]. Les petits exploitants pouvaient disposer de quelques têtes de petit bétail, de porcs, de volaille, ou de bovins pour les plus nantis. Les plus riches disposaient de troupeaux plus importants, tandis que les grands propriétaires disposaient de centaines voire de milliers de têtes de bétail. L'élevage pouvait être géré de façon directe dans le cadre des petites exploitations, ou bien, dans le cas de l'engraissement des bêtes des temples servant pour les sacrifices ou le travail de la terre, être confié à des engraisseurs (KURUŠDA/ša kuruštê aux périodes anciennes) rémunérés en ration. Mais le plus souvent les troupeaux étaient confiés à des bergers (SIPA/rê'u(m)), souvent recrutés parmi les groupes semi-nomades, qui devaient fournir chaque année une partie du croît du bétail et des produits qu'ils en tiraient (laine et lait), et devaient rendre compte des pertes. Parfois ils étaient chargés de conduire les troupeaux sur de longs trajets de transhumance, durant lesquels ils pouvaient être accompagnés de soldats pour les protéger.

Conditions de mise en valeur et d'augmentation de la production[modifier | modifier le code]

Les performances d'une économie agricole dépendent de plusieurs facteurs en plus des conditions naturelles et des aménagements, qui relèvent généralement du domaine des rapports sociaux de production. Cela comprend les conditions d'accès à la terre (et si possibles aux meilleures terres), aux moyens d'exploitation (travailleurs, animaux, matériel agricole, graines), aux ressources financières nécessaires à la mise en valeur, à l'eau nécessaire à la mise en culture, mais aussi les choix de forme d'organisation de la production et du choix du type de production. Si l'économie agricole mésopotamienne a souvent atteint des performances remarquables, ce n'est pas pour autant une société d'abondance, et elle comprend de très fortes inégalités.

Transferts de propriété[modifier | modifier le code]

La plupart des terres privées se transmettent par héritage. Les pratiques successorales varient beaucoup : parfois égalitaires, d’autres fois elles favorisent un héritier principal ; les parts sont parfois attribuées par tirage au sort. Afin d'éviter une fractionnement trop important des terres familiales, il peut arriver qu’on ne pratique pas le partage, et que la terre reste indivise et exploitée par une famille étendue[47]. Des terres peuvent également être transmises à titre de dot, qui constitue une part d'héritage pour les filles. Par ailleurs les terres de service ou prises en fermage sont souvent reprises par les héritiers.

Contrat de vente d'une maison et d'un champ, Shuruppak, c. 2600.

Un autre moyen de translation des terres est la vente. Les contrats de vente foncière comportent la description du bien vendu (superficie, situation), son prix, le nom des contractants (ils sont généralement rédigés du point de vue de l’acheteur), des témoins, du scribe, et un serment vient souvent renforcer l’accord. À Assur et Nuzi, les ventes de terres doivent être annoncées publiquement par un héraut pour s’assurer qu’il n’y a pas d’autre personne pouvant revendiquer la possession du bien. À la période néo-assyrienne, les domaines se vendent avec leurs exploitants, qui sont attachés à la terre sans être esclaves pour autant. Les contrats de vente sont considérés comme faisant preuve de la propriété du bien immobilier concerné. Ils sont donc conservés tant que celui-ci reste la possession de son dernier acheteur[48].

Les terres pouvaient également être acquises à la suite de donations, essentiellement accomplies à l'initiative du roi. Depuis les plus hautes époques, elles sont enregistrées sur des documents écrits, notamment des stèles comme les kudurrus qui se développent en Babylonie dans la seconde moitié du IIe millénaire. Ces donations sont des faveurs attribuées à des proches du roi (notamment des princes) et plus largement à des dignitaires, parfois à la suite d'une action remarquable (notamment militaire), ou encore à des temples. Elles s'accompagnent dans certains cas de privilèges, notamment l'exemption de taxes, ainsi que la mise à disposition des exploitants qui sont amenés à mettre en valeur les domaines concédés[49].

Dans le cadre de l'élevage, les bêtes pouvaient également être transmises par héritage, donations, ou bien faire l'objet d'actes de vente. Les esclaves, en tant que bien meuble, sont dans le même cas.

Prêts agricoles et risques d’endettement[modifier | modifier le code]

Les prêts sont un élément essentiel de l'économie agricole, souvent nécessaire à la mise en valeur de nouvelles terres ou pour faire face aux aléas comme les fluctuations de la production et des prix agricoles. Les contrats de prêt destinés à l’agriculture peuvent se faire en denrées alimentaires (céréales surtout), ou en argent. Les créanciers sont les grands organismes, ou bien des particuliers à partir du IIe millénaire. Certains temples effectuent des prêts sans taux d’intérêt fort pour les plus démunis, mais généralement les taux sont vus comme élevés voire très élevés (avec de grandes variations, en gros entre 20 et 50 %, sur des durées variables), même s'il faut les mettre en rapport avec les rendements agricoles pour mesurer leur poids effectif (et également prendre en compte l'incidence des prélèvements fonciers). On rembourse en effet après la récolte, ce qui pourrait par ailleurs indiquer que les prêts sont souvent faits pour la période de soudure. En cas de mauvaise récolte, le débiteur peut se retrouver dans une situation d’endettement fort, en revanche en cas de très bonne récolte seule une faible portion de celle-ci sera effectivement ponctionnée par le créancier. Si le débiteur est insolvable, le créancier s’assure le remboursement du prêt et le paiement des intérêts de plusieurs manières : le débiteur peut donner un membre de sa famille en otage le temps qu’il rembourse, et dans les cas les plus dramatiques certaines personnes deviennent esclaves à la suite de dettes non remboursées ; on peut aussi mettre les terres en gage, généralement en antichrèse (le créancier saisit la terre le temps de se rembourser sur sa production). Quand le taux est très élevé et que la durée de remboursement de l’antichrèse est très longue, il est possible qu’il s’agisse en fait d’un moyen déguisé d’obtenir une nouvelle terre[50]. Une étude de P. Steinkeller sur les pratiques de prêt à l'époque d'Ur III a mis en avant le fait que les prêteurs seraient des personnes bien placées dans l'administration des institutions, qui en retirent des ressources en argent, grain, animaux et matériel, mais manquent de terres et d'hommes pour les exploiter. L'auteur en a conclu qu'ils se serviraient alors des prêts à des paysans endettés afin de les acquérir[51].

Les contrats de vente ou de prêts ne sont pas absolus : l’accord peut être annulé quand le souverain promulgue un édit de restauration (andurāru(m)), notamment pendant des crises économiques, ce qui rétablit la situation antérieure à l’accord (dans des conditions particulières, et seulement si le vendeur ou le débiteur le réclament). Des clauses du contrat pouvaient stipuler qu’une mesure de ce type ne pourrait annuler l’accord, ou bien on pouvait utiliser des moyens détournés pour s’en prévenir[52].

L'accès à la main d’œuvre[modifier | modifier le code]

Tablette cunéiforme avec devis de travail de labour et de hersage, salaires d'ouvriers et sceau du scribe l'ayant rédigée. Période d'Ur III, Musée du Louvre.

Pour la mise en valeur des terres agricoles et la gestion des troupeaux, la main d’œuvre pouvait être disponible de différentes manières pour la plupart déjà évoquées. D'abord dans le cadre des petites exploitations il est vraisemblable que le groupe familial fournissait le gros du travail, appuyé par la communauté locale en périodes de grands travaux. Les exploitations plus riches et les grands organismes disposaient de leur côté de leurs dépendants directs employés en permanence. Il était également possible de passer par des contrats de location, qu'il s'agisse de la location de travailleurs journaliers ou de bêtes pour le travail, de matériel d'exploitation ou de moyens de transport[53], ou encore de la concession de terres en fermage. Les pouvoirs publics pouvaient également réquisitionner des gens pour accomplir certains travaux importants, au titre de la corvée[54].

Quels que soient les moyens utilisés, l'existence d'un « marché du travail » à proprement parler pour les hautes époques n'est pas évidente, car il semble bien que la main-d’œuvre n'ait jamais été particulièrement abondante dans la Mésopotamie antique[55]. Les terres potentiellement cultivables devaient en général excéder les moyens humains de mise en valeur, et les institutions doivent souvent combiner plusieurs types de travailleurs (dépendants directs, corvéables, journaliers) pour réaliser les travaux agricoles les plus importants. Les pouvoirs publics ont aussi été préoccupés à trouver des moyens de permettre l'extension des zones mises en culture, que ce soit par la concession de domaines sur des espaces incultes, l'extension des réseaux d'irrigation, les déplacements plus ou moins contraints de populations (jusqu'aux déportations) sur des terroirs délaissés. Les anciens Mésopotamiens n'ont donc pas été soumis à un problème de manque de terres, mais plutôt à celui du manque d'hommes.

Outillage agricole[modifier | modifier le code]

Araire à versoir, détail du kudurru de Meli-Shipak, XIIe siècle.

Le matériel agricole servant pour la céréaliculture est resté stable durant l’histoire mésopotamienne, il est en gros fixé au début du IIIe millénaire. Des améliorations ont été possibles par la suite avec l'expansion de l’usage du métal (cuivre, puis bronze, fer) pour confectionner certaines parties de ce matériel, à la place de la pierre (silex) et de l'argile (céramique).

Les labours des champs étaient effectués avec un araire (apparu au plus tard à la période d'Uruk), dont certains modèles ont été assez complexes et dotés d’un semoir (à partir des Dynasties archaïques), et ont sans doute permis une amélioration de la productivité. Cet instrument est de conception relativement simple, et donc sans doute peu onéreux, ce qui semble s'être accompagné d'une certaine fragilité : des morceaux de bois reliés entre eux par de la corde, et un soc souvent en bois aux périodes anciennes, de plus en plus en bronze ou en fer durant les périodes tardives[56].

Les outils à main que l'on qualifie de bêche et de houe étaient les plus utilisés durant les travaux agricoles. Ils sont polyvalents, qui vaut à la houe de gagner le duel qui l'oppose à l'araire dans le combat littéraire sumérien intitulé La houe et l'araire, en plus de sa plus grande solidité, sans doute parce qu'à cette période sa lame est réalisée dans un matériau plus solide (silex, métal). Elles servent pour les travaux des champs céréaliers, notamment pour ouvrir et retourner les parties les plus dures des champs, pour les jardins et vergers où l'araire ne peut être utilisée, ainsi que pour les travaux de creusement et de réparation des canaux ou encore pour la confection de briques d'argile. La faucille, en argile ou en silex, puis en métal, servait lors des moissons. La hache pouvait également être utilisée pour les travaux arboricoles, de même que des pioches ou des serpes, ainsi que les paniers qui sont essentiels pour les différents aménagements agricoles, notamment ceux liés à l'irrigation[57].

Les textes des institutions et des domaines des élites indiquent qu'elles disposaient de ce matériel apparemment sans trop de problèmes. Les grands organismes prenaient en charge l'entreposage du matériel agricole, sa réalisation et son entretien grâce à leurs magasins et leurs ateliers. Pour les petits exploitants indépendants, la question reste posée en l'absence de documentation, en dehors de quelques cas de fermage dans lesquels le matériel agricole est loué.

Corvées, taxation et exemptions[modifier | modifier le code]

Les revenus et performances des exploitations agricoles et de l'élevage doivent prendre en compte les ponctions qui pouvaient être faites pour le compte des pouvoirs publics. Il faut en fait constater que beaucoup de ces obligations se recoupent à celles dues normalement par les locataires au propriétaire de la terre, qui était bien souvent une institution. Dans le cas d'un propriétaire privé, les charges retombent du reste sur les exploitants de son domaine.

Le palais ou le temple (ainsi que peut-être les communautés villageoises) pouvaient mobiliser de façon temporaire les travailleurs agricoles pour réaliser des corvées de façon saisonnière, qui sont souvent des grands travaux collectifs : entretien des canaux, de routes, ou de bâtiments officiels, et moisson. Suivant les époques et les lieux les conditions de mobilisation varient : elle peut être due par des personnes libres, des serfs ou des esclaves, voire des condamnés, ou des soldats[54]. Il est courant que le pouvoir royal passe par les temples ou les nobles pour assurer la mobilisation des troupes de corvéables et leur entretien. Ce système est proche de celui du service (ilku(m)) lié à la détention d'une terre, notamment en Assyrie.

Les taxes dues par les exploitants agricoles recouvrent souvent les redevances qu'ils doivent s'ils sont locataires de la terre, cas évident pour les personnes travaillant sur les terres du palais à l'époque paléo-babylonienne, les naši biltim, astreints au versement du biltum, une taxe foncière. En Assyrie, le service-ilku finit par devenir une capitation liée à la détention d'une terre. Il est donc courant que les administrations publiques prélèvent des parts de récolte ou des animaux pour le compte du pouvoir central, généralement à la suite d'estimations de redevances établies à partir de documents de type cadastral, ce qui suppose donc en principe un taux de prélèvement adapté aux capacités des terres[58].

Dans ces conditions, ceux qui étaient en mesure de le faire cherchaient à se faire exempter par le pouvoir royal des taxes et des corvées exigibles sur leurs productions et leurs dépendants[59]. Ces faveurs royales se destinent surtout aux temples et aux hauts dignitaires les plus proches du pouvoir, et s'accompagnent souvent de donations de terres, comme le révèlent l'enregistrement de ces opérations sur les kudurrus babylonien. Durant la période néo-assyrienne, de véritables chartes de franchises sont destinées à des communautés urbaines (qui comprennent des terres agricoles). Cela permet finalement à certains grands propriétaires de disposer d'une autonomie quasiment complète sur leurs domaines et leurs dépendants, tant que la faveur royale ne se retournait pas contre eux, et leur offre une marge de manœuvre plus large pour chercher à dégager des revenus importants de leurs domaines, comme cela apparaît dans les stratégies des hauts dignitaires de la cour néo-assyrienne[60].

La gestion des réseaux d'irrigation et ses conséquences politiques et sociales[modifier | modifier le code]

Fragment de cône d'argile inscrit mentionnant le creusement d'un canal par le roi Urukagina de Lagash.
« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Kibrî-Dagan ton serviteur. À propos du travail qui consiste à creuser le canal, objet de la lettre de mon Seigneur, c'est un travail qui n'est pas mince. C'est une corvée qui réclame une troupe nombreuse. Or, il ne faudrait pas que l'on dise à mon Seigneur : « Il y a à Terqa beaucoup de monde ! » Sur les 400 habitants de Terqa, une population de 200 hommes a été affectée ailleurs et 200 constituent l'effectif. Si j'entreprends ce travail, il faut que l'on réunisse pour moi une troupe de travailleurs du district de Mari. Alors, moi-même ici, je veux bien réunir la troupe qui est à ma disposition en sorte de mettre fin à ce travail en 5 jours afin que les exploitations agricoles du palais ne restent pas inactives. »

Travaux pour l'entretien d'un canal dans le royaume de Mari (XVIIIe siècle av. J.-C.)[61].

L'irrigation et les réseaux de canaux jouent un rôle essentiel dans l'agriculture des zones les plus arides de Mésopotamie, mais aussi dans les zones d'agriculture sèche du nord pour permettre l'extension des zones en culture et la réduction des incertitudes liées aux variations interannuelles des précipitations. Leur entretien et l'organisation de leur fonctionnement est donc un des objectifs majeurs des pouvoirs locaux et centraux. Les rois vantent souvent dans leurs inscriptions des travaux de réfection ou de creusement de canaux, permettant de mettre en valeur des territoires et d'apporter l'abondance à leur pays. Sans nier leur rôle centralisateur et leur initiative dans les travaux les plus lourds, il semble que bien souvent ce sont les communautés locales qui gèrent les travaux nécessaires à l'entretien des canaux et la répartition de l'eau aux moments où elle est nécessaire pour la mise en culture des champs. Pour autant que l'on sache, cela est organisé par des agents des institutions publiques, comme le sērikum à Mari, ou le gugallu(m) en Babylonie. Il fallait notamment s'assurer que toutes les zones en culture reçoivent suffisamment d’eau, même les plus éloignées. De nombreux litiges surviennent, et sont attestés dans des lettres ainsi que dans les Codes de lois. Ces derniers abordent notamment le cas où un agriculteur a mal refermé le sillon servant à irriguer son champ, ce qui a provoqué l’inondation de son champ et ceux de ses voisins ; il doit alors y avoir indemnisation. Il est donc important d'assurer également le maintien des digues évitant les inondations des champs, que ce soit en période de crues ou d'irrigation. Enfin, le curage des canaux est essentiel pour éviter leur envasement. Comme les travaux de réfection, il était accompli en été, en période de basses eaux ; il s’agissait d’une forme de corvée que devaient accomplir les habitants des alentours du canal[62]. La responsabilité qui pèse sur ceux qui sont chargés de l'irrigation ressort de façon très éloquente d'un document de l'époque d'Ur III, copie d'un serment prêté par les administrateurs de domaines royaux (sanga), qui jurent de n'entreprendre l'irrigation d'un champ que s'ils reçoivent un ordre exprès du grand vizir (sukkalmah) en ce sens, sous peine de mort : « NP, sanga (du domaine) de ND, a déclaré (sous serment) par la vie du roi que lorsque ses champs inondés se seront asséchés, il ne procèdera en aucun cas à (leur) irrigation sans autorisation du sukkalmah, mais que s’ils se dessèchent, il sera mis à mort[63]. »

L'organisation du système d'irrigation de la Mésopotamie antique et ses conséquences politiques et sociales ont été abondamment discutées, notamment depuis les développements marxistes qui ont trouvé leur aboutissement dans la thèse très influente de K. A. Wittfogel selon laquelle l'irrigation à grande échelle aurait entraîné en Mésopotamie la constitution d'une « société hydraulique » fortement hiérarchisée, encadrée par des empires caractéristiques des « despotismes orientaux »[64]. Cette vision a depuis été nuancée par le constat du rôle des communautés locales dans le développement et l'entretien des systèmes d'irrigation, qui du reste sont largement antérieurs aux premiers États[65]. Il n'empêche que par la suite le développement d'une agriculture irriguée à grande échelle est concomitante du développement des domaines institutionnels qui sont manifestement les seuls à avoir la capacité à coordonner l'organisation et l'entretien d'un tel système. Cela rejoint l'idée selon laquelle l'existence d'une agriculture performante dans un environnement mésopotamien soumis à de fortes contraintes est largement tributaire de la présence des organismes publics qui sont les seuls à avoir la capacité de mobilisation et d'investissement nécessaire à l'entretien de ce système et à sa résilience face aux nombreux aléas auxquels il est soumis[66].

On mentionnera également l'idée selon laquelle la possession des réseaux de canaux d'irrigation a pu générer des tensions entre États aux périodes de division politique du sud mésopotamien, notamment dans le cas des conflits entre Lagash et Umma (c. 2600-2350), qui seraient les plus anciens cas de « guerre de l'eau » dans un environnement fortement soumis au stress hydrique, idée avancée notamment par H.-J. Nissen. Il faut pourtant constater que l'étude de la documentation disponible sur ces conflits ne révèle rien de plus que des enjeux de nature territoriale autour de la possession d'un espace frontalier entre les deux États[63].

Rendements et rentabilité[modifier | modifier le code]

La céréaliculture mésopotamienne réclamait donc un travail important, bien organisé. Il supposait une organisation collective des ouvriers agricoles pour la gestion de l’eau aussi bien que pour les travaux des champs. Dans les périodes où la mise en valeur des terres peut être faite convenablement, il était possible d’atteindre des rendements forts sur les terres de Basse Mésopotamie, autour de 15/1 ou jusqu'à 20/1 voire plus dans les meilleurs cas, même si 10/1 paraît plus courant d'après certaines estimations. Cette productivité a frappé les esprits de certains auteurs grecs comme Hérodote, même si leurs estimations de rendements paraissent largement exagérées. En Haute Mésopotamie, la situation est moins favorable et des pénuries sont plus susceptibles de se produire. Les terroirs sur lesquels on pratique une agriculture sèche auraient eu un rendement faible, de l'ordre de 3/1, tandis que dans les zones irriguées la situation était meilleure, jusqu'à 7/1 voire plus les bonnes années[67]. Les estimations des rendements céréaliers sont cependant imprécises en raison des variations entre les systèmes métrologiques employés dans la documentation cunéiforme, en fonction des lieux et des époques[68]. Pour les autres cultures et l'élevage, les estimations de la productivité sont plus compliquées. Il semble néanmoins qu'avec l'élevage ovin et les productions des vergers et jardins, l'agriculture mésopotamienne produisait des richesses remarquables pour une agriculture antique.

Selon G. Algaze, la disponibilité en ressources agricoles diversifiées grâce aux différents espaces disponibles (plaine alluviale irriguée, zones de steppes servant pour les pâtures, marécages) et leur mise en valeur est à la base de l'essor de la Basse Mésopotamie au IVe millénaire[69]. Les rendements forts de l'agriculture ont permis le développement de la plus ancienne civilisation urbaine, dans laquelle une large part de la population pouvait se consacrer à des activités spécialisées non liées à la production alimentaire[70]. Par la suite, la puissance des royaumes mésopotamiens est manifestement liée à leur capacité à tirer d'importantes ressources (dont un essor démographique) de leur agriculture.

Là encore les avantages des institutions semblent évidents. Disposant de ressources humaines et matérielles importantes, et sans doute aussi des meilleures terres, le palais, les temples et aussi les domaines aristocratiques ont probablement pu atteindre des rendements élevés durant les bonnes périodes[66]. Ils constituaient un garant de sécurité face aux incertitudes de la production agricole, et leur vaste organisation permettait sans doute des économies de « coûts de transaction ». Ces institutions disposaient de plus grandes facilités pour chercher l'amélioration de la production, que cela passe par une méthode extensive (mise en culture de nouvelles terres) ou intensive (augmenter les rendements d'une terre par de nouvelles méthodes culturales ou un travail plus intense). La première solution semble souvent privilégiée en raison de la disponibilité en terres, et peut prendre des proportions considérables comme dans le cas des vastes programmes de colonisation agricole et d'extension des cultures entrepris par les rois néo-assyriens, notamment lors des constructions des capitales (Kalkhu, Ninive)[71] ; ils voient cependant une forme d'intensification avec la constitution de vastes jardins et autres espaces agricoles irrigués, peut-être sur le modèle des campagnes du Sud[72].

Tout cela n'a pourtant pas empêché les famines de survenir, notamment en raison d'aléas climatiques, ou encore de crues violentes, d'invasions de sauterelles, mais surtout en période de conflits et de désorganisation des institutions[73]. Sur le plus long terme, les crises se traduisant par le recul des activités agricoles accompagnent le déclin des États et des institutions, notamment au milieu du IIe millénaire ou au tournant du Ier millénaire ; à l'inverse la longue période de stabilité des institutions dans la Babylonie du Ier millénaire semble avoir assuré à cette région une période de prospérité agricole jusqu'au début de notre ère, allant de pair avec l'essor de la notabilité urbaine et l'expansion des échanges. Certains vont même jusqu'à envisager une forme de croissance économique à cette période[74], idée rejetée par les substantivistes[75]. La question des causes économiques et écologiques des crises est souvent posée mais les causes profondes de ces phénomènes sont souvent difficiles à analyser[76].

La question de la rentabilité de l'économie mésopotamienne pour ses acteurs peut aussi se poser, au moins pour ceux qui disposaient d'une capacité d'investissement et de production appréciable, donc les grands organismes et les notables, puisqu'ils ont été mus par la recherche de surplus voire d'une forme de « profit ». Cela a notamment été étudié pour le Ier millénaire[14]. Il semble qu'en dépit de la grande productivité la céréaliculture n'ait pas été l'activité la plus rentable, car elle nécessitait un investissement matériel lourd et une disponibilité en main-d’œuvre humaine et animale importante, ce qui était couteux. Parfois il est sans doute plus rentable de louer des terres céréalières pour en tirer un revenu régulier plutôt que de les exploiter de façon directe, même si cette dernière solution permet d'assurer un meilleur suivi des cultures et des éventuels procédés de bonification. Il se pourrait aussi que la solution la plus profitable ait été de prêter les céréales issues de la récolte, car en raison des taux d'intérêts élevés (33 % en général à l'époque paléo-babylonienne), cette pratique semble assurer un retour sur investissement plus rapide que la vente de la récolte[77]. Les cultures arboricoles semblent plus recherchées pour des buts spéculatifs, notamment les palmeraies-jardins du sud et peut-être les vignobles du nord. La possession des terres situées dans les abords des grandes villes est aussi déterminante pour réaliser des profits plus élevés, car l'acheminement de leur production dans les grands marchés urbains est moins coûteux, et que les terres périurbaines sont souvent les mieux irriguées[78],[37]. La spécialisation des grands domaines dans une production précise (dattes, laine des moutons) semble aussi être une stratégie possible pour dégager des surplus permettant ensuite d'obtenir d'autres productions[79].

Pour la majorité des maisonnées, dans les strates moyennes et basses de la société, ces préoccupations sont assurément bien éloignées de leurs réalités, puisqu'elles cherchent avant tout à assurer leur subsistance. Il est difficile d'estimer les revenus et le coût de la vie de ces personnes, mais il est probable que ceux qui ne disposaient pas de terres et se reposaient uniquement sur leur labeur pour obtenir des revenus avaient en général une existence précaire, tandis que ceux qui possédaient une terre suffisamment importante pouvaient subsister plus aisément dans le cadre d'une agriculture vivrière, en dehors des années de mauvaises récolte. Ces conditions expliquent l'importance des prêts de céréales dans la documentation cunéiforme[80].

Utilisation et débouchés des produits agricoles[modifier | modifier le code]

Les différentes productions agricoles sont utilisées de différentes manières : elles sont principalement destinées à la consommation alimentaire humaine, animale ou divine, ou encore sont dirigées vers des ateliers artisanaux pour y être transformées. Ces finalités ne peuvent être réalisées à une grande échelle que grâce à des mécanismes de stockage et de circulation des produits agricoles plus ou moins complexes, qui sont essentiels à l'efficacité de l'économie agricole mésopotamienne et son utilité sociale.

Les formes de consommation des produits agricoles[modifier | modifier le code]

Les produits agricoles pouvaient faire l'objet d'une consommation finale directe sous forme alimentaire[81], ou bien être utilisés dans le processus de production artisanale[82]. Ils occupaient donc une place essentielle dans la vie des anciens Mésopotamiens. Leur utilisation concernait de façon privilégiée les élites, qui avaient accès à une plus grande quantité et à une plus grande diversité de produits pour leur alimentation et pour faire réaliser des produits par les artisans à leur service. Cette place élevée concerne aussi les dieux, dont les offrandes égalaient en somptuosité ce à quoi avaient accès les rois.

Les céréales, avant tout l'orge, étaient les denrées alimentaires de base. Ils pouvaient être cuisinées sous forme de bouillie, de galettes de pain pour les hommes après avoir été réduit en farine, ou consommés sans transformation par les animaux pour les animaux. L'orge pouvait aussi être transformée en bière (KAŠ, šikaru(m)), la boisson alcoolisée la plus consommée en Mésopotamie. Les grains d'orge ont un rôle crucial dans l'économie mésopotamienne, qui va au-delà de leur fonction alimentaire : en tant que produit très abondant, très demandé et facile à transporter et à peser, a aussi été un intermédiaire des échanges important, au moins durant les premiers siècles de l'histoire mésopotamienne, même si l'argent reste plus utilisé ; l'orge est le principal mode de paiement via le système des rations alimentaires ; elle est le type de bien qui fait l'objet du plus grand nombre de contrats de prêt ; il en a découlé son rôle en tant qu'étalon de valeur, c'est donc quasiment une forme de monnaie ; l'orge est également essentielle pour l'alimentation du gros bétail et parfois du petit bétail[83].

Le palmier-dattier fournissait une grande variété de produits. Pour l'alimentation, il donne des dattes qui constituent alors l'un des éléments de base de l'alimentation des habitants de la Mésopotamie, et dont le noyau pouvait servir de combustible, ou bien, concassé, d'aliment pour le bétail. On peut de plus en tirer une boisson forte, du vin de palme. Cet arbre fournissait également des matériaux utiles : son bois servait pour des constructions, il pouvait être vidé pour former des canalisations, et les différentes parties de ses palmes pouvaient être utilisées pour confectionner des paniers, des nattes, des cordages, etc.[84]

Les autres productions des champs, des jardins et des vergers étaient généralement destinées à l'alimentation humaine, notamment les légumineuses. Le vin était peu courant, considéré comme une denrée de luxe. Le sésame fournissait l'huile alimentaire, utilisée aussi comme combustible pour lampes ou bien pour les soins corporels et les parfums[85]. Le lin était cultivé pour ses fibres qui étaient utilisées dans l'industrie textile.

« Frise à la laiterie », détail : hommes préparant des laitages. V. 2500 av. J.-C., El-Obeid, British Museum.

Les produits de l'élevage servaient en partie à l'alimentation humaine, mais la viande restait peu consommée, réservée surtout aux élites et aux dieux[86]. Du reste la chasse et la pêche fournissent une part appréciable de l'alimentation carnée. Le lait et les produits laitiers (babeurre, petit-lait, fromage) étaient également présents dans l'alimentation[87]. Le miel semble surtout attesté en Haute Mésopotamie, et la domestication des abeilles étant tardive et peu répandue l'essentiel du miel consommé provient de ruches sauvages[88].

Les produits fournis par les animaux étaient particulièrement importants dans l'artisanat, en premier lieu la laine des moutons qui constituait la base des vêtements des anciens Mésopotamiens. Les poils des chèvres était également utilisé dans le textile, et surtout le cuir de divers animaux qui servait en particulier pour la confection de sacs, outres, éléments de mobilier et armement. La graisse animale pouvait servir de lubrifiant et le fumier de combustible ou de matériau de construction. Plusieurs réalisations artistiques utilisent des produits animaux, mais surtout issus de bêtes chassées (ivoire, corne, os)[89].

Stockage[modifier | modifier le code]

La sécurité alimentaire des anciens Mésopotamiens et aussi l'efficacité de l'artisanat et du commerce dépendaient de la capacité à conserver diverses productions agricoles dans des espaces de stockage. Ces derniers pouvaient être des silos à grains, des greniers, ou bien des magasins. Si nombre d'entre eux ont été dégagés aux périodes proto-historiques, ils sont en revanche peu attestés sur les sites des périodes historiques[90]. En revanche les textes sont très diserts à leur propos, et dans un cas, celui de Shuruppak, sources architecturales et épigraphiques se conjuguent. Il s'agit d'une trentaine de silos à grains semi-enterrés ayant la capacité de contenir de quoi nourrir 20 000 personnes pendant 6 mois suivant les estimations de G. Visicato[91]. Les magasins et autres entrepôts dépendaient surtout des institutions, et étaient regroupés suivant le type de produits qui y étaient stockés. Il était nécessaire de veiller à la bonne conservation des produits, et d'éviter qu'ils ne soient consommés par des bêtes ou dégradés par l'humidité. Les magasins étaient fermés, surveillés et leurs portes et contenants étaient scellés par les administrateurs, qui enregistraient la circulation des produits.

Modalités de circulation[modifier | modifier le code]

Tablette administrative enregistrant la distribution de rations d'orge pour des adultes et des enfants, Girsu, XXIVe siècle av. J.-C..

L'utilisation des produits agricoles se faisait suivant différents procédés impliquant leur circulation, dont la part respective dans l'économie mésopotamienne fait débat.

L'autoconsommation est généralement considérée comme très importante, et sans doute dominante[92]. Les producteurs consommaient eux-mêmes une grande partie de leur production agricole, qu'il s'agisse des petits exploitants, des groupes nomades ou biens des grands domaines, jusqu'aux animaux sacrifiés dans les temples qui proviennent des troupeaux de celui-ci. Cela passait si besoin par une transformation des produits au sein de l'unité économique. Mais l'autoconsommation ne pouvait couvrir les besoins d'aucune institution, même les plus diversifiées, et il convenait d'échanger des produits avec d'autres acteurs économiques. Le troc et le don semblent limités, de même que les pratiques d'échange réciproques. La redistribution des produits par une institution est en revanche très importante. Elle implique que celui qui la coordonne dispose de surplus abondants, d'espaces de stockage, de moyens de gestion et de répartition élaborés. Elle passe essentiellement par le système des rations d'entretien typique de la Mésopotamie antique, qui voit une institution fournir à ses dépendants des produits de base, notamment des céréales, de la laine et de l'huile, mais aussi d'autres denrées (bière, dattes, etc.), les plus élevés dans la hiérarchie de l'institution ayant droit à une part plus importante[93]. Dans les temples, les produits des offrandes faites aux dieux sont également redistribués aux plus hauts dignitaires, ce qui concerne notamment la viande. Parmi les modalités non marchandes de circulation des produits, il convient également de mentionner les transferts forcés, comme le tribut ou le pillage.

En tout état de cause, le système redistributif n'a jamais couvert les besoins vitaux de ceux qui les recevaient, parce que les quantités étaient insuffisantes ou bien parce que les produits donnés ne permettaient pas une alimentation assez diversifiée. Les institutions avaient également recours au marché, par le biais des marchands, pour écouler leurs surplus et obtenir des produits dont elles avaient besoin, notamment ceux issus d'échanges internationaux. Le recours au marché semble doit avoir été une nécessité, surtout pour les habitants des villes dont la maisonnée ne produisait aucune denrée alimentaire. Cela se faisait dans des lieux d'échanges dont la nature est difficile à déterminer car les sources ne les évoquent quasiment pas : les rues, les portes des villes semblent avoir joué ce type de rôle, mais cela reste difficile à déterminer. Quoi qu'il en soit, il y avait au moins à une échelle locale (une ville et son arrière-pays agricole) des mécanismes de marché influant sur les prix des denrées agricoles de base en fonction de leur disponibilité sur le marché, qui varient généralement selon les saisons et la conjoncture agricole. Si les autorités tentent parfois de légiférer sur les prix, il s'agit surtout de mesures indicatives, vu qu'elles ne sont probablement pas en mesure d'assurer une fixité des prix[94],[95].

La circulation des produits agricoles pouvait se faire par voie de terre, à dos d'animaux ou bien sur des chariots, et par voie navigable, les canaux étant un moyen essentiel d'approvisionnement des villes, surtout au sud[94]. Les denrées agricoles circulaient essentiellement au niveau local en raison du coût élevé de leur transport, et du fait que les villes disposaient en général d'un arrière-pays agricole suffisant à leur approvisionnement de base. Cela se faisait beaucoup dans le cadre du système redistributif des institutions : l'administration du palais du gouverneur de Nuzi organise ainsi des déplacements de cargaisons de grains entre divers lieux du royaume d'Arrapha, pour des trajets excédant rarement cinq jours[96]. Mais cette circulation pouvait aussi se faire par le biais du commerce comme dans le cas de certains notables urbains de la Babylonie récente achetant les produits agricoles à des producteurs ruraux n'ayant pas les moyens de les écouler eux-mêmes pour ensuite les amener sur les marchés urbains[97]. Certains produits ont pu avoir occasionnellement une circulation à une échelle régionale, notamment les dattes et le sésame, ou bien les animaux qui étaient amenés vivants sur un lieu d'abattage éloigné. Le commerce à longue distance concerne surtout des produits se conservant longtemps et de qualité, dont le prix élevé couvre les frais de transport : le vin, l'huile d'olive, ou le miel (surtout des importations du point de vue mésopotamien). Ils sont avant tout destinés aux palais et aux temples[98]. Les produits de l'élevage pouvaient circuler plus aisément sur de longues distances, mais il n'était que rarement nécessaire de le faire, la laine étant produite à côté des lieux de consommation, de même que le cuir et les peaux en général[99].

Références[modifier | modifier le code]

  1. S. Lafont, « Fief et féodalité dans le Proche-Orient ancien », dans J.-P. Poly et E. Bournazel (dir.), Les féodalités, Paris, 1998, p. 515-630
  2. Van de Mieroop 1999, p. 111-114 - Graslin-Thomé 2009, p. 106-109. (it) C. Zaccagnini, « Modo di produzione asiatico e Vicino Oriente antico. Appunti per una discussione », dans Dialoghi di archeologia NS 3/3, 1981, p. 3-65.
  3. Van de Mieroop 1999, p. 115 - Graslin-Thomé 2009, p. 102-106
  4. (en) J. D. Schloen, The House of the Father as Fact and Symbol: Patrimonialism in Ugarit and the Ancient Near East, Winona Lake, 2001.
  5. Van de Mieroop 1999, p. 120-123 - Graslin-Thomé 2009, p. 119-131
  6. Sur les apports de Polanyi aux études assyriologiques, voir les articles de P. Clancier, F. Joannès, P. Rouillard et A. Tenu (dir.), Autour de Polanyi, Vocabulaires, théories et modalités des échanges. Nanterre, 12-14 juin 2004, Paris, 2005
  7. Van de Mieroop 1999, p. 116-118 - Graslin-Thomé 2009, p. 110-118
  8. Cf. par exemple ses synthèses suivantes : (en) J. Renger, « Trade and Market in the Ancient Near East: Theoretical and Factual Implications », dans C. Zaccagnini (dir.), Mercanti e politica nel mondo antico, Rome, 2003, p. 15-40 et (en) Id., « Economy of Ancient Mesopotamia: A General Outline », dans Leick (dir.) 2007, p. 187-197
  9. Van de Mieroop 1999, p. 120-121
  10. A. L. Oppenheim, La Mésopotamie, Portrait d'une civilisation, Paris, 1970, p. 108-122
  11. (en) G. van Driel, « The Mesopotamian North: Land Use, An Attempt », dans Jas (dir.) 2000, p. 282-285
  12. Lafont 1999 col. 160-162
  13. (en) J. F. Robertson, « The Social and Economic Organization of Ancient Mesopotamian Temples », dans Sasson (dir.) 1995, p. 443-454 - Postgate 1992, p. 109-136 - F. Joannès, « Administration des temples », dans Joannès (dir.) 2001, p. 9-11
  14. a et b Voir plus largement les réflexions posées dans (en) G. van Driel, « Capital Formation and Investment in an Institutional Context in Ancient Mesopotamia », dans J. G. Dercksen, Trade and Finance in Ancient Mesopotamia, Istanbul, 1999, p. 25-42
  15. (en) J. N. Postgate, « Land Tenure in the Middle Assyrian Period: A Reconstruction », dans Postgate 2007, p. 14-18
  16. Charpin 2003, p. 249-269
  17. (en) W. Sallaberger, « The Palace and the Temple in Babylonia », dans Leick (dir.) 2007, p. 265-275
  18. Pour Joannès 2000, p. 112, il s'agit des « véritable(s) moteur(s) de l'économie babylonienne ».
  19. Cf. (en) G. van Driel, « Private or not so Private?: Nippur Ur III Files », dans H. Gasche (dir.), Cinquante-deux réflexions sur le Proche-Orient Ancien' offertes en hommage à Léon de Meyer, Louvain, 1995, p. 181–191 ; (en) P. Steinkeller, « Toward a Definition of Private Economic Activity in Third Millennium Babylonia », dans R. Rollinger et C. Ulf (dir.), Commerce and Monetary Systems in the Ancient World: Means of Transmission and Cultural Interaction, Stuttgart, 2004, p. 91-111.
  20. Postgate 1992, p. 183-184 - Lafont 1999 col. 185-187 - Charpin 2003, p. 259-261
  21. Lafont et al. 2017, p. 3378-381
  22. Cf. par exemple (en) J. N. Postgate, « The Ownership and Exploitation of Land in Assyria in the 1st Millennium BC », dans Postgate 2007, p. 183-185. Sur les biens communaux voir notamment D. Charpin, « Chroniques bibliographiques 5. Économie et société à Sippar et en Babylonie du Nord à l'époque paléo-babylonienne », dans Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale 2005/1 (Vol. 99), p. 134-145.
  23. Mais cela concerne surtout l'espace syrien, cf. entre autres M. Liverani, « Communautés rurales dans la Syrie du IIe millénaire a.C. », dans Les communautés rurales — Rural Communities II: Antiquité — Antiquity, Recueils de la Société Jean Bodin pour l'Histoire comparative des Institutions 41, Paris, Dessain et Tolra, 1983, p. 147-185.
  24. Lafont 1999 col. 178 - Charpin 2003, p. 269-270 - H. Reculeau, « Tell Hariri, V. II. Les sédentaires », dans Supplément au dictionnaire de la Bible 14, 2009, col. 333-337. Sur le concept de maisonnée appliqué plus largement au Proche-Orient ancien, voir (en) J. D. Schloen, The House of the Father as Fact and Symbol: Patrimonialism in Ugarit and the Ancient Near East, Winona Lake, 2001.
  25. Voir cependant les mises au point utiles suivantes : F. Joannès, « Hiérarchie sociale », dans Joannès (dir.) 2001, p. 384-388 - Lafont 1999 col. 187-193 - (en) P. Charvát, « Social Configurations in Early Dynastic Babylonia (c. 2500-2334 B.C.) », dans Leick (dir.) 2007, p. 251-264.
  26. a et b Charpin 2003, p. 223. R. Westbrook, « Old Babylonian Period », dans Westbrook (dir.) 2003, p. 377-379
  27. a et b (en) S. Lafont, « Middle Assyrian Period », dans Westbrook (dir.) 2003, p. 531-532
  28. Voir à ce sujet : S. Démare-Lafont, « Les inégalités sociales en Mésopotamie : quelques précautions de vocabulaire », dans Droit et cultures 69/1, 2015, p. 75-87 lire en ligne
  29. (en) S. Lafont, « Middle Assyrian Period », dans Westbrook (dir.) 2003, p. 532-533
  30. F. Joannès, « Oblats », dans Joannès (dir.) 2001, p. 600-601 ; id., « La dépendance rurale en Babylonie, VIIe-IVe siècle av. J.-C. », dans Menu (dir.) 2004, p. 239-251
  31. F. Joannès, « Esclaves », dans Joannès (dir.) 2001, p. 306-310
  32. (en) C. Wunsch, « The Egibi Family », dans Leick (dir.) 2007, p. 236-247
  33. F. Joannès et N. Ziegler, « Nomades », dans Joannès (dir.) 2001, p. 587-590. (en) J. N. Postgate, « The Economic Structure of the Assyrian Empire », dans Postgate 2007, p. 75-76 pour un modèle utile des relations entre nomades, agriculteurs sédentaires et villes.
  34. Postgate 1992, p. 186-187 - Lafont 1999, col. 180-182
  35. (en) B. Lafont, « Irrigation Agriculture in Mari », dans Jas (dir.) 2000, p. 139-140
  36. (en) F. A. M. Wiggerman, « Agriculture in the Northern Balikh Valley, The Case of Middle Assyrian Tell Sabi Abyad », dans Jas (dir.) 2000, p. 179-183
  37. a et b (en) M. Jursa, « The Babylonian Economy in the First Millennium B.C. » dans Leick (dir.) 2007, p. 225-227
  38. S. Lafont, « Ilku », dans Joannès (dir.) 2001, p. 408-409
  39. Joannès 2000, p. 149-151
  40. (en) J. N. Postgate, « The Ownership and Exploitation of Land in Assyria in the 1st Millennium BC », dans Postgate 2007, p. 187-188
  41. F. Joannès, « Prébendes », dans Joannès (dir.) 2001, p. 677-679
  42. Postgate 1992, p. 184-185 - S. Lafont, « Fermage », dans Joannès (dir.) 2001, p. 331-333
  43. À partir de (en) M. Roth, Law Collections from Mesopotamia and Asia Minor, Atlanta, 1997, p. 93.
  44. F. Joannès, « Les droits sur l'eau en Babylonie récente », dans Annales, Histoire, Sciences Sociales 57/3, 2002, p. 589
  45. (en) W. Heimpel, « Plow animal inspection records from Ur III Girsu and Umma », dans BSA 8, 1995, p.  101-102. L'absence des peaux ne permet pas de justifier que les animaux aient disparu pour des raisons naturelles ou accidentelles impliquant leur remplacement par l'institution, et laisse la possibilité qu'ils aient disparu pour cause négligence ou usage pour un intérêt personnel par les agents de l'institution (vente, utilisation sur leurs exploitations familiales). La compensation pour ces disparitions est donc à la charge du scribe gérant le domaine.
  46. B. Lion et C. Michel, « Élevage », dans Joannès (dir.) 2001, p. 276-279
  47. Postgate 1992, p. 92-96
  48. S. Lafont, « Vente », dans Joannès (dir.) 2001, p. 907-908
  49. S. Lafont, « Donations royales », dans Joannès (dir.) 2001, p. 245-246 ; B. Lion, « Kudurru », dans Joannès (dir.) 2001, p. 451-452
  50. S. Lafont, « Prêt », dans Joannès (dir.) 2001, p. 679-681
  51. (en) P. Steinkeller, « Lending Practices in Ur III Babylonia: The Issue of Economic Motivation », dans M. Hudson and M. Van De Mieroop (dir.), Debt and Economic Renewal in the Ancient Near East,Bethesda, 2002, p. 109-37.
  52. D. Charpin, « Andurâru », dans Joannès (dir.) 2001, p. 48-49
  53. F. Joannès, « Location », dans Joannès (dir.) 2001, p. 478-480
  54. a et b S. Lafont, « Corvée », dans Joannès (dir.) 2001, p. 205
  55. (en) G. van Driel, « Land in Ancient Mesopotamia: “That What Remains Undocumented Does Not Exist” », dans B. Haring et R. de Maaijer (dir.), Landless and Hungry? Access to Land in Early and Traditional Societies, Leyde, 1998, p. 19-49
  56. Potts 1997, p. 73-79
  57. X. Faivre, « Outils », dans Joannès (dir.) 2001, p. 608
  58. S. Lafont, « Taxes », dans Joannès (dir.) 2001, p. 833-835
  59. S. Lafont, « Franchises », dans Joannès (dir.) 2001, p. 343-344
  60. (en) J. N. Postgate, « The Ownership and Exploitation of Land in Assyria in the 1st Millennium BC », dans Postgate 2007, p. 189-192
  61. J.-M. Durand, Les Documents épistolaires du palais de Mari, Tome II, Paris, 1998, p. 601-602
  62. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées irr
  63. a et b B. Lafont, « Eau, pouvoir et société dans l'Orient ancien : approches théoriques, travaux de terrain et documentation écrite », dans M. Mouton et M. Dbiyat (dir.), Stratégies d'acquisition de l'eau et société au Moyen-Orient depuis l'Antiquité : études de cas, Beyrouth, 2009, p. 11-23 https://books.openedition.org/ifpo/1256
  64. K. A. Wittfogel, Le Despotisme oriental, Étude comparative du pouvoir total, Paris, 1964
  65. J.-D. Forest, « Le rôle de l'irrigation dans la dynamique évolutive en Mésopotamie », dans Archéo-Nil 5, 1995, p. 67-77 [lire en ligne]. Plusieurs contributions sur le sujet dans Annales, Histoire, Sciences Sociales 57/3, 2002, intitulée Politiques et contrôle de l'eau dans le Moyen-Orient ancien.
  66. a et b Postgate 1992, p. 188-190 - Lafont 1999 col. 196-197
  67. (en) B. Hruška, « Agricultural Techniques », dans Leick (dir.) 2007, p. 62-63 - (en) F. A. M. Wiggermann, « Agriculture in the Northern Balikh Valley, The Case of Middle Assyrian Tell Sabi Abyad », dans Jas (dir.) 2007, p. 229.
  68. (en) H. Reculeau, « On Some Metrological Issues Affecting Yield Estimates in Second-Millennium BCE Upper Mesopotamia », dans Journal of Cuneiform Studies 70, 2018, p. 87-114.
  69. Par exemple (en) G. Algaze, Ancient Mesopotamia at the Dawn of Civilization, The Evolution of an Urban Landscape, Chicago, 2008, p. 40-49
  70. (en) R. McC. Adams, Heartland of Cities, Surveys of Ancient Settlement and Land Use on the Central Floodplain of the Euphrates, Chicago, 1981, p. 243
  71. Cf. par exemple (en) K. Radner, « How did the Neo-Assyrian King Perceive his Land and its Resources ? », dans Jas (dir.) 2000, p. 233-246
  72. (en) T. J. Wilkinson, J. Ur, E. Barbanes Wilkinson et M. Altaweel, « Landscape and Settlement in the Neo-Assyrian Empire », dans Bulletin of the American Schools of Oriental Research 340, 2005, p. 27-32 et 41-44
  73. N. Ziegler, « Famine », dans Joannès (dir.) 2001, p. 329-330
  74. (en) M. Jursa, « Babylonia in the first millennium BCE - economic growth in times of empire », dans L. Neal et J. G. Williamson (dir.), The Cambridge History of Capitalism, Volume 1. The Rise of Capitalism: From Ancient Origins to 1848, Cambridge, 2014, p. 24-42
  75. (en) J. Renger, « Economy of Ancient Mesopotamia: A General Outline », dans Leick (dir.) 2007, p. 194
  76. Par exemple : C. Kuzucuoğlu et C. Marro (dir.), Sociétés humaines et changement climatique à la fin du troisième millénaire: une crise a-t-elle eu lieu en Haute Mésopotamie ? Actes du Colloque de Lyon (5-8 décembre 2005), Istanbul, coll. « Varia Anatolica » (no 19), (lire en ligne)
  77. (en) H. Farber, « Was land in Babylonia during the reign of Hammu-rabi a good investment? », dans NABU 2022/2, n°54, p. 118-119.
  78. Joannès 2000, p. 109-110
  79. Graslin-Thomé 2009, p. 147
  80. (en) H. Farber, « Cost of living », dans NABU 2022/3, n°96, p. 209-212.
  81. Voir à ce sujet les mises au point de (en) F. Reynolds, « Food and Drink in Babylonia », dans G. Leick (dir.), The Babylonian World, Londres et New York, 2007, p. 179-180 ; J. Bottéro, La plus vieille cuisine au monde, Paris, 2002
  82. Potts 1997, p. 91-121 présente les différentes matières premières utilisés dans l'artisanat provenant de Mésopotamie, animales, végétales ou minérales.
  83. (en) J. M. Renfrew, « Vegetables in the Ancient Near Eastern Diet », dans Sasson (dir.) 1995, p. 195-199 - B. Lion et C. Michel, « Céréales », dans Joannès (dir.) 2001, p. 174
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  85. C. Michel, « Huile », dans Joannès (dir.) 2001, p. 395-396
  86. F. Joannès, « Viande », dans Joannès (dir.) 2001, p. 911-913
  87. C. Michel, « Lait et produits laitiers », dans Joannès (dir.) 2001, p. 458-459
  88. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées miel
  89. E. Vila, « Un élevage à grande échelle », dans P. Bordreuil, F. Briquel-Chatonnet et C. Michel, Les débuts de l'Histoire, le Proche-Orient, de l'invention de l'écriture à la naissance du monothéisme, Paris, 2008, p. 28-29
  90. M. Sauvage, « Entrepôt », dans Joannès (dir.) 2001, p. 288-289
  91. G. Visicato, « Archéologie et documents écrits: les « silos » et les textes sur l'orge de Fara », dans Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale 87, 1993, p. 83-85
  92. Graslin-Thomé 2009, p. 132-148
  93. F. Joannès, « Rations d'entretien », dans Joannès (dir.) 2001, p. 707-709
  94. a et b (en) M. Van de Mieroop, The Mesopotamian City, Oxford, 1997, p. 143-158
  95. Graslin-Thomé 2009, p. 148-163. Voir aussi P. Vargyas, « La monétisation de l'économie rurale en Babylonie et en Égypte pendant le Ier millénaire av. J.-C. », dans Menu (dir.) 2004, p. 109-120
  96. (en) J. C. Fincke, « Transport of Agricultural Produce in Arrapḫe », dans Jas (dir.) 2007, p. 147-169
  97. Joannès 2000, p. 111
  98. Graslin-Thomé 2009, p. 271-276
  99. Graslin-Thomé 2009, p. 204-205 et 211-212