Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Flavia Domitilla (sainte chrétienne)

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Michel Abada/Article en cours de modification/Flavia Domitilla (sainte chrétienne)
Sainte Domitille en compagnie de St Achille et St Nérée, huile de Niccolò Pomarancio (1598-99) pour l'église Santi Nereo e Achilleo, à Rome.
Sainte Domitille en compagnie de St Maur et St Grégoire (Pierre Paul Rubens)

Flavia Domitilla ou sainte Domitille, est une membre de la famille impériale romaine des Flaviens, morte après 95, considérée comme une sainte par les Églises catholique et orthodoxe qui la fêtent le 7 mai.

Toutefois l'histoire hésite à la fois sur son identité précise et entre deux Flavia Domitilla au sujet de son identité exacte. De nombreux auteurs chrétiens antiques dont les plus anciens sont Eusèbe de Césarée, puis Jérôme de Stridon IVe siècle. D'autres sources antiques précisent qu'elle était la fille de Plautilla qui aurait été présente lors de l'exécution de l'apôtre Paul de Tarse à Rome en 67-68.

Selon la tradition chrétienne[modifier | modifier le code]

Chez Eusèbe de Césarée[modifier | modifier le code]

Eusèbe de Césarée[1] écrit « les écrivains étrangers à notre croyance n'hésitent pas à rapporter dans leurs histoires la persécution et les martyres qu'elle provoqua. Ils en fixent la date avec exactitude ; ils racontent que dans la quinzième année de Domitien (96), avec beaucoup d'autres, Flavia Domitilla elle-même, fille d'une sœur de Flavius Clémens, alors un des consuls de Rome, fut reléguée dans l'île Pontia en punition de ce qu'elle avait rendu témoignage au Christ[2]. »

Chez Jérôme de Stridon et Georges le Syncelle[modifier | modifier le code]

Jérôme de Stridon (Saint Jérôme) et Georges le Syncelle reprennent les mêmes informations qu'Eusèbe de Césarée mais ils ajoutent que parmi « les écrivains étrangers à notre croyance » dont parle Eusèbe, un auteur nommé Bruttius (Βρέττιος) rapporte ce fait[3]. On l'a identifié avec Bruttius Præsens, un auteur du IIIe siècle dont d'ailleurs la famille semble avoir possédé une propriété confinant à celle de Domitilla, femme de Clemens (Catacombes de Domitilla)[4]. Alors que ces deux auteurs font bien référence à un auteur païen, ils parlent bien d'une descendante de la sœur du consul Flavius Clemens — selon lui la petite fille de cette femme[5] — et pas de la femme du consul. Il mentionne aussi l'exil dans « l'île de Pontia » et pas dans celle de Pandateria, tout comme Eusèbe de Césarée. Cela semble conduire au fait que si erreur il y avait, tous les auteurs chrétiens se tromperaient car ils se référeraient tous à une erreur faite par Bruttius.

Jérôme de Stridon rapporte aussi qu'à son époque (IVe siècle), les chrétiens et en particulier ceux qui passaient par Rome avaient coutume d'aller sur l'île de Pontia pour voir la cellule où la sainte Flavia Domitilla été censée avoir passé son exil dans l'île[6],[7]

Dans les Actes des martyres de Flavia Domitilla et de Nérée et Achillée[modifier | modifier le code]

Selon les Actes des martyres de la vierge sainte Flavia Domitilla et des saints Nérée et Achillée, elle aurait été convertie au christianisme par l'apôtre Pierre, en même temps que sa mère Plautilla et que Nérée et Achillée, juste avant que Pierre quitte Rome. Ils apprirent par la suite qu'il avait été exécuté. Après la mort de sa mère Plautilla, Domitilla aurait été promise en mariage au fils d'un sénateur appelé Aurélien. Pour se soustraire à cette obligation de se marier, Nérée et Achilée lui aurait exposé qu'il lui était possible de se consacrer à Dieu et d'être ainsi mariée à Jésus Christ. Elle décide alors de devenir une vierge consacrée à Dieu et Nérée et Achillée vont trouver l'évêque Clément de Rome pour qu'il effectue la cérémonie de consécration, car elle avait « demandé à être consacrée vierge, et à recevoir le voile saint de la virginité » des mains même de Clément. Pour se présenter à lui, ils lui indiquent qu'ils étaient auparavant au service de Plautilla qui était une demi-sœur du « consul Clément » qui lui-même était un demi-frère du père de Clément de Rome. « Le saint évêque Clément vint donc trouver Domitilla et la consacra vierge du Christ. »

Toutefois, Aurélien ne se laissa pas arrêter par cette consécration chrétienne, qui ne doit avoir aucune valeur à ses yeux. « Il obtint de l'empereur Domitien que, si elle refusait de sacrifier, elle serait envoyée en exil dans l'île de Puntia. » Il y envoie aussi Nérée et Achillée. Il leur demande alors en leur offrant de riches présents de convaincre Domitilla de revenir sur son vœu. Toutefois les deux hommes refusent. Ils sont alors transférés à Terracina (100 km au sud-est de Rome), où ils sont remis aux mains du consulaire Memmius Rufus. Ils sont alors durement torturé, mais refusent toujours de sacrifier aux idoles, car ils ont été baptisés par l'apôtre Pierre lui-même. « On finit par leur trancher la tête. »

Domitilla refuse toujours d'épouser Aurélien car elle est désormais conseillée par trois autres chrétiens: « Eutychès, Victorinus et Maro ». Ceux-ci sont donc envoyés réaliser de très durs travaux et finissent par être exécutés eux-aussi, car Aurélien a obtenu de « l'empereur Nerva (septembre 96 - janvier 98) [qu'il] lui abandonne ces trois chrétiens, s'ils ne voulaient pas sacrifier aux idoles. »

Aurélien prive alors Domitilla de tous les chrétiens de son entourage et la ramène de l'île Pontia dans une de ses propriétés à Terracina. Après de nouvelles péripéties, Aurélien finit par être tué miraculeusement par l'intervention du ciel. Le frère d'Aurélien appelé Luxurius obtient alors de l'empereur Trajan qui vient d'entrer en fonction à la fin janvier 98, « un plein pouvoir pour contraindre tous ces chrétiens à sacrifier aux idoles ou pour les faire périr dans des supplices de son choix, s'ils refusaient[8]. »

En conséquence, Luxurius fait trancher la tête de deux des amis d'Aurélien par le préfet de la ville, car ils refusent de sacrifier aux idoles. Il va ensuite, incendier la maison où se trouve Domitilla avec deux « de ses sœurs de lait » qui se sont également converties au christianisme.

Dans le martyrologe romain[modifier | modifier le code]

Dans le Martyrologe romain, Domitille, vierge et martyre, est mentionnée à six reprises, ce qui peut sembler étonnant:

  • 7 mai : jour du martyre de Flavia Domitilla, nièce du consul Flavius Clemens et vierge consacrée, qui après un long exil dans l'île de Pontia a été emmenée à Terracina où on l'a tuée en encendiant la chambre où elle dormait avec les vierges Euphrosyne et Théodora[9] ;
  • 12 mai : Domitille célébrée en même temps que Nérée et Achillée ;
  • 20 mai : mémoire de sainte Plautille ou Plautilla, mère de Domitille et disciple des apôtres ;
  • 22 juin : Domitille est mentionnée à propos de son oncle, le saint consul martyr Flavius Clemens, dont on célèbre la translation des reliques ;
  • 20 avril : les saints martyrs Sulpitius et Servilianus furent convertis à la foi chrétienne par Domitille ;
  • 15 avril : Domitille est exilée avec les saints « Eutychès, Victorin[us] et Maro[n] », dont on commémore le martyre à cette date.

À la date du 20 mai, le Martyrologe, publié par le pape Grégoire XIII en 1583, précise que « sainte Plautilla, mère de Flavia Domitilla, qui avait été baptisée par saint Pierre[9] » a connu une « mort paisible[9] ». Ce qui veut probablement dire qu'elle a été martyre du fait de son témoignage devant les tribunaux romains, mais qu'elle n'a pas été exécutée et est morte de mort naturelle, comme on le trouve pour d'autres martyres avant 150. En revanche, selon le même martyrologe, Flavia Domitilla, nièce du consul Clemens a bien été exécutée, contrairement à la femme de Titus Flavius Clemens[9].

Il semble que pendant les premiers siècles du christianisme, Flavia Domitilla, sa mère Plautilla, Nérée et Achillée et les autres martyrs ou convertis aient été des personnages largement mis en avant, au moins pour prouver la prédication à Rome de l'apôtre Pierre qui manque cruellement d'attestations. Flavia Domitilla fut considérée comme une sainte par l'Église catholique jusqu'à 1969, année où il fut décidé que cet honneur n'était pas fondé[10]. Après avoir hésité à la faire disparaître totalement, l'édition de 2001 du Martyrologe romain, révisée selon le décret du IIe concile œcuménique du Vatican, on ne trouve plus aucune des cinq mentions de Domitilla en lien avec d'autres saints[11]. Sa mère Plautilla disparaît totalement, ainsi que les vierges Euphrosyne et Théodora qui ont été tuées avec elle et les martyrs « Eutychès, Victorin[us] et Maro[n] » qui ont été exécutés pour avoir refusé de la convaincre d'abandonner son vœu.

De même, pour Nérée et Achillée le 12 mai, l'Église catholique privilégie deux autres saints portant les mêmes noms, morts en 304, mais au sujet desquels on ne sait quasiment rien et qui n'ont bien entendu rien à voir avec les deux chambellans de Plautilla puis de Flavia Domitilla, exécutés vers 97-98. De très nombreux textes chrétiens mentionnent que Nérée et Achillée, les chambellans de Flavia Domitilla, ont été martyrisés. À part dans les martyrologes, on trouve aussi le nom de Flavia Domitilla associée à ses deux chambellans à la date de leur fête le 12 juin dans des calendriers et notamment ceux directement établis sous l'autorité des Papes. Ainsi le calendrier romain tridentin publié par le pape Clément VIII en 1604 indique comme saints du jour « Saints Nérée, Achillée, Domitilla vierge, et Pancrace martyrs[12]», indication que donne encore le calendrier romain général 1960[13],[14]. La suppression du nom de Domitilla, associé à Nérée et Achillée, montre la préférence de l'église catholique pour que les chambellans de Domitilla ne soient plus célébrés et qu'à leur place soit célébrés les deux personnages mort en 304, dont on ne sait quasiment rien. Ainsi, les écrits provenant directement de cette institution ne parlent plus à la date du 12 juin que des Nérée et Achillée mort en 304, en mélangeant parfois cela avec la mention que « selon une autre version de la légende[15] » « ils auraient été exilés en même temps que Flavia Domitilla[15]. »

Identification[modifier | modifier le code]

Eusèbe parle d'une Flavia Domitilla qui est la « fille d'une sœur de Flavius Clémens, alors un des consuls de Rome », alors que la Flavia Domitilla dont parle Dion Cassius est la femme du consul Flavius Clemens[16]. Est-il vraisemblable que si la Flavia Domitilla dont parle Eusèbe avait été mariée avec le consul Flavius Clémens, il se soit contenté de dire que c'était sa nièce, sans dire qu'il l'avait épousée ? Eusèbe de Césarée ainsi que d'autres auteurs chrétiens comme Jérôme de Stridon (saint Jérôme) affirment que Flavia Domitilla était la nièce du consul Flavius Clemens et qu'elle fut exilée à l'île de Pontia[17]. Jérôme affirme même qu'à son époque on allait encore visiter dans l’île de Pontia la demeure illustre de la noble exilée[17]. Toutes les autres sources chrétiennes comme les Actes des martyres de la vierge sainte Flavia Domitilla et des saints Nérée et Achillée ou le Martyrologe romain disent que la vierge Flavia Domitilla a été exilée sur l'île de Pontia[18] et pas sur l'île de Pandateria où selon Dion Cassius la femme du consul a été exilée.

De même, dans les Actes des martyres ou le Martyrologe romain, la sainte Flavia Domitilla n'a pas du tout le même profil que la femme du consul. En effet, la sainte Flavia Domitilla se fait consacrer à Dieu par Clément de Rome pour échapper à un mariage avec le fils d'un sénateur, appelé Aurélien. Il s'agit d'une jeune fille qui n'a jamais épousé personne et qui décide de rester vierge malgré toutes les pressions exercées sur elle. Elle est exécutée à Terracina, environ trois ans après avoir prononcé son vœu, par le frère d'Aurélien qui vient incendier la maison où elle est recluse avec deux autres jeunes vierges chrétiennes, car l'empereur Trajan l'a autorisé à exécuter tous ceux qui dans cette affaire refuseront de sacrifier aux Dieux romains. Au contraire, la femme de Titus Flavius Clemens est mariée lorsqu'elle est arrêté et elle a eu sept enfants[19], dont deux des fils ont été ouvertement reconnus comme ses successeurs par Domitien[20]. La femme du Consul a donc un profil qui n'a rien à voir avec une jeune vierge consacrée à Dieu. De plus, elle est seulement exilée sur l'île de Pandateria et Dion Cassius précise bien que contrairement à son mari, elle n'a pas été tuée, alors que la nièce du consul est déclarée martyr dans toutes les sources.

Dans les Actes des martyres, la nièce du « consul Clemens » est une fille d'une femme appelée Plautilla, or on connaît le nom de la mère de la femme du Titus Flavius Clemens, c'est une sœur de Titus et Vespasien, elle aussi appelée Flavia Domitilla et que les historiens ont pris l'habitude d'appeler Domitilla la Jeune pour la distinguer des autres Flavia Domitilla. Ni dans les écrits, ni dans les inscriptions épigraphiques[21], il n'y a le moindre indice que cette Flavia Domitilla ait pu aussi être appelée Plautilla.

Enfin, la mère de la femme de Titus Flavius Clemens, ne peut pas être une demi-sœur du consul, comme c'est indiqué pour Plautilla dans toutes les sources. Car c'est une sœur de Titus et Domitien ayant les deux mêmes parents qu'eux. C'est-à-dire l'empereur Vespasien et sa femme appelée Domitilla l'Aînée, pour la distinguer elle aussi des autres Flavia Domitilla. Or, il est certains que Titus Flavius Clemens n'est pas frère des empereurs Titus et Domitien et n'est pas un fils de Vespasien.

Il apparaît donc, que ces deux Flavia Domitilla sont deux personnes différentes, appartenant toutes deux à la famille flavienne. Cela n'a rien d'étonnant car, à part elles, l'histoire a retenu trois autres Flavia Domitilla vivant à la même époque et appartenant toutes à la famille flavienne. De même, on note dans la famille l'existence de quatre Titus Flavius Sabinus. Cela étant en accord avec la façon dont étaient attribués les noms dans les familles romaines.

Reliquat[modifier | modifier le code]

en parlent dont le plus ancien est un texte d'Actes de martyrs dont le texte grec est perdu mais qui est connu par une version en latin datant des Ve – VIe siècle. Elle pourrait être la fille de Domitilla la Jeune, donc petite fille de Vespasien et nièce de Titus et Domitien épouse de son cousin Titus Flavius Clemens, mentionnée chez Suétone et Dion Cassius. Mais les sources chrétiennes antiques se réfèrent à une sainte Flavia Domitilla qui aurait été la nièce du consul Titus Flavius Clemens et non pas sa femme. Il est donc possible qu'il y ait deux Flavia Domitilla, toutes deux converties à la forme de judaïsme que l'on commence déjà à appeler christianisme à cette époque: l'une étant la femme du consul qui aurait seulement été exilée sur l'île Pandateria en 95, l'autre qui aurait été sa nièce qui aurait été exilée sur l'île de Pontia l'année suivante (toutes deux des Îles Pontines), puis exécutée au début du règne de Trajan.

Arbre généalogique[modifier | modifier le code]

Selon les sources chrétiennes antiques[modifier | modifier le code]

 
 
Homme ou femme inconnu
 
 
 
Homme ou femme inconnu
 
 
 
Homme ou femme inconnu
 
 
 
Homme ou femme inconnu
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Sénateur inconnu
 
Plautilla
 
 
 
« Consul Clemens »
 
 
Faustus/Faustinianus (sénateur)
 
Matthidie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Aquila p.e. Aquila des Actes des Apôtres
 
Nicétas
 
Clément de Rome


|INCONNU1=Titus Flavius Sabinus |INCONNU2=empereur Titus
(30 déc. 3913 sept. 81) |INCONNU3=empereur Domitien |INCONNU4=Domitilla la Jeune}}

 
 
 

Titus Flavius Petro
(fl Ier siècle av. J.-C.)

 
 
 

Tertulla, fille de Tertullus

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Vespasia Polla (en)

 

Titus Flavius Sabinus
(env. 20 av. J.-C. - fl Ier siècle av. J.-C.)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 

Titus Flavius Sabinus

 

empereur Vespasien
( – † )

 
 
 

Domitilla l'Aînée

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Les Catacombes de Domitilla[modifier | modifier le code]

À proximité des catacombes de San Callisto à Rome, sur la Via Ardeatina se trouvent les immenses catacombes de Domitilla composées de 12 kilomètres de galeries souterraines[22].

Les Catacombes de Domitilla sont le plus ancien des réseaux funéraires souterrains de Rome[22] et les seules à contenir encore des ossements. Elles sont aussi les mieux conservées et l'une des plus vastes de toutes. « Elles fournissent également un aperçu étendu de toutes les phases et phénomènes d'une nécropole paléochrétienne[22]. » On y trouve notamment une fresque de la Dernière Cène datant du IIe siècle. Des tombes païennes isolées et des sépultures anonymes de la communauté chrétienne ont contribué à former un immense réseau de galeries au IVe siècle.

L'accès aux catacombes est possible en contrebas de l'église antique située 280 via delle Sette Chiese. Elles ont été redécouvertes en 1593 et une grande partie a été restaurée en 1870. Une campagne de relevés archéologiques a eu lieu de 2006 à 2009, sous la direction de N. Zimmerman. Une reconstitution partielle en 3D de ces catacombes a été réalisée à partir de ces relevés[23].

La basilique des saints Nérée et Achillée[modifier | modifier le code]

À la fin du XIXe siècle, Giovanni Battista De Rossi a mis au jour une basilique semi-souterraine consacrée aux saints Nérée et Achillée, les chambellans de la « vierge Flavia Domitilla ». Il a aussi trouvé des indications, notamment une fresque qui montrent que la sépulture de Sainte Pétronille, elle aussi appartenant à la famille flavienne, se trouvait dans cette catacombe[24]. C'est notamment ce que disent aussi plusieurs textes chrétiens.

Ainsi dans les Actes des martyres de la vierge sainte Flavia Domitilla et des saints Nérée et Achillée on lit qu'un certains Auspicius emmena le corps de Nérée et Achillée à Rome et « vint les ensevelir dans l'arenarium de la maison de campagne de Domitilla, sur la voie Ardéatine, à un mille et demi des murs de la ville, non loin du tombeau de Pétronilla, la « fille » de l'apôtre Pierre[25]. » L'expression fille de l'apôtre Pierre, doit s'entendre comme une « fille spirituelle » de Pierre. Petronille portait en effet ce nom comme descendante de Titus Flavius Petro dont le cognomen est Pierre (Petro), le grand-père de l'empereur Vespasien[26]

La crypte où furent enterrés les saints Nérée et Achillée devint un sanctuaire qui après avoir connu trois phases structurelles devint une basilique semi-souterraine munie de trois nefs, une abside et un narthex[27]. La datation de la basilique à la fin du IVe siècle telle que G. B. De Rossi l'avait faite en s'appuyant sur un graffito et une épitaphe est en général acceptée[28],[29]. Pergola appuie ce point de vue en analysant les relations topographiques de la basilique avec le réseau de galeries de la catacombe[30]. Malheureusement les deux précédentes phases structurelles de cette basilique n'ont pas fait l'objet de fouilles jusqu'à présent[27]. Plusieurs critiques ont noté qu'elle est disposée selon un modèle juif[31],[32], ce qui correspond au caractère judéo-chrétien de l'église de Rome[33] à la fin du Ier siècle, à une époque où le judaïsme et le christianisme ne sont pas encore séparés[34] et correspond particulièrement à ce que l'on sait du christianisme des membres de la famille flavienne qui y avaient adhéré[35],[36]. Les éléments les plus anciens de cette catacombe datent vraisemblablement du IIe siècle, mais rien ne s'oppose à ce que Pétronille, puis Nérée et Achillée aient été enterrés ici quelques dizaines d'années avant que la nécropole ne commence à prendre son ampleur et bien avant qu'existent les catacombes souterraines.

Après la fin des activités funéraires au Ve siècle, cette basilique est devenue le centre d'un sanctuaire de pèlerinage aux tombes des « martyrs » Nérée et Achillée[22]. L'utilisation de la basilique souterraine a été abandonnée au Moyen Âge[22] (vers le IXe siècle). Avec environ 80 tombes peintes, les catacombes de Domitilla sont aussi l'une des plus grandes collections de catacombes peintes[22].

Peinture[modifier | modifier le code]

Domitille a été peinte par Pierre Paul Rubens :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Historia Ecclesiae, III, 18; Chron. ad an. Abrahami, 2110
  2. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, tome III, 18.
  3. Version arménienne : Brettius. Épitomé syriaque : Burtnus. Dans la Chronique pascale, il est appelé Βρούττιος (édit. Dindorf, I, p. 468).
  4. Giovanni Battista De Rossi, Bull. arch. crist., 1865, p. 24 ; 1875, p. 74.
  5. Eusèbe de Césarée ou son traducteur Jérôme de Stridon, Chronicon hieronymus (en), 16e année de Domitien.
  6. Jérôme de Stridon, Ep. 108.7.1.
  7. Peter Lampe, Christians at Rome in the First Two Centuries: From Paul to Valentinus, T & T Clark International, 2003, Mohr Siebeck, Tübingen, p. 204, note no 12.
  8. Trajan n'a probablement pas cru aux explications qui parlaient de mort miraculeuse envoyée comme châtiment du ciel et il a probablement au contraire été persuadé qu'Aurélien a été empoisonné.
  9. a b c et d : Martyrologium Romanum ad novam Kalendarii rationem, et Ecclesiasticae historiae veritatem restitutum. Gregorii XIII. Pont. Max. iussu editum (Romae Ex Typographia Dominici Basae 1583)
  10. Calendarium Romanum (Libreria Editrice Vaticana), p. 123.
  11. Martyrologium Romanum ex decreto sacrosancti Oecumenici Concilii Vaticani II instauratum auctoritate Ioannis Pauli PP. II promulgatum (Typis Vaticanis. 2001
  12. Missale Romanum ex decreto sacrosancti Concilii Tridentini restitutum Pii Quinti Pontificis Maximi iussu editum et Clementis VIII auctoritate recognitum (Romae Ex Typographia Vaticana 1604
  13. Acta Apostolicae Sedis 1960, pp. 686–698
  14. Missale Romanum : editio typica 1962, pp. XLV–LIII
  15. a et b Nominis, Saints Nérée et Achillée : Frères, soldats, martyrs (✝ v. 304).
  16. Les deux Flavia Domitilla — celle mentionnée par Dion Cassius et celle mentionnée par Eusèbe de Césarée — sont une seule et même personne pour Paul Mattéi. Pour lui, il y a seulement une imprécision sur le lien de parenté qui l'unit à Flavius Clemens: épouse pour Dion Cassius, nièce pour Eusèbe de Césarée. cf. Paul Mattéi, Le christianisme antique de Jésus à Constantin.
  17. a et b Jérôme de Stridon, Ep., CVIII, 7.
  18. Il en est de même dans des sources chrétiennes plus tardives comme La légende dorée de Jacques de Voragine, notice des "Saints Nérée et Achillée", Volume 1, 1967, Paris, Garnier-Flamarion, p. 380-381.
  19. ILS, 1839.
  20. Brian Jones, The Emperor Domitian, 1993, Routledge, Londres, p. 47.
  21. CIL 6, 31287, CIL 5, 2829, AE 1962, 272.
  22. a b c d e et f N. Zimmerman, Project: The Domitilla-Catacomb in Rome
  23. Domitilla-Catacomb: Status and Progress of the Project 2009
  24. Bull. arch. crist., 1874, p. 8s ; 1875, p. 1s ; 1878, p. 132s ; 1879, p. 158s.
  25. Actes des martyrs, Actes des martyres de la vierge sainte Flavia Domitilla et des saints Nérée et Achillée.
  26. Dans la Légende dorée (XIIIe siècle), il est seulement indiqué que « leurs corps furent ensevelis auprès du tombeau de sainte Pétronille », ce qui donne la même indication topologique. cf. Jacques de Voragine, La Légende dorée, Notice des "Saints Nérée et Achillée, Volume 1, 1967, Paris, Garnier-Flamarion, p. 380-381.
  27. a et b Mathijs Lamberigts, Peter van Deun, La pluralité, p. 63.
  28. C'est notamment le cas de Marucchi et Pergola, alors que Krautheimer et Tolotti propose de la dater vers 600 en s'appuyant sur des ressemblances architecturales.
  29. Mathijs Lamberigts, Peter van Deun, La pluralité, p. 63-64.
  30. Mathijs Lamberigts, Peter van Deun, La pluralité, p. 64.
  31. Jewish Encyclopedia, article Flavia Domitilla qui cite N. Müller, in Herzog-Hauck, "Real-Encyc." 3e éd.,X.863.
  32. Robert Eisenman, James the Brother of Jesus And The Dead Sea Scrolls, The Historical James, Paul as the Enemy, and Jesus' Brothers as Apostles, tome II, éd. GDP, Nashville, 2012, p. 401, note no 102.
  33. Selon Simon Claude Mimouni, Paul dans son Épître aux Romains semble s'adresser à des judéo-chrétiens fort attachés au respect de la Torah et à des chrétiens d'origine grecque qui veulent s'en détacher totalement. cf. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 754.
  34. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Cerf, (ISBN 978-2-204-06215-2), p. 278.
  35. Selon Simon Claude Mimouni, l'évêque Clément de Rome est un judéo-chrétien, probablement de stricte observance juive « tout autant fortement messianiste que stoïcien ». cf. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 754.
  36. Dion Cassius dit que Flavius Clemens, sa femme et Manius Acilius Glabrio ont été condamnés pour les mêmes motifs par Domitien: « de ne pas adorer les Dieux » et avoir « embrassé la religion des juifs ». Or les découvertes archéologiques effectuées par Giovanni Battista De Rossi dans la Catacombe de Priscilla conduisent à penser qu'Acilius Glabrio était chrétien et qu'il en était donc de même pour Titus Flavius Clemens et sa femme (cf. Giovanni Battista De Rossi, Bullettino di archeologia cristiana, 1888-1889, p. 15s; cf. de Wahl, Römische Quartalschrift, IV, 1890, p. 305s). D'ailleurs, Titus Flavius Clemens figure au Vetus Martyrologium Romanum à la date du ​​22 Juin: « Item Romae Translatio sancti Flavii Clementis, viri Consularis et Martyris; qui, sanctae Plautillae frater ac beatae Virginis et Martyris Flaviae Domitillae avunculus, a Domitiano Imperatore, quocum Consulatum gesserat, ob Christi fidem interemptus est. Ipsius porro corpus, in Basilica sancti Clementis Papae inventum, ibidem solemni pompa reconditum est. », cf. (la) Vetus Martyrologium Romanum, à la date du 22 juin.