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Abraham Hermanjat
Autoportrait, 1921
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jacques-Elie-Abraham Hermenjat
Nationalité
Activité
Artiste peintre
Formation
Ecoles municipales d’art de la Ville de Genève, ateliers de Barthélemy Menn et d’Auguste Baud-Bovy
Mouvement
Orientalisme, fauvisme, divisionnisme, postimpressionnisme, « hodlérisme », « cézannisme »
Distinction
Bourse fédérale des beaux-arts en 1901, Bourse fédérale des beaux-arts en 1902, Médaille d’or à la « IX. Internationale Kunstausstellung im Glaspalast zu München 1905 », Munich

Abraham Hermanjat


Abraham Hermanjat (1862-1932) est un peintre suisse marqué principalement par le fauvisme et le divisionnisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Peintre moderniste important de la scène culturelle suisse des années 1900 à 1920, Abraham Hermanjat est en lien avec les avant-gardes françaises. L’un des premiers artistes suisses à s’inspirer de l’œuvre de Paul Cézanne[1], il s’adonne au fauvisme, mouvement peu représenté dans son pays. Hermanjat est également un acteur important de la scène politique culturelle helvétique.

Après une première formation genevoise aux Écoles municipales d’art de la Ville de Genève auprès de Barthélemy Menn et d’Auguste Baud-Bovy (1881-1886), Hermanjat se rend à Alger en 1886, pour y rejoindre son frère et sa mère. Le peintre, qui effectue plusieurs séjours maghrébins[2], s’inscrit dans la veine orientaliste, déjà pratiquée par plusieurs de ses compatriotes, notamment Charles Gleyre et Louis Auguste Veillon[3]. En Afrique du Nord, il peint des paysages désertiques aux tons mordorés, ainsi que des portraits type d’indigènes, qui se révèlent proches de l’enseignement qu’il a suivi à Genève.

En 1896, Hermanjat et sa femme reviennent s’établir en Suisse. Après Lausanne[4], Pully [5]et Lignières près de Chexbres[6], il s’établit à Aubonne (Vaud) en 1908[7]. Le peintre renonce alors à la thématique orientale qui ne lui vaut pas les succès espérés et se tourne vers le paysage suisse, notamment alpin. Il effectue de nombreux séjours à la montagne, principalement dans la vallée des Ormonts[8], afin de réunir des études et de peindre sur le motif. Ses toiles s’inspirent des grands modèles de la peinture suisse d’alors : Giovanni Segantini, artiste italien installé aux Grisons, et Ferdinand Hodler, proclamé « peintre national ».

Adepte du fauvisme dans les années 1908 à 1912, Hermanjat applique au paysage suisse une palette de teintes antinaturalistes particulièrement fortes comme dans Montagnes enneigées (Nyon, Fondation Abraham Hermanjat) et Château de Glérolles en hiver ([1908, ou peu avant] Nyon, Fondation Abraham Hermanjat)[9]. Dans ce petit chef-d’œuvre, les vibrations horizontales de mauves et de verts du lac répondent à la mosaïque de blancs colorés des vignes en terrasses.

Au cours des années 1910 – époque à laquelle le peintre ne signe plus ses tableaux « Hermenjat », selon l’orthographe de son état civil, mais « Hermanjat », après avoir effectué des recherches généalogiques –, il s’inspire principalement de la peinture de Ferdinand Hodler, notamment pour dépeindre le paysage de La Côte vaudoise où il est établi ainsi que des figures monumentales d’agriculteurs[10]. La décennie suivante voit Cézanne prendre le pas sur Hodler comme modèle majeur. Le Vaudois brosse alors des natures mortes, des paysages et des portraits aux compositions fortement construites, à la palette assourdie et à la touche large démultipliée par tons proches, autant d’emprunts directs à la peinture du maître d’Aix.

Membre du Comité central de la Société des peintres, sculpteurs et architectes suisses (SPSAS, 1910-1928)[11], de la Commission fédérale des beaux-arts (1922-1925)[12], professeur à l’Ecole cantonale vaudoise de dessin et d’art appliqué (1922-1932, actuelle Ecal)[13]et juré de nombreux concours artistiques[14], Hermanjat joue un rôle important sur la scène culturelle suisse et vaudoise et promeut toute une génération de jeunes peintres. En 1903, il tente en vain de mettre sur pied une Sécession moderniste suisse sous le nom de Groupe des XVIII[15], qui devait regrouper l’élite artistique du pays avec notamment Ferdinand Hodler, Cuno Amiet, Giovanni Giacometti, Albert Trachsel, l’architecte Alphonse Laverrière et le sculpteur Auguste de Niederhausern, dit Rodo.

Artiste en quête d’une expression picturale en phase avec la modernité, Hermanjat a souvent été identifié avec le Pays de Vaud, voire avec la région de La Côte vaudoise. Il n’en demeure pas moins un peintre lié aux grands courants internationaux européens de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

La fille adoptive de l’artiste, Germaine Hermanjat (1909-2002), suit les cours de l’École cantonale de dessin et d’art appliqué de Lausanne (actuelle Ecal) et cesse de peindre à la fin des années 1930. Elle se consacre ensuite à l’enseignement du dessin et à la promotion de l’œuvre de son père.

Exposition[modifier | modifier le code]

En 2012, plusieurs musées suisses rendent hommage au 150e anniversaire du peintre en lui consacrant une grande rétrospective : le Musée historique et des porcelaines de Nyon, le Musée du Léman et la Fondation Abraham Hermanjat.

Sélection d'œuvres[modifier | modifier le code]

alternative textuelle
Campement de bédouins au crépuscule, vers 1892-1893
Fragment de La danse nègre, 1896
Fragment de La danse nègre, 1896
Deux fragments de La danse nègre, 1896
alternative textuelle
Le petit Muveran, entre 1896 et 1900
alternative textuelle
Montagnes enneigées
alternative textuelle
Faucheur de dos
  • Paysage fluvial boisé avec pêcheur, sans date [vers 1881-1886], fusain, encre, estompage, grattage et gommage sur papier, 78 × 117,5 cm. Nyon, Fondation Abraham Hermanjat.
  • Marais à Choulex, sans date, huile sur toile, 19 × 27 cm. Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts.
  • Campement en Algérie, 1892, huile sur toile, 57 × 120 cm, Genève, Musée d’art et d’histoire.
  • Campement de bédouins au crépuscule, sans date [vers 1892-1893], huile sur toile, 53,5 × 92 cm. Nyon, Fondation Abraham Hermanjat.
  • Etude pour Le fumeur de kif, 1894, huile sur toile marouflée sur carton, 46 × 36 cm. Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts.
  • Fragments de La danse nègre (dite aussi Fête de l’Aïd el Kébir), [1896], huile sur toile, 121 × 65 cm. Nyon, Fondation Abraham Hermanjat.
  • Le petit Muveran, sans date [entre 1896 et 1900], huile sur carton, 64 × 49 cm. Nyon, Fondation Abraham Hermanjat, inv. FAH/001540.
  • Paysan barattant le beurre, près de Veysonnaz, sans date, détrempe et huile sur carton, 101 × 78 cm. Collection privée.
  • Les Rochers de Naye en mars, sans date [1904 ou peu avant], huile sur toile, 90 × 110 cm. Schaffhouse, Museum zu Allerheiligen.
  • Femme sur les hauteurs du Léman au crépuscule, sans date [vers 1904-1908], huile sur toile, 55 × 99,5 cm. Collection privée.
  • Vue des Tours d’Aï et du massif des Diablerets depuis la Haute-Savoie, sans date [1905], détrempe sur toile, 126 × 139 cm, Nyon, Fondation Abraham Hermanjat.
  • Château de Glérolles en hiver, sans date [1908 ou peu avant], tempera sur toile, 46,4 × 61,2 cm. Nyon, Fondation Abraham, Hermanjat.
  • Paysage d’automne, sans date [1908-1909], huile sur toile, 78 × 152,5 cm. Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts.
  • Montagnes enneigées, sans date, mine de plomb, aquarelle et gouache sur papier, 12,4 × 18,2 cm. Nyon, Fondation Abraham Hermanjat.
  • Paysage de montagne en août, sans date [1911 ou peu avant], huile sur jute, 56,5 × 100 cm. Collection Musée d’art et d’histoire, Neuchâtel.
  • Mittagsruhe (La Sieste), sans date, huile sur jute, 70 × 63 cm. Aarau, Aargauer Kunsthaus.
  • Faucheur de dos, sans date, fusain et huile sur toile, 90 × 101 cm. Nyon, Fondation Abraham Hermanjat.
  • Baigneuse assise au bord de l’eau, sans date, couleur à la cire, à l’œuf et à l’huile sur toile, 75 × 75 cm. Nyon, Fondation Abraham Hermanjat.
  • Nature morte aux pommes, 1922, tempera sur toile, 55,3 × 46,3 cm. Collection privée, Suisse.

Institutions conservant des œuvres d’Hermanjat[modifier | modifier le code]

La Fondation Abraham Hermanjat[modifier | modifier le code]

La Fondation Abraham Hermanjat (c/o Greffe municipal, Place du château 3, CH-1260 Nyon, Suisse) voit le jour en 2003 grâce à la générosité de Germaine Hermanjat, qui en souhaitait la création pour promouvoir l’œuvre de son père et soutenir le jeune art romand. Propriétaire du fonds d’atelier du peintre, elle est hébergée par la Ville de Nyon, qui conservait déjà un ensemble d’œuvres d’Abraham Hermanjat déposées par sa fille. Elle se charge d’établir l’inventaire de la collection, de l’étudier et de la restaurer.

Musées suisses[modifier | modifier le code]

  • Aarau, Aargauer Kunsthaus
  • Bellinzona, Museo civico Villa dei Cedri
  • Berne, collection de la Confédération helvétique
  • Berne, Kunstmuseum Bern
  • Genève, Musée d’art et d’histoire
  • Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts
  • Lausanne, Musée historique
  • Lucerne, Kunstmuseum Luzern
  • Neuchâtel, Musée d’art et d’histoire
  • Nyon, Musée historique et des porcelaines, château de Nyon
  • Nyon, Musée du Léman
  • Saint-Gall, Kunstmuseum Sankt Gallen
  • Schaffhouse, Museum zu Allerheiligen
  • Vevey, Musée Jenisch
  • Zurich, Kunsthaus Zürich

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Son tableau de 1904, Les Rochers de Naye en mars (Schaffhouse, Museum zu Allerheiligen) prend pour modèle de manière évidente de la série de tableaux de Cézanne représentant la Montagne Sainte Victoire. A ce sujet, voir : Abraham Hermanjat 2012, pp. 103-109.
  2. Séjours maghrébins d’Hermanjat : octobre 1886-1888, octobre 1889-1890, 1893-1896.
  3. Sur l’orientalisme suisse, voir notamment : Von ferne lässt grüssen. Schweizer Orientmalerei des 19. Jahrhunderts, cat. exp., Soleure, Kunstmuseum Solothurn. Heidelberg, Kehrer Verlag, 2001
  4. Le couple Hermanjat habite la Villa Saint-Georges dans le quartier de la Pontaise de 1897 à 1901.
  5. De 1901 à 1904, le peintre habite le quartier de la Paudèze, à Pully, dans un immeuble où se trouve son atelier.
  6. L’artiste loge dans la maison Geniex à Lignières près de Chexbres de l’été 1904 à 1908.
  7. L’artiste s’installe tout d’abord dans l’ancien prieuré de Trévelin qu’il quitte en 1911 pour emménager dans la maison qu’il a fait construire sous forme d’un chalet, dénommé Le Crêt, où il réside jusqu’à son décès.
  8. Hermanjat se rend également en campagne artistique en Valais, à Chemin, Nendaz, Haute-Nendaz et Verbier.
  9. Sur Hermanjat et le fauvisme, voir : Abraham Hermanjat 2012, pp. 111-125.
  10. Sur les liens entre Hermanjat et Hodler, voir : Laurent Langer : « Dans le sillage de Hodler : Abraham Hermanjat », Les lettres & les arts. Cahiers de critique littéraire et artistique, hors série n° 1 consacré à Ferdinand Hodler, 2013, pp. 62-65.
  11. A ce sujet, voir les différents numéros de la revue de la SPSAS, L’art suisse. Organe pour la protection et le développement des intérêts des artistes suisses.
  12. A ce sujet, voir : Prix conseillé. 100 ans de Concours fédéral des beaux-arts, 1899-1999, Pierre-André Lienhard, Stéphanie Bédat et Katrin Künzi dir., publ. par L'Office fédéral de la culture, [Zurich], Orell Füssli Verlag, [1999].
  13. A ce sujet, voir : Cette école d'art. De l’Ecole cantonale de dessin à l’Ecole cantonale des beaux-arts et d'art appliqué de Lausanne, Lausanne, Institut d'étude et de recherche en information visuelle (Collection Acte 2) , 1983.
  14. Pour une liste complète des jurys auxquels participe Hermanjat, voir : Abraham Hermanjat 2012, pp. 245-253.
  15. Sur le Groupe des XVIII, voir : Abraham Hermanjat 2012, pp. 143-149.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Abraham Hermanjat 1862-1932. De l’Orient au Léman, Laurent Langer dir., avec des textes de Rosemonde Bron-Pache, Daniel Rossellat, Jean-Claude Givel, Françoise Jaunin, Laurent Langer, Christine Peltre, Vincent Lieber, Karoline Beltinger, Hans-Peter Wittwer, Carinne Bertola et Maurice Jean-Petit-Matile, cat. exp., Nyon, Musée historique et des porcelaines, château de Nyon et Musée du Léman. Nyon, Fondation Abraham Hermanjat. Berne, Benteli, 2012.
  • Von ferne lässt grüssen. Schweizer Orientmalerei des 19. Jahrhunderts, cat. exp., Soleure, Kunstmuseum Solothurn. Heidelberg, Kehrer Verlag, 2001.
  • La collection du Dr Henri-Auguste Widmer au Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, Jörg Zutter et Catherine Lepdor dir., cat. exp., Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts. Milan, Skira, 1998.
  • Chefs-d’œuvre du Musée cantonal des beaux-arts, Lausanne. Regard sur 150 tableaux, Erika Billeter, Maryse Bory, Chantal Michetti-Prod’hom [et al.] éd., Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts, 1989, pp. 162-165, 357-358.
  • Katharina Ammann, « Orientalismus und Innovation. Die Orientmalerei als Wegbereiter der Moderne ? », Art + architecture en Suisse, 2003, n° 2, pp. 38-43.
  • André Kuenzi, Collection Hermanjat, Nyon, Maison du Léman, s.d. [1976].
  • Abraham Hermanjat. Le lac, textes de Georges Peillex et de Germaine Hermanjat, Lausanne, Jean Genoud Imprimeur, 1982.
  • Hermanjat, textes de Charles Chinet, Franck Jotterand et André Kuenzi, Aubonne, Editions « Le Crêt », 1962.
  • « Le peintre Abraham Hermanjat 1862-1932 », numéro spécial de L’art en Suisse, janvier-mars 1933.
  • Paul Budry, Abraham Hermanjat. Tableaux choisis précédés d’un essai sur le peintre et son œuvre, Lausanne, Editions Romanes, 1932.

Liens externes[modifier | modifier le code]