Si morne !

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Si morne !
(M 16)
Genre mélodie
Musique Maurice Ravel
Texte Émile Verhaeren
Langue originale français
Effectif voix et piano
Durée approximative min
Dates de composition 1898

Si morne ! est une mélodie pour voix et piano de Maurice Ravel composée en 1898, sur un poème d’Émile Verhaeren.

Présentation[modifier | modifier le code]

La mélodie Si morne ! est une mélodie pour voix et piano de Maurice Ravel sur un poème d’Émile Verhaeren, écrite en novembre 1898, quand il était élève de composition de Gabriel Fauré au Conservatoire de Paris[1]. Le poème mis en musique est le quatrième du recueil Les Débâcles de 1888.

La partition, dont l’existence était connue de quelques proches de Maurice Ravel dont Michel-Dimitri Calvocoressi[2] et Roland-Manuel[3],[4],[5], est cependant restée inédite du vivant du compositeur et du vivant de son frère cadet, Édouard Ravel (1878-1960). Elle a été publiée à titre posthume aux éditions Salabert en 1975, année de commémoration du centenaire de la naissance de Maurice Ravel, avec une notice d’Arbie Orenstein[6].

Dans le catalogue des œuvres de Ravel établi par Marcel Marnat, la pièce porte le numéro M 16[1].

Analyse[modifier | modifier le code]

Selon Marcel Marnat, dans Si morne !, « une flexibilité « 1900 » inspire maintenant la ligne de chant qui suit ces vers irréguliers avec soin. Le chromatisme à la mode y sert à créer une atmosphère dépressive, dans le prolongement de celle d’Un grand sommeil noir. Cette fois, pourtant, l’angoisse mène au cri. Le traitement du piano, enfin, annonce celui du Martin-pêcheur des Histoires naturelles par son indépendance, la richesse de ses accords, richesse qui fait que Si morne ! résume toutes les mélodies de Ravel jusque-là ; inattendue quant au texte comme par sa musique, l’œuvre échappe à la faiblesse des créations qui l’environnent et nuance richement le portrait qu’on peut se faire de Ravel à cette époque[7] ».

Selon Christian Goubault, « la Chanson du rouet et Si morne ! sont des mélodies destinées aux salons où Ravel était invité, notamment celui de Mme de Saint-Marceaux[8] ». La seconde mélodie, en fa dièse mineur, « est remarquable par son climat harmonique et par son opulence[8] ». Aux mesures 19-20, Maurice Ravel « utilise brièvement et pour la première fois la gamme par tons mélodiquement et harmoniquement[8] ».

Bénédicte Palaux Simonnet s’interroge : « Qu’est-il arrivé à l’automne 1898, pour avoir choisi de mettre en musique le quasi désespéré Si morne d’Émile Verhaeren (1855-1916) ? A-t-il voulu honorer symbolistes et décadents, Maeterlinck, Rodenbach, Mallarmé, Villiers ? Nécessité d’un repli sur soi avec la souffrance qu’engendre le travail intérieur. Ravel n’a pas souhaité publier cette mélodie[9] ».

La durée moyenne d'exécution de la mélodie est de quatre minutes environ[10].

Discographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Marnat 1986, p. 729-730.
  2. Cornejo 2018, p. 157.
  3. Roland-Manuel 1914, p. 44.
  4. Roland-Manuel 1925, p. 44.
  5. Roland-Manuel 1938, p. 260.
  6. « Si morne ! (Ravel, Maurice) », sur IMSLP (consulté le )
  7. Marnat 1986, p. 88.
  8. a b et c Goubault 2004, p. 255.
  9. Palaux Simonnet 2020, p. 29.
  10. Marnat 1986, p. 729.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Écrits de Maurice Ravel[modifier | modifier le code]

Monographies[modifier | modifier le code]

Articles et chapitres de livres[modifier | modifier le code]

  • René Chalupt, « Maurice Ravel et les prétextes littéraires de sa musique », La Revue musicale, no 6,‎ , p. 65-74 (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]