Réseau Portal Kombat

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Réseau Portal Kombat
Type opération de désinformation et propagande pro-Kremlin
Pays France, Allemagne, Espagne, Ukraine, Pologne, Royaume-Uni, États-Unis
Organisateur Russie
Revendications Faire cesser le soutien à l'Ukraine et acter une victoire de la Russie dans l'Invasion de l'Ukraine par la Russie.

Portal Kombat est un réseau structuré et coordonné de désinformation et de cyberpropagande aux ordres de Moscou.

Constitution[modifier | modifier le code]

Le réseau est constitué d'au moins 193 sites d'information diffusant du contenu de désinformation pro-russe à destination de l'Ukraine et des pays occidentaux. Constitué pour la plus grande partie dès 2013, la partie historique du réseau est destinée initialement au public russe et ukrainien ; elle comporte approximativement 150 sites[1].

Une quarantaine de sites, créés en 2022, sont destinés aux populations russes d'Ukraine. C'est l'écosystème -news.ru dont les sites, ciblant une population locale, sont de type kherson-news.ru[1].

Enfin la dernière partie du réseau, l'écosystème pravda, est créée en . Ces sites ciblent les populations occidentales qui soutiennent l'Ukraine : ce sont les sites de type pravda-fr.com, pravda-de.com, pravda-en.com, pravda-es.com, pravda-pl.com[1].

Ce réseau est révélé par Viginum le , après une longue enquête. Il a été dénommé Portal Kombat en référence à sa stratégie informationnelle offensive et au jeu vidéo Mortal Kombat. Le réseau a été techniquement créé et administré par la société TigerWeb, une société créée en 2015 et domiciliée en Crimée[1],[2].

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

Les sites du réseau Portal Kombat sont des relais qui publient un contenu issu en grande partie des réseaux sociaux russes ou pro-russes, mais aussi d'agences de presse russes ou de comptes officiels locaux russes, comme par exemple le gouvernement de Crimée. Ils publient de manière massive et automatisée (152.000 articles publiés pour le système pravda en 3 mois selon Viginum)[1].

Objectifs[modifier | modifier le code]

L'objectif est de légitimer l'« opération spéciale » russe en Ukraine. Pour ce faire les sites du réseau Portal Kombat vont présenter sous un jour favorable à Moscou la guerre russo-ukrainienne avec des faits « très orientée idéologiquement [qui] exposent des narratifs manifestement inexacts ou trompeurs » et ciblent les pays qui soutiennent Volodymyr Zelensky[1],[2],[3].

Autre objectif : décrédibiliser les institutions internationales, la parole politique et les médias. C'est le rôle de l'écosystème pravda. Ainsi, pour le portail pravda-fr.com, l'objectif est, entre autres, de critiquer la présence française au Sahel et mettre en évidence le soutien russe à l'Afrique, de monter en épingle les conflits sociaux en France ou encore d'affirmer que les Jeux Olympiques de 2024 vont être une catastrophe[1],[4].

L'objectif de l'écosystème en -news.ru, destiné aux territoires conquis, est d'« amplifier le ressentiment des populations locales russes à l'encontre des autorités ukrainiennes »[5].

Impacts[modifier | modifier le code]

Viginum a estimé les visites du mois de . Cela donne pour l'écosystème pravda : 10 700 visites pour la version francophone, 17 600 visites pour le portail polonais, 34 400 visites pour la version germanophone du portail, 36 700 visites pour la version anglophone et 55 000 visites pour la version hispanophone. Un impact que Viginum considère comme faible au vu de la masse de contenu publié mais qui n'en reste pas moins une ingérence numérique étrangère[1].

En revanche ces sites constitués selon cette architecture peuvent fonctionner en réseau dormant et être activés dès que le besoin s'en fait sentir, par exemple pour l'une des élections ayant lieu en 2024[6].

Les experts de Viginum ont noté que pour ce qui concerne le site pravda-fr.com (supposé être rédigé en français), il existe des articles entièrement écrit en cyrillique, ce qui dénote un travail négligé. Cependant ce site a fait l'objet d'une optimisation pour les moteurs de recherche de manière à faire apparaître le site en haut des résultats Google[7].

Le sujet Portal Kombat est abordé lors de la rencontre du Triangle de Weimar qui a eu lieu le entre les trois ministres des affaires étrangères. Le ministre français des affaires étrangères a déclaré à l'issue de cette rencontre que les trois pays vont « lancer aujourd’hui un mécanisme d’alerte en format Weimar, un système de riposte »[8],[9].

Les sénateurs ont monté une commission d'enquête qui commence ses travaux début mars 2024, afin d'appréhender les enjeux d'une guerre informationnelle telle que nous la connaissons avec la Russie[10].

Annexes[modifier | modifier le code]

Documents externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h « Ce que l'on sait de "Portal Kombat", le réseau de sites de désinformation pro-russes dénoncé par la France » Accès libre, France Info, (consulté le )
  2. a et b « «Portal Kombat», un nouveau réseau relayant la propagande russe » Accès libre, RFI, (consulté le )
  3. Anicet Mbida, « "Portal Kombat" : la France dévoile l'activité d'un réseau de propagande prorusse » Accès libre, France Info, (consulté le )
  4. Alain Guillemoles, « Un réseau de propagande prorusse mis au jour en Europe » Accès payant, La Croix, (consulté le )
  5. Bartolomé Simon et Romain Gubert, « « Portal Kombat », l’outil russe pour manipuler l’opinion en Europe » Accès libre, Le Point, (consulté le )
  6. Chloé Sémat, « "Portal Kombat" : ce que l’on sait du contenu de ces sites de propagande pro-russe » Accès libre, L'Express, (consulté le )
  7. Louis Adam, « Portal Kombat : la propagande pro-russe ne fait pas recette » Accès libre, ZD Net, (consulté le )
  8. Florian Reynaud et Philippe Ricard, « La France met au jour un vaste réseau de sites de désinformation russes » Accès payant, Le Monde, (consulté le )
  9. Maxime Birken, « Guerre en Ukraine : la France met au jour « Portal Kombat », un réseau de sites de propagande russe » Accès libre, (consulté le )
  10. Rose Amélie Becel, « Ingérence russe : « Nous sommes face à la menace la plus grave qui ne s’est jamais présentée » » Accès libre, Public Sénat, (consulté le )