Marguerite Syamour

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Marguerite Syamour
Photographie de Marguerite Syamour par Benque (avant 1897).
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 87 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Marguerite GagneurVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Père
Mère
Vue de la sépulture.

Marguerite Syamour, pseudonyme de Marguerite Gagneur, née le à Bréry (Jura) et morte le à Paris est une sculptrice française.

Engagée dans la défense de la République, de la laïcité, du féminisme, elle est l'auteur de nombreuses sculptures dont la plupart se trouvent dans les communes du Jura (Saint-Claude, Poligny, Saint-Lothain, Chatelneuf), ou dans les musées de Cambrai, Grenoble et Besançon, ou encore au cimetière du Père-Lachaise à Paris (tombe de Frédéric Cournet).

Biographie[modifier | modifier le code]

Sapho endormie (1897), plâtre, musée des Beaux-Arts de Lons-le-Saunier.

Son père Wladimir Gagneur, né à Poligny dans le Jura en 1807, est un avocat, journaliste et homme politique disciple de Charles Fourier. Défenseur de la République au moment du coup d’État du 2 décembre 1851, il est banni par l'empire. Rentré en France, il épouse Marie-Louise Mignerot (1832-1902), femme de lettres féministe et laïque. Leur fille Marguerite naît le à Bréry, près de Poligny, et Jules Grévy, condisciple de son père à Dole, est son parrain. Militant de la gauche républicaine, Wladimir Gagneur est élu député du Jura en 1869 et le restera jusqu'à sa mort en 1889. Marguerite Syamour sera elle aussi profondément attachée aux valeurs républicaines de progrès social et d'émancipation[1].

Elle se marie à Paris le avec Ernest Gegout[2], dont elle divorce en 1887[3].

Elle choisit de devenir artiste et se forme dans l'atelier d'Antonin Mercié (1845-1916) fouriériste lui aussi[4]. La carrière artistique de Marguerite Gagneur débute en 1884 sous le pseudonyme de « Syamour », contraction de « Syam », village du Jura, et du mot « amour »[5].

À partir de 1890, elle vit à Paris avec sa mère au 6, rue du Val-de-Grâce dans le quartier du même nom, assez proche de Montparnasse, et installe son atelier non loin de là rue d’Assas. Elle devient l’amie de son voisin, le peintre et affichiste tchèque Alfons Mucha (1860-1939), pour lequel elle pose : il fera d'elle une lithographie : Primevère (1899) et on reconnaît Marguerite dans d'autres œuvres de Mucha, sans certitude toutefois[6]. Son salon accueille des artistes, des hommes politiques et des occultistes comme le colonel de Rochas[7]. Elle côtoie aussi d'autres personnalités en vue comme le célèbre explorateur Pierre Savorgnan de Brazza[8].

Après la mort de sa mère en , Syamour se remarie le avec Jean-Gérard Fréchout, médecin à Salins-les-Bains (Jura). Elle se lie ensuite avec Victor Poupin, journaliste anticlérical, conseiller général de Champagnole et député de la gauche radicale, elle partage sa vie dans sa maison de Chatelneuf jusqu’à la mort de celui-ci en 1906.

Elle travaille ensuite à Paris et participe à diverses expositions, notamment en 1912. Sa carrière s'achève avec la Première Guerre mondiale mais elle vit encore longtemps, mourant à Paris le . Elle est incinérée et ses cendres sont déposées dans le columbarium du cimetière du Père-Lachaise (case no 6345) à Paris, avec l'inscription « Mme SYAMOUR / Marguerite Fréchou-Gagneur / Sculpteur-statuaire / 1857-1945 »[9].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Buste de Frédéric Cournet, Paris, cimetière du Père-Lachaise.

Syamour expose au Salon des artistes français entre 1885 et 1912, ainsi qu'au Salon des Champs-Élysées, à la galerie Georges Petit et à l’Exposition universelle de 1900. Plusieurs de ses œuvres sont acquises par l’État et elle participe à l'élaboration de divers monuments publics, en particulier dans le Jura.

Sa facture offre à la fois le réalisme dont témoignent les bustes de ses contemporains et le symbolisme dans la réalisation classique d'allégories où se perçoit sa sensibilité féminine comme dans Aurora ou le nu couché de Sapho endormie. Ses œuvres montrent aussi son engagement républicain et fouriériste : diverses Mariannes - buste de Frédéric Cournet, communard - de Charles Fourier, le socialiste utopique – de Victor Considerant, penseur socialiste et républicain – de Victor Schœlcher, initiateur de l'abolition de l'esclavage, ou encore dans le monument à Voltaire et Christin de Saint-Claude (détruit en 1942). Attachée à son Jura natal qui conserve la plupart de ses œuvres, elle a rendu hommage aux personnalités franc-comtoises de gauche comme son père Wladimir Gagneur ou Charles Sauria, l'inventeur des allumettes[10].

Elle a sculpté près de 200 bustes[11] dont ceux de :

Statues
Allégories
  • La République, 1884, médaillon en plâtre sur socle (Marianne, femme, de profil, bonnet phrygien) Signé sur la tranche droite : Syamour, 1884, musée d'Arbois, Jura[15] ;
  • Marianne, 1884-1885 (date à confirmer), bronze, Chatelneuf ;
  • Marianne, 1885, médaillon en plâtre, musée d'Airvault (Deux-Sèvres), réalisé pour la composition du catafalque de Victor Hugo[16] ;
  • La République, 1885, médaillon en plâtre, Mairie de Bréry, Jura ;
  • La France nouvelle, plâtre, Salon des artistes français de 1886, Hospice Saint-Roch à Issoudun ;
  • Diane, plâtre, 1891, musée de Sault, Vaucluse ;
  • Musique d’amour, 1894, haut-relief en plâtre, musée des beaux-arts de Besançon ;
  • Méditation, 1896, marbre, musée des beaux-arts de Besançon ;
  • Sapho endormie, 1897, plâtre, Lons-le-Saunier, exemplaire en marbre au musée de Cambrai, Salon de 1898 (n°3405, plâtre), acquisition de l’État pour réalisation en marbre[17] ;
  • Harmonies, haut-relief en bronze, Salon des artistes français de 1898 ;
  • La nuit d’octobre, plâtre, Salon des artistes français de 1901 ;
  • Vision1903 (?), buste, marbre blanc, musée des beaux-arts de Lons-le-Saunier ;
  • Recueillement, plâtre, Salon des artistes français de 1904 ;
  • Baigneuse, Salon des artistes français de 1904 ;
  • L’aurore, 1904, marbre, jardins du ministère de la Justice, Paris[18] ;
  • La République, 1907, buste, Poligny, Jura, détruit en 1942.

Postérité[modifier | modifier le code]

  • Une Association des amis de la Marianne de Chatelneuf s'est créée en 2011 pour promouvoir l'allégorie de la République de Syamour à travers la diffusion de répliques de la statue de Chatelneuf pour les communes jurassiennes[19].
  • Un timbre de collection tiré à 200 exemplaires a été produit par La Poste à l'occasion du Salon des maires et des collectivités locales de Franche-Comté en 2011[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notice de la base Joconde.
  2. D'où le nom « Marguerite Gagneur-Gegout » que l'on rencontre parfois, voir : base Joconde pour Sapho endormie 1897 [1] ou La_Sculpture_dans_les_cimetières_de_Paris/Père-Lachaise Charavay frères, 1897 (3e série, tome 13 page 153 [2]
  3. Généalogie [3]
  4. Marguerite Syamour réalisera un buste de Charles Fourier en 1893 [4]
  5. La République : médaillon signé et daté sur la tranche « Syamour 1884 » [5]
  6. « D'autres œuvres de Mucha ont probablement Syamour pour modèle (petite bosse sur le nez, menton rebondi et regard que l'on peut comparer à son buste par Charles Tranquille Colas) : Vitrail (1900), Le Lierre (estampe, 1901), La Dame à La Marguerite » Patrick Simon Éléments biographiques [6]
  7. Patrick Simon Petits dialogues avec une sculpteure, Marguerite Gagneur, éditions Ollé-Lacour, 2004, (ISBN 2-7504-0753-2).
  8. Henry Noell, Au temps de la république bourgeoise, Paris, Nouvelles éditions latines, 1957, p. 328.
  9. landrucimetieres.fr.
  10. « Marguerite Gagneur est une artiste imprégnée des idées de la République, de la laïcité, du féminisme et du pacifisme avec notamment l'empreinte de Fourier. Toute sa vie sera marquée par les questions des droits humains. […] ses œuvres participent au réalisme et au symbolisme, mais avec une charge d'émotion des plus féminines. » Patrick Simon, Petits dialogues avec une sculpteure, Marguerite Gagneur, Éditions Ollé-Lacour, 2004, (ISBN 2-7504-0753-2).
  11. Patrick Simon et base Joconde
  12. base Mistral [7]
  13. Base Mistral [8]
  14. Une statue pour Voltaire Voltaire, Christin et la Mainmorte en Haut-jura Par André Vuillermoz, Patrick Simon éd. Cabédita 1998 Morges, Suisse, page 75 « L'œuvre de Syamour est admirable de conception et d'exécution : elle porte bien l'empreinte d'un talent original »
  15. base Mistral [9]
  16. [10]
  17. Notice sur le site Culture.gouv.fr
  18. [11]
  19. Objet : promouvoir les idées de liberté et de laïcité, représentées par l’image républicaine de Marianne et portées par la sculptrice Syamour [12]
  20. [13]

Annexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]