Homonormativité
L'homonormalité se réfère aux privilèges perçus de l'homosexualité[1] ou l'assimilation d'idéaux hétéronormaux dans la culture LGBTQ et l'identité individuelle[2]. Le terme est presque toujours utilisé dans ce dernier sens, et a été utilisé abondamment par Lisa Duggan en 2003[3], bien que l'experte sur les études du genre Susan Stryker a relevé qu'il était aussi utilisé par les militants transgenres dans les années 1990, en référence à l'imposition des normes gay/lesbiennes au-dessus des préoccupations des personnes transgenres[4].
Définition
[modifier | modifier le code]Selon Penny Griffin, maître de conférences sur les relations politiques et internationales à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud, l'homonormalité défend le néolibéralisme plutôt que de critiquer la monogamie, la procréation et les rôles de genre binaires comme intrinsèquement hétérosexistes et racistes[5]. Duggan affirme que l'homonormalité fragmente les communautés LGBT en hiérarchies de mérite, et que les personnes LGBT qui se rapprochent le plus d'un standard hétéronormal de l'identité de genre sont considérées comme plus dignes de recevoir des droits. Elle stipule également que les personnes LGBT au bas de cette hiérarchie (par exemple, les bisexuels, les personnes trans, non-binaires, asexuels[6], intersexes ou de genres non occidentaux) sont considérées comme un obstacle à cette classe d'individus homonormaux recevant leurs droits. Par exemple, une étude empirique a constaté que, dans les Pays-Bas, les personnes transgenres ou de genres non-conformes sont souvent méprisés dans la communauté LGBT pour ne pas agir « normalement ». Ceux qui s'assimilent deviennent souvent invisibles dans la société et ressentent une peur et une honte constantes des non-conformistes au sein de leurs communautés[7].
Dans les quartiers gays
[modifier | modifier le code]Dans une étude cas sur New York et Paris, la sociologue spécialiste de la gentrification Sylvie Tissot observe que dans les quartiers gays, certains critères de respectabilité se développent dans les discours des gays et lesbiennes et de leur voisinage qui tendent à valoriser les modes de vie proches de l'idéal hétérosexuel (couple avec enfants et propriété) et à déconsidérer les mœurs trop queer, bizarres[8]. Ainsi notamment, une nouvelle figure de l'homo est construite dans ces milieux, par opposition au personnage de la folle, homosexuel efféminé, lubrique et flamboyant : l'optimum est progressivement considéré être un homme gay viril, propre et branché[8].
Article connexe
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- (en-GB) David Orzechowitz, « Gender, Sexuality, Culture and the Closet in Theme Park Parades », dans Christine L. Williams et Kirsten Dellinger, Gender and Sexuality in the Workplace, Emerald Group, , 291 p. (ISBN 978-1-84855-371-2, lire en ligne), p. 241
« The dominance of a homonormative culture in Parades subordinates male heterosexuality to male homosexuality. »
- (en-GB) « Homonormativity », sur web.uvic.ca, Positive Space Network (consulté le )
- Duggan, Lisa.
- Stryker, Susan. 2008.
- (en-GB) Penny Griffin, « Sexing the Economy in a Neo-liberal World Order: Neo-liberal Discourse and the (Re)Production of Heteronormative Heterosexuality », British Journal of Politics and International Relations, vol. 9, no 2, , p. 220–238 (DOI 10.1111/j.1467-856x.2007.00280.x).
- (en) Morag A. Yulea, Lori A. Brotto and Boris B. Gorzalka, « Mental health and interpersonal functioning in self-identified asexual men and women »
- (en-GB) Brandon Andrew Robinson, « Is This What Equality Looks Like?: How Assimilation Marginalizes the Dutch LGBT Community », Sexuality Research & Social Policy, vol. 9, no 4, , p. 327–336 (DOI 10.1007/s13178-012-0084-3)
- Sylvie Tissot, « Qu’est-ce qu’une homosexualité respectable ?: Classer pour contrôler », Terrains & travaux, vol. N° 40, no 1, , p. 113–136 (ISSN 1627-9506, DOI 10.3917/tt.040.0113, lire en ligne, consulté le )