Guanyin

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Guanyin
Guanyin en Déesse Marine de la Miséricorde, Sanya. Statue, H. 108 m. 2017
Guanyin en Déesse Marine de la Miséricorde, Sanya. Statue, H. 108 m. 2017
Symboles
Couleur Rouge (comme son Maître le Bouddha Amitābha)

Guanyin (chinois simplifié : 观音 ; chinois traditionnel : 觀音 ; pinyin : guānyīn ; cantonais Jyutping : Gun1 Jam1 ; coréen : 관음 (hanja : 觀音), gwan-eum ; japonais : kannon (観音?); vietnamien: Quan Âm ou Quán Thế Âm) est le bodhisattva associé avec le concept de la compassion dans le bouddhisme d'Asie de l'Est. Le nom de Guanyin est une forme abrégée de Guanshiyin, qui signifie l'Essence de sapience qui considère les bruits du monde. On parle également parfois de Guanyin Pusa (chinois simplifié : 观音菩萨 ; chinois traditionnel : 觀音菩薩 ; pinyin : Guānyīn Púsà ; litt. « Bodhisattva Guanyin »)[1] et, au Japon, de shōkannon (ja).

À la différence de l'Inde, sa représentation en Chine, Corée, Japon et Viêtnam est de sexe féminin, une rareté dans le bouddhisme. Sa forme japonaise a quelquefois des traits masculins[2].

La version généralement acceptée en Asie de l'Est est que Guanyin tient son origine d'Avalokiteśvara (ou Âryâvalokiteśvarâ) sanskrit. Communément considérée en Occident comme déesse de la Miséricorde[3], Guanyin est aussi révérée par les taoistes en tant qu'Immortelle. Avalokiteśvara indien et Guanyin chinoise se distinguent cependant par la ferveur religieuse qu'elles suscitent : si le premier est considéré comme un des bodhisattva les plus importants du bouddhisme indien, l'autre est élevée au rang de divinité.

Représentations

Tête de Guanyin, le Bouddha Amitābha dans sa coiffure. Calcaire, période Dynastie Jin (1115-1234), Chine. Náprstek Museum (en) Prague(Photo prise le 11 mai 2014)

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Guanyin aux Mille Mains et aux Mille Yeux. Dynastie Song 12e siècle. Couleurs sur soie. 79.2 x 176.8 cm. Musée national du Palais (Taïwan)[4]
Guanyin du Temple Donglin (en). Sculpture moderne
Sculture moderne de Guanyin au Monastère des Dix Mille Bouddhas (Hong Kong)

Guanyin est un pusa (bodhisattva en sanskrit), c'est-à-dire qu'elle a obtenu l'éveil, mais comme elle ne veut pas tout de suite accéder au rang de bouddha, elle s'arrête en cours de route afin de faire bénéficier de son enseignement les hommes. En Chine, on l'appelle la déesse de la miséricorde, parce qu'elle s'arrête un instant sur le chemin de la Voie, pour observer les hommes et tendre une oreille compatissante à leurs malheurs.

On la représente le plus souvent drapée dans une longue robe blanche qui la couvre de la tête aux pieds ; elle tient en main le vase de jade et une branche de saule ; elle est coiffée d'un chignon, noué sur le sommet, au milieu duquel  est représenté son maître, le Bouddha Amitābha[5]; sa peau est aussi blanche que du lait, du moins est-ce là l'image la plus répandue que l'on ait d'elle en Chine et celle qu'on trouve dans le roman du Voyage en Occident[6].

Elle résiderait sur le mont Putuo, entourée d'une foule de divinités à son service. Elle est souvent assise en méditation, les jambes croisées, ou debout sur une feuille de lotus et une auréole dorée entoure sa tête.

Mais Guanyin, c'est aussi des milliers de formes différentes pour représenter ses multiples capacités[7] ; elle peut ainsi disposer de une à onze têtes et de deux à quatre, voire huit et jusqu'à mille bras[8] ; il existerait en Chine un groupe de huit ou de trente-deux représentations de la Déesse[9]. Trente-trois formes sont couramment représentées et seraient adaptées de la légende de Miao-shan.

  • 1) [10](楊王觀音 Yangwang Guanyin) Guanyin au Peuplier, Guanyin Reine de la Médecine ou (楊柳觀音 Yangliu Guanyin) Guanyin au Saule : la Guanyin Reine de la Médecine, assise les jambes croisées sur une fleur de lotus, tenant dans la main droite une branche de saule et la main gauche à la hauteur de la poitrine ;
  • 2) (龍頭觀音 Longtou Guanyin) Guanyin à la Tête de Dragon : assise sur un Dragon ou une tortue marine, son voile rabattu sur son haut chignon, tenant un lotus épanoui ou réalisant une posture de méditation cachée sous la robe ; cette forme tient souvent un enfant et est confondue avec Guanyin Donneuse d'Enfants ;
  • 3) (持線觀音 Chixian Guanyin) Guanyin aux Écritures : assise en position de méditation, tenant dans ses mains un rouleau des écritures sacrées ;
  • 4) (圓光觀音 Yuanguang Guanyin) Guanyin à l'Orbe de Lumière : assise en méditation, les mains jointes et entourée de rayons lumineux ;
  • 5) (遊戲觀音 Yuanxi Guanyin) Guanyin Oisive et Théâtrale : assise sur une jambe, l'autre recroquevillée, la main droite reposant sur son nuage et l'autre sur le genou ;
  • 6) (白衣觀音 Baiyi Guanyin) (Pândaravâsinî) Guanyin à la Robe Blanche : assise sur une fleur de lotus, les mains en méditation ou tenant les écritures, souvent confondue avec Longtou Guanyin ou Baishen Guanyin (Shvetabhagavatî) ;
  • 7) (連觀臥音 Lianwo Guanyin) Guanyin Etendue : assise sur une fleur de lotus ou couchée et méditative ;
  • 8) (瀑見觀音 Pujian Guanyin) Guanyin à la Cascade : assise en méditation sur un rocher en face d'une chute d'eau ;
  • 9) (施樂觀音 Shile Guanyin) Guanyin s'Adonnant à la Joie : assise, la main droite appuyé sur le visage, contemplant une fleur de lotus ;
  • 10) (魚籃觀音 Yulan Guanyin) Guanyin au Panier à Poisson : debout sur un poisson ou tenant un panier avec un poisson (scène extraite du Xiyouji), sans doute une de ses apparences la plus connue et la plus représentée ;
  • 11) (德王觀音 Dewang Guanyin) Guanyin Reine de la Vertu : assise en méditation tenant une branche de saule à la main, souvent confondue avec Yangliu Guanyin ;
  • 12) (水月觀音 Shuiyue Guanyin) Guanyin à la Lune sur l'Eau : assise ou debout sur une fleur de lotus, parfois munie (rarement de trois têtes et six bras) et observant le reflet de la Lune sur l'Eau ;
  • 13) (一葉觀音 Yiye Guanyin) Guanyin à la Feuille : assise en délassement royal sur une feuille ou debout sur elle sur l'Océan, parfois appelée ( 海 Guohai Guanyin) Guanyin Qui Passe sur la Mer ;
Guanyin assise. Porcelaine de Dehua, 17e – 18e siècle. Hong Kong Museum of Art
  • 14) (青頸觀音 Qingjing Guanyin) Guanyin au Cou Bleu (Nîlakanthâvalokiteśvarâ) : assise sur un lotus ou un rocher, tenant un lotus dans la main gauche et de la droite esquissant la paix ou accoudée à un rocher, un vase à ses pieds, pourvue parfois de trois têtes et quatre bras tenant chacun un bâton, un lotus, un anneau et une conque ; l'origine de la légende du "cou bleu" se trouve dans l'épisode du barattage de la mer de lait (sanskrit IAST: kṣīrodamathana)[11], un des chants du Bhagavata Purana: Shiva, après que Vishnou eut décapité le démon Râhu, commença à boire le poison halāhala [12] qui détruit tout, afin de sauver le monde; il ne l'avala pas entièrement, mais le poison était si puissant que sa gorge bleuit, d’où le nom Nīlakaṇṭha (sanskrit IAST: nīla = bleu + kaṇṭha = gorge), «Gorge bleue»[13],[14].
  • 15) (威德觀音 Weide Guanyin) Guanyin à la Majesté Vertueuse : assise en délassement royal, tenant un lotus dans la main droite, sans doute la plus représentée de ses formes en Chine ;
  • 16) (延命觀音 Yanming Guanyin) Guanyin Prolongatrice de Vie : assise pensive derrière un rocher ;
  • 17) (眾寶觀音 Zhongbao Guanyin) Guanyin aux Nombreux Trésors : assise en délassement royal ;
  • 18) (岩戶觀音 Yanhu Guanyin) Guanyin à la Porte de Rochers : assise à l'entrée d'une grotte ;
  • 19) (能靜觀音 Nengjing Guanyin) Guanyin à l'Immobile Capacité : assise derrière un rocher ;
  • 20) (阿耨觀音 Anou Guanyin) Guanyin Fin de Vie : assise sur un rocher au bord de la mer, protectrice contre les monstres aquatiques et des noyés ;
  • 21) (阿麼觀音 Ame Guanyin) Guanyin aux Questions : assise en délassement royal sur un tigre blanc ou sur un rocher, peut être pourvue d'une tête à trois yeux et quatre bras ;
  • 22) Yeyi Guanyin (葉衣觀音 Yingyi Guanyin) Guanyin Porte-Enveloppe : assise sur un rocher, ses mains dans ses manches, ou tenant dans la main droite un joyau entouré de flammes, l'équivalent indien de (Parnashavarî) ou (Palashambarî) ;
  • 23) (珠璃觀音 Zhuli Guanyin) Guanyin au Joyau de Beryl : debout sur une feuille posée sur l'eau, tenant en main un joyau ;
  • 24) (多羅觀音 Duoluo Guanyin) Târâ Guanyin : une des formes féminines du bodhisattva indien, (Bhrikutî ?[réf. nécessaire]), debout sur un nuage les mains drapées dans sa robe ;
  • 25) (蜍利觀音 Chuli Guanyin) Guanyin au Coquillage : assise en méditation sur un coquillage, les mains drapées dans sa robe ;
Guanyin. Javier Biedma, illustrateur, Barcelone. 2011
  • 26) (六時觀音 Liushi Guanyin) Guanyin des six heures de la Journée : debout, tenant un livre dans les mains ;
  • 27) (普悲觀音 Pubei Guanyin) Guanyin à la Tristesse Universel : debout les mains drapées dans sa robe ;
  • 28) (馬郎觀音 Malang Guanyin) Guanyin la Marchande Ma : vêtue comme une riche marchande ;
  • 29) (合掌觀音 Hezhang Guanyin) Guanyin aux Mains Jointes : debout les mains jointes en adoration ;
  • 30) (一如觀音 Yiru Guanyin) Guanyin de l'Unicité : assise en délassement royal sur un nuage ;
  • 31) (不二觀音 Buer Guanyin) Guanyin Sans Égal : debout sur une feuille de lotus, les mains jointes sur le ventre ;
  • 32) (持蓮觀音 Chilian Guanyin) Guanyin au Lotus : debout tenant une fleur de lotus des deux mains ou des mains jointes ;
  • 33) (酒水觀音 Jiushui Guanyin) Guanyin de l'Aspersion : debout, une branche dans la main droite et un vase dans la gauche[15].

En dehors de ces 33 formes communément admises, Guanyin (觀音 Guanyin) dispose d'un millier d'autres formes dont les 7 ésotériques suivantes :

  • 1) [10](十一頭觀音 Shiyitou Guanyin) Guanyin à onze Têtes (Sîtâtapatrâryâvalokiteśvara) : debout ou assise sur un trône de lotus, tenant le vase ou une fleur de lotus, à deux ou quatre bras, couronnée de 11 têtes représentant les vertus principales ;
  • 2) (千臂觀音 Qianbi Guanyin) Guanyin aux mille Bras (Sahasrabhûjâryâvalokiteśvarâ) : debout ou assise sur un lotus, munie parfois de onze à vingt sept têtes et surtout de mille bras représentant l'omniscience de la divinité ;
  • 3) (如意輪觀音 Ruyilun Guanyin) Guanyin au Joyau du Savoir (Chintâmanichakrâryâvalokiteśvarâ) : debout, mais le plus souvent assise en délassement royal ou pensive, à deux ou quatre bras, tenant une fleur de lotus ;
  • 4) (馬頭觀音 Matou Guanyin) Guanyin à Tête de Cheval (Hayagrîvâryâvalokiteśvarâ) : debout ou assise avec une tête de cheval sur un corps humain, ou de une à trois têtes humaines couronnées d'une ou deux têtes de cheval, à l'aspect menaçant ;
  • 5) (準胝觀音 Zhunzhi Guanyin) Guanyin la Pure (Chundiâryâvalokiteśvarâ) : debout ou assise sur un lotus, pourvue de deux, quatre, six, huit, douze, dix-huit, trente deux ou soixante quatre bras, portant une tiare cylindrique ou cônique ;
Petit autel privé à Guanyin. 21e siècle
  • 6) (不空絲繩觀音 Bukongsīsheng Guanyin) Guanyin au Nœud de Soie Vide (Amoghapâshâryâvalokiteśvarâ) : debout ou assis, tenant la corde, le bâton de pèlerin, le rosaire, avec parfois trois têtes et de deux à trente deux bras ;
  • 7) (陀羅尼觀音 Tuoluoni Guanyin) Guanyin la Bonzesse (Bhrikutîâryâvalokiteśvarâ) : assise sur un lotus, munie d'une tête à trois yeux, de trois à six bras[16].La dernière des formes qu'on lui prête est celle de Guanyin Donneuse d'Enfants (送子觀音 Songzi Guanyin), sans doute une tentative de bouddhéiser une divinité taoïste, telle que (天仙送子 Tianxian Songzi) et c'est cette dernière forme qui contribua à l'identifier aux yeux des Européens à la Vierge Marie Chrétienne.
Guanyin en tant que "porteuse de fils" avec des petits garçons et des dragons de mer. Porcelaine « blanc de Chine », fours de Dehua. Vers 1620-1720. Victoria and Albert Museum
Fichier:Guanyin and child.jpg
Guanyin tenant un enfant dans ses bras. Peinture, 20e s. Hôpital de la fondation Tzu-chi, Hualien, Taiwan.

Guanyin est souvent appelée aussi Guanyin des Mers du Sud (南海 Nanhai Guanyin) , par rapport au temple du (普陀山 Putuoshan) où elle réside, mais elle possède énormément d'autres épithètes.

Elle prend parfois la forme d'une prostituée pour délivrer les hommes de leur luxure[17] ou pour leur permettre d'atteindre l'éveil[18].


La légende de Miao-shan

Historique

La plus ancienne inscription relative au culte de Miao-shan, gravée en 1100,  est attribuée au moine bouddhiste chinois Jiang Zhiqi (蒋志奇) (1031-1104). Elle y est assimilée à Guanyin, sous sa forme de Grande Compatissante aux mille bras et  mille yeux, vénérée depuis plusieurs siècles au monastère  du mont Putuo (普陀島 Putuodao), le Mont des Parfums[19], un des quatre monts bouddhistes de Chine.

Selon le sinologue britannique Glen Dudbridge, la plus ancienne version de la légende figure dans une des chroniques du bouddhisme en Chine, le Lung-hsing fo-chiao pien-nien t'ung-lun (龍興佛橋邊寧倫)(Chroniques complètes des enseignements de Bouddha durant la période de l’empereur Song Xiaozong 宋孝宗), écrite en 1164 par le moine Tsu-hsiu[20],[21].

La légende

La rivalité qui existait entre les écoles taoïstes et bouddhistes explique les variantes notables entre les différentes versions de la légende[22].

Dans le texte qui suit, un des personnages est l’empereur de Jade. Il s’agit donc d’une version  influencée par la pensée taoïste, ce qui n’est pas le cas du texte nettement bouddhiste traduit par Dudbridge[23],[19].

Sous la Dynastie du Ciel d'Or (朝金天 Chao Jintian), un jeune roi appelé Miaozhuang (妙莊) monta sur le trône après trois ans de guerre incessante ; il désirait par-dessus tout un héritier, mais parce qu'il avait fait couler le sang pendant ces trois années, les dieux rechignaient à l'exaucer. Exceptionnellement et pour racheter une famille de voleurs, trois filles naquirent de son épouse, Baiya (白牙) : Miaoqing (妙清), Miaoyin (妙音) et Miaochan (妙善). Le roi était désespéré, mais ses ministres le rassurèrent en lui disant qu'une de ses filles épouserait sans doute le futur héritier du trône.

Mais alors que les deux premières filles trouvèrent un bon parti, la troisième, Miaochan, s'obstinait à ne pas vouloir se marier, car elle désirait vivre dans la religion et devenir bonzesse. Devant son insistance, son père, le roi, la dépouilla de ses vêtements, la vêtit de haillons et l'abandonna dans le jardin de la Reine, livrée aux éléments. Mais contre toute attente, cette vie érémitique convenait parfaitement à la jeune fille.

Après maintes tentatives pour la raisonner, celle-ci décida d'aller rejoindre la Pagode de l'Oiseau Blanc (白雀禪寺 Baique Chansi) où résidaient déjà cinq cents bonzesses, bien malgré lui, le roi la laissa quitter le palais pour vivre la vie monastique, mais ordonna par décret aux bonzesses de mener la vie dure à la princesse afin de la dégoûter de son choix. Mais rien n'y faisait, Miaochan supportait tout sans se plaindre ; la mère supérieure lui avoua la menace qui pesait sur elles si la princesse persistait dans son choix, mais invectivant les nonnes, Miaochan maintint ses positions. Elle finit par faire un marché avec les sœurs, elle s'occuperait seule des tâches ménagères et de la cuisine.

Ému par tant de piété, l'Empereur de jade lui envoya des Esprits pour l'aider, et lorsque les sœurs virent tout cela, elles s'émerveillèrent. Le roi, lui, excédé dépêcha son armée pour brûler le temple. Effrayées, les nonnes allèrent prier Miaochan de les aider, alors celle-ci adressa une prière au Ciel et se piquant le palais avec son épingle à cheveux en bambou, cracha vers le Ciel : des nuages s'amoncelèrent qui bientôt éteignirent l'incendie, sauvant ainsi le temple. Le roi, rendu furieux, fit mettre sa fille aux fers et se décida à l'exécuter publiquement ; sa mère, la reine eut toutefois une dernière idée, celle de bâtir une tour sur le chemin du supplice afin d'attirer à elle sa fille en donnant des fêtes et des festins qui la feraient réfléchir sur sa situation, sûre de l'emporter cette fois-ci. Le roi acquiesça car il ne voulait vraiment pas se couvrir de honte à l'idée de verser le sang de sa propre fille, mais non content de refuser l'offre de rejoindre sa mère et la fête, la princesse baissa la tête et les yeux devant ses parents et les ignora totalement.

Excédé, Miaozhuang fit enfermer sa fille dans ses appartements pour qu'elle ait une dernière fois le choix de renoncer à sa foi, mais devant son inflexibilité, celui-ci lui promit de l'exécuter à l'aube. Une fois de plus, les Esprits vont s'en mêler : le tudi (土地), l'Esprit de la Localité qui avait tout entendu, vint faire son rapport au Ciel. L'Empereur de jade ordonna à l'Esprit de veiller sur son corps, afin qu'aucun mal ne lui soit fait, en effet, celui-ci était promis à devenir Pusa/Bodhisattva et de l'emporter dans la forêt loin des persécutions à venir. L'exécution commença comme prévu, mais ni le sabre du bourreau qui se brisa en deux, ni les lances ne purent entamer le corps de Miaochan. Alors le roi décida de la faire étrangler avec une bande de soie. La vie avait à peine quitté le corps de la princesse qu'un tigre bondit et s'en empara, c'était le tudi bien sûr.

Quand Miaochan rouvrit les yeux, elle n'était plus sur terre, mais dans l'autre monde ; elle fut accueillie par un émissaire du lieu, venu pour lui faire visiter les dix-huit enfers (十八地獄 Shiertiyu). Les dix juges (十殿閻王 Shidian Yenwang) eux-mêmes vinrent à sa rencontre et lui demandèrent de prier en ces lieux. La princesse accepta à la condition que les suppliciés des dix palais (小地獄十殿宮 Xiaotiyu Shidiangong) soient délivrés le temps de l'écouter. Il en fut comme elle désirait, mais à peine avait-elle commencé à réciter, qu'il n'y avait plus de supplices et que les damnés furent gagnés par la joie : l'Enfer se fit bientôt Paradis. Les dix rois, effrayés, renvoyèrent l'âme de Miaochan sur terre afin qu'elle retrouve son corps laissé dans la forêt et préservé de la dégradation par le tudi.

Miaochan se réveilla à nouveau dans la forêt de sapin, et comme l'endroit semblait désert, elle se désespéra de ne pouvoir prier pour personne et se mit à pleurer abondamment. Vint à ce moment-là un inconnu, qui se dit ému par son histoire et lui promit le mariage, ce qui offensa la princesse qui le rejeta violemment. Alors, l'inconnu lui révéla être en fait le Bouddha (如來 Rulai), qui avait testé sa foi et avait décidé de l'emmener dans un lieu où elle aurait tout loisir de prier pour le salut des êtres : la pagode du Mont des Parfums (香山 Xiangshan), sur l'île de Putuo (普陀島 Putuodao). Il lui remit une pêche d'immortalité et comme l'île se trouvait à plus de trois mille lis, ce fut une fois de plus le tudi, changé en tigre, qui fut chargé de la transporter jusque là-bas.

Elle passa neuf ans sur le Mont de Putuo (普陀山 Putuoshan) à se perfectionner, et devint ainsi pour tous, la Reine des trois mille Pusa (三千普薩 Sanqian Pusa) et de tous les êtres de chair. Dizangwang (地藏王) (aussi appelé Ksitigarbha), le Bodhisattva des Enfers fut si émerveillé par tant de vertu, qu'il décida de l'ériger en Souveraine du Ciel, de la Terre et du Bouddhisme. Une grande cérémonie fut donnée en son nom où furent invités les plus grandes divinités du Ciel, de la Terre et des Enfers, et devant témoins, Miaochan devint Guanyin (觀音) et monta sur son trône de lotus.

On pria Guanyin de trouver un jeune garçon et une jeune fille pour l'assister dans sa tâche, et ce fut le tudi qui fut chargé de lui trouver ses nouveaux assistants. Le premier s'appelait Chancai (善才), ce n'était encore qu'un jeune bonze novice, ce qui ne convainc pas tout de suite la Grande Bodhisattva, aussi décida-t-elle de le mettre à l'épreuve : des Immortels déguisés en pirates font semblant d'attaquer le temple, et effrayée, Guanyin court jusqu'au bord de la falaise et se jette dans le vide. Sans réfléchir, le jeune bonze se jette lui aussi dans le vide pour la rattraper. Devant tant de piété, Guanyin accepta d'en faire son assistant.

Son deuxième assistant sera une assistante : parce qu'elle avait jadis sauvé le troisième fils du Roi-dragon (龍王三子 Longwang Sanzi), changé en carpe, alors qu'il avait été capturé par un pêcheur, il lui fit porter une perle lumineuse afin de la remercier. Sa petite-fille Longnu (龍女 c'est-à-dire Femme-dragon) tenait à la lui remettre en personne et supplia son grand-père de pouvoir se mettre au service de la déesse pour suivre ses enseignements. Après maintes épreuves, Longnu devint à son tour la suivante de Guanyin avec Chancai[24].

Dans le Xiyouji[25], l'on donne une autre version de la conversion de Chancai auprès de Guanyin : c'était un monstre nommé Vent-Noir (黑風 Heifeng) qui fut vaincu par Sun Wukong (孫悟空, communément appelé le Roi des Singes) et sauvé de la mort par Guanyin, qui en fit le gardien des arrières du Putuoshan[26].Toujours dans ce roman, Guanyin est déjà accompagnée d'un assistant, qui n'est pas Chancai, mais Hui'An, dont l'auteur nous apprend qu'il n'est autre que Muzha (木吒), le frère puîné de Nezha (哪吒).

La légende se termine généralement ainsi : le père de Miao-shan, le roi Miaozhuang , tombe gravement malade. Il s’engage à céder son trône à qui sera capable de le guérir. Mais aucun médecin ne trouve le remède efficace. C’est alors qu’apparaît un moine, qui lui dit que le médicament qui pourra le guérir devra être composé d’un bras et d’ un œil provenant de quelqu’un qui est pur et sans tâche. Il ajoute qu’une telle personne existe et vit sur le mont Putuo.

Le roi hésite devant une telle proposition. Mais finalement, suivant l'indication du moine, il décide d’envoyer un messager pour demander l’aide à cette sainte personne ignorant qu’il s’agit d’une de ses filles. Celle-ci accepte sans hésiter. Peu après, le roi  est guéri. Il souhaite alors aller remercier personnellement,  et proposer son trône comme il s’y était engagé, à la personne qui a accepté de se mutiler pour lui sauver la vie. Quand il découvre que c’est Miao-shan, il lui demande pardon pour tout le mal qu’il lui a fait subir pendant tant d’années. Puis il lui fait construire  un temple sur la montagne,

L’histoire se termine par la transformation de Miao-shan en la bodhisattva Guanyin. Débordante de compassion, elle a fait vœu d’aider tous les êtres vivants, et pas seulement  les humains, jusqu’à ce qu’ils soient tous délivrés de la souffrance. Son lieu de résidence est l’île du mont Putuo, où elle se consacre totalement à la méditation[27],[28].

Dans le Xiyouji

Dans le roman de Wu Cheng En, le Xiyouji, souvent traduit par le Voyage en Occident, Guanyin tient une place très importante, puisque c'est elle qui veille sur le moine Sanzang (三藏) et ses disciples et les protège pendant leur voyage. Elle peut être comparée à Athéna qui veilla sur l'Odyssée d'Ulysse. C'est elle qui sera choisie par le Bouddha pour trouver un moine émérite qui ira chercher les écritures sacrées dans son Paradis de l'Ouest ; c'est elle aussi qui trouvera les disciples du moine et qui les convertira au bouddhisme. Elle intervient souvent dans l'histoire pour sauver les pèlerins des monstres qui les attaquent, mais finit toujours par éviter toute violence en récupérant ces êtres maléfiques et en les accueillant sur la Voie de la Salvation, leur évitant ainsi une mort sans espoir de se racheter. Elle conserve ainsi son statut de Grande Compatissante qui se penche sur le monde pour pleurer sur les êtres et les délivrer de leur existence prisonnière du Cycle infernal des réincarnations.

Deux légendes de Guanyin Quan  Âm au Viêt Nam

Le bouddhisme au Viêt Nam se  développe dès le IIIe siècle[29],[30]. Mais ce n’est qu’entre les XIVe siècle et XVe siècle, sans qu’on puisse établir une datation précise, que le récit  chinois intitulé Guanyin des Mers du Sud (南海 Nanhai Guanyin) commence à y être être diffusé, sous le titre Quan Âm Nam Hải, (Quan Âm de la mer du sud). Il y a lieu de remarquer que les traductions de la légende en chinois proposent le titre Guanyin « des » mers du sud, ou « de la » mer du sud. En vietnamien, « mer » est toujours au singulier: Quan Âm de la mer du sud)[31],[32],[33].

Quan Âm Nam Hải

Repères historiques

Plus d’un siècle  s’écoule entre 1164, année  de rédaction du plus ancien texte chinois connu de la légende de Miao-shan[34], et le début de sa diffusion au  Viêt Nam, fin XIIIe début XIVe siècle , sous le titre Quan Âm Nam Hải. La version gravée en  chữ nôm (ancienne écriture vietnamienne utilisant les sinogrammes chinois) n’a pu être datée avec précision. Pour ce qui est du premier texte écrit en chữ quốc ngữ (écriture vietnamienne moderne utilisant l’alphabet latin), il a été publié en 1897[35].

Le texte

Guanyin. Shitao, 1674. Encre sur papier, H. 193,6 cm. Musée de Shanghai

La légende de Quan Âm Nam Hải est la traduction en vietnamien de celle de Miao-shan (chinois :苗山). Il existe plurieurs variantes dans les deux langues, mais le schéma narratif et les événements sont les mêmes. La version vietnamienne  est un peu plus longue, du fait que certaines scènes sont plus imagées dans le style local. Les traducteurs transcripteurs ont vietnamisé les noms propres des lieux et personnages, et non pas seulement celui de Guanyin[36]. En  voici la liste :

Noms propres en chinois et vietnamien
Noms chinois Noms vietnamiens
Personnages
Le roi Miaozhuang (妙莊) Diệu Trang  Vuong
Les trois soeurs Miaoqing (妙清) Diệu Thanh
Miaoyin (妙音) Diệu Âm
Miao-shan (ou Miao-chan) (妙善 ou 苗山) Diệu Thiện ( la future Quan Âm)
Le Tathāgata (Bouddha) Rulai (如來) Như Lai
Le Bodhisattava

(gardien des 18 enfers)

Dìzàng  (地藏王)

(sanskrit IAST : Kṣitigarbha)

Địa Tạng
Les deux jeunes disciples Chancai (善才) (le garçon) Thien Tai
Longnu (龍女) (la fille) Long Nữ
Lieux
Pagode des parfums Xiangshan (香山) Chùa Hương ou  Chùa Thơm
Mont Putuo Putuodao (普陀島) Phổ Đà Sơn (situé en Chine)

Le mont Hương Tích (situé au Centre du Viêt Nam)

Il y lieu de signaler une particularité. Au Viêt Nam il y a deux pagodes des parfums, l’une et l’autre étant des lieux de pèlerinage, encore de nos jours. Mais seule la première, construite au XIVe siècle au centre du pays, dans la province de Hà Tĩnh, est entièrement dédiée au culte de Quan Âm dans le cadre de la légende[37],[38].

Il faut également  mentionner que le texte vietnamien contient  des références symboliques du bouddhisme mahāyāna qui ne figurent pas dans l’histoire de Miao-shan. Ainsi sont évoqués, dans la dernière partie du texte:

  • Le Trikāya, ou triple corps des Bouddhas (vietnamien : Tam Thân), dont les trois aspects sont symbolisés  comme suit :
- le Dharmakāya (vietnamien: Pháp Thân), le corps du « dharma » est représenté par Quan Âm;
- le Sambhogakâya (vietnamien: Báo Thân), le corps de « félicité », est représenté par le mont Putuo/Phổ Đà (situé en Chine), lieu de résidence duTathāgata (Bouddha):
- le Nirmāṇakāya (vietnamien: Ứng Thân), le corps d’«émanation » ou de « transformation »,est représenté par le mont Hương Tích (situé au Viêt Nam), lieu de résidence de Quan Âm.
  • Quatre des huit Grands Bodhisattvas (sanskrit IAST : Mahāsattva ; vietnamien : Ma ha Tát) :
- Avalokiteśvara-Guanyin et Diệu Thiện-Quan Âm;
- Mañjuśrī (en vietnamien : Văn-thù-sư-lợi), ayant un lion vert comme monture, dont Diệu Thanh (première sœur de Diệu Thiện) devient une émanation à la fin du récit;
- Samantabhadra  (en vietnamien :Phổ Hiền) ayant un éléphant blanc comme monture, dont Diệu Âm (deuxième sœur) devient l'émanation à la fin du récit;
- Kṣitigarbha (vietnamien : Địa Tạng ; chinois: Dìzàng) qui apparaît  dans le cours du récit (scène où celle qui n’est encore que Diệu Thiện  visite les 18 enfers) [39].

 Quan Âm Thị Kính 

Repères historiques

Quan Âm Thị Kính est le personnage éponyme d’une pièce de théâtre et d’un roman écrits  en vers  chữ nôm (ancienne écriture vietnamienne utilisant les sinogrammes chinois), probablement vers la fin du XVIIe début du XVIIIe siècle. Les historiens n’ont pas encore établi avec certitude ni la date de création, ni le nom du ou des auteurs[40].

Une représentation de la pièce Quan Âm Thị Kính le , au Théâtre Hát Chéo de Hanoï,Vietnam. Mise en scène: Vu-Khac-Khoan.

Les textes

  • Le roman

L’auteur du roman connaissait à la fois le bouddhisme et le confucianisme[41].

La trame suit le même plan que celui de la pièce, mais avec des développements plus riches d’un point de vue littéraire. Écrit par un lettré pour des lettrés, il est destiné à être lu et non joué en public. Son style raffiné le rend incompréhensible auprès des classes paysanne et populaire. Il n’obtient de ce fait qu’un succès restreint. Cela ne l’empêche pas de figurer  parmi les œuvres majeures de la littérature vietnamienne[42].

  • La pièce de théâtre

La pièce est écrite dans un style simple et direct qui la rend accessible à tous les publics. Son succès  a traversé les siècles jusqu’à nos jours. Faisant partie du répertoire classique, elle est encore jouée au Viêt Nam, soit dans une version modernisée (seulement  le texte), soit dans la version traditionnelle de l’opéra populaire Chèo (comportant les parties chantées)[43],[44].

Elle est également interprétée à l’étranger[45].

Le texte est composé de 786 vers (distiques de  6+8 pieds) écrits en chữ nôm[33].

  • Personnages  principaux
-Thị Kính, la future Quan Âm (qui se travestira en moine dans le cours du récit sous le nom de Kính Tâm) ;
-Thiện Sĩ, son époux  (qui sera transformé en perroquet) ;
-Thị Mầu (jeune femme qui tentera de séduire le moine Kinh Tâm).
  • Synopsis

Le texte peut être découpé en cinq parties[46],[47].

1) Thị Kính  accusée à tort de tentative de meurtre sur son époux (vers 1-224):

Thị Kính est une jeune femme qui dans ses neuf vies antérieures, a été le moine bouddhiste nommé Kinh Tâm. Cette dixième vie est la dernière, car à la fin de l’histoire elle deviendra la bodhisattva Quan Âm.

Belle et vertueuse, elle se marie avec Thiện Sĩ, un jeune homme de bonne famille. Le jeune couple vit heureux. Un soir, il s’assoupit sur les genoux de son épouse, tandis qu’elle fait des travaux de couture. Contemplant le visage de son bien-aimé, elle remarque un long poil de barbe sur son menton.

Elle s’apprête à le couper avec son canif  de couturière[48], mais Thiện Sĩ se réveille en sursaut. Effrayé, il croit qu’elle voulait  l’égorger. Il est furieux. Elle fond en larmes, sans pouvoir le convaincre de son erreur. Il lui ordonne de retourner chez ses parents.

2) Thị Kính reniée par sa famille se refugie à la pagode (vers 225-370):

Ces parents refusent de l’accueillir, honteux d’avoir une telle fille. Ainsi rejetée  par tous les membres de sa famille, elle décide de se vêtir  en homme afin de pouvoir se réfugier dans une pagode. Elle est admise comme moine novice, sous le nom de de Kinh Tâm, qu’elle porte pour la dixième fois dans son voyage karmique. Hélas, elle n’y trouvera pas la sérénité espérée, mais au contraire d’autres tourments.

3) Thị Mầu tente de séduire Kinh Tâm qui est chassé de la pagode (vers 371-384):

Celle qui était belle lorsqu’elle était femme, est pareillement " beau " sous les traits d’un jeune homme. À tel point que la fille d’un riche négociant de la région, nommée Thị Mầu, tombe amoureuse de "lui" et fait  des tentatives de séduction. Sans succès. Déçue, elle a alors une relation amoureuse avec son valet de ferme.

Quelques semaines plus tard, elle constate qu’elle est enceinte. Elle y voit l’occasion de se  venger du jeune moine et  prétend qu’il est le père de son enfant. Kinh Tâm jure de son innocence, mais tout le monde croit en sa culpabilité, y compris le moine supérieur qui la chasse de la pagode, car un moine qui a commis  une telle faute s’est rendu impur. Elle obéit, sans délivrer la seule preuve qui pourrait la sauver, ne voulant pas que la menteuse soit châtiée.

4) Kinh Tâm élève l’enfant de Thị Mầu (vers 385-692):

Mais le pire se produit quelques mois plus tard. Thị Mầu, après l’accouchement,  abandonne son bébé sous le porche de la pagode, où dort désormais Kinh Tâm qui accepte de prendre soin de lui. « Il » doit mendier pour le nourrir. Tout le monde trouve cela normal puisque c’est « son » enfant. Les aumônes sont accompagnées d’insultes. Kinh Tâm endure la situation sans jamais se plaindre.

Trois années s'écoulent. L'enfant grandit, mais l'état de santé de Kinh Tâm commence à décliner. Se sentant sur le point d'expirer, « il » rédige une lettre à l’attention de ses parents pour tout leur raconter, et surtout pour les prier de confier l’enfant à la pagode, si le moine supérieur accepte.

5) Kinh Tâm meurt d’épuisement  et  devient la bodhisattva Quan Âm (vers 693 à 786):

Quand le moine supérieur apprend  la vérité, il réalise qu’il a été injuste et se repent de son attitude. Pour se racheter, il accepte de s’occuper de l’enfant. Thị Mầu est condamnée à payer tous les frais d’obsèques et à porter le deuil. Dans le même temps, Bouddha qui a tout vu de l’histoire, décide d’accueillir Thi Kinh dans les cieux. Ainsi atteint-elle l’état de bodhisattva sous le nom de Quan Âm. Par la suite, ses parents seront également admis à séjourner auprès d’elle, ainsi que l’enfant de Thị Mầu, à condition qu’ils demeurent sur  le  lotus qui sert de socle à la bodhisattva. Quant à Thiện Sĩ, le mari incrédule, il est transformé en perroquet et devra rester sur un perchoir à côté de Quan Âm.

Diệu Thiện et Thị Kính, des caractères différents

Par leurs comportements exemplaires, les deux héroïnes atteignent l’état de bodhisattva. Cependant, une analyse des deux légendes met en évidence plusieurs différences entre les caractères de Diệu Thiện et  de Thị Kính. En voici deux exemples :

  • Détermination: la  première fait ce qu’elle a décidé de faire, tandis que la seconde est une femme soumise. Leurs attitudes respectives face à l’autorité paternelle en est une illustration : l’une refuse de se marier, l’autre accepte,  et par la suite endure injustice et humiliations sans mot dire.
  • Vocation religieuse : Diệu Thiện fait ce choix dès son plus jeune âge, répondant à un appel intérieur ; Thị Kính ne choisit la pagode qu’en solution ultime après avoir été répudiée par son mari et rejetée par ses parents ; de plus, elle doit dissimuler son identité féminine;

Dès le début, on comprend que Diệu Thiện est destinée à être boddhisattva. Ce n’est pas le cas de Thị Kính, mais elle fait pleurer les spectateurs, lesquels connaissent la vérité. À leurs yeux, elle mérite vraiment d’atteindre le nirvana à la fin de l’histoire.

Dans un pays fortement  marqué par le confucianisme, l’attitude d’abord rebelle de Diệu Thiện vis-à-vis de l’autorité paternelle est une faute. Mais elle est pardonnée quand elle accepte de donner ses yeux et ses membres pour sauver son père malade. C’est le plus grand témoignage d’amour qu’une enfant puisse faire à ses parents en termes de piété filiale. Et son affliction profonde en voyant souffrir les suppliciés des enfers, exprime le ressenti du futur bodhisattva de la compassion.    

Thị Kính se refuse de confondre Thị Mầu et accepte d'assumer le rôle de "père" adoptif. Elle sacrifie sa santé et y laisse sa vie. C’est l’expression extrême  de l’aide apportée à autrui, en l’occurrence l'enfant.

Ainsi, d’une certaine façon, ces deux histoires sont complémentaires, comme les héroïnes le sont elles-mêmes. Les auteurs ont voulu concilier bouddhisme, confucianisme et taoïsme, en accordant une place égale à la, à la compassion, à l’aide à autrui et à la  piété filiale. C’est un exemple de syncrétisme réussi[49].

Représentation vietnamienne de Guanyin, désignée par les noms: Quan Âm ou Quán Thế Âm, et aussi Quán Thế Âm Bồ Tát (Bodhisattva Quán Thế Âm). Utilisée comme image votive et protectrice (Auteur anonyme et année de création inconnue).

Postérité

La dévotion à Quan Âm  ne  s’est pas interrompue depuis des siècles et aujourd’hui encore son culte est très répandu au Viêt Nam [50] et aussi parmi les vietnamiens de la diaspora.

Dans l’enceinte de la plupart des pagodes, une statue de taille plus ou moins imposante la représente debout sur une fleur de lotus. Ainsi placée à l’extérieur, elle semble accueillir les visiteurs.

À l’intérieur, elle est toujours représentée deux fois: d'une part dans le groupe de la triade (vietnamien: Tây Phương Tam Thánh ) où elle est placée à la droite du bouddha Amitābha (vietnamien: A-di-đà)  lequel occupe la position centrale, et le bodhisattva Mahasthamaprapta (vietnamien: Đại Thế Chí) placé à sa gauche ; d’autre part, sous sa forme d’ Avalokiteśvara aux quatre, huit ou mille bras[51].

Elle est désignée par trois appellations: Quan Âm (hán-viêt: Quan=observer, Âm= les sons); Quán Thế  Âm (hán-viêt: Thế= le monde des mortels);  Quán Thế Âm Bồ-tát (hán-viêt : Bồ-tát=bodhisattva).

Quotidiennement, ou certains jours des mois lunaires, les fidèles récitent  le Chú Đại Bi, ou Đại Bi Tâm Đà La Ni (sanskrit IAST :Nīlakaṇṭha Dhāraṇī, ou Mahākaruṇika Dhāraṇī), le Mantra de la Grande Compassion qui lui est spécialement adressé [52]. Elle est très présente dans la pratique cultuelle des bouddhistes vietnamiens[53].

Guanyin aux neuf lotus. Rouleau suspendu, encre et peinture sur soie. Auteur anonyme. Chine,1593.Metropolitan Museum of Art, New-York. En haut à droite, on distingue un perroquet blanc.

Les perroquets de Guanyin et de Quan Âm Thị Kính

  • Guanyin.

Dans l’iconographie populaire elle est souvent représentée accompagnée d’un perroquet blanc, le plus souvent placé à sa droite, parfois  à sa gauche (comme c'est le cas dans l'illustration ci-contre), battant des ailes et tenant dans son bec une perle ou un ruban perlé. Voici une des versions de son histoire:

L’action se passe durant la période de la dynastie Tang (618-907). Un jour, un petit perroquet part à la recherche du mets préféré de sa mère, qui étant  malade ne peut se déplacer. Mais en cours de route, il se fait capturer par un braconnier qui espérait le revendre. Il ne lui fait donc aucun mal. Plusieurs jours s’écoulent avant que l’oiseau puisse s’échapper avant d’être vendu. Mais quand il rentre au nid, il trouve sa mère morte. Triste de n’avoir pu rentrer à temps, il organise ses funérailles et porte le deuil. Ensuite, il fait le vœu de devenir un disciple de Guanyin.

La bodhisattva, qui a tout vu, est émue par son histoire et l’accepte auprès d’elle. Il symbolise la piété filiale[54].

On peut remarquer qu’il n’y a pas de perroquet mentionné dans la légende de Quan Âm Nam Hải.

  • Quan Âm Thị Kính.

La transformation en perroquet du mari incrédule, ressemble plus à une punition qu’à une récompense, comme c’est le cas dans l’histoire de Guanyin. L’auteur de la pièce s’est probablement référé à une version de la légende chinoise. On peut toutefois s’étonner que le comportement symbolisant la piété filiale (l’attitude du jeune perroquet pour sa mère souffrante) ait été transformé en une réaction violente commise par un mari stupide, croyant  à tort que son épouse voulait l’assassiner[55].

Dans les textes bouddhiques, il avait déjà été question de perroquets. Dans les Jātaka, qui listent les 547 vies antérieures du Bouddha Gautama, trois histoires ont pour héros deux frères perroquets nommés Rādha (l’aîné) et Poṭṭhapāda (le cadet), qui personnifient le futur Bouddha et Ānanda. Il s’agit des Rādha-Jātaka (n°145 et 198) et Kālabāhu-Jātaka (n°329)[56],[57]. Consulté le

Relation avec le végétarisme

Guanyin  a fait le vœu d’attendre que tous les êtres vivants soient libérés de la souffrance avant  d’atteindre elle-même l’état de Bouddha. Par tous les êtres vivants, elle entend non seulement les humains mais également les animaux.

Dans les pays où le bouddhisme mahayana s'est développé, les pratiquants considèrent que cet engagement est l'expression d'une profonde compassion. Ainsi Guanyin est-elle associée au végétarisme. C'est pourquoi nombreux sont ceux qui décorent leurs cuisines avec des images ou des calendriers  sur lesquels son effigie est imprimée (au Viêt Nam il s'agit de Quan Âm). Des revues et magazines végétariens bouddhistes l’ont prise pour emblème ou logo[58].         .

Guanyin dans l'univers du qigong

Plusieurs qigong font référence à Guanyin et certains en portent même le nom. En France une forme du qigong de Guanyin dite "des Milles mains sacrées" est enseignée par "l'Institut du Quimétao", à Paris, dirigée par maître Jian Liujun. Ce qigong est décrit dans son livre intitulé "Dao de l'harmonie, Quintessence du qigong[59]". Deux autres formes sont également enseignées en France par l'école Sheng Zhen dirigée par maître Li Junfeng qui vit aux États-Unis. Ces qigong sont décrits dans le livre Wuji Yuan Gong[60].

Dans la science fiction

Le titre de Guanshiyin apparaît dans l'œuvre de science fiction The Expanse de James S. A. Corey (pseudonyme de deux auteurs) pour désigner le nom du vaisseau spatial du milliardaire Jules-Pierre Mao[61].

Dans les mangas

Notes et références

  1. (en) Henry Doré S.J. (trad. M. Kennelly, S.J.), Researches into Chinese Superstitions, vol. 1, Shanghai, Tusewei Press, , p. 2.
  2. Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme [détail des éditions].
  3. London School of Economics, Fathom.lse.ac.uk.
  4. Guan Yin représenté avec plusieurs têtes de bodhisattva surmontées d'une tête de Bouddha. La figure se tient sur un socle en lotus soutenu par quatre Rois célestes. Deux assistants de bodhisattva encadrent Guan Yin de chaque côté. Les bouddhas assis sont dans les nuages au-dessus de la figure. Huit rois Deva apparaissent sous la figure.
  5. Amoghavajra (不空), 《青頸觀自在菩薩心陀羅尼經 (T. 1111), cité par Lokesh Chandra, The Thousand-armed Avalokiteśvara.
  6. Wu Cheng'en, Xiyouji, la Pérégrination vers l'Ouest (éditions de la Pléiade, 1991) Vol. 1, Chap. VI, p. 113, note 1
  7. Louis Frédéric, les Dieux du Bouddhisme (éditions Flammarion, 1992) p. 153
  8. Louis Frédéric, les Dieux du Bouddhisme (éditions Flammarion, 1992), p.158
  9. Louis Frédéric, les Dieux du Bouddhisme (éditions Flammarion, 1992) p. 159 à 165
  10. a et b Jean-Claude Martin, Memento des Kanji (éditions FransOrienT, 1998) et le petit dictionnaire Japonais-Français (éditions You Feng, 1987) pour les signes japonais et le Dictionnaire Concis de Français-Chinois, Chinois-Français (éditions la Presse Commerciale et Larousse, 1994)pour la correspondance
  11. Gérard Huet, Dictionnaire Héritage du Sanscrit, version Dico en ligne, entrée «kṣīrodamathana», lire: [1]; Consulté le .
  12. Gérard Huet, version Dico en ligne, entrée «halāhala», lire: [2]. Consulté le .
  13. Gérard Huet, version Dico en ligne, entrée «nīlakaṇṭha», lire: [3]. Consulté le .
  14. Lokesh Chandra (1988), p.45.
  15. Louis Frédéric, les Dieux du Bouddhisme (éditions Flammarion, 1992) p. 165 à 170 et 174 à 179
  16. Louis Frédéric, les Dieux du Bouddhisme (éditions Flammarion, 1992) p. 179 et 180
  17. (en) Randall L. Nadeau, Asian Religions: A Cultural Perspective, Wiley, (ISBN 978-1-118-47195-1, lire en ligne), p. 182
  18. (en) Paola Zamperini, Lost Bodies: Images and Representations of Prostitution in Late Qing Fiction, University of California, Berkeley, (lire en ligne), p. 28
  19. a et b « Chinese Cultural Studies:The Legend of Miao-shan » [archive] (consulté le ).
  20. Glen Dudbridge. The Legend of Miao-shan, Revised Edition. Oxford University Press, 19-02-2004.
  21. Chün-fang Yü, Kuan-yin:The chinese transformation of Avalokiteśvara, New-York, Columbia University Press, 2001, p.300.
  22. The Columbia History of Chinese Literature, New-York, Columbia University Press, Victor H.Mair Editor, 2001, p.166.
  23. Glen Dudbridge, pp. 25-34.
  24. Père Henri Doré, Recherches et Superstitions en Chine, le Panthéon Chinois (éditions You Feng, 1996) Vol. 6, Art. VIII, p. 94 à 138
  25. Wu Cheng'en, Xiyouji la Pérégrination Vers l'Ouest (éditions de la Pléiade, 1991) Vol.1, Livre VI, Chap. XVII à XVIII
  26. Wu Cheng'en, Xiyouji la Pérégrination Vers l'Ouest (éditions de la Pléiade, 1991) Vol.1, Livre II, Chap. VI, p. 113, note 3 et p. 116, note 1
  27. Charles A.S Williams, Chinese Symbolism and Art Motifs,  Quatrième édition complétée, pp. 242-246.
  28. Minh Chi, Ha Van Tan, Nguyen Tai Thu, p.132-134.
  29. (en) Cuong Tu Nguyen, Zen in Medieval Vietnam: A Study of the Thiền Uyển Tập Anh., Honolulu, University of Hawaii Press, 1997, p.9.
  30. Hữu Ngọc, Dictionnaire de la culture traditionnelle du Vietnam, Hanoï, The Gioi, Éditions en langues étrangères, 1993, pp.114-116.
  31. Quan Âm est le nom vietnamien de Guanyin (elle est également appelée  Quán Thế Âm ou Quán Thế Âm Bồ Tát (l’explication détaillée des trois noms sera reprise dans une note ultérieure).
  32. Minh Chi, Ha Van Tan, Nguyen Tai Thu, Le Bouddhisme au Vietnam, pp.125, 128, 129.
  33. a et b Hữu Ngọc, p.734.
  34. Glen Dudridge pp. 25-34 (déjà mentionné dans la section « La légende de Miao-shan).
  35. Minh Chi, Ha Van Tan, Nguyen Tai Thu, p.128.
  36. Minh Chi, Ha Van Tan, Nguyen Tai Thu, pp.128-136.
  37. Au Viêt Nam, il y a deux "pagodes des Parfums", l’une située au centre et l’autre au nord du pays. Ce "doublon"  résulte de contextes historiques  différents, mais non complémentaires.
    • Première pagode des Parfums (Chùa Thơm*). Son origine remonte à la fin du XIIIe siècle ou début XIVe siècle, quand la légende de Quan Âm a commencé à être diffusée au Viêt Nam. Elle a été construite au centre du pays, sur le mont « Hương Tích », province de Hà Tĩnh, à 650 mètres d’altitude.  
    • Seconde pagode  des parfums (Chùa Hương*). Edifiée bien plus tard,  au début du XVIIe siècle, elle est située à une soixantaine de kilomètres  au sud de Hanoï. Le contexte historique de sa construction ne présente aucun lien direct avec la légende.
    Il s’agit en fait d’un complexe de plusieurs lieux de culte (pagodes et temples) dédiés à des déités bouddhiques, dont Quan Âm, comme dans toutes les pagodes vietnamiennes, ou taoïstes. C’est un exemple de syncrétisme.
    (*) Les mots vietnamiens "thơm " et  "hương" sont synonymes (= parfumé/parfum), (chuà= pagode).
    Nota: les détails se rapportant aux deux pagodes, dans la section de l’article et la pésente note, sont issus des articles Chùa Hương (vi), Chùa Hương Tích (vi) et Perfume Pagoda (en).
  38. Huu Ngoc, p.372.
  39. Minh Chi, Ha Van Tan, Nguyen Tai Thu, p.134.
  40. Les historiens  ont émis différentes hypothèses, tant en ce qui concerne la date de rédaction des textes que le nom du ou des auteurs. En voici quelques unes :
    • Selon Hữu Ngọc, le roman et la pièce de théâtre dateraient du XVIIIe siècle et seraient l’œuvre de Chân Nguyên (1647-1726),  un moine zen de l’Ecole Trúc Lâm, sous la Dynastie Lê postérieure,  (ouvrage cité p.734-735);
    • Les historiens de la littérature vietnamienne, Nguyễn Huệ Chi et Trần Hữu Tá, dans leur ouvrage Từ điển văn học (Dictionnaire littéraire, édition de  2005 p.1472) estiment  que si Nguyễn Cấp  et Đỗ Trọng Dư peuvent effectivement être considérés comme des auteurs plausibles, il est néanmoins impossible de l’affirmer, à partir des documents actuellement disponibles. Aussi classent-ils l’œuvre comme étant « Anonyme » (source : article Quan Âm Thị Kính (truyện thơ) (vi), lignes 15-19). Références de l’ouvrage: voir bibliographie;
    • Selon Minh Chi, Ha Van Tan et Nguyen Tai Thu, la pièce pourrait avoir précédé  le roman de plusieurs siècles, soit bien  avant les XVIIe ou XVIIIe, ce qui rendrait possible la contemporanéité des légendes Quan Âm Nam Hải  et Quan Âm Thị Kính (ouvrage cité p. 125);
    • Une autre hypothèse a été émise par P. Q. Phan (en), un compositeur vietnamien résidant aux États-Unis, auteur du livret et de la musique de The Tale of Lady Thị Kính (de), opéra  en  2 actes en anglais (2013). Dans la notice de présentation de l’œuvre (p.11), il déclare qu’au cours de ses recherches sur les textes anciens relatifs à  Quan Âm Thị Kính, il a remarqué que  son histoire présentait une ressemblance frappante avec celle  de “Phạm Thị” (signification  "Lady Phạm")', la mère de l’empereur Lý Thái Tổ  (李太祖) né Lý Công Uẩn (李公蘊), fondateur de la dynastie Lý en 1009. Cette similitude l’a amené à supposer que l’origine  de Quan Âm Thị Kính pourrait remonter  à cette époque, soit  au XIe siècle (fervente bouddhiste, “Phạm Thị” confia l’éducation de son fils au moine supérieur de la pagode Cổ Pháp, où le futur empereur sera ordonné moine ; ceci expliquerait  que  le bouddhisme vietnamien ait connu son apogée sous cette dynastie). Lien de la notice dont il est question dans cette note (46 pages téléchargeables): [4], consulté le 16 novembre 2019.
  41. Bouddhisme et confucianisme au Viêt Nam (rappel historique): même si l’œuvre ne peut être datée avec précision, la plupart des historiens la situe vers la fin de la dynastie Lê postérieure (1428-1788) (voir note précédente). Durant cette période, l’influence du bouddhisme régresse, sauf dans les couches populaires qui en sont profondément imprégnées, à l’avantage du confucianisme qui devient prépondérant  dans les milieux intellectuels et la classe dirigeante.
  42. Minh Chi, Ha Van Tan et Nguyen Tai Thu, p.125, 128.
  43. Hữu Ngọc, pp. 625, 626, 734, 735.
  44. Minh Chi, Ha Van Tan et Nguyen Tai Thu, p.125.
  45. En 2014, la Jacobs School of music, Indiana University de Bloomington a programmé The Tale of Lady Thị Kính (de) (déjà mentionné avec lien externe dans une note précédente).
  46. Le découpage en cinq parties ne figure pas dans le texte original. Elles  ne correspondent pas à des "actes", dans le sens où on l’entend habituellement quand il s’agit d’une œuvre théâtrale. Il a été proposé par le professeur de littérature vietnamienne Dương Quảng Hàm (vi) (1898-1946), dans le cadre de son enseignement.
  47. Sources du texte:
  48. D’après l’ancienne culture vietnamienne, quand un homme a un seul long poil sur le visage, le menton ou le cou, c’est un signe révélateur de traits de caractère négatifs: lâcheté, infidélité, opportunisme. C’est pour cette raison que Thị Kính  veut le couper.
  49. Minh Chi, Ha Van Tan et Nguyen Tai Thu, p.135-136.
  50. On peut  même dire que la dévotion à Quan Âm a « perduré », dans le sens de " continuer, durer malgré les obstacles" (définition du Larousse en ligne) du fait que le bouddhisme, durant les règnes de plusieurs souverains, notamment sous la dynastie Lê postérieure, l’influence du confucianisme été dominante, dans un esprit plutôt exclusif que tolérant.(Source: Hữu Ngọc, p.115).
  51. Hữu Ngọc, p.262.
  52. Le texte dont il s’agit est intitulé Chú Đại Bi,( littéralement : Mantra de la Grande compassion) ou Đại Bi Tâm Đà La Ni (littéralement: Grande compassion-Cœur- Dhāraṇī  ; sanskrit IAST: Nīlakaṇṭha Dhāraṇī ou Mahākaruṇika Dhāraṇī. Rappel : en sanskrit IAST, Nīlakaṇṭha (nīla=bleu + kaṇṭha = gorge) = « Gorge bleue », qui est une des représentations de Guanyin (voir détails dans la section « Représentations » du présent article, n° 14). Il est dédié à Avalokiteśvara. La plus ancienne version chinoise connue daterait du VIIe siècle environ. Mais une datation précise est difficile, car on trouve certains éléments du texte dans le Sutra du lotus, rédigé plusieurs siècles avant (pour plus de détails, voir article en anglais: Nīlakaṇṭha Dhāraṇī (en)).
  53. Hữu Ngọc, p.733.
  54. Version rapportée par le sinologue néerlandais Wilt L. Idema, dans son ouvrage Personal salvation and filial piety: two precious scroll narratives of Guanyin and her acolytes. Concernant le braconnage des perroquets, l'auteur apporte la précision suivante: sous la dynastie Tang, les perroquets étaient appréciés comme animaux de compagnie par les membres de l’aristocratie. Ils étaient donc très recherchés pour leur être vendus.(références complètes de l’ouvrage section « Bibliographie»).
  55. Minh Chi, Ha Van Tan et Nguyen Tai Thu, p.127-128.
  56. Dans certaines traductions du Rādha-jātaka n°145, les noms des frères aîné et cadet sont inversés : Poṭṭhapāda étant l’aîné et Rādha le cadet (personnifiant le futur Bouddha et Ānanda respectivement). Dans le Kālabāhu-Jātaka (n°329), Kālabāhu est un gros singe fanfaron, qui personnifie  Devadatta, le cousin jaloux de Siddharta Gautama.
  57. Sources:* The Jātaka or Stories of the Buddha's Former Births, Edward B Cowell; Robert Chalmers, Sir; W.H.D.Rouse ; H.T. Francis and R.A. Neil, en 6 volumes, édités par Cambridge University Press entre  1895 and 1907 et plusieurs fois réédités (voir références complètes section « Bibliographie »).
    Les 6 volumes sont accessibles en ligne via le site : Onlinebookslibrary: [5]. Consulté le .
    Liens pour les 3 Jātakas mentionnés :
    • Rādha-Jātaka n°145, Volume 1, pp.310-311: [6] Consulté le
    • Rādha-Jātaka n°198, Volume 2, pp.93-94: [7] Consulté le
    • Kālabāhu-Jātaka n°329, Volume 3, pp. pp.65-66 : [8].
  58. Shri Bhagavatananda Guru, A Brief History Of The Immortals Of Non-Hindu Civilizations, Notion Press, 2015, (ISBN 9789352064533).
  59. Liujun Jian, Dao de l'harmonie, Paris, Éditions Quimétao, dl 2014, 248 p. (ISBN 9782911858192 et 2911858190, OCLC 944263604, lire en ligne)
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Sources

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Autres dictionnaires

  • Petit dictionnaire japonais-français (éditions You Feng, 1987) pour la recherche de signes.
  • Dictionnaire concis de Français-Chinois (éditions la Presse Commerciale Larousse, 1994) pour la correspondance des signes japonais-chinois.

Voir aussi

Articles connexes

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Bibliographie

  • John Blofeld, Le Yoga de la compassion : Le Culte mystique de KuanYin, Albin Michel, (ISBN 2226015566)
  • (en) Lokesh Chandra, The Thousand-armed Avalokiteśvara, Volume1, New Delhi, Abhinav Publications, Indira Gandhi National Centre for the Arts, , 203 p. (ISBN 81-7017-247-0).
  • Wu Cheng'en, La Pérégrination vers l'Ouest : (Xiyou ji), Gallimard, (ISBN 2-07-011203-9) 2 vol. : 1312 et 1200 p.
    • traduction ancienne : Si Yeou Ki ou Le Voyage en Occident, Louis Avenol (traduction), éditions du Seuil, 1957, 2 volumes
    • Le Singe Pèlerin, Wou Tch'eng-En, George Deniker (traduction d'après la version anglaise d'Arthur Waley), éditions Payot (1951 et 1990).
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  • Zheng-Sheng DU (dir.), Le Bouddha de compassion : Images de Guanyin, Éditions Les Grégoriennes, , 248 p. (ISBN 978-2-914338-13-4) Première édition, Musée national du Palais, Taipei, 2000, (ISBN 957-562-388-6)

Bande dessinée

  • L’Épopée du Roi Singe, mis en images par Pascal Fauliot, éditions Casterman, Épopée, 2000 et 2008.

Liens externes