Collégiale Saint-Martin de Colmar
Collégiale Saint-Martin Cathédrale de Colmar | |
![]() La collégiale Saint-Martin. | |
Présentation | |
---|---|
Culte | Catholique |
Type | Église paroissiale Ancienne cathédrale (jusqu'en 1802) |
Début de la construction | 1235 |
Fin des travaux | 1365 |
Architecte | Humbret puis Guillaume de Marbourg |
Style dominant | Gothique |
Protection | ![]() |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Alsace (Grand Est) |
Département | Haut-Rhin |
Commune | Colmar |
Coordonnées | 48° 04′ 38″ nord, 7° 21′ 30″ est |
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La collégiale Saint-Martin, appelée fréquemment « cathédrale Saint-Martin de Colmar », est l'édifice religieux le plus important de la ville de Colmar, en Alsace, et l'une des plus grandes églises gothiques du Haut-Rhin. Deuxième plus grand édifice catholique en Alsace après la cathédrale de Strasbourg.
Localisation[modifier | modifier le code]
Ce monumental édifice se situe en plein cœur de la ville, place de la Cathédrale.
Historique[modifier | modifier le code]
Déjà avant l'an mil existait à Colmar une prévôté relevant de l'abbaye de Munster, une chapelle à Saint-Martin y fut érigée[1]. Les fouilles de 1972 ont révélé un sanctuaire à abside carrée, transept de 19 par 8 m et nef de 15 m de long[2],[3], qui remonterait au XIe siècle. Cet édifie fut détruit par un incendie en 1106 et remplacé par une basilique romane[1].
Par une bulle de 1234, le Pape Grégoire IX la transforma en chapitre collégial, toujours placé sous l'autorité de Munster. À partir de 1245, le chapitre compte seize chanoines, puis seulement douze à partir de 1440.
La reconstruction de l'édifice actuel fut effectuée de 1235 à environ 1365[4]. La construction commencée par le transept, poursuivie par les trois nefs et les clochers par maître Humbert[5], s'achève par le chœur et son déambulatoire, dont les plans furent conçus par l'architecte Guillaume de Marbourg[5], décédé en 1366. La date exacte d'achèvement des travaux est indéterminée, puisque l'édifice ne fut jamais totalement terminé : la tour nord initialement prévue fait toujours défaut.
Le , un violent incendie détruisit la charpente et le couronnement de la tour sud, de même que le clocheton qui s'élevait sur la croisée du transept[6]. Elle fut remplacée, trois ans plus tard, par l'original lanternon à bulbe qui donne à l'édifice sa silhouette caractéristique[4].
À la Révolution française, le chapitre collégial est supprimé et un évêque s'installe à Colmar, faisant de l'édifice la cathédrale constitutionnelle du Haut-Rhin[4]. Le concordat y met un terme en 1802, elle devient une église paroissiale[5], même si elle continue à être souvent dénommée la « cathédrale » ou la « collégiale ».
La collégiale fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le [7].
Architecture[modifier | modifier le code]
L'édifice de style gothique est construit en grès, roche abondante dans les Vosges. Elles sont de teintes différentes car provenant de différentes carrières.
La nef a cinq travées barlongues qui sont séparées par des piles cylindriques cantonnées de quatre colonnettes, éléments provenant de l'église Saint-Thomas de Strasbourg. Le portail central dispose d'un tympan à deux registre (Adoration des mages et Christ du Jugement dernier) et d'un gâble ajouré[1].
Ses tuiles sont dites à queue de castor.
Dimensions de l'édifice[modifier | modifier le code]
- Longueur intérieure : 78 m ;
- Hauteur intérieure : 20 m ;
- Largeur au transept : 34 m ;
- Hauteur de la tour : 71 m.
Décoration[modifier | modifier le code]
L'église est entourée de nombreux portails (certains ont été murés), dont les plus grands présentent un tympan richement décoré. Le toit de tuiles, coloré, rappelle celui de la collégiale Saint-Thiébaut de Thann. Les piliers massives de la façade (d'un style architectural assez rare), donnent à l'édifice vu de devant un aspect assez pesant, qui contraste avec l'aspect aérien des fenêtres de l'abside.
L'intérieur, qui a subi des dégradations au cours de la Révolution française, présente un aspect dépouillé depuis que le mobilier installé au XIXe siècle a été malencontreusement supprimé. L'église possède cependant des sculptures (autel, Vierge) et vitraux (tête du Christ sans barbe au-dessus du portail nord, du début du XIIIe siècle) du Moyen Âge, très bien conservés.
On notera que l'église a également abrité pendant de nombreux siècles la fameuse Vierge au buisson de roses, peinte en 1473 par Martin Schongauer, volée en 1972, puis retrouvée fortuitement en 1973 et installée à l'église des Dominicains, où elle est maintenant conservée.
Stalles[modifier | modifier le code]
Dans le chœur, 23 stalles de chaque côté accueillaient les chanoines de l'ancien chapitre collégial, dont l'église tire encore actuellement son nom de « collégiale ».
Remarquer que l'ordre chronologique (hors les deux triptyques) est inversé entre les deux côtés : du chœur vers le fond à droite, dans le sens inverse à gauche. Ainsi, lors de la visite, en commençant à droite pour revenir à gauche, les personnages défilent dans l'ordre chronologique !
Côté droit du chœur[modifier | modifier le code]
Les représentations, hormis le triptyque, font allusion à l'Ancien Testament.
Triptyque[modifier | modifier le code]
- Vierge à l'Enfant en majesté, entourés de…
- Sainte Odile (vers 662 - vers 720), sainte patronne de l'Alsace
- Saint Martin (316 ou 317 - 397), saint protecteur auquel est dédiée la collégiale
Six patriarches[modifier | modifier le code]
- Abel, premier martyr de l'humanité
- Mathusalem, « éternel doyen » de l'humanité
- Noé, bâtisseur de l'arche portant son nom, petit-fils du précédent
- Abraham, ancêtre des peuples juifs et arabes
- Isaac, fils du précédent
- Jacob, renommé Israël, fils du précédent et père de Joseph qui fut emporté en Égypte
Deux grands « meneurs » du peuple d'Israël[modifier | modifier le code]
- Josué, successeur de Moïse et qui conquit le pays de Canaan pour son peuple
- Saint David, roi d'Israël
Les quatre grands prophètes[modifier | modifier le code]
Côté gauche du chœur[modifier | modifier le code]
Les représentations font allusion aux temps de l'Église primitive.
Triptyque[modifier | modifier le code]
- Christ en Croix, entouré des deux piliers de l'Église, à savoir…
- Saint Pierre, crucifié (la tête en bas) en 65 à Rome
- Saint Paul, décapité (car citoyen romain) en 67 à Rome
Les quatre Évangélistes[modifier | modifier le code]
- Saint Matthieu, dit le publicain, martyrisé en 61 en Éthiopie
- Saint Marc, martyrisé en 67 en Égypte
- Saint Luc, martyrisé à l'âge de 84 ans en Macédoine
- Saint Jean, dit l'Apôtre, l'Évangéliste ou le Théologien, mort en 101 à Éphèse à l'âge de 98 ans
Les quatre docteurs grecs de la tradition[modifier | modifier le code]
- Saint Athanase d'Alexandrie (vers 296 - 373), patriarche
- Saint Basile de Césarée ou Basile le Grand (330 - 379), évêque
- Saint Jean Chrysostome (345 - 407), patriarche
- Saint Grégoire de Nazianze ou Grégoire le Théologien (329 - 390), évêque
Les quatre docteurs latins de la tradition & Pères de l'Église d'Occident[modifier | modifier le code]
- Saint Ambroise de Milan (339 - 394), évêque
- Saint Jérôme de Stridon (vers 347 - 420), moine
- Saint Augustin d'Hippone (354 - 430), évêque
- Saint Grégoire Ier ou Grégoire le Grand (540 - 604), pape
Orgues[modifier | modifier le code]
La collégiale renferme deux orgues. Le grand orgue a été construit en 1755 par le célèbre facteur strasbourgeois Johann Andreas Silbermann[5]. Tandis que le magnifique buffet baroque a été conservé, la partie instrumentale a été remplacée en 1979 par la maison Felsberg AG (Suisse).
Un orgue de chœur a en outre été construit en 1975 par Curt Schwenkedel.
Un orgue positif est acquis en 2018 comprenant 4 registres[8].
Cloches[modifier | modifier le code]
La sonnerie de la collégiale de Colmar est considérée par les experts comme l'une des plus harmonieuses de France. À la suite de l'incendie de 1572, huit nouvelles cloches avaient été coulées par un fondeur de Berne. Elles furent victimes de la Révolution française.
Le clocher abrite une sonnerie de 8 cloches de volée à laquelle s’ajoute une petite cloche située dans le clocheton.
- 1. Christ et Église : Sol 2 - 5.859 kilos, fondu le 21 juillet 1990 à la fonderie Bachert de Karlsruhe (Allemagne)
- 2. Martin : Si bémol 2 - 2.583 kilos, fondu en 1819 par Jean-Louis Edel, fondeur à Strasbourg
- 3. Marie : Ré 3 - 1.739 kilos, fondue le 27 avril 1990 à la fonderie Bachert de Karlsruhe (Allemagne)
- 4. Anges et Archanges : Fa 3 - 929 kilos, fondue le 10 septembre 1976 à la fonderie Schilling de Heidelberg (Allemagne)
- 5. Jeanne d'Arc : Sol 3 - 788 kilos, fondue le 10 septembre 1976 à la fonderie Schilling de Heidelberg (Allemagne)
- 6 .Saints et Saintes de Dieu : Si bémol 3 - 519 kilos, fondue en 1978 à la fonderie Schilling de Heidelberg (Allemagne)
- 7. André : Do 4 - 390 kilos, fondu en 1978 à la fonderie Schilling de Heidelberg (Allemagne)
- 8. Jean-Marie Vianney : Ré 4 - 324 kilos, fondu en 1978 à la fonderie Schilling de Heidelberg (Allemagne)
La petite cloches du clocheton est Jeanne d'Arc : Sol 4 - 42 kilos, fondue en 1979 à la fonderie Schilling de Heidelberg (Allemagne)
Galerie[modifier | modifier le code]
Méridienne fournissant le "midi solaire".
Autel-retable de la Vierge de Pitié (XIXe siècle, statue XVIIe siècle).
Relief de la Sainte Parenté (XVIe siècle).
Vierge à l'enfant (XVe siècle).
Christ en croix (XIVe siècle).
Retable de la Sainte Parenté de Jésus (XIXe siècle).
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck et Guy Bronner, Alsace : Dictionnaire des monuments historiques, Strasbourg, La Nuée Bleu, , 664 p. (ISBN 978-2-7165-0250-4), p. 79-81
- Gabriel Braeuner (photogr. Christophe Hamm), Colmar : un itinéraire à travers l'histoire, ID L'Edition, coll. « Guide découverte », , 128 p. (ISBN 2-913-30256-5 (édité erroné)), p. 60 (notice BnF no FRBNF39023528)
- office de tourisme de Colmar, « Audioguides », sur ot-colmar.fr (consulté le 24 janvier 2015)
- Gabriel Braeuner (photogr. Christophe Hamm), Colmar : un itinéraire à travers l'histoire, ID L'Edition, coll. « Guide découverte », , 128 p. (ISBN 2-913-30256-5 (édité erroné)), p. 13 (notice BnF no FRBNF39023528) (notice BnF no FRBNF39023528)
- Bulletin officiel municipal : Le Point Colmarien, no 255, août 2017, page 30, consulté le 27 août 2017.
- « La Cathédrale », sur alsace-passion.com (consulté le 24 janvier 2015)
- « Ancienne collégiale Saint-Martin », notice no PA00085368, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Le son fruité de l’orgue-coffre
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
- Liste de collégiales de France
- Liste des monuments de Colmar
- Liste des monuments historiques de Colmar
- Liste des monuments historiques du Haut-Rhin
Liens externes[modifier | modifier le code]
- « Collégiale Saint-Martin », sur fr.structurae.de (consulté le 24 janvier 2015)
- « Colmar, Collégiale St-Martin », sur decouverte.orgue.free.fr (consulté le 24 janvier 2015)
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- François-Auguste Goehlinger, Histoire du chapitre de l'église collégiale St-Martin de Colmar, Colmar 1951
- Jean-Marie Feltin, Les Cloches de la collégiale Saint-Martin de Colmar (1367-1990), 1990, (ISBN 2-9505057-0-8)
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Martinsmünster Colmar » (voir la liste des auteurs).
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- Monument historique classé en 1840
- Collégiale monument historique en France
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- Patrimoine du XIVe siècle
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