Bataille de Sidi-Brahim

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 11 mars 2020 à 20:32 et modifiée en dernier par CodexBot (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Bataille de Sidi-Brahim
Description de cette image, également commentée ci-après
Le combat de Sidi-Brahim par Louis-Théodore Devilly
Informations générales
Date 23 - 26 septembre 1845
Lieu Sidi-Brahim (Algérie)
Issue Victoire algérienne
Belligérants
Drapeau du Royaume de France Royaume de France État d'Abd el Kader
Commandants
Lucien de Montagnac Abd El Kader
Forces en présence
540 hommes 3 000 à 10 000 hommes
Pertes
~ 400 morts
96 prisonniers
inconnues

Conquête de l'Algérie

Coordonnées 35° 15′ 38″ nord, 0° 34′ 03″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Algérie
(Voir situation sur carte : Algérie)
Bataille de Sidi-Brahim

La bataille de Sidi-Brahim s'est déroulée du 23 au 26 septembre 1845 entre les troupes françaises et Abd El Kader. Elle dura 3 jours et 3 nuits.

Déroulement de la bataille

Episode des guerres d Afrique: Sidi Brahim par Gaspard Gobaut.

Les Français, commandés par le lieutenant-colonel Lucien de Montagnac, a engagé à la légère le 8e bataillon de chasseurs à pied et le deuxième escadron du 2e régiment de hussards contre les troupes de Abd El-Kader.

Imprévue, mal commandée par un Montagnac inconséquent, la rencontre tourne mal pour les troupes françaises. Après un premier combat, les troupes françaises sont réduites de 450 à 82 chasseurs et hussards face à 10 000 Algériens.

Le cadavre de Montagnac est réduit en lambeaux et sa tête coupée par les troupes d'Abd-el-Kader, de même que toutes les têtes des soldats français tués au combat, soit deux cent cinquante en tout. Les prisonniers sont forcés à transporter les têtes enduites de miel (pour les conserver) jusqu'au camp des vainqueurs, puis de les disposer en cercle. Une fête se tient autour des têtes ; Abd-el-Kader les expédie au roi du Maroc, pour signaler sa force[1].

Acculés, les chasseurs survivants du 23 septembre, appartenant à la compagnie de carabiniers se réfugient dans un marabout[pas clair] d'où ils repoussent tous les assauts.

La bataille de Sidi Brahim selon Gaspard Gobaut.

Après plusieurs jours de siège, les hommes, sans eau, sans vivres, à court de munitions, en sont réduits à couper leurs balles en morceaux pour continuer à tirer. L'émir Abd El Kader fait couper la tête du capitaine Dutertre, fait prisonnier et amené devant le marabout pour exiger la reddition des chasseurs. Malgré tout, Dutertre a le temps d'exhorter les survivants à se battre jusqu'à la mort.

Lorsque l'émir demande au clairon français, Guillaume Rolland, de sonner la retraite, celui-ci n'en fait rien et sonne la charge. Lors d'une de ces demandes de reddition, un chasseur, le caporal Jean Lavayssière, répond « merde à Abd El Kader ». Les survivants, n'ayant plus de munitions, chargent à la baïonnette. Ils percent les lignes ennemies et, sur les 80 survivants, 16 peuvent rejoindre les lignes françaises (5 meurent quelques jours plus tard). Seuls 11 chasseurs sortent vivants de la bataille.

Le caïd de Nedroma, Nekkach, recueille une partie au moins des survivants et refuse d'ouvrir les portes de sa ville aux troupes de l'émir.

Hommage

Autoportrait du colonel Montagnac tué pendant la bataille.

Fait de bravoure extrême, la bataille reste dans la mémoire des chasseurs à pied et donne son nom au 8e bataillon de chasseurs à pied, dit bataillon de Sidi-Brahim. Elle est inscrite sur le drapeau des chasseurs. Toutefois, selon l'historien engagé Gilles Manceron, on se garda bien de dire que les soldats « y avaient été conduits de manière assez inconsidérée » par le colonel de Montagnac « dont les écrits fourmillent, sans aucun remords, du récit des nombreux crimes de guerre dont il se vante »[2].

Les restes des soldats tués à Sidi-Brahim furent rassemblés à Djemmaa Ghazaouet dans le « Tombeau des Braves » puis déposés au Musée des Chasseurs, au vieux fort de Vincennes en 1965.

Un monument aux morts de Sidi-Brahim fut érigé à Oran en 1898, œuvre du sculpteur français Jules Dalou. Ce monument, destiné à disparaître en 1965, fut récupéré, en partie, par la ville de Périssac en Gironde et un nouveau monument reconstruit.

L'expression « faire Sidi-Brahim » est devenue un symbole chez les chasseurs. Dans les Vosges, en juin 1915, la 6e compagnie du 7e bataillon de chasseurs alpins tient les pentes de l'Hilsenfirst pendant plusieurs jours et, manquant de munitions, se bat avec des pierres et repousse l'attaque allemande. Les chasseurs y gagnent le surnom de « diables bleus », qui est encore utilisé de nos jours. L'insigne du 7e bataillon de chasseurs alpins est un diable dans un cor de chasse : le cor représente les chasseurs et le diable représente le 7e BCA et leur Sidi-Brahim[3].

Le 23 juillet 1944, lors d'une bataille à Valchevrière dans le Vercors, l'adjudant-chef Abel Chabal, de la 2e compagnie du 6e Bataillon de Chasseurs Alpins (promu lieutenant à titre posthume), émit ce dernier message : « Sommes cernés, allons faire Sidi Brahim. » Il est enterré à la nécropole nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte, dans le Vercors.

Articles connexes

Liens externes

Notes

  1. Camille Leynadier et Bertrand Clauzel, Histoire de l'Algérie française, , 403 p. (lire en ligne), p. 455.
  2. Gilles Manceron, Marianne et les colonies, La découverte, 2003, p.168
  3. Archives du 7e bataillon de chasseurs alpins de Bourg-Saint-Maurice