Attribution des événements extrêmes

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L'attribution d'événements extrêmes, également connue sous le nom de science de l'attribution, est l'étude des rapports de causalité entre le dérèglement climatique dû aux activités humaines et les événements climatiques extrêmes.

Historique[modifier | modifier le code]

Un article paru en 2004 dans la revue Nature est généralement considéré comme la première étude scientifique d'attribution[1]. Il estime que l'influence humaine a au moins doublé le risque d'une vague de chaleur dépassant le seuil de magnitude de la vague de chaleur historique de 2003 en Europe[2].

La science de l'attribution est mentionnée dans un État du Climat de 2011 publié par l'American Meteorological Society qui déclare que le changement climatique peut être lié à six événements météorologiques extrêmes étudiés[3].

Bien que des événements météorologiques extrêmes se soient déjà produits dans le passé, la science de l'attribution vise à déterminer quels événements récents peuvent être expliqués ou liés à un réchauffement de l'atmosphère et ne sont pas simplement dus à des variations naturelles[4],[5],[3],[6],[7].

La climatologue allemande Friederike Otto a en outre expliqué que la science de l'attribution visait à répondre à la question, « le changement climatique a-t-il joué un rôle dans un évènement extrême spécifique ? » dans les deux semaines suivant l'évènement[8].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Les études d'attribution se déroulent généralement en quatre étapes : mesurer l'ampleur et la fréquence d'un évènement donné sur la base des données observées ; exécuter des modèles informatiques pour comparer et vérifier ces données ; exécuter les mêmes modèles sur une ligne de base Terre sans dérèglement climatique ; utiliser les statistiques pour analyser les différences entre les deuxième et troisième étapes, afin de mesurer ainsi l'effet direct du changement climatique sur l'évènement étudié[4],[8].

Les vagues de chaleur sont les événements météorologiques les plus faciles à attribuer[4]. Le dérèglement climatique peut affecter différemment l'intensité et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes, par exemple la vague de chaleur de 2010 en Russie a été rendue beaucoup plus probable mais n'a pas été rendue plus intense[4].

Implications[modifier | modifier le code]

La science de l'attribution peut affecter les litiges liés dérèglement climatique en permettant des poursuites contre les entreprises pour avoir causé le changement climatique ou contre les gouvernements pour avoir échoué à le prévenir[9],[10].

Une étude résume la confiance, les probabilités et les coûts - tels que les coûts économiques, les coûts financiers et le nombre de décès précoces - des liens avec le changement climatique et identifie des moyens potentiels d'amélioration du domaine tels que « améliorer l'enregistrement des phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde entier, améliorer la couverture des études d'attribution concernant différents événements et régions, et utiliser des études d'attribution pour explorer les contributions des facteurs d'impact climatiques et non climatiques »[11],[12].

Exemples[modifier | modifier le code]

Les scientifiques du projet international World Weather Attribution publient en une étude qui révèle que le changement climatique causé par l'homme a eu une influence sur les incendies de forêt en Australie de 2019-2020 en provoquant des conditions à haut risque qui rendaient au moins 30 % plus probable un brûlage généralisé. Ils commentent les résultats, déclarant que le changement climatique a probablement eu plus d'effets sur les incendies que ceux attribués à l'aide de leurs simulations climatiques et que les moteurs des incendies ne sont pas tous liés au changement climatique anthropique[13],[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Extreme_event_attribution » (voir la liste des auteurs).

Références[modifier | modifier le code]

  1. Matthieu Goar, « Evénements climatiques extrêmes : les études d’attribution, de nouveaux modèles pour sensibiliser le public », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  2. (en) Peter A. Stott, D. A. Stone et M. R. Allen, « Human contribution to the European heatwave of 2003 », Nature, vol. 432, no 7017,‎ , p. 610–614 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/nature03089, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b (en) « The Decade of Attribution Science », Slate, (consulté le )
  4. a b c et d (en) Zeng, « Is climate change to blame for extreme weather events? Attribution science says yes, for some – here’s how it works », The Conversation, (consulté le )
  5. (en) NASEM, Attribution of Extreme Weather Events in the Context of Climate Change, Washington, D.C., The National Academies Press, (ISBN 978-0-309-38094-2, lire en ligne)
  6. (en) « The Science Connecting Extreme Weather to Climate Change », Union of Concerned Scientists (consulté le )
  7. (en) Joyce, « Why Scientists Are Talking About Attribution Science And What It Is », NPR, (consulté le )
  8. a et b (en) Sneed Annie, « "Yes, Some Extreme Weather Can Be Blamed on Climate Change" », sur Scientific American, (consulté le )
  9. (en) Harvey, « Scientists Can Now Blame Individual Natural Disasters on Climate Change », (consulté le )
  10. (en) Schiermeier, « Climate science is supporting lawsuits that could help save the world », Nature, vol. 597, no 7875,‎ , p. 169–171 (DOI 10.1038/d41586-021-02424-7, lire en ligne)
  11. (en) « Climate change is driving 2022 extreme heat and flooding », Thomson Reuters Foundation (consulté le )
  12. (en) Clarke, Otto, Stuart-Smith et Harrington, « Extreme weather impacts of climate change: an attribution perspective », Environmental Research: Climate, vol. 1, no 1,‎ , p. 012001 (ISSN 2752-5295, DOI 10.1088/2752-5295/ac6e7d, S2CID 250134589)
  13. (en) Fountain, « Climate Change Affected Australia's Wildfires, Scientists Confirm », (consulté le )
  14. (en) Oldenborgh, Krikken, Lewis et Leach, « Attribution of the Australian bushfire risk to anthropogenic climate change », Natural Hazards and Earth System Sciences Discussions,‎ , p. 1–46 (ISSN 1561-8633, DOI 10.5194/nhess-2020-69, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]