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Salvador Dalí frôle l'exclusion du groupe surréaliste pour son tableau L'Énigme de Guillaume Tell[1] représentant un Lénine avec une fesse molle, et aussi, pour avoir tenu des propos réactionnaires. Convoqué chez André Breton, Dalí, accompagné de Gala, arrive fiévreux, un thermomètre dans la bouche qu'il consulte dès que la discussion s'échauffe, et couvert de plusieurs couches de vêtements qu'il enlève une à une au fur et à mesure de sa plaidoirie qu'il termine torse nu[2].
En réaction aux violentes manifestations fasciste qui se sont déroulées à Paris, autour de l'Assemblée nationale, le , Breton prend l'initiative de réunir un grand nombre d'intellectuels autour du texte Appel à la lutte et rend visite à Léon Blum pour lui demander son appui. Ce dernier lui refuse tout débat politique. « Toute une matinée, dans son cabinet de travail de l'île Saint-Louis, je m'efforçai en vain de détourner la conversation du plan littéraire où il se mouvait d'ailleurs avec une aisance et une finesse extrêmes : malheureusement, ce n'était pas pour cela que j'étais venu. Il m'accabla de gentillesses, mais chaque fois que j'entrepris de le ramener à l'objet de ma visite, il s'en tint à des propos dilatoires. »[3]
Mars
Guy Mangeot, Histoire du surréalisme, ouvrage publié à Bruxelles.
Invité par Messens et Paul Nougé à l'occasion de l'exposition Minotaure, Breton donne une conférence : Qu'est-ce que le surréalisme ? : « Les propos malséants qu'on nous impute, les attaques soi-disant inconsidérées, les injures, les ruptures, les scandales - tout ce qu'on nous reproche tant - nous les avons trouvés sur la même route que les poèmes […] Aujourd'hui plus que jamais la libération de l'esprit, fin expresse du surréalisme, aux yeux des surréalistes, exige pour première condition la libération de l'homme, ce qui implique que toute entrave à celle-ci doit être combattue avec l'énergie du désespoir, qu'aujourd'hui plus que jamais les surréalistes comptent pour cette libération de l'homme en tout et pour tout sur la Révolution prolétarienne. »[9],[10],[11]. Pour l'édition de ce texte, René Magritte signe la couverture du livre[12].
Breton rencontre Jacqueline Lamba. Quelques jours plus tard, il se souvient du poème Tournesol, écrit en 1923[13], qui évoque, à peu de chose près, les circonstances de cette rencontre à l'ombre de la Tour Saint-Jacques[14].
Juin
Rupture entre Artaud et Roger Vitrac à la suite de la création au Théâtre de l'Atelier de la pièce de Le Coup de Trafalgar dont la mise en scène est confiée à Marcel Herrand. Artaud : « Entre le surréalisme gratuit mais poétique des Mystères de l'amour et la satire explicite d'une pièce de boulevard ordinaire, Roger Vitrac n'a pas su choisir ; et sa pièce sent le parisianisme, l'actualité, le boulevard. […] La pièce porte la peine d'appartenir à un système et à un monde condamné, et elle doit disparaître avec ce monde. »[15].
Petite anthologie poétique du surréalisme qui rassemble les surréalistes du moment de Breton à Tristan Tzara à l'exception des poètes édités chez Gallimard[9].
Publication à Bruxelles du premier numéro de Documents 34 (directeur Jean Stéphane et rédacteur en chef Mesens) consacré au surréalisme. Nombreux dessins d'Yves Tanguy et un dialogue avec Breton : « B. Qu'est-ce que ta peinture ? T. C'est une petite fumée blanche. B. Qu'est-ce que la Bretagne ? T. C'est un fruit mangé par les guêpes. B. Qu'est-ce que tu préfères ? T. C'est un reflet sur l'eau. B. Qu'est-ce que l'amour physique ? T. C'est la moitié du plaisir. B. Qu'est-ce que la vieillesse ? T. C'est un lâche. »[17].
Document 34 publie Intervention surréaliste, texte écrit par René Magritte, Mesens, Paul Nougé, Scutenaire et André Souris, dans lequel ils s'interrogent sur les conditions d'une activité révolutionnaire hors du parti communiste[18].
Appel à la jeunesse : « Je ne peux rien avec de l'opium qui est bien la plus abominable tromperie, la plus redoutable invention de néant qui ait fécondé des sensibilités humaines. Mais je ne peux rien sans à un moment donné en moi-même cette culture de néant. »
Malebolge, poèmes : « La plus belle sculpture / C'est le pavé de grès / C'est le pavé cubique / Le lourd pavé qu'on jette Sur la gueule des flics / Par les chants et le prières / Par le sang le fer et l'art / De s'en servir »[23]
L'Étrange K de Monsieur K, huile sur toile. Breton : « La grande marmite nocturne et immémoriale gronde au loin et à chaque coup de gong frappé - c'est son couvercle qui bat - glissent par l'entrebâillement toutes sortes d'êtres et d'objets douteux qui se répandent dans la campagne mentale. »[24]
Le Marteau sans maître : « Mains obscures mains si terribles / Filles d'excommuniées / Faites saigner les têtes chastes / Derrière les embruns on a nommé le sang / La chair toute puissante ranimée dans les rêves / Nourricière du phénix / Mort minuscule de l'été / Dételle-moi mort éclairante / À présent je sais vivre »
↑S. Alarcia, Le Groupe Rupture, in Cahiers marxistes n° 174, juin-juillet 1990.
↑Adam Biro (dir.) et René Passeron (dir.), Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Genève et Paris, Office du livre et Presses universitaires de France, , p.405.
↑Notice biographique, dans Vítězslav Nezval : poèmes choisis, éditions Seghers, Paris, 1954, p. 85.
↑Xavier Canonne, Le Surréalisme en Belgique. 1924-2000, Paris, Actes Sud, , p.29 : « […] - même si elle ne dit pas son nom - la première exposition internationale du surréalisme dans le monde. » et Alain & Odette Virmaux, Les Grandes figures du surréalisme international, Bordas, Paris, 1994, p. 31.
↑ abc et dMarcelle Dumas et Lucien Scheler, Paul Éluard, Œuvres complètes : Chronologie, t. 1, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , p.LXVIII.
↑Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne. Citation dans André Breton, Le Surréalisme et la Peinture, Gallimard, 1928-1965, p. 120 et reproduction dans Didier Ottinger (sous la direction de), Dictionnaire de l'objet surréaliste, Gallimard & Centre Pompidou, Paris, 2013, p. 162.
↑22 × 16 cm, Musée d'art moderne Centre Georges-Pompidou, Paris. Don de Aube Breton-Elléouët. Reproduction dans Artpress n° 333, avril 2007, p. 32.
↑Peinture réalisée pour le Corso Bar de Zurich. 415 × 531 cm, Kuntshaus, Zurich. Reproduction dans L'Œil n° 597, décembre 2007 p. 86.
↑Saint-Paul-de-Vence, fondation Marguerite et Aimé Maeght. Reproduction dans Breton, [LSELP], p. 70 et description complète dans Ottinger, op. cit., p. 211.
↑"Autour des thèmes de l'enfance et de la mort, c'est l'histoire d'une poursuite inscrite dans une géographie parisienne, qui en fait le plus surréaliste de tous les poèmes cinématographiques", Biro et Passeron 1982.