Utilisateur:Aliesin/Histoire du capitalisme

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L'exposition universelle de Paris en 1900
L'exposition universelle de Paris en 1900

La question du commencement de l'histoire du capitalisme, de ses origines, a été source de débats sociologiques, économiques et historiques depuis le XIXe siècle. Karl Marx a fait de ce système de production une étape d'une histoire de l'humanité marquée par la lutte des classes, symbole du triomphe de la bourgeoisie sur la noblesse, mais condamné à être renversé par le prolétariat. Les sociologues allemands du début du XXe siècle ont quant à eux mis en avant des explications culturelles et religieuses pour expliquer son émergence, Werner Sombart l'associant à la mentalité juive, Max Weber à l'éthique protestante. Plus récemment des historiens, tel Fernand Braudel, se sont intéressés à l'évolution dans le temps long de cette « civilisation », en faisant remonter ses racines jusqu'au Moyen Âge.

Sitôt qu'on la commence, l'histoire du capitalisme soulève de nombreuses polémiques, sujets de confrontation entre les grands courants politiques et économiques : impérialisme, colonialisme, inégalités, crises économiques, exploitation, mais aussi démocratie, liberté, développement, richesse et abondance sont autant de termes qui soudain surgissent.


Les racines du capitalisme[modifier | modifier le code]

Représentation des activités de la Ligue hanséatique qui contrôle les mers du Nord à la fin du Moyen Âge

Les écoles économiques dites historiques datent le plus souvent la naissance du capitalisme de la Renaissance dans les grands pôles économiques d’Europe. C’est donc dans l’époque médiévale que de nombreux auteurs comme Fernand Braudel[1] cherche les racines du capitalisme. De fait, dès la fin du Moyen Âge, certains grandes familles se sont enrichies grâce aux croisades, tandis que des réseaux commerciaux se mettent en place autour et entre les grands pôles économiques : les grandes citées indépendantes de Hollande et d’Italie du Nord, mais aussi les grandes foires médiévales.

A partir de la Renaissance, en marge de ce capitalisme commercial, on assiste par ailleurs à l’émergence d’un capitalisme financier et bancaire qui met en place de nombreuses innovations (lettres de change, crédits …). De telles évolutions sont en rupture avec les dogmes économiques religieux qui s’imposaient jusqu’alors et marquent l’apparition de l’esprit bourgeois. Werner Sombart [2] la date du XIVe dans la ville italienne de Florence.

La Renaissance voit se généraliser les nouvelles méthodes bancaires tandis qu’apparaissent les premières Bourses de marchandises et d’actions. La mentalité des gouvernants et des entrepreneurs se tourne plus résolument vers le profit. Les gouvernements mercantilistes prônent l’expansion commerciale et impulsent le développement des premières grandes firmes capitalistes : les Compagnies des Indes. Au plan national, des évolutions culturelles et religieuses se font, selon Max Weber [3] le terreau d’une nouvelle mentalité favorable au profit économique et au progrès technique. De fait, toute une série d’innovations bouscule les habitudes de production de certains secteurs (imprimerie, horlogerie …).

Toutefois, la transformation de fond qui guide certaines nations occidentales vers le capitalisme est l’appropriation des terres et la disparition du système féodal de production agricole. Le mouvement des enclosures (appropriation et clôture des terres), commencé dès la Renaissance, s’accélère au XVIIIe pour permettre l’émergence du capitalisme agraire et la Révolution agricole. A cette même époque, les innovations des débuts de la Révolution industrielle annonce le déclin de l’artisanat et la généralisation des manufactures et des usines : le capitalisme industriel.

C’est où les transformations du siècle des Lumières seront les plus marquées et où un système législatif favorable se mettra en place (interdiction des corporations et des syndicats en France, disparition des aides aux pauvres au Royaume-Uni, protection de la propriété privée et disparition des lois féodales) que le capitalisme pourra triompher sous sa forme industrielle.

Histoire contemporaine du capitalisme[modifier | modifier le code]

Le capitalisme au XIXe siècle[modifier | modifier le code]

La machine à vapeur, exemple-type de la nécessaire concentration des capitaux

Alors que la législation favorise la bourgeoisie, la révolution industrielle s'emballe au début du XIXe siècle. Les productions de plus en plus importantes en volume, et les produits de plus en plus complexes, nécessitent des investissements de plus en plus grands. C'est le cas dans l'industrie naissante, mais aussi dans l'agriculture où de grosses machines (les moissonneuses batteuses dès 1834) font leur apparition. L'écart croissant entre le coût de ces machines et les salaires, ainsi que la limitation des biens communs et la dureté du travail, contribuent à segmenter la société en deux groupes bien distincts : les propriétaires du capital, et ceux que Karl Marx appellera plus tard les « prolétaires ». Les usines se développent, les paysans sont emmenés de leurs campagnes pour rejoindre les villes et vendre leur force de travail dans l'industrie.

En un siècle, le triomphe du capitalisme industriel a transformé une société traditionnelle, rurale et agricole, en une société urbaine et industrielle. L'exode rural, combiné à l'explosion démographique, a dépeuplé les campagnes et les ouvriers sont venus s'entasser dans les banlieues des grandes cités industrielles. Cette concentration humaine, associée à la misère ouvrière et au chômage de masse (l'« armée de réserve » décrite par Marx), contribue à l'émergence de la conscience de classe au sein du prolétariat. Auparavant une misère agricole au moins égale, peut-être souvent pire n'entraînait pas de tels problèmes sociaux du fait de l'absence de concentration. Les paysages sont profondément transformés, les « villes champignons » se multiplient, les grands centres économiques sont rebâtis (Paris par Haussmann), les régions charbonnières sont défigurées...

Le capitalisme au XXe siècle[modifier | modifier le code]

Toujours au plan social, le « capitalisme managérial » [4] émergeant au tournant des deux siècles provoque de nouvelles distinctions entre « propriétaires », « entrepreneurs », « ouvriers » et « gestionnaires ». Dès lors, les profits des propriétaires sont de moins en moins légitimes et s'apparentent à une rente, car il n'est plus seulement question de la rémunération de leur talent d'entrepreneur. Toutefois, les riches familles de rentiers sont dépassées par les entrepreneurs de génie dés la fin du XIXe (Siemens, Edison, Ford... et plus récemment Bill Gates), comme le fut en son temps la noblesse.

Après la Seconde Guerre mondiale, une période de forte croissance économique, les « Trente Glorieuses » (Jean Fourastié) en France, amène de nombreuses économies du Nord à la société de consommation, tandis que s'impose une classe moyenne et que les niveaux de vie ont tendance à s'uniformiser.

Le dernier quart du XXe siècle est marqué par l'ouverture croissante des marchés financiers et par le nivellement des niveaux de vie. Les petits actionnaires se multiplient, l'actionnariat salarié se développe, ainsi que les fonds de pensions dans les pays anglo-saxons. Il semble que dans ses dernières évolutions, le capitalisme veuille se montrer comme bénéficiant à un plus grand nombre qu'auparavant. Mais surtout, la fin du XXe siècle est marquée par la chute du système économique alternatif exercé dans les pays du bloc communiste [5] ayant désormais des économies de transition. Le capitalisme est alors dominant sous sa forme libérale, mais des secteurs avec des modes de fonctionnement différents coexistent (économie sociale, économie publique, professions libérales), celles-ci représentent 50 à 60 % du PIB dans les pays développés, ce qui rend relatif le poids de l'économie capitaliste dans nos sociétés contemporaines.

Les tendances actuelles du capitalisme[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références et notes[modifier | modifier le code]

  1. Fernand Braudel, La Dynamique du Capitalisme, 1985
  2. Werner Sombart, Le Capitalisme moderne, 1902
  3. Max Weber, L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905
  4. Alfred Chandler, la Main visible des managers
  5. dont certains estiment qu'ils constituaient en vérité qu'une forme étatique du capitalisme