Portail:Printemps des peuples/Index thématique

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
France : la Révolution de février 1848 et la Deuxième république (1848-1852) États allemands : la Révolution de mars et l'échec du Parlement de Francfort
François Guizot
François Guizot

Avant 1848 : Initialement libérale, la Monarchie de Juillet, dont le suffrage censitaire est resté très restreint, est progressivement devenue conservatrice sous le gouvernement de François Guizot, par ailleurs entaché de scandales. Discrédité et sclérosé, le régime s'attire l'opposition des républicains et d'une partie des libéraux, qui réclament des réformes lors de la campagne des Banquets.

En 1848 : Les 22 et 23 février, les manifestants obtiennent le renvoi de Guizot. Mais une fusillade ravive l'émeute, qui se transforme en véritable révolution : le roi Louis-Philippe doit prendre la fuite le 24 février. Le lendemain est mis en place un gouvernement provisoire, qui précède l'établissement d'une Seconde république.

Lamartine rejette le drapeau rouge (Philippoteaux, 1848)
Lamartine rejette le drapeau rouge (Philippoteaux, 1848)
Celle-ci débute par une phase d'« illusion lyrique », dominée par la figure du libéral Lamartine : mise en place du suffrage universel, abolition de l'esclavage, suppression de la peine de mort en matière politique, proclamation du droit au travail. Ce dernier point pose rapidement problème car les ateliers nationaux de Louis Blanc sont jugés trop coûteux.
Journées de juin 1848
Journées de juin 1848
Barricade de la rue Soufflot (par Vernet)
Barricade de la rue Soufflot (par Vernet)

Leur suppression entraîne les sanglantes Journées de Juin, durement réprimées par le général Cavaignac.
Effrayée par ce soulèvement et inquiète - depuis la manifestation du 15 mai - de la virulence de l'extrême-gauche, la bourgeoisie se tourne vers le républicain modéré Cavaignac ou vers les conservateurs et monarchistes du parti de l'Ordre.

Élection présidentielle française de décembre 1848
Élection présidentielle française de décembre 1848

Ces derniers soutiennent la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la république (décembre). Battant Cavaignac et les autres candidats à plate couture, Bonaparte est élu à une large majorité après avoir obtenu les suffrages des campagnes conservatrices mais aussi ceux des ouvriers scandalisés par la répression des Journées de Juin.


Coup d'État du 2 décembre 1851
Coup d'État du 2 décembre 1851

Après 1848 : Majoritaire après les élections de mai 1849, le parti de l'Ordre réprime l'influence de la « Montagne », en restreignant notamment le suffrage universel (loi du 31 mai 1850), et participe à la réaction européenne en écrasant la République romaine (juillet 1849).
Les partisans de l'Ordre considéraient Bonaparte comme un personnage peu intelligent et aisément manipulable, mais le prince-président se retourne bientôt contre eux et confisque le pouvoir au moyen du Coup d'État du 2 décembre 1851. La voie est libre à l'établissement d'un empire autoritaire (1852).

Décapitation de Karl Ludwig Sand (1819)
Décapitation de Karl Ludwig Sand (1819)

Avant 1848 : Les États allemands, principalement monarchiques, sont regroupés de manière symbolique au sein de la Confédération germanique. Mais celle-ci est en réalité aux ordres des puissances réactionnaires (royaume de Prusse et empire d'Autriche), qui imposent une politique liberticide (Décrets de Karlsbad de 1819) durant toute la période du Vormärz. Les libéraux, très actifs à partir des années 1830, rêvent par conséquent de régimes constitutionnels et d'une unité nationale.
La question des duchés (Schleswig et Holstein) avive depuis 1846 la tension nationaliste : les Danois revendiquent en effet le Schleswig, majoritairement danois, aux dépens de l'importante minorité allemande de ce duché et de l'union des deux entités sous l'autorité de la maison d'Augustenborg.


Berlin en mars 1848
Berlin en mars 1848

En 1848 : Les événements parisiens incitent les libéraux et les radicaux à passer à l'action. En mars, la révolution commence dans le Grand-duché de Bade, où elle garde un caractère plutôt légaliste et parlementaire, puis s'étend rapidement en Bavière, où le roi Louis Ier est contraint d'abdiquer, et à Berlin, où un soulèvement force le roi Frédéric-Guillaume IV à accepter des réformes libérales.
Au Danemark, des événements comparables permettent aux Allemands du Schleswig de se soulever, de concert avec leurs compatriotes du Holstein, sous l'autorité du duc d'Augustenborg et avec l'aide de la Prusse : un conflit long et indécis commence.

Le Parlement de Francfort en juin 1848
Le Parlement de Francfort en juin 1848

Réuni à partir du 18 mai, le Parlement de Francfort est l'assemblée représentative d'une Allemagne unie pour la première fois.

Combats entre républicains et troupes de la Confédération à Fribourg-en-Brisgau (avril 1848)
Combats entre républicains et troupes de la Confédération à Fribourg-en-Brisgau (avril 1848)

Cependant la modération monarchiste de la majorité libérale pousse l'extrême-gauche à tenter des soulèvements républicains (insurrection de Friedrich Hecker en Forêt-Noire au mois d'avril, soulèvements de Lörrach et Francfort en septembre) dont l'écrasement inaugure une phase de réaction.


Le roi de Prusse refuse la couronne impériale
Le roi de Prusse refuse la couronne impériale

Après 1848 : Le 27 mars 1849, le Parlement adopte le Constitution de Francfort, qui prévoit la création d'un empire allemand fédéral et libéral. Conformément à la solution petite-allemande, la couronne est offerte au roi de Prusse, mais celui-ci refuse un pouvoir émanant d'un mouvement populaire.

Insurrection de mai 1849 à Dresde
Insurrection de mai 1849 à Dresde

Déserté par les représentants autrichiens et prussiens, le Parlement est impuissant face aux soulèvements du mois de mai (notamment ceux de Dresde, de Bade et du Palatinat), qui sont finalement réprimés par la Prusse. Déplacé à Stuttgart le 6 juin, le Parlement est définitivement dispersé douze jours plus tard.
Face à l'Autriche soutenue par la Russie, Frédéric-Guillaume IV échoue ensuite à réaliser par lui-même une « Union restreinte » (« plan Radowitz ») de trente États : la « reculade d'Olmütz » du 29 novembre 1850 montre que la Prusse n'est pas encore prête à étendre son hégémonie en Allemagne.

Empire d'Autriche : les Révolutions autrichienne et hongroise, de la chute de Metternich à la réaction néo-absolutiste Italie : le Quarantotto et la première guerre d'indépendance (1848-49)
Ferdinand Ier, empereur d'Autriche (1835-1848)
Ferdinand Ier, empereur d'Autriche (1835-1848)

Avant 1848 : Ferdinand Ier règne sur une mosaïque de peuples : conscients de leur identité nationale, ses sujets italiens de Lombardie-Vénitie, tchèques de Bohême et Moravie, magyars de Hongrie, et polonais de Galicie aspirent à davantage d'autonomie voire d'indépendance. Faible d'esprit, l'empereur est sous l'influence du chancelier Metternich, artisan et défenseur de l'équilibre européen réactionnaire et liberticide issu du Congrès de Vienne.


La fuite de Metternich (caricature de 1848)
La fuite de Metternich (caricature de 1848)

En 1848 : Le 13 mars, une émeute viennoise provoque la chute et la fuite de Metternich. L'empereur doit nommer des ministres libéraux et accepter l'élection d'une assemblée constituante. La situation reste cependant tendue et Vienne se couvre de barricades au mois de mai en raison du rejet d'un premier projet de constitution.
Les Tchèques et les Hongrois en profitent pour concrétiser leurs projets nationaux autonomistes, tandis que les Lombards et les Vénitiens se soulèvent avec succès contre les Autrichiens. D'abord en difficulté face à la révolte indépendantiste italienne soutenue par le roi de Sardaigne, le maréchal Radetzky en vient à bout dès le mois de juillet.
Dans les provinces slaves, où commence à se développer une idéologie panslaviste, l'autorité de Ferdinand reste acceptée, mais seulement en tant que souverain d'un empire fédéral regroupant des États-Nations autonomes : c'est l'option « austroslaviste », majoritaire au congrès panslave de Prague (juin).

Kossuth
Kossuth

Les libéraux hongrois, menés par Lajos Kossuth, reconnaissent également Ferdinand comme leur roi mais ils se donnent une autonomie beaucoup plus large (« lois de mars » ou « lois d'avril »), qui les place de facto hors de l'empire. Par défiance envers les Hongrois, auxquels ils craignent d'être soumis, les Croates de Josip Jelačić adoptent quant à eux une attitude beaucoup plus légaliste et, en prétextant le rétablissement de l'ordre ancien, attaquent la Hongrie, déjà aux prises avec d'autres peuples séparatistes (Slovaques, Serbes, Roumains de Transylvanie). Inquiets de la montée au pouvoir des radicaux hongrois (septembre), les autrichiens projettent également de marcher sur Pest.

Robert Blum sur les barricades viennoises (octobre 1848)
Robert Blum sur les barricades viennoises (octobre 1848)

En octobre, l'opposition des masses révolutionnaires à ce projet est à l'origine d'une violente insurrection viennoise, qui provoque la fuite de l'empereur à Olmütz, en Moravie, et le déplacement à Kroměříž - également en Moravie - de l'assemblée constituante.

Répression de l'insurrection viennoise d'octobre : exécution de Robert Blum
Répression de l'insurrection viennoise d'octobre : exécution de Robert Blum

Après s'être illustré lors de sa féroce répression de l'insurrection de Prague (juin), le général Windischgrätz, aidé par Jelačić, écrase la Révolution viennoise dès la fin du mois d'octobre avant de marcher sur Pest, d'où le parlement hongrois est évacué (décembre).
La réaction triomphe à Vienne et à Olmütz : le gouvernement est confié au beau-frère de Windischgrätz, le prince Felix von Schwarzenberg, tandis que Ferdinand est incité à abdiquer en faveur de son jeune neveu François-Joseph, un prince aux idées conservatrices.


Capitulation de l'armée hongroise à Világos
Capitulation de l'armée hongroise à Világos

Après 1848 : En 1849, les mouvements nationaux reprennent ou se radicalisent : Charles-Albert de Sardaigne rompt l'armistice le 12 mars et Kossuth fait proclamer la République hongroise le 14 avril. Les troupes de Radtezky et Von Hess viennent très rapidement à bout des Italiens, tandis que Schwarzenberg doit demander l'aide de la Russie pour vaincre les Hongrois, qui capitulent le 13 août.
L'empire ainsi restauré retrouve un régime autoritaire « néo-absolutiste » : après avoir remplacé la Constitution libérale élaborée à Kroměříž par un texte plus conservateur et centralisateur (Constitution du 4 mars 1849), François-Joseph abroge ce dernier le 31 décembre 1851.
Exclue de la solution grande-allemande - proposée par certains membres du Parlement de Francfort - à cause de sa mosaïque de peuples non germaniques, l'Autriche parvient cependant à empêcher sa rivale, la Prusse, d'étendre son hégémonie sur les États allemands (« reculade d'Olmütz », 29 novembre 1850).

Avant 1848 : L'Italie est divisée en plusieurs principautés et dominée par l'Autriche.

Pie IX
Pie IX
Pie IX bénissant les combattants pour l'indépendance italienne
Pie IX bénissant les combattants pour l'indépendance italienne

Après l'échec du carbonarisme (années 1820), du mouvement Giovine Italia de Mazzini et de nombreuses tentatives révolutionnaires (années 1830-40), les partisans d'une unité nationale - d'une « résurrection » (risorgimento) de l'Italie - se tournent vers des souverains libéraux tels que le roi de Piémont-Sardaigne, Charles-Albert, et le pape Pie IX. La protestation de ce dernier contre une démonstration militaire autrichienne à Ferrare (juillet 1847) le rend populaire auprès des patriotes.
Dès l'automne 1847, les revendications constitutionnelles sont au cœur d'une forte agitation dans le royaume des Deux-Siciles, le Grand-duché de Toscane, le Piémont et à Rome.


En 1848 : Dès le mois de janvier, une insurrection force Ferdinand II des Deux-Siciles à accorder une constitution à son royaume (publiée le 11 février). Il est bientôt imité par Charles-Albert de Sardaigne (qui accorde le Statut albertin), par le grand-duc de Toscane, et par le pape.

Les Cinq journées de Milan
Les Cinq journées de Milan
Proclamation de la République de Saint-Marc à Venise (mars 1848)
Proclamation de la République de Saint-Marc à Venise (mars 1848)

En mars, la chute de Metternich encourage les patriotes de Lombardie-Vénitie, qui se soulèvent victorieusement contre les Autrichiens (18-22 mars). Tandis que Radetzky est chassé de la capitale lombarde à l'issue des Cinq journées de Milan, les révolutionnaires vénitiens proclament la République de Saint-Marc.

Bataille de Pastrengo (mai 1848)
Bataille de Pastrengo (mai 1848)
Garibaldi et Charles-Albert (1848)
Garibaldi et Charles-Albert (1848)

Afin de soutenir le mouvement, Charles-Albert déclare la guerre à l'Autriche : après une phase de succès (victoires de Goito et de Pastrengo) en avril-mai, la contre-offensive autrichienne de juin-juillet (victorieuse à Vicence et Custoza) force Charles-Albert à cesser le combat (armistice Salasco, 9 août) et à abandonner la Lombardie aux Autrichiens. Seuls Garibaldi et ses hommes continuent à lutter contre les troupes impériales.
La déception et la désillusion (notamment vis-à-vis du pape, qui est resté neutre) entraînent une radicalisation du mouvement en Toscane et à Rome, d'où le pape est obligé de s'enfuir pour chercher refuge à Gaète (novembre).


Après 1848 : Alors que Ferdinand II mène une violente répression en Sicile et à Naples, gagnant le surnom de roi « Bomba » des républiques sont créées en Toscane (février-avril 1849) et à Rome (février-juillet). Décidant de s'unir, elles relancent le combat pour l'unité italienne sur des bases républicaines.

Mort d'Anita Garibaldi
Mort d'Anita Garibaldi

Alors que la république toscane se termine par le retour du grand-duc et une intervention autrichienne, celle de Rome est vaincue par l'expédition française du général Oudinot qui, après avoir été envoyée pour s'interposer entre les révolutionnaires et les partisans du pape, obéit finalement au parti de l'Ordre (qui vient de gagner les élections en France) en rétablissant le pouvoir pontifical.

Radetzky et Von Hess à la bataille de Novare (1849)
Radetzky et Von Hess à la bataille de Novare (1849)

En mars, Charles-Albert rompt l'armistice mais, vaincu par les Autrichiens à Mortara (21 mars) et à Novare (23 mars), il doit accepter un nouvel armistice et abdiquer. Tandis que Gênes se révolte contre l'armistice, les patriotes de Brescia et de Venise résistent aux Autrichiens. Ces derniers les assiègent et les forcent à capituler (le 1er avril pour Brescia, le 23 août pour Venise).
Le traité de paix austro-sarde du 6 août 1849 rétablit le statu quo d'avant 1848.