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Norma (opéra)

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Norma
Norma
Description de cette image, également commentée ci-après
Affiche pour la première de Norma en 1831
Genre Tragédie lyrique
Nbre d'actes 2
Musique Vincenzo Bellini
Livret Felice Romani
Langue
originale
Italien
Sources
littéraires
Norma ou l'Infanticide tragédie d'Alexandre Soumet .
Création
La Scala, Milan

Personnages

  • Pollione, proconsul romain (ténor)
  • Oroveso, chef des druides, père de Norma (basse)
  • Norma, grande prêtresse du temple des druides (soprano)
  • Adalgisa, jeune vierge (soprano)
  • Clotilda, confidente de Norma (soprano)
  • Flavius, centurion romain, ami de Pollione (ténor)
  • Druides, bardes, eubages, prêtresses, guerriers et soldats gaulois (chœur)

Airs

  • « Meco all'altar di Venere » (Pollione) – Acte I
  • « Casta diva » (Norma) – Acte I
  • « Ah! Bello a me ritorna » (Norma) – Acte I
  • « Mira, o Norma » (Adalgisa, Norma) – Acte II
  • « In mia man alfin tu sei » (Norma, Pollione) – Acte III

Norma est un opéra en deux actes de Vincenzo Bellini, sur un livret de Felice Romani, d'après la tragédie d'Alexandre Soumet Norma ou l'Infanticide. L'opéra fut créé le à la Scala de Milan sous la direction du compositeur avec Giuditta Pasta dans le rôle de Norma[1] et Giulia Grisi dans celui de Adalgisa. Le rôle-titre était trop élevé pour Pasta et la première fut un échec. Après transposition d'un demi-ton, la quatrième représentation fut un triomphe[2].

Norma est à la fois orgueilleuse, passionnée, vindicative et la difficulté du rôle est de faire ressortir ces sentiments en plus de l'épreuve vocale car le rôle de Norma passe pour être vocalement difficile.

L'action se déroule en Gaule, lors du soulèvement du peuple gaulois mené par Oroveso, chef des druides et père de Norma. Elle est centrée sur le triangle amoureux formé par Pollione (proconsul romain de Gaule), Norma (grande prêtresse et son ancienne — et secrète — compagne), et la jeune prêtresse Adalgisa.

Norma, qui a rompu ses vœux de chasteté druidique et eu deux enfants de Pollione, découvre que celui-ci est maintenant amoureux de son amie Adalgisa. Elle tente de le convaincre de renoncer à Adalgisa, mais il refuse. Norma avoue alors publiquement sa faute : elle est condamnée à la mort par le feu. Pollione est condamné pour avoir poursuivi Adalgisa dans le temple et monte au bûcher avec Norma.

Grands airs

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  • « Meco all'altar di Venere » (Pollione)
  • « Casta Diva » (Norma, chœur)
  • « Ah! Bello a me ritorna » (Norma)
  • « Oh, rimembrenza ! » (Norma, Adalgisa)
  • « Vanne, si, mi lascia, indegno » (Norma, Adalgisa, Pollione)
  • « Dormono entrambi ! » (Norma)
  • « Deh! Con te li prendi » (Norma, Adalgisa)
  • « Mira o Norma » (Norma, Adalgisa)
  • « Si fino all'ore estreme » (Norma, Adalgisa)
  • « Guerrieri ! a voi venire » (Oroveso, chœur)
  • « Ei tornera ! Si ! » (Norma, Clotilde, Oroveso, chœur)
  • « In mia man alfin tu sei » (Norma, Pollione)
  • « Deh! Non volerli vittime » (tous les personnages)

Personnages

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Norma, acte II, scène 3.
  • Pollione, proconsul romain (ténor)
  • Oroveso, chef des druides, père de Norma (basse)
  • Norma, grande prêtresse du temple des druides (soprano dramatique colorature)
  • Adalgisa, jeune vierge (soprano ou mezzo-soprano)
  • Clotilda, confidente de Norma (soprano)
  • Flavius, centurion romain, ami de Pollione (ténor)

Interprétation

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Dušan Plazinić et Violeta Srećković dans Norma.

Le rôle-titre de Norma est considéré comme l'un des plus difficiles du répertoire des sopranos[3]. Les cantatrices Rosa Ponselle[4], Maria Callas[5], Anita Cerquetti[6], Joan Sutherland[7] et Montserrat Caballé[8] ont, au XXe siècle, marqué de leur interprétation ce rôle qui requiert à la fois une grande technique lyrique et des qualités de tragédienne. Norma a également été interprétée par l'Américaine June Anderson, la Slovaque Edita Gruberová, la Moldave Maria Bieșu et l'Américaine Catherine Naglestad. Plus récemment, la soprano bulgare Sonya Yoncheva a marqué le rôle de son empreinte au Royal Opera House en 2016, en remplacement d'Anna Netrebko qui avait déclaré forfait[9]. À son tour la Lettone Marina Rebeka interprète, en 2019, une Norma remarquée au Théâtre du Capitole de Toulouse[10]. Les deux artistes alternent alors en juillet 2022 au Liceu de Barcelone, permettant une très intéressante comparaison de performances[11]. D'autres artistes actuelles se sont lancées dans ce rôle emblématique, telles la soprano russe Elena Stikhina[12], la soprano italienne Maria Agresta[13], les mezzo soprano italienne, Cecilia Bartoli[14], et française, Karine Deshayes pour le festival d'Aix-en-Provence en 2022[15].

Difficultés du rôle

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Giuditta Pasta pour la création du rôle en 1831.

Le rôle de Norma requiert de la part de son interprète la technique la plus accomplie : le célèbre aria Casta Diva (cavatine), invocation mystique à la lune, est une leçon belcantiste : longueur du souffle, précision des vocalises jusqu'au contre-ut, par trois fois. De même pour le bouleversant arioso qui ouvre le second acte. Si les graves de Norma sont abondamment sollicités dans les passages les plus sombres, une simple soprano dramatique ne peut convenir pour le rôle car est exigée une extrême agilité vocale : dans les instants où culmine la fureur de l'héroïne, se libèrent des coloratures di bravura dont la réalisation exige la plus grande virtuosité. On songe notamment au terrible saut d'une octave et demie qui conclut, par deux fois, le Oh, non tremare ou bien au contre-ut de feu jeté avec rage à la fin du récitatif du temple d'Irminsul.

En outre, Bellini s'est attaché à donner aux récitatifs un relief particulier, en tentant de fusionner les composantes textuelles et musicales : aussi comprend-on que ce serait une fâcheuse méprise pour une prima donna de chanter ces récitatifs avec la négligence habituelle qu'on leur accorde. Le Sediziose voci instaure d'emblée le ton altier et souverain de la grande phrase déclamatoire ; le Vanne e li celi entrambi est l'union subtile, et si constitutive de la psychologie de l'héroïne, de l'affection d'une mère et de la fierté d'une femme ; quant au célèbre arioso Teneri figli, l'une des plus parfaites mélodies belliniennes, qui a inspiré une étude à Chopin, il est intégré à un récitatif particulièrement dramatique, celui d'une infanticide qui doute. Et comment ne pas mentionner la perfection dépouillée de l'aveu final de Norma : sur un sol a cappella, la prêtresse met littéralement à nu sa faute. On l'aura compris, Norma n'est pas une œuvre qui cultive l'exubérance et les effets faciles ; bien au contraire, elle procède de la pureté du chant et de la quintessence du drame.

En 1844, Schopenhauer écrit à propos de cet opéra[16] :

« si l'on fait abstraction de son excellente musique, comme de la diction qui ne peut être que celle d'un livret d'opéra, cette pièce, considérée du seul point de vue de ses motifs et de son économie interne, est une tragédie de la plus grande perfection »

Discographie (non exhaustive)

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Fichier audio
Casta Diva
noicon
Claudia Muzio interprétant Casta Diva dans Norma de Bellini
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La très célèbre cavatine Casta Diva est reprise de nombreuses fois au cinéma ou dans les médias.

Ci-dessous une liste non exhaustive d'utilisations d'autres séquences de Norma :

Notes et références

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  1. Piotr Kaminski, Mille et un opéras, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », , 1819 p. (ISBN 978-2-213-60017-8), p. 77 & 79
  2. Roland de Candé, Les Chefs-d’œuvre de la musique.
  3. a et b « Norma : discographie comparée », sur www.forumopera.com (consulté le )
  4. (en-US) Allen Hughes, « Rosa Ponselle, Dramatic Soprano Dies », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  5. « Hommage absolu à la Callas pour le 30e anniversaire de sa mort », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Selon André Tubeuf, « son disque officiel de Casta diva, surtout son enregistrement sur le vif de 1958 montrent en Cerquetti tout ce que Callas n'eut jamais, la consistance royale du son, la plénitude hardie de la ligne, et aussi, déjà, par endroits, reflet de l'art magique de Callas, cette impressionnabilité, cette ombre soudaine sur l'inflexion, cette fragilité grandiose inoculée par Callas Déjanire (tunique de Nessus !) qui, avant sa devancière et modèle et rivale, allait la dévorer », L’Avant scène Opéra, septembre 1980.
  7. Jean Cabourg, Opéra Magazine no 57, décembre 2010.
  8. La-Croix.com, « Montserrat Caballé, grande d’Espagne », sur La Croix, (consulté le )
  9. « La chance sourit aux audacieuses | Forum Opéra », sur www.forumopera.com (consulté le )
  10. « Norma au Capitole enchante le public », sur Culture 31, (consulté le )
  11. José Irurzun, « Marina Rebeka and Sonya Yoncheva both excel as Norma at Barcelona’s Liceu   – Seen and Heard International », sur seenandheard-international.com (consulté le )
  12. (en-US) Francisco Salazar, « Elena Stikhina Headlines Boston Lyric Opera's 'Norma' », sur OperaWire, (consulté le )
  13. Catherine Scholler, « Maria Agresta grande Norma au Théâtre des Champs-Elysées », sur ResMusica, (consulté le )
  14. Marie-Aude Roux, « La « Norma » hors normes de Cecilia Bartoli », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Marie-Aude Roux, « Festival d’Aix-en-Provence : Karine Deshayes, la voix rayonnante du désir », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. Le Monde comme volonté et comme représentation, « Compléments du Livre III », chapitre 37.
  17. Laupéra, « Tout Maria Callas (ou presque) #5 - 1955 - Et si on allait à l'opéra ? », sur Vissi d'arte ... (consulté le )
  18. scène de la crêperie
  19. « 2046 », sur hkcinemagic.com (consulté le ).

Articles connexes

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Liens externes

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