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Mariage interreligieux

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Le mariage interreligieux ou mariage mixte est le mariage civil ou religieux entre des personnes de confessions différentes.

Légalité

Selon la Déclaration universelle des droits de l'homme, « A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille »[1].

Plusieurs États de l'Inde, dont l'Uttar Pradesh ont interdit les mariages interreligieux. Cette interdiction a été votée contre le « love jihad », terme désignant la conversion d'une femme hindoue à l'islam à la suite de son mariage à un homme musulman[2].

Au Liban ou en Israël, le mariage civil n'existe pas, il est obligatoire de conclure un mariage religieux, ce qui revient à une interdiction de facto des unions mixtes. La solution souvent retenue est le mariage à Chypre, pays proche, qui est ensuite légalement reconnu au retour[3]. Environ 3 000 mariages de personnes du Moyen-Orient ont lieu chaque année à Chypre[4].

L'Indonésie ne reconnaît pas les mariages interreligieux, les enfants issus de ces unions ne se voient pas remettre de certificats de naissance, ce qui rend difficile l'accès à la santé ou à la scolarisation[4].

Position des différentes religions

Bahaïsme

Le bahaïsme autorise le mariage avec des croyants d'autres religions, des athées ou des agnostiques. Une cérémonie bahaïe doit avoir lieu, les enfants doivent pouvoir être élevés dans la foi bahaïe et sont généralement élevés dans les deux religions de leurs parents[5].

Bouddhisme

Dans le monde bouddhiste et les religions asiatiques en général, il n'y a pas d'opposition idéologique au mariage interreligieux. Néanmoins, la participation à certains rites (culte des ancêtres p. ex.) ou l'adoption de certaines pratiques (végétarisme) peut être exigée du conjoint.

En Birmanie, des moines bouddhistes extrémistes ont demandé l'interdiction des mariages interreligieux de la majorité bouddhiste avec la minorité musulmane[6].

Druzes

Les Druzes constituent des communautés fermées qui n'acceptent pas de nouveaux membres, que ce soit par le mariage ou par la conversion.

Christianisme

Église catholique

Un ou une catéchumène allant recevoir le baptême catholique ou l'ayant déjà reçu[7], peut se marier dans une église catholique avec une personne non baptisée si les mêmes conditions qu'un mariage catholique entre deux catholiques sont réunies[8]:

Religion Confession chrétienne Religion non chrétienne ou sans religion
Orthodoxie Protestantisme Judaïsme, Islam, Bouddhisme, Athéisme ou autre
Validité du baptême (si présent) Les baptêmes des Églises orthodoxes sont reconnus La plupart des baptêmes protestants sont reconnus, comme ceux des Églises anglicanes, luthériennes, réformées ou évangéliques Certains baptêmes protestants ne sont pas reconnus, comme ceux des Églises unitariennes[9]. Tout baptême non chrétien, comme le « baptême civil », ou tout non baptisé.
Type de mariage « mariage mixte » entre un catholique et un baptisé chrétien reconnu[10] « mariage dispars » entre un catholique et un baptisé non reconnu ou un non baptisé
Mariage pouvant n'être qu'une bénédiction nuptiale ou comporter une eucharistie Il est recommandé que le mariage ne soit qu'une liturgie de la parole, appelée « bénédiction nuptiale » et ne comporte pas d’eucharistie. Au chapitre III du « Rituel romain de la célébration du mariage » on trouve des formulations adaptées aux situations particulières. La Déclaration « Nostra Ætate » du concile Vatican II autorise la lecture de textes d'autres religions par son représentant (imam, rabbin ou autre) tant qu’ils ne remplacent pas les textes liturgiques et bibliques et ne contredisent aucune vérité chrétienne.
Qu'il soit qu'une bénédiction ou comportant une eucharistie, dans les deux cas, le mariage est sacramentel (avec la grâce de Dieu) et est indissoluble Qu'il soit qu'une bénédiction ou comportant une eucharistie, dans les deux cas, le mariage est non sacramentel (sans la grâce de Dieu), mais est tout de même indissoluble.
Demande faite à l’évêché (le défaut de forme canonique peut entrainer une nullité du mariage)  : « Dispense de religion mixte » et « dispense de forme canonique » « Dispense de religion mixte » « Dispense d’empêchement de disparité de culte  » (réf. : code de droit canonique, can. 1086 §§ 1 et 2)
L'évêché peut donner la permission de célébrer le mariage dans un autre lieu qu’une église ou une chapelle catholique, comme un temple protestant, une église orthodoxe, ou dans un autre endroit convenable (can. 1118 § 2)
L'évêché peut valider le mariage célébré œcuméniquement par un pasteur ou par un célébrant orthodoxe sans la présence obligatoire d'un prêtre catholique. L'évêché peut valider le mariage célébré interreligieusement et conjointement par un prêtre catholique avec le représentant d'une autre religion (rabbin, imam, etc.) dans les formes prévues par le droit canon (can. 1108 § 1[11] ; can. 1117).
L'échange des consentements donné devant un pasteur, un imam, un rabbin ou un représentant d'une autre religion est reconnu par l'Église qui ne demandera pas une nouvelle fois l'échange des consentements. Un couple catholique/non-catholique marié religieusement dans une autre religion que l'Église catholique ne pourra plus être marié religieusement à l'Église.
Déclaration d’intention signée par les deux futurs époux s'engageant à [12]: Si le couple choisit d'échanger ses consentements à l'Église, il s'engage à ne pas les échanger une seconde fois dans une autre religion ;
Les époux doivent s’engager à instruire leurs enfants de la foi chrétienne de l’une ou l’autre confession. La personne catholique : de tout faire pour que leur enfant soit élevé dans la foi catholique et si l'enfant le souhaite, être baptisé à son adolescence. En 1832, l'encyclique Summo iugiter studio du pape Grégoire XVI demanda au clergé d'empêcher le mariage si cette condition n'est pas présente ;
La personne catholique et non catholique doivent accepter les éléments essentiels du mariage catholique : liberté, fidélité à une unique personne, indissolubilité et ouverture à la fécondité (la fermeture à la fécondité entraine une nullité de mariage) ;
La personne catholique doit respecter la conscience de son conjoint; La personne non catholique doit respecter la foi de son conjoint ;
Conditions L'une ou/et l'autre personne n'est pas uni avec quelqu'un d'autre par un mariage catholique (le mariage civil de deux non-baptisés est valide (cf. can. 1127 § 2) sauf si l'un des deux non-baptisés refuse de recevoir le baptême);
L’âge minimum est de 16 ans pour l’homme et 14 ans pour la femme (une grave immaturité psychologique entraine une nullité de mariage) ;
Le mariage doit être libre et non pas de convenance[13],[14], arrangé ou forcé (un défaut de consentement et/ou des troubles mentaux entrainent une nullité de mariage) ;
En France, l'échange des consentements mutuels est préalablement obligatoire à la mairie mais pas celui des alliances;

En principe, avoir reçu le baptême catholique ne suffit pas pour se marier religieusement, aussi le sacrement de confirmation est requis mais est dispensé s'il existe « un grave inconvénient » (réf. : code de droit canonique - can 1065). Un mariage célébré entre des personnes non confirmées reste valide[15].

Un divorce ou une nullité du mariage au civil n'entraine pas automatiquement une nullité du mariage catholique.

En 2006 (version remaniée en 2009), la Conférence des évêques suisses a publié une documentation dans laquelle elle dit que « l’Église catholique romaine n’encourage pas ces mariages [entre catholiques et musulmans][16] ». La Conférence des évêques de France accompagne les mariages entre catholiques et musulmans. Elle référence des associations telles que le Groupe des foyers islamo-chrétiens, fondé en 1977[17].

Orthodoxie

La position sur les mariages mixtes entre des orthodoxes et d'autres chrétiens varie fortement selon les différentes Églises orthodoxes[18].

L'Église orthodoxe géorgienne interdit les mariages avec les catholiques[19].

Protestantisme

Dans le christianisme protestant, le mariage n'est pas un sacrement, car il n'a pas été institué par Jésus de Nazareth. Le couple se marie civilement (selon les lois des différents pays), et l’Église célèbre des bénédictions de mariage. Les mariages mixtes avec un conjoint non-croyant (athée ou agnostique) ou de religion chrétienne mais de confession différente (mariage œcuméniques), ne posent pas de problèmes. Les mariages mixtes avec un conjoint de religion différente sont acceptés par l’Église, qui propose alors un accompagnement spécialisé en veillant à ce que les convictions de chacun soient respectées. Le problème est en général dans la religion de l'autre famille, non protestante[20],[21],[22].

Hindouisme

L'hindouisme n'interdit pas les mariages avec des personnes d'autres religions ou sans religion[23]. Cependant en Inde, l'opposition des nationalistes hindous est importante, alors qu'en 2020 on estime que 90 % des mariages sont arrangés et que les mariages entre castes différentes sont eux aussi difficiles[24].

Islam

D'après la sourate n°2, verset n°220 (ou 221) « n’épousez point les femmes idolâtres tant qu’elles n’auront pas cru. Ne donnez point vos filles aux idolâtres tant qu’ils n’auront pas cru » et la sourate n°5, verset n°7 (ou 5) « il vous est permis d’épouser les filles des croyants », le Coran autorise l'union d'un homme musulman à une femme chrétienne ou une juive, mais l'interdit avec une femme polythéiste sauf si elle se convertit à l'islam. Le mariage d'une musulmane avec un non-musulman est légalement interdit, sauf si ce dernier se convertit à l'islam, même si aucun verset du Coran ne fait allusion à cette interdiction.[réf. nécessaire]

Si un Français non musulman se marie avec une Marocaine musulmane en France, le certificat de coutume doit être délivré sur simple présentation d'une pièce d'identité, et ne nécessite pas la conversion à l'islam[25]. Celle-ci peut être demandée pour la transcription du mariage au Maroc[26],[27].

Pour obtenir la validité du mariage au Maroc, le non-musulman devra suivre la procédure de conversion à l'islam devant un notaire marocain (adel) en récitant la chahada « Il n'y a de Dieu qu'Allah et Muhammad est son prophète »[28],[29],[30]. La circoncision n'est pas obligatoire[31].

Le mariage d'une Algérienne avec le citoyen d'un pays non-musulman nécessite un certificat de conversion pour que le mariage soit reconnu en Algérie et que les enfants du couple obtiennent la nationalité algérienne[32].

Le droit musulman (fiqh) établit une asymétrie entre l'Islam et les religions du Livre sur le plan matrimonial et tient, de façon inédite jusqu'alors, pour supérieure l'isogamie religieuse par rapport à l'isogamie sociale en tenant le mariage avec une esclave croyante pour supérieur à une union avec une associationniste libre[33]. Les juristes musulmans jetteront cependant le discrédit sur l'union avec des esclaves se basant sur la notion d'égalité de condition entre les conjoints (Kafâ'a) qui, bien qu'elle n'apparaisse pas dans le Coran, permet de prononcer l'annulation du mariage[34].

Le mariage entre chiites et sunnites est possible, l'entente de mariage détermine si les enfants seront éduqués dans l'une ou l'autre branche de l'islam, généralement celle du père[35].

Judaïsme

Pour le judaïsme orthodoxe, c'est l'interdiction pure et simple, mais ce n'est pas forcément le cas dans les autres courants.

Le judaïsme massorti interdit les mariages mixtes[36].

Les samaritains permettent l'union depuis 1923 à condition que le conjoint, en pratique la femme, se convertisse. Au cours de la décennie 2010, plusieurs femmes russes ou ukrainiennes ont épousé des samaritains. Le choix de femmes non-samaritaines est motivé par la consanguinité[37],[38].

Les rabbins ont refusé l'assimilation culturelle dans la société chrétienne médiévale et ont choisi de sanctionner ceux qui contractaient un mariage mixte. Les défis de la société sécularisée sont d'un autre ordre puisque celles-ci prennent le modèle d'une société ouverte, où il est difficile de vivre en communautés séparées.

Pour les raisons théologiques de l'interdiction, il faut les situer par rapport à la controverse sur le statut des goyim dans le judaïsme.

Pour les rabbins libéraux aux États-Unis et en Angleterre, il est possible d'officier à leur discrétion à des cérémonies pour des couples mixtes, sans conversion, mais ce n'est pas le cas pour les rabbins libéraux en France, en Suisse, en Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne.

En 2010 selon Sergio DellaPergola le taux de mariages mixtes dépasse les 50 % dans l'ensemble de la Diaspora. Dans l'ex-bloc de l'Est, ce taux monte à 70 ou 80 %[39].

Aux États-Unis, selon une étude du Pew Research Center de 2013, 44 % des Juifs déclarent être mariés à des non-Juifs. Ce nombre monte à 58 % pour les mariages conclus après 2005[40].

Yézidisme

Le yézidisme n'accepte ni les mariages interreligieux ni la conversion[41].

Notes et références

  1. « La Déclaration universelle des droits de l'homme », sur Organisation des Nations unies.
  2. « En Inde, l’Uttar Pradesh criminalise les mariages interreligieux », sur lemonde.fr, .
  3. Eléonore Abou Ez, « Les mariages civils interdits en Israël et au Liban sont célébrés à Chypre », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  4. a et b (en) « Many countries make it hard to marry someone from another religion », sur economist.com, .
  5. « Les mariages mixtes ? », sur bahai.fr (consulté le ).
  6. AFP, « En Birmanie, controverse autour des mariages interreligieux », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  7. « Mariage avec un non chrétien, est-ce possible ? », sur toulouse.catholique.fr (consulté le )
  8. « Conditions du mariage catholique », sur cybercure.fr/, (consulté le )
  9. « DIRECTIVES POUR LA RECONNAISSANCE DES BAPTÊMES », sur catholiqueottawa.ca, (consulté le )
  10. « Les mariages mixtes », sur liturgie.catholique.fr (consulté le )
  11. « Code Droit Canonique 1983 1073 », sur clerus.org (consulté le )
  12. « Les mariages islamo chrétiens », sur relations-catholiques-musulmans.cef.fr, (consulté le )
  13. « Quand on parle de mariage à l’église, il faudrait cerner la force du sacrement, le distinguer d’une bénédiction d’union publiée », sur enmanquedeglise.com, (consulté le )
  14. « Comment mieux préparer au mariage ? », sur la-croix.com, (consulté le )
  15. « La confirmation est-elle obligatoire pour se marier ? », sur croire.la-croix.com, (consulté le ).
  16. « Mariage entre catholique et musulmans pour une pastorale du discernement 1ère partie aide pastorale 2 », sur groupe-islam.eveques.ch, (consulté le )
  17. « Mariage islamo-chrétien », sur Service national pour les relations avec les musulmans de l’Église catholique en France. (consulté le )
  18. Vladimir GOLOVANOW, « L'Orthodoxie et les mariages mixtes », sur egliserusse.eu, .
  19. Jean-Marie Guénois, «Les mariages entre catholiques et orthodoxes sont interdits par l'église orthodoxe géorgienne», sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  20. « Bénédiction de mariage », sur Église protestante unie de France (consulté le )
  21. Marie Lefebvre-Billiez, « Mariage mixte : je suis catholique et lui protestant », Réforme,‎ (lire en ligne)
  22. « Mariage… Mixte ? Œcuménique ? Interconfessionnel ? Interreligieux ? », sur www.protestants.org, Fédération protestante de France
  23. (en) « What does Hinduism say about marriage? », sur BBC.com (consulté le ).
  24. (en) Soutik Biswas, « Love jihad: The Indian law threatening interfaith love », sur bbc.com, .
  25. Delphine Gerbeau, « En cas de mariage en France d’un ressortissant marocain, un certificat de conversion à l’islam du conjoint peut-il être exigé par le consulat marocain pour la délivrance d’un certificat de coutume ? », sur lagazettedescommunes.com, .
  26. « Pour se marier, il devait se convertir », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  27. « Certificat de coutume », sur consulat.ma (consulté le )
  28. « Mariage franco marocain Procédure administrative », sur mariage-franco-marocain.net, (consulté le )
  29. « Certificat de coutume (pour mariage) », sur consulat.ma, (consulté le )
  30. Nadia Lamlili, « Au Maroc, un prétendant doit montrer « patte musulmane » », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  31. « Mariage franco marocain Procédure administrative », sur mariage-franco-marocain.net, (consulté le )
  32. Samia Lokmane-Khelil, « Les choix contrariés des Algériennes en France », sur liberte-algerie.com, (consulté le ).
  33. Coran, sourate 2, 221
  34. Mohammed Hocide Benkheira, article Marriage, in Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir), Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 531
  35. Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié, Ottawa, « Pakistan : conséquences d'un mariage mixte entre une personne chiite et une personne sunnite, y compris le traitement qui serait réservé au couple et à ses enfants (octobre 2003-mai 2005) », Commission de l'immigration et du statut de réfugié au Canada,‎ (lire en ligne).
  36. Yeshaya Dalsace et Rivon Krygier, « Célébrer un mariage mixte ? », sur massorti.com, (consulté le ).
  37. Jane Ferguson, « Cisjordanie. La petite communauté des Samaritains en quête d'épouses », sur courrierinternational.com, .
  38. Barthélémy Gaillard et Simon Henry, « Israël : Samaritains cherchent âme sœur », sur jeuneafrique.com, .
  39. Nicolas Zomertajn, « REGARDS CROISÉS : LE MARIAGE MIXTE EN PROGRESSION », sur cclj.be, (consulté le ).
  40. (en) « Chapter 2: Intermarriage and Other Demographics », sur pewforum.org, .
  41. Christophe Lamfalussy, « Qui sont les yézidis? », sur lalibre.be, (consulté le ).

Voir aussi