Maine de Biran
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« Volo, ergo sum[1] » (la primauté de l'effort voulu) |
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Pierre Maine de Biran, de son nom complet Marie François Pierre Gont(h)ier de Biran ([2] à Bergerac – à Paris), est un philosophe, (brièvement) mathématicien et précurseur de la psychologie qui appartient au courant du spiritualisme français, après avoir rompu avec la philosophie de la société des idéologues.
Biographie
Il nait le 29 novembre 1766 à Bergerac, première sous-préfecture de Dordogne dans une famille de notables: Son père est médecin ; son grand-père et son arrière-grand-père ont été maires de Bergerac. À partir de 1787, il signe « Maine de Biran », du nom d'une terre de son père[3], près de Mouleydier.
Maine de Biran fait ses études secondaires au collège de Bergerac, d'où il sort bachelier, puis s'inscrit à l’université de Poitiers. Il y obtient sa licence en droit civil et canon. À dix-huit ans, il est admis dans les gardes du corps et, en octobre 1789, participe à la défense du château de Versailles ; à la fin de 1792, il juge prudent de se retirer dans ses terres de Grateloup[4], près de Bergerac.
Suivent le départ pour la Hollande, puis une période de méditation, entièrement tournée vers la compréhension du monde. Il ne se cloitre pas, néanmoins : amateur de sciences, curieux des lois de la physique, de l'optique, il ne cesse de voyager, de se déplacer dans toute l'Europe du Nord, mais dans la solitude et la discrétion. Résistant aux curieux, étranger aux tentations des cours qui pourtant le sollicitent, il arpente l'Europe en voyageur insatiable, toujours attentif à soumettre à l'épreuve de l’expérience les intuitions qui nourrissent sa pensée.
Ses fonctions en tant qu’administrateur du département de la Dordogne après la chute de Robespierre, sa création de la Société médicale de Bergerac[5] et les mémoires qu'il a soumis à ses séances sous l'Empire, sa participation à la Commission des cinq[6], font de Maine de Biran à la fois un personnage de l'histoire locale et une figure de l'histoire de la philosophie ; mais ce sont ses efforts pour donner un fondement aux sciences de l'homme qui le distinguent particulièrement.
Philosophie
Homme du XVIIIe siècle français par sa date de naissance et le milieu culturel de sa formation, Maine de Biran se détache peu à peu d'un sensualisme inspiré de Condillac pour élaborer une psychologie de subjectivité. Parti d'un agnosticisme discrètement teinté de religiosité sous l'influence de Rousseau, il aboutit à une métaphysique fondée sur l'expérience religieuse, selon une acception moderne, et sur la foi chrétienne. Maine de Biran entend rester le plus possible près des faits : ils lui sont donnés par les sciences de la vie et l'observation de soi. Nous lui devons le premier journal philosophique[7].
C'est pour lui autour de l'effort et de sa répétition que se construisent la pensée et la personnalité humaines[8]. Merleau-Ponty distingue dans ses travaux un germe de ce qu'on nommera plus tard la phénoménologie. D'autres[réf. nécessaire] trouvent en lui un précurseur de Freud[9], et de l'école spiritualiste en France.
Œuvres
Œuvres de Maine de Biran, par ordre de parution
La plupart des œuvres de Maine de Biran sont parues après sa mort, ce qui explique en partie sa méconnaissance.
- Influence de l'habitude sur la faculté de penser sur Gallica, Paris, Henrichs, An XISous-titre : Ouvrage qui a remporté le prix sur cette question, proposée par la classe des sciences morales et politiques de l'Institut national : « Déterminer quelle est l'influence de l'habitude sur la faculté de penser ; ou, en d'autres termes, faire voir l'effet que produit sur chacune de nos facultés intellectuelles, la fréquente répétition des mêmes opérations »
- Essai sur les fondements de la psychologie et sur ses rapports avec l'étude de la nature, 1812
- Exposition de la doctrine philosophique de Leibnitz, Paris, Michaud, 1819
- Nouvelles considérations sur les rapports du physique et du moral de L'Homme. Ouvrage posthume publié par Victor Cousin, Paris, Ladrange, 1834
- Œuvres philosophiques de Maine de Biran, Ladrange, édition de Victor Cousin, 1841, 4 vol.
- Œuvres inédites, publiées par Ernest Naville, avec la collaboration de Marc Debrit, Paris, Dezobry, E. Magdeleine et Paris, 1859 (3 vol., ainsi qu'une Introduction aux œuvres inédites)
- Science et psychologie : nouvelles œuvres inédites de Maine de Biran sur Gallica, Alexis Bertrand (éd.), Paris, E. Leroux, 1887
- Mémoire sur les perceptions obscures ; suivi de la discussion avec Royer-Collard sur l'existence d'un état purement affectif, et de trois notes inédites sur la nature de l'influence de la volonté, sur la perception de la dureté, sur l'objet de la philosophie de l'esprit humain sur Gallica, Paris, Armand Colin, 1920Notices biographique et bibliographique par Pierre Tisserand
- Les discours philosophiques de Bergerac, Paris, Félix Alcan, 1925
- Journal intime (1792-1824), avant-propos, trad. et notes par A. de La Valette-Monbrun, Plon, 1927, 2 vol.
- Journal. Édition intégrale publiée par H. Gouhier, Éd. de la Baconnière, 1954–55
- Maine de Biran — La vie intérieure, présenté par Bruce Bégout, Paris, Payot, 1995
Collection d’œuvres publiée chez Vrin
Sur papier
- Écrits de jeunesseAvant 1800
- Influence de l'habitude sur la faculté de penser
- Mémoire sur la décomposition de la pensée
- De l'aperception immédiate
- Discours à la Société médicale de Bergerac
- Rapports du physique et du moral de l'homme
- Essai sur les fondements de la psychologie
- Rapports des sciences naturelles avec la psychologie
- Nouvelles considérations sur les rapports du physique et du moral de l'homme
- Dernière philosophie
- Morale et religion
- Existence et anthropologie
- Commentaires
- Commentaires sur les philosophies du XVIIe siècle
- Commentaires sur les philosophies du XVIIIe siècle
- Commentaires sur les philosophies du XIXe siècle
- L'homme public
- Au temps des « gouvernements illégitimes » (1789-1814)
- Au temps de « la » légitimité (1815-1824)
- Correspondance philosophique
CD-Rom
- Œuvres complètes, Paris, Vrin« [R]éunissant […] l'édition historico-critique des Œuvres de Maine de Biran, établie sous la direction de François Azouvi, le Journal édité par Henri Gouhier aux Éditions de la Baconnière et la Correspondance privée[11] »
Annexes
Citations
- « Philosopher, c'est réfléchir. »
- « Les Philosophes du XVIIIe siècle n'ont pas connu l'homme. »
- « En psychologie, l'observation n'est que le recueillement. »
- « Une personne que je croyais spirituelle[12] me niait aujourd'hui qu'il y ait énergie sans passion et elle paraît avoir lié étroitement ces deux idées. J'ai soutenu fortement que là où il y avait passion entraînante, il n'y avait point de véritable énergie, malgré tous les signes de la plus grande force déployée. La véritable énergie est employée à combattre, et non à suivre les passions. » (Journal, 1822)
- « La religion seule résout les problèmes que la philosophie pose[13]. »
Iconographie
- Portrait fait en 1798 par Jean-Bernard Duvivier (Bruges 1762–Paris 1837) et publié par de La Valette Monbrun en 1914
Bibliographie
- Ernest Naville, Notice historique et bibliographique sur les travaux de Maine de Biran, Paris, 1851 :
- L'histoire des manuscrits inédits de ce philosophe
- Le catalogue raisonné de ses ouvrages tant inédits que publiés
- Le catalogue des écrits relatifs à sa vie et à ses doctrines
- Auguste Nicolas, Étude sur Maine de Biran d'après le Journal intime de ses pensées, publié par Ernest Naville sur Google Livres'', Paris, Auguste Vaton, 1858
- Jules Francisque Gérard, La Philosophie de Maine de Biran - Essai suivi de fragments inédits sur Google Livres, Paris, Germer Baillière, 1876, 519 p.
- Jean-Amable de La Valette Monbrun, Essai de biographie historique et psychologique : Maine de Biran (1766-1824), d'après de nombreux documents inédits, Paris, Fontemoing, 1914.
- Victor Giraud, Moralistes français, Hachette, 1923.
- Geneviève Barbillon, De l'idée de Dieu dans la philosophie de Maine de Biran, 1927.
- Gaston Fessard, « La méthode de réflexion chez Maine de Biran », dans Cahier de la Nouvelle Journée, no 39, Bloud et Gay, 1938Rédigé en 1923
- Henri Gouhier, Les conversions de Maine de Biran, Paris, Vrin, 1948
- Michel Henry, Philosophie et phénoménologie du corps. Essai sur l'ontologie biranienne, coll. « Epiméthée », PUF, 1965
- Gilbert Romeyer-Dherbey, Maine de Biran ou le Penseur de l'immanence radicale, Paris, Seghers,
- Lucien Even, Maine de Biran, critique de Locke, avant-propos de Henri Gouhier, coll. « Bibliothèque philosophique de Louvain », Louvain-la-Neuve, Peeters, 1983, 116 p. (ISBN 978-2-8017-0193-5)
- Su-Young Hwang, L'habitude dans le spiritualisme français : Maine de Biran, Ravaisson, Bergson, Lille, 1996
- Masaki Furukawa, Philosophie et religion chez Maine de Biran, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 1998 (ISBN 2284014348 et 9782284014348)
- (it) Gustavo Gamna, Oltre l'esistenza : M. F. P. Maine de Biran, N. Berdjaev, D. Bonhoeffer e l'antropofenomenologia, Turin, Castalia, 1998, 152 p.
Notes
- John Alexander Gunn (en), chap. 1-1 de Modern French philosophy : A study of the development since Comte
- « Marie » n'apparaît pas dans l'acte de naissance et de baptême sur Google Livres
- Encyclopædia Universalis (1995) et Robert des noms propres (1974)
- Commune de Saint-Sauveur; il y repose maintenant, près de l'église, au centre du village.
- http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx1998x032x004/HSMx1998x032x004x0385.pdf
- « Chargée d'informer l'empereur du vœu de la nation et de ses besoins » (Ne pas confondre avec la Commission des Cinq des États-Unis.) « Pierre, François, Marie Maine de Biran », sur www.assemblee-nationale.fr (consulté le )
- Encyclopædia Universalis
- Mémoire sur la décomposition de la pensée, p. 157
- Mémoire sur la décomposition de la pensée, éd. J. Vrin, pp. 163-164.
- Ampère faisait partie du cercle qui se réunissait chez Cabanis, à Auteuil, et qui comprenait : de Biran, Cabanis, Ampère, Royer-Collard, Guizot et Cousin.
- Texte de Vrin, sur son site
- Stendhal
- Page titre de l'ouvrage d'Auguste Nicolas
Lien externe
- « Maine de Biran », article de l'encyclopédie Imago mundi