Théorème d'Erdős-Mordell

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Illustration du théorème d'Erdős-Mordell : la somme des longueurs des trois segments rouges est supérieure ou égale au double de la somme des longueurs des trois segments noirs.

Le théorème d'Erdős-Mordell, ou l'inégalité d'Erdős-Mordell, est un théorème de géométrie euclidienne donnant une comparaison entre la somme des distances d'un point aux côtés d'un triangle et la somme des distances aux sommets. Il porte les noms des mathématiciens Paul Erdős qui l'a conjecturé en 1935 et Louis Mordell qui l'a prouvé en 1937, conjointement avec David Francis Barrow (en), en utilisant la trigonométrie. Des preuves plus élémentaires que celle de Mordell furent données par Donat K. Kazarinoff[1] en 1945[2], puis par Leon Bankoff en 1958[3].

Énoncé[modifier | modifier le code]

Pour tout point M intérieur à un triangle ou situé sur sa frontière, la somme des distances de M aux trois sommets est ou supérieure ou égale au double de la somme des distances de M aux [droites portant les] trois côtés, avec égalité si et seulement si le triangle est équilatéral et M en est le centre[1],[4],[5],[6],[7].

Plus précisément, soit ABC un triangle, M un point intérieur à ce triangle, H, K et L les projetés orthogonaux de M respectivement sur (AC), (BC) et (AB). L'inégalité d'Erdős-Mordell s'énonce :

.

Une démonstration[modifier | modifier le code]

On montre d'abord .

D'après la cocyclicité de H, M, L, A (angles droits en H et L) , les angles et sont égaux.

Notons maintenant E et F les projections orthogonales de B et C sur la droite (LH). On a alors

Les angles opposés par le sommet et étant égaux, donc aussi et , les triangles rectangles BLE et HMA sont semblables, ce qui implique . On montre de façon similaire que .

On obtient donc .

D'autre part, le théorème de Ptolémée appliqué au quadrilatère inscriptible ALMH permet d'écrire que .

En combinant les deux résultats, on obtient l'inégalité voulue. De même, et .

En additionnant membre à membre ces trois inégalités, on obtient bien :

car pour tout .

La deuxième inégalité est une égalité si et seulement si AB = BC = CA autrement dit si le triangle est équilatéral.

La première inégalité est une égalité si seulement si (EF) est parallèle à (BC) et de même pour les deux autres cas, donc si et seulement si M se trouve sur les trois hauteurs, donc enfin si et seulement si M est le centre du triangle.

Généralisation aux polygones convexes[modifier | modifier le code]

Pour tout point M intérieur à un polygone convexe à n côtés ou situé sur sa frontière, la somme des distances de M aux n sommets est ou supérieure ou égale à la somme des distances de M aux [droites portant les] n côtés divisée par [6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) D. K. Kazarinoff, « A simple proof of the Erdős-Mordell inequality for triangles », Michigan Mathematical Journal, vol. 4, no 2,‎ , p. 97-98 (lire en ligne).
  2. (en) Eric W. Weisstein, « Erdős-Mordell Theorem », sur MathWorld.
  3. (en) Leon Bankoff, « An elementary proof of the Erdős-Mordell theorem », Amer. Math. Month., vol. 65, no 7,‎ , p. 521 (JSTOR 2308580).
  4. (en) Hojoo Lee, « Another Proof of the Erdos-Mordell Theorem », Forum Geometricorum, vol. 1,‎ , p. 7–8 (lire en ligne)
  5. Yves Ladegaillerie, Géométrie, affine, projective, euclidienne, et anallagmatique, Ellipses, , p. 388,389
  6. a et b Mohammed Aassilla, 1000 challenges mathématiques, Analyse, Ellipses, , p. 604-613
  7. Jean-Pierre Boudine, L'appel des maths, t. 2, Cassini, p. 259-264

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

  • Point de Fermat réalisant le minimum de

Liens externes[modifier | modifier le code]