Francesco Casanova

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Francesco Casanova
Bataille de cavalerie, huile sur toile, Paris, musée du Louvre.
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Lieux de travail
Père
Mère
Zanetta Farussi (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie

Francesco Giuseppe Casanova, né le à Londres et mort le à Vorderbrühl, est un peintre italien.

Peintre de batailles et de scène de genre, il est considéré comme un représentant d'une sensibilité préromantique.

Biographie

Francesco Casanova naît à Londres, où sa mère, Zanetta Farussi (it), est montée pour la première fois sur les planches comme actrice. On a prétendu qu'il était le fils naturel du roi George II. Il est le frère cadet de Giacomo Casanova. Il fut en son temps un peintre de batailles si connu qu'à l'époque, c'est son frère Giacomo qui était souvent reconnu pour sa relation « avec le célèbre peintre », mais cette gloire si laborieusement acquise disparut peu après sa mort. Il mourut dans la pauvreté, bien qu’ayant eu des clients très importants tels que le prince de Condé et Catherine II de Russie, il ait gagné des sommes importantes au cours de sa vie, mais il eut toujours une vie très désordonnée qui le conduisit également à dilapider ses énormes gains.

La biographie de son frère Giacomo mentionne la dureté des conditions de ses débuts de carrière comme peintre dans l’atelier de Gianantonio Guardi. Il passa ensuite dans l’atelier du peintre et scénographe de renom Antonio Joli qui travaillait assidûment dans les deux théâtres appartenant à la famille Grimani, les patriciens qui, à la mort prématurée du père de Francesco avaient assumé la protection de tous ses enfants.

L’Homme qui boit (vers 1770), Paris, musée du Louvre.

Casanova ayant ensuite décidé de changer de genre, il passa dans l'atelier de Francesco Simonini, un peintre de batailles qui prenait Le Bourguignon comme modèle.

Installé à Paris en 1751, il se rendit, l’année suivante, à Dresde, où il resta jusqu’en 1757, passant son temps à copier les meilleurs tableaux de bataille de la célèbre galerie des Électeurs de Saxe. À son retour à Paris en 1758, il passa, pour parfaire sa formation, dans l’atelier de Charles Parrocel. Outre des tableaux de batailles, Casanova peignait des paysages avec des figures et des bovins, ainsi que des sujets pastoraux. Le succès ne fut pas immédiat car les résultats de sa première exposition furent désastreux. Par la suite, il reçut néanmoins des critiques favorables, entre autres, de Denis Diderot qui écrit : « En vérité, cet homme a bien du feu, bien de la hardiesse, une belle et vigoureuse couleur […] On dit que Salvator Rosa n’est pas plus beau que cela, quand il est beau […] Ce Casanova est dès à présent un homme à imagination, un grand coloriste, une tête chaude et hardie, un bon poète, un grand peintre[1] », ont commencé à recevoir des commandes de différents monarques européens. Agréé par l’Académie royale de peinture et de sculpture le , il y fut reçu le avec son Combat de cavalerie comme morceau de réception. Celui-ci, présenté au Salon de 1763, fut, par ailleurs, critiqué par Diderot pour son manque de vigueur et de la chaleur : « Ah ! M. Casanova, qu’est devenu votre talent ? Votre touche n’est plus fière comme elle était, votre coloris est moins vigoureux, votre dessin devenu tout à fait incorrect. Combien vous avez perdu, depuis que le jeune Loutherbourg[2] vous a quitté[3] ! » Il exposera néanmoins assez régulièrement au Salon à partir de cette année-là jusqu’en 1783.

Mort du chevalier d'Assas, estampe par Jean-Baptiste Devisse d’après Francesco Casanova.

le , il épouse Jeanne-Marie Jolivet (1734-1773), dite Mademoiselle d’Alancour, danseuse de second plan, figurante à la Comédie-Italienne depuis 1759. Les amis de sa femme lui permirent d’augmenter considérablement sa clientèle. Sa réputation fut renforcée et en 1771 lorsqu’il présenta deux tableaux consacrés à la guerre de Trente Ans : La Bataille de Fribourg et La Bataille de Lens, dont Diderot a dit : « ces deux grands ouvrages, quelque chose que la critique y puisse trouver, seront toujours un monument solide à la gloire de M. Casanova […][4] ». C'est aussi sans doute vers 1770 qu'il peignit la série de quatre « Catastrophes » conservée au musée des beaux-arts de Rennes (Scène d'orage, Rupture d'un pont de bois, Scène d'ouragan, Attaque nocturne de brigands). Cet ensemble fut acheté en 1773 par Jean-Benjamin de La Borde, premier valet de chambre de Louis XV, pour la somme de 24 000 livres. D'une sensibilité déjà puissamment préromantique, la violence, le caractère dramatique de ces scènes les ont même fait attribuer par erreur à son élève Loutherbourg[5].

À la mort de sa première femme, il se remaria, en 1775, avec Jeanne Catherine Delachaux (1748-1818). Cette dernière aura une fille, Adèle Catherine[6], qui porte son nom sans être de lui, puisqu'il était parti à l'étranger.

Ce second mariage fut aussi désastreux que le premier et Francesco quitta le domicile conjugal avec l’aide de son frère Giacomo en 1783. Réfugié à Vienne, grâce à l’amitié du prince de Ligne, il fit la connaissance du ministre, le prince Kaunitz, et atteignit le sommet de son succès. Il semble qu’outre son habileté en tant que peintre, le prince de Ligne appréciait sa conversation particulièrement brillante et son caractère extraverti, semblable à celui de son frère Giacomo, dont le prince était et resta l’un des amis les plus dévoués.

Dans les années suivantes, il continua à servir une clientèle institutionnelle. Ses principaux tableaux sont ceux dans lesquels il représenta les batailles gagnées par le prince de Condé, et ceux qu’il exécuta pour l’impératrice Catherine II de Russie, représentant les victoires remportées par les Russes sur les Turcs. Nombre de ses tableaux furent achetés ou commandés par cette dernière[7] et aujourd’hui conservés à Saint-Pétersbourg au musée de l’Ermitage. Casanova connut également un grand succès comme auteur de cartons utilisés pour produire des tapisseries et des tissus représentant généralement des paysages ruraux. Cette activité secondaire à celle d’artiste lui apporta des bénéfices énormes. De 1770 à 1787, il travailla dans ce domaine avec la manufacture royale de Beauvais à laquelle collaboraient environ 70 employés.

Le peintre et collectionneur Jacques Augustin de Silvestre (1719-1809), possédait deux tableaux de lui : Paysage enrichis de ruines avec un pâtre des vaches et des moutons près d'une fontaine et Paysage avec veille dame qui offre du lait à une jeune fille à laquelle un petit garçon veut faire voir les moutons[8].

Francesco Casanova, L'Ane et le Drapeau. Eau-forte, 9 × 12,8 cm. Jamie Mulherron

Casanova a gravé quelques belles pièces à l’eau-forte incluent Tambour russe à cheval, Les trois Cuirassiers, Le Drapeau, Choc de cavalerie, L’Ane et le Drapeau et Le Dîner du peintre Casanova[9]. Il fut interprété entre autres par Nicolas Colibert au pointillé (1786).

Élèves

Œuvres dans les collections publiques

Choc de cavalerie, musée Condé, Chantilly.

À Paris, le musée du Louvre conserve sept peintures et huit dessins. Le catalogue des collections du musée des beaux-arts de Rennes recense quatre tableaux de Casanova[10]. Les musées des beaux-arts de Grenoble, de Bordeaux, et le musée Condé possèdent chacun deux ou trois tableaux du peintre. Le musée des beaux-arts de Brest présente Scène de bataille (huile sur toile, 189 × 249 cm)[11].

Notes et références

  1. Denis Diderot, Salon 1761.
  2. Celui-ci fut un temps son élève.
  3. Denis Diderot, « Salon 1763 », in J. Assézat, Beaux-Arts. Essais sur la peinture, Paris, Garnier frères, 1879, p. 219.
  4. (it) Il mondo di Giacomo Casanova, cit. in bibl. p. 114 (Diderot, Salon 1771, IV, p. 184).
  5. Voir Mylène Allano, La Collection des peintures italiennes du musée des Beaux-Arts de Rennes, Paris, Somogy, 2004.
  6. Qui épousera Étienne Charles Gastellier.
  7. La tsarine acquit le premier tableau pour le palais de l’Ermitage en 1768, probablement à la lecture des critiques parues dans les Salons de Diderot rapportées la Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm.
  8. François-Léandre Regnault-Delalande, Catalogue raisonné d'objets d'art du cabinet de feu M. de Silvestre, ci-devant chevalier de l'ordre de Saint-Michel et maître à dessiner des enfants de France, 1810, p. 4, lot no 10.
  9. Prosper de Baudicour, Le peintre-graveur français continué. Tome premier., Paris, , p. 133-137
  10. Jules Jan, Catalogue des tableaux, dessins, bas-reliefs et statues exposés dans les galeries du musée de la ville de Rennes, Rennes, A. Leroy fils, , p. 67-68 [lire sur Wikisource].
  11. Renaissance du Musée de Brest, acquisitions récentes : [exposition], Musée du Louvre, Aile de Flore, Département des Peintures, 25 octobre 1974-27 janvier 1975, Paris, , 80 p.

Annexes

Bibliographie

  • Ernest Dumonthier, Les Tapisseries d’ameublement de la Manufacture royale de Beauvais d’après François Casanova, Paris, Albert Morancé, 1921.
  • Laure Stasi, “ Découverte : Une série inédite de peintures de la période parisienne de Francesco Giuseppe Casanova (1727 – 1802) ”, Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art Français, Paris, 2002, p. 88-101
  • Jean-Claude Hauc, « Mon frère François, célèbre peintre de batailles… », in Casanova forever, Paris, Éditions Dilecta, Montpellier, Frac Languedoc-Roussillon, 2010, p. 169 à 178.
  • (de) Roland Kanz, Die Brüder Casanova, Künstler u. Abenteurer, Munich, Deutscher Kunstverl, 2013.

Liens externes

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