Commission militaire révolutionnaire du département de la Mayenne

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Commission militaire révolutionnaire du département de la Mayenne
Histoire
Fondation
Dissolution

La Commission militaire révolutionnaire du département de la Mayenne est une des commissions militaires révolutionnaires. Il s'agit de tribunaux d'exception, distincts des tribunaux militaires, instaurés de manière transitoire sous le nom de Commissions militaires par les représentants en mission dans les départements les plus affectés de mouvements hostiles à la Révolution française, afin de juger les causes en rapport avec l'état de guerre[1].

Cette commission a fait mourir 461 personnes[2]. Les membres de la commission sont à l'origine de nombreuses condamnations à mort dont les 14 martyrs de Laval et d'autres victimes. Les représentants Bourbotte et Bissy instaurent le 23 décembre 1793, un tribunal baptisé Commission militaire révolutionnaire du département de la Mayenne qui fait « promener la guillotine » à travers les villes du département. En dix mois la commission juge 1 325 personnes parmi lesquelles 454 sont exécutées. Influencée par l’annonce du 9 thermidor, la commission modère ses sentences à partir d’août en prononçant une majorité d’acquittements. Finalement, 243 hommes et 82 femmes sont exécutés à Laval, et 116 hommes et 21 femmes dans les autres villes du département ; Mayenne, Ernée, Lassay-les-Châteaux, Craon et Château-Gontier[3],[4],[5].

François Delauney indique que : La consternation et la stupeur ont été si profondes à Laval pendant les mois de nivôse, pluviôse et ventôse, qu'il fut fait peu ou point d'affaires ; parce que le commerce était paralysé, que les citoyens les plus purs n'osaient sortir de chez eux. Ils ne se couchaient qu'avec la crainte d'être enlevés pendant la nuit. On disait publiquement qu'il fallait anéantir le commerce et imiter Carrier à Nantes.

Législation (1792-1793)[modifier | modifier le code]

Les lois du et du prévoient le jugement des émigrés pris les armes à la main contre la France dans les vingt-quatre heures par une commission de cinq membres nommés par le chef d'état-major de la division de l'armée du secteur où ils ont été capturés. La seule peine encourue est la mort, son exécution étant immédiate. 60 commissions voient le jour et font plus de victimes que les tribunaux révolutionnaires[1].

La loi du prévoit que les « Français ou étrangers convaincus d'espionnage dans les places de guerre ou dans les armées » seront jugés « par une Commission militaire de cinq membres comme il est décrété par la loi du contre les émigrés pris les armes à la main », la seule peine possible étant également la mort[1].

Création[modifier | modifier le code]

Arrêté du 22 décembre 1793 : « Nous Représentans du peuple dans le département de la Mayenne et près l'armée de l'Ouest, considérant qu'il est de l'intérêt public d'établir une commission révolutionnaire provisoire pour juger dans le département les brigands des bandes de l'armée des rebelles de la Vendée et de cette autre classe de révoltés appelés Chouins; avons arrêté ce qui suit:

  • 1. Il sera composé une commission révolutionnaire provisoire, composée d'un président, d'un accusateur public, de trois juges et d'un greffier.
  • 2. Cette commission jugera définitivement et sans appel sous les vingt-quatre heures, tous les rebelles qui seront traduits devant elle et ceux qui auront été leurs complices, soit en les recélant chez eux, soit eu favorisant leur évasion, ou les aidant dans leurs projets de contre-révolution.
  • 3. Elle jugera de la même manière cette autre classe de rebelle connue sous le nom de Chouins, complices et adhérens, toutes les fuis qu'elle en aura de traduits devant elle.
  • 4. Les jugemens seront portés d'après toutes les lois révolutionnaires et celles contenues dans le code pénal.
  • 5. Ses pouvoirs sont d'un mois; ils seront prolongés, si besoin est, par les représentans du peuple.
  • 6. La commission entrera sur le champ en fonctions et se transportera où besoin sera, dans l'étendue du département.
  • 7. Le traitement de chacun des membres sera de huit livres par jour pour ceux qui n'auront pas d'autre traitement public. Ceux qui en auroient un, mais inférieur à celui de huit livres par jour, recevront le surplus par forme d'indemnité.
  • 8. Après avoir consulté les sociétés populaires de Laval et Mayenne, le citoyen Clément, juge de paix à Ernée exercera les fonctions de président; le citoyen Volcler, maire de Lassay, celles d'accusateur public; le citoyen Pannard, marchand à Mayenne et membre du comité de surveillance de la même ville; Marie Colinière, juge de paix à Juvigné; Faur, officier municipal et imprimeur à Laval, celles de juges, et le citoyen Guilbert, procureur de la commune de Laval, celles de secrétaire greffier.
  • 9. Les juges de paix et officiers municipaux nommés membres de la commission, ne pourront cumulalivement exercer leurs premières fonctions, dont ils seront tenus néanmoins de reprendre la suite, à la fin de la présente commission.
  • 10. Il sera mis à la disposition de la commission une somme de 1,100 liv., de laquelle elle rendra compte, pour subvenir aux frais du bureau, d'impression et d'exécutions de jugemens et autres dépenses relatives et nécessaires à son établissement.
  • 11. Copie du présent sera expédiée tant aux membres de la Commission qu'au payeur général.

A Laval, le 2 nivôse an second de la république une et indivisible et le premier de la mort du tyran.

BOURBOTTE, BISSY.. ».

La Mayenne est en l'an II un véritable foyer de contre-révolution. Elle vient de prendre part aux Insurrections fédéralistes. D'octobre à décembre 1793, les Vendéens ont occupé Laval à trois reprises. Un de leurs chefs, le prince de Talmont, dernier successeur des seigneurs de Laval, veut faire de la Mayenne, avec l'aide des Chouans, une seconde Vendée. C'est entre Laval et Vitré, dans un pays coupé de haies et de chemins creux, que la chouannerie a pris naissance dès 1791, sous la direction de Jean Chouan et de ses frères, rompus aux embuscades par la pratique du faux saunage.

Le tribunal criminel de la Mayenne effectue déjà des « jugements révolutionnaires ». Les Vendéens, lors de leur premier passage à Laval, marchant sur Granville, brûlent ses premiers registres[6]. On peut présumer qu'il s'y trouvait des sentences révolutionnaires[7]. Les registres subsistants[6] ne commencent qu'au 18 pluviôse, et, à ce moment, la Commission militaire révolutionnaire du département de la Mayenne, en pleine activité, ne laisse rien à faire au tribunal criminel, pour les crimes de contre-révolution.

Après la bataille du Mans, le 22 frimaire, l'armée vendéenne lors de sa fuite, traverse Laval. Elle y laisse des traînards ; non loin de cette ville, des engagements ont eu lieu entre les Chouans et les troupes de la République. Des captures avaient été faites : c'est dans un premier temps pour juger tous ces prisonniers que la commission militaire révolutionnaire est installée.

Commission[modifier | modifier le code]

Le but en Mayenne était de trouver des moyens expéditifs pour éliminer les Vendéens entassés dans les prisons de Laval, et les Chouans. La commission militaire révolutionnaire est créée le à la suite de la création du Comité révolutionnaire de Laval. Pour parvenir à ce but, les représentants du peuple Pierre Bourbotte et Jacques-François Bissy rendirent, le 22 décembre 1793, un arrêté installant la commission.

L'arrêté de Bourbotte et Bissy portait que la commission se transporterait partout où besoin ; c'est ce qu'elle observa en visitant successivement les chefs-lieux de tous les districts du département, et en procédant à des exécutions dans chacun d'eux.

La Commission est composée d'un président, d'un accusateur public, de trois juges et d'un greffier qui jugent « définitivement, et sans appel, sous les 24 heures, tous les rebelles qui sont traduits devant elle, et ceux qui auraient été leurs complices, soit en les recelant chez eux, soit en favorisant leur évasion ou en les aidant dans leurs projets de contre-révolution ». Cette Commission, établie pour un mois, sauf prorogation, se transportent dans le département partout où besoin serait.

Durée et membres[modifier | modifier le code]

Commission Volcler-Clément[modifier | modifier le code]

Elle a pour président Jean Clément, juge de paix à Ernée ; pour accusateur public Jean-Baptiste Volcler, maire de Lassay, un ancien prêtre, qui écrit le  : « Tout comité de surveillance qui ne fera pas [arrêter] des accusés, et qui ne fera pas entendre contre chacun au moins deux témoins... se trouvera, à ma diligence, de jour ou de nuit, incarcéré sur mon réquisitoire... Purgeons, républicains, et n'épargnons rien !... ».

Pendant les opérations du tribunal révolutionnaire, aux environs du 23 pluviôse, Jean-François Marie[8] est inopinément enlevé par 14 soldats républicains envoyés de Granville, pour se saisir de sa personne. Son absence semble ralentir la fureur des autres commissaires; ils semblent craindre le même sort. Une lettre de François-Joachim Esnue-Lavallée du 26 pluviôse indique : « Ne soyez pas étonnés, que la privation de ce citoyen ne ralentisse pas votre zèle; continuez de faire trembler et de frapper les malveillans : votre nombre de Trois[9] est suffisant ».

Par arrêté des représentants du peuple, la commission est renouvelée le 12 germinal (1er avril 1794), l'acte de destitution disant expressément : « attendu qu'il serait dangereux et immoral de laisser subsister un plus long-tems dans les mêmes mains, des pouvoirs d'une si haute importance ». Six juges furent donc nommés au lieu des anciens: « Le maréchal-ferrant[10] renvoyé à ses fonctions[11], est remplacé par un marchand de vin; les citoyens Guilbert et Volcler ex-prêtres sont rappelés à leurs premières charges républicaines ».

Membres[modifier | modifier le code]

Créée en principe pour un mois, la commission poursuit ses travaux pendant trois mois[14]. Le 12 germinal an III, un arrêté du représentant du peuple René François-Primaudière en renouvelle le personnel.

Commission Garot-Huchedé[modifier | modifier le code]

Une nouvelle commission continue l'œuvre de leurs prédécesseurs. Ce nouveau tribunal commença ses séances le 18 germinal. Les représentants leur avaient ordonné d'imiter l'activité de la foudre; de ne pas laisser aux conspirateurs le temps de réfléchir; de ressembler à l'astre qui brûle et dessèche les productions inutiles; enfin de porter aux patriotes la vie, aux traîtres la mort.

L'ancien instituteur Publicola Augustin Garot remplace Volcler le 12 germinal an II comme accusateur public. Il continue à pourvoir largement l'échafaud maintenu en permanence sur la place de la Révolution. Néanmoins, avant de requérir, il cherche à s'informer, à bien peser les charges[15].

Les jugements sont marqués par un procédé particulier : lorsque les accusés, sommairement, avaient été interrogés, que l'accusateur public avait conclu, le président invitait l'auditoire à parler pour ou contre les accusés.

Les exécutions sont interrompues de nouveau du 9 floréal (28 avril) au 10 prairial (29 mai), sur l'ordre du représentant Joseph François Laignelot, sans doute en exécution de la loi du 27 germinal (16 avril) qui ordonnait le renvoi devant le tribunal révolutionnaire de Paris de tous les prévenus de conspiration qui seraient saisis sur un point quelconque de la République, en même temps que leurs complices. Cette loi emportait la suppression de tous les tribunaux révolutionnaires existant dans les départements. La loi du 9 prairial an III () prévoit le jugement des prisonniers de guerre ayant quitté sans autorisation le lieu de résidence ou de détention qui leur avait été fixé par le gouvernement par une commission militaire de cinq membres. L'essentiel de cette disposition a été maintenue par le décret impérial du 17 frimaire an XIV ()[1].

La Commission révolutionnaire reprit ses séances le 11 prairial. Une nouvelle loi du 19 floréal (8 mai), avait autorisé le Comité de Salut public à maintenir ces tribunaux en fonctions là où il le jugerait utile. C'est ainsi que furent rétablis, après une suspension plus ou moins longue, ceux d'Arras, de Bordeaux, de Nîmes, de Noirmoutier et enfin de Laval. Ce dernier devait continuer à siéger jusqu'au 18 vendémiaire an III (9 octobre 1794).

Après le coup d'État du 18 fructidor an V, la loi du 19 fructidor () étend les mesures du et du à l'ensemble des émigrés arrêtés sur le territoire de la République, la commission devant désormais être composée de sept membres nommés par le général commandant la division du secteur de leur capture[1].

Membres[modifier | modifier le code]
  • François Huchedé, greffier du tribunal criminel, président
  • Augustin Garot, accusateur public
  • Pierre Boisard, fabricant d’étoffes, remplace Marie Collinière, comme juge
  • Lecler, capitaine de canonniers, remplace Pannard comme juge
  • Germerie, marchand de vin, remplace Faur comme juge
  • Bureau remplace Chédeville, comme greffier.

Les villes[modifier | modifier le code]

C'est à Laval que la commission siégea le plus longtemps et que ses exécutions furent le plus nombreuses.

Les débuts à Mayenne et Ernée[modifier | modifier le code]

Elle tient sa première séance à Mayenne le 20 décembre 1793. Elle condamne à mort Mueller et trois autres déserteurs allemands qui avaient combattu avec les rebelles. Ces premières condamnations et celles qui les suivirent jusqu'au 16 nivôse sont exécutées militairement, par la fusillade. La Commission ne siége que trois jours à Mayenne; elle y prononce 39 condamnations à mort[16] et 4 acquittements.

Pour deux accusés, l'élargissement est précédé d'un véritable supplice[17] dont la Commission Volcler-Clément semble avoir eu le privilège : Cireaux, acquitté le 4 nivôse, et Pelletier, le 5, durent assister à l'exécution de leurs coaccusés[18].

La commission se déplace ensuite à Ernée. Il n'y a qu'un jugement, le 7 nivôse avec 4 condamnations capitales. Trois enfants de 13 et 14 ans sont épargnés. Ils sont destinés à aller dans une maison d'arrêt jusqu'à la paix pour recevoir une éducation patriote qui effaçât le vice de leur naissance. Cette décision devançait la lettre, adressée à la Commission par le représentant Garnier de Saintes.

Laval[modifier | modifier le code]

La commission n'arrive à Laval que le 5 janvier 1794. Jusqu'au 12 de ce mois, elle faisait fusiller les individus qu'elle condamnait ; elle ne commença à employer la guillotine que le 13 ; et depuis ce fut le seul mode d'exécution de ses jugements. Dans ses voyages, elle était accompagnée d'une charrette portant la guillotine.

Du 16 nivôse au 10 ventôse, elle rend 32 jugements; 223 accusés sont condamnés à mort, 3 aux fers, 91 à la détention ; 204 sont acquittés.

Le 1er pluviôse, par circulaire, Volcler incite au zèle des autorités révolutionnaires de la Mayenne, les menaçant d'incarcération, en cas d'inaction, et leur annonçant la promenade de la guillotine. Cette circulaire, envoyée par le district de Mayenne, à la Convention, est lue à la séance du 17 pluviôse an II. Elle apporta dans l'Assemblée un mouvement d'horreur et d'indignation[19].

Les 24, 25 et 26 nivôse sont les jours de l'immolation des femmes : trente-huit, en trois jugements[20]. Le 29, onze accusés, n'ayant pas répondu convenablement à la Commission, seront huit jours dans un cachot, les fers aux pieds et aux mains, après quoi ils reparaîtront devant la commission. Le 2 pluviôse (21 janvier 1794), anniversaire de la mort du roi Louis XIV, quatorze prêtres sont ensemble envoyés à l'échafaud. Le lendemain, 3 pluviôse, Mme veuve Hay et ses quatre filles, deux autres femmes et Angélique des Mesliers sont condamnées à la mort.

Ce sont ensuite des personnalités politiques qui sont condamnées : Joseph François Dupont-Grandjardin, René Enjubault de la Roche, le prince de Talmont.

Le 14 pluviose, la Commission acquitte le jeune Godé[21], en utilisant l'instruction de Garnier de Saintes et sur la demande de Michel Faur. Le 4 ventôse, un jugement met à la charge des accusés les faits les plus gravess[22]. Le même jour, deux accusés, qui ont refusé de répondre, sont condamnés à 2 mois et 1 mois de cachot. Le 5 ventôse, un jugement met en liberté cinq femmes, cinq sœurs, citoyennes indûment arrêtées, lesquelles[23].

Lassay, Ernée, Mayenne[modifier | modifier le code]

La commission se rend à Lassay-les-Châteaux le 4 mars 1794. Du 14 au 17 ventôse, la Commission siége à Lassay et dans le temple de la Raison. Elle se trouve complétée par Brutus-Marie, qui opine, seul, à la mort, contre l'accusé Garnier, lequel, nonobstant, est acquitté. Il y 6 condamnations[24] capitales et 22 acquittements. Des accusés acquittés doivent assister, sur l'échafaud, au supplice de leurs coaccusés : quatre, le 15, à l'exécution de Françoise Gandriau, brigande ; deux, le 16, à celle de Boulard et Bigot[25]. Le 17 ventôse, deux curés sont renvoyés, sous la condition, l'un, de se marier dans le plus bref délai; l'autre, de remettre ses lettres de prêtrise.

La commission se rend pour la seconde fois à Ernée, le 20 mars 1794. Il y a, dans le temple de la Raison, du 22 au 30 ventôse, dix séances, et 34 condamnations à mort[26], 4 à la détention, plus 39 acquittements. Là aussi, sept des acquittés doivent aussi assister, sur l'échafaud, à l'exécution de huit de leurs coaccusés. Deux des condamnées Jeanne Véron, et Françoise Tréhet seront béatifiées.

Enfin, à Mayenne, de nouveau visité et dans le temple de la Raison, du 4 au 9 germinal, cinq séances : 14 condamnations à mort, 3 à la réclusion, 2 à la détention, 7 acquittements. La commission Clément-Volcler rentre ensuite à Laval, et est complètement renouvelée.

La Commission Huchedé-Garot, du 18 germinal au 22 messidor, à Laval, va tenir cinquante-deux séances et prononce 101 condamnations à mort, 44 à la détention, et 273 acquittements.

Craon[modifier | modifier le code]

La commission est à Craon, le 21 juillet 1794. Elle siège dix jours, du 25 messidor au 6 thermidor en prononçant, 19 condamnations capitales, 3 à la détention, et 30 acquittements. A deux reprises, la Commission Ordonna que des enfants de 9 à 13 ans seraient remis à des citoyens qui les réclamaient; qui en auraient soin comme de leurs propres enfants; leur apprendraient un métier de leur goût; leur apprendraient à aimer la patrie..

La commission est à Château-Gontier le 9 août 1794.

Château-Gontier[modifier | modifier le code]

La correspondance de l'accusateur public des commissions révolutionnaires de Laval avec le Comité de Château-Gontier illustre cette période[27].

Le 9 thermidor an II[28], la Commission s'installe à Château-Gontier et, en quelques jours, envoie 18 personnes à la guillotine, sans compter les trois cents brigands que le comité local reconnaissait avoir expédiés en deux mois aux commissions de Laval et d'Angers. La Commission Huchedé et de l'accusateur Publicola Garot opère du 9 au 24 thermidor.

L'influence du 9 thermidor se fait sentir : le 24, l'accusateur public Garrot cessait de signer Publicola, et le tribunal acquitte[29] tous les accusés au nombre de dix, en déclarant que l'affaire, qui remontait aux soulèvements, suite de la levée des 300 000 hommes, avait vieilli avant d'avoir été dénoncée, indice a de haine et d'animosité,etc.

Laval[modifier | modifier le code]

De retour et fixée à Laval, la Commission, du 29 thermidor an II au 22 brumaire an II, terme de son existence, y tient 64 séances. Il y a, seulement, en ces trois derniers mois, 15 condamnations à mort, 1 à la déportation à vie, 45 à la détention, plus 152 acquittements.

Le 6 fructidor, Testar-Caillerie, ci-devant noble, est acquitté, par les motifs les plus honorables. Le 22 fructidor, une procédure, concernant deux accusés, est déclarée irrégulière, et renvoyée au comité local chargée d'entendre les témoins, conformément à la loi du 16 septembre 1791. Le 18 fructidor, une jeune fille de 20 ans, qui avait passé la Loire avec les brigands est simplement retenue en prison.

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

La commission continue jusqu'après la mort de Robespierre. Au tribunal révolutionnaire de Paris, qui servait de modèle à ceux des départements, on signifiait la veille du jugement un acte d'accusation banal; à Laval, rien de semblable : on arrivait à l'improviste devant la commission. Il n'y avait ni audition de témoins, ni production de pièces de procédure, ni plaidoiries; tout se bornait à un interrogatoire pendant lequel on ne laissait pas toujours aux inculpés le temps de s'expliquer.

Président, juges, accusateur public, greffier même, parlaient indistinctement, et coupaient la parole aux infortunés qui voulaient alléguer quelque chose en leur faveur. On invitait par fois l'auditoire à parler pour ou contre les accusés; mais, comme on peut bien le penser, personne ne répondait à cet appel; c'étoit là cependant le seul simulacre de possibilité d'être défendus qu'on accordât aux accusés. Les juges délibéroienf un instant, puis ils rindoient leur sentence. Ils prononçaient quelques acquittements comme aussi quelques condamnations à l'emprisonnement, contre des individus prévenus d'avoir tenu des propos contre-révolutionnaires; mais ces cas étaient rares: l'exécution immédiate était prescrite par ces paroles: La commission ordonne que les condamnés seront livrés sur le champ au vengeur du peuple. Cette disposition était exactement suivie : les patients, sortis de la salle d'audience, n'avaient à attendre que le temps nécessaire à quelques préparatifs indispensables, avant d'être conduits à l'échafaud toujours dressé d'avance, et qu'on ne prenait la peine de démonter que quand la commission partoit pour une de ses excursions. Les jugements étaient exactement rédigés, et longuement motivés.

La Commission militaire révolutionnaire du département de la Mayenne voudrait bien que le Comité révolutionnaire de Laval effectue l'instruction judiciaire[30].

Fin[modifier | modifier le code]

La commission se termine le 18 vendémiaire an III[31] et rend son dernier jugement contre une femme âgée de cinquante-trois ans, dernière victime qu'elle envoie à l'échafaud[32]. Jean-François Boursault-Malherbe supprime la commission militaire, et l'arrêté est du 25 brumaire[33].

Le représentant Jean-François Boursault-Malherbe est chargé de différentes missions politiques dans l'ouest et notamment dans la Mayenne, où il tient une conduite relativement modérée. Il fait arrêter un certain nombre de "terroristes" à Laval, supprime la Commission militaire révolutionnaire du département de la Mayenne et réorganise le tribunal criminel, qui reprend ses fonctions le 16 octobre 1794. Il est un de ceux qui contribuèrent le plus à la mise en accusation de François Joachim Esnue-Lavallée et de ses complices.

Le 10 novembre 1794, Boursault était à Lassay-les-Châteaux, il rassembla le club des jacobins dans l'église, qu'il avait pris soin de faire garder par une compagnie de gendarmes. Après une allocution contre le régime de la Terreur et ses agents, il commande aux gendarmes de se saisir de Marat-Rigaudière, de Potier-la-France, de Volcler et de Pierre Laporte. Ces deux derniers parvinrent s'évader, et Boursault repartit le lendemain, conduisant les deux autres en prison à Laval.

Jean-François Boursault-Malherbe, éclairé sur les crimes commis au nom de la République par les Jacobins de Laval est résolu de faire arrêter les plus coupables d'entre eux[34]. Son rôle de pacificateur obtint les meilleurs résultats dans le département, et, dans les derniers jours de décembre 1794, il pouvait écrire à l'Assemblée que les campagnes étaient dans le plus grand calme et ne demandaient que la paix. À la Gravelle, au Bourgneuf, à Ernée, il avait trouvé la plus entière sécurité partout les populations manifestaient des dispositions bienveillantes.

On perquisitionna dans les papiers des jacobins, dans ceux du tribunal et du comité révolutionnaires, au département, à la municipalité, etc. et François Midy fut chargé d'instruire contre eux.

Victimes[modifier | modifier le code]

Arrêté du 2 pluviose an II : « * JUGEMENT du deux pluviôse l'an second de la République française une et indivisible.

  • Au nom de la République, la commission révolutionnaire, établie dans le département de la Mayenne, par les représentants du peuple, a rendu le jugement suivant :
  • Vu l'interrogatoire de René-Louis Ambroise, prêtre, né et domicilié commune de Laval; de Joseph Pelle, aussi prêtre, né et domicilié de la même commune ; à Augustin-Emmanuel Philippot, prêtre, né à Paris, et ci-devant curé de la commune de la Bazouge-des-Alleux; de Jean-Baptiste Triquerie, ci-devant cordelier, de la commune de Laval; de Jean Turpin du Cormier, né et ci-devant curé de la même commune; de François Migoret, né à Lassay, ci-devant curé de la paroisse de Rennes, district dudit Lassay ; de Julien-François Morin, prêtre, né à Saint-Fraimbault-de-Prières, ci-devant demeurant à St-Vénérand de Laval ; de François Duchesne, prêtre, né dans la commune de Laval, ci-devant chapelain à Saint-Michel, même commune ; de André Duliou, né à Saint-Laurent-des-Mortiers, ci-devant curé do Saint-Fort, district de Château-Gontier ; de Jacques André, né à Saint-Pierre-Ia-Cour, district de Sillé, ci-devant curé de Rouessé-Vassé; de Louis Gastineau, prêtre, né à Loiron, district de Laval, demeurant ci-devant au Port-Brillet ; de Jean-Marie Gallot, prêtre chapelain, né et domicilié de la commune de Laval ; de Julien Moulé prêtre, né au Mans, ci-devant curé de la commune de Saulges ; et de Pierre Thomas, né au Mesnil-Rainfray, ci-devant aumônier de l'hôpital de Chàleau-Gontier.
  • Par lequel il est prouvé que, requis par la loi de prêter le serment exigé des fonctionnaires publics, prêtres, par l'assemblée constituante, et celui de liberté et d'égalité exigé de tous les républicains français, par la Convention nationale, et que requis encore une fois de le prêter devant le tribunal, ils s'y sont constamment refusés. Sur ce, considérant que ces individus, par le refus opiniâtre de se conformer aux lois de la république, de les reconnaître et de les observer, sont coupables de conspiration secrète contre la souveraineté du peuple français, conspiration d'autant plus dangereuse que, présentée sous les couleurs séduisantes de l'hypocrisie et du fanatisme, elle pourrait induire en erreur un peuple crédule, toujours facile à séduire dans ses opinions religieuses ; enfin que les principes que ces hommes professaient ouvertement étaient les mômes qui ayaient allumé dans l'intérieur de la république la guerre désastreuse de la Vendée ;
  • La commission révolutionnaire provisoire, entendu le citoyen Volcler, accusateur public, en ses conclusions, condamne à mort, lesdits Ambroise, Pelle, Philippot, Triquerie, Turpin du Cormier, Migorel, Morin, Duchzsne, Duliou, André, Gastineau, Gallot, Moulé et Thomas, et ordonne que le présent jugement sera exécuté sur le champ, et qu'en couformité de la loi, leurs biens, meubles et immeubles sont et demeurent acquis et confisqués au profil de la république.
  • La même commission révolutionnaire, vu l'interrogatoire de René Sorin, né à Saint-Paul-Monpinson, district de Challans, département de la Vendée; celui de François Drapeau, laboureur, de la commune de Beau-Repaire, district de Chollet; de Charles Auvinel, laboureur, de la commune de Saint-Pierre de Chollet; de Joseph Verdeau, menuisier, de la commune de Sainte-Cécile, district de la Roche-sur-Yon; de René Cadi, domestique, de la commune de Rochefort-sur-Loire, district d'Angers ; enfin de François Chéfière, de la commune de Ménil district de Chàteau-Gontier ;
  • Par lequel il est prouvé que les cinq premiers ont fait partie des brigands de la Vendée, et ont participé aux meurtres et pillages commis par eux dans les lieux qu'ils ont désolés, et que les soupçons qu'on avait formés sur le compte de ce dernier étaient mal fondés ;
  • Entendu l'accusateur public en ses conclusions, et en exécution de la loi du dix-neuf mars mil sept cent quatre-vingttreize ;
  • Condamne à mort lesdits Sorin, Drapeau, Auvinet, Verdeau et Cadi ;
  • Déclare en outre, en conformité de la même loi, leurs biens, meubles et immeubles acquis et confisqués au profit de la république, et acquitte et met en liberté ledit Chéhère, sous la surveillance exacte de la municipalité et du comité révolutionnaire de sa commune.
  • Et seront les présens jugemens imprimés, publiés et affichés partout où besoin sera.
  • Fait et prononcé à l'audience publique de la commission révolutionnaire provisoire où étaient présens les citoyens Jean Clément, président; Faur, Pannard et Marie, juges, qui ont signé avec le secrétaire greffier.
  • À Laval, le deux pluviôse l'an second de la république française une et indivisible, et le premier de la mort du tyran.
  • Volcler, accusateur; Franklin-Guilbert, secrétaire greffier; Pannard, juge; Clément ; Faur, juge ; Marie, juge. ».

Les débuts[modifier | modifier le code]

Le 3 nivôse an II (23 décembre 1794), la commission juge quatre[35] soldats de la Légion germanique qui avaient pris parti dans l'armée royale et qui, dit la sentence, n'entendaient presque pas la langue française. Ils sont mis, par ordre de la commission, entre les mains de la troupe qui était alors à Mayenne, pour être exécutés militairement et sans délai.

Le 15 nivôse an II, la commission reçoit la lettre de Garnier de Saintes, représentant du peuple la lettre suivante qui sauve quelques victimes :

« Alençon, le 15 nivôse an II de la république. Garnier de Saintes, représentant du peuple, à la commission révolutionnaire séant à Laval. Parmi les brigands que vous avez tous les jours à juger, il s'en trouve qui par leur jeunesse, méritent de fixer la clémence de la convention nationale : ce sont les filles au-dessous de dix-huit ans, et les garçons au-dessous de seize. Ces individus peuvent encore un jour être rendus à la société, et, jusqu'à ce que la convention nationale ait statué sur leur sort, il suffit de les tenir en état d'arrestation. Quant à ceux qui n'ont pas plus de douze ou quatorze ans, comme ils sont susceptibles de toutes les impressions du Bien, je ne vois aucun inconvénient de les placer entre les mains de bons patriotes, en prenant leurs noms qui seront inscrits dans leurs municipalités, ainsi que ceux des enfans dont ils se chargeront. Salut et Fraternité. »

Jusqu'au 21 janvier 1794, la commission révolutionnaire n'avait encore jugé que des Vendéens, ou des Chouans. Les séances se faisaient dans l'ancien palais de justice, situé sur la place au Blé, aujourd'hui nommée place du Palais. L'échafaud était établi en permanence sur la place au Blé.

14 martyrs de Laval[modifier | modifier le code]

Le 21 janvier 1794, plusieurs prêtres sont conduits ou portés devant la Commission. Il s'agit de quatorze prêtres, vieillards, que la déportation avait épargnés et qui étaient restés au Monastère de Patience de Laval, sans essayer même de profiter de la présence des Vendéens. Plusieurs ne sont pas en état de s'y rendre à pied. Ils sont guillotinés à Laval le . Ils seront béatifiés par le Pape Pie XII le .

Le même jour, la commission fait paraître devant elle cinq Vendéens, et un homme des environs de Château-Gontier. Ils étaient arrives à Laval la veille seulement, comme on le voit par le registre[36] d'écrous de la prison. Les Vendéens sont condamnés à mort ; leur coaccusé est acquitté.

Angélique des Mesliers[modifier | modifier le code]

Le 22 janvier 1794, Angélique des Mesliers, malgré la protection de François Séverin Marceau, est exécutée en compagnie de 8 autres personnes[37].

Ex-député, Talmont[modifier | modifier le code]

Le 6 pluviose (24 janvier), Joseph François Dupont-Grandjardin, ex-député à l'assemblée législative est exécuté. On cherche aussi à faire exécuter René Enjubault de la Roche.

François Joachim Esnue-Lavallée, craignant qu'Enjubault comme le prince de Talmont ne soit atteint du typhus, ordonne son transfert à Laval le 6 pluviôse an II dans la soirée.

Lettre adressée par Esnue-Lavallée au Comité révolutionnaire de Laval du 6 pluviôse an II, de Rennes.... Esnue-Lavallée, représentant du peuple dans les départements de l'Ouest et du Centre, Aux citoyens composant le Comité révolutionnaire de Laval, « Citoyens, « Je viens d'envoyer à la Commission militaire l'ex-prince de Talmont; j'envoie également à Laval à la Commission militaire Enjubault-la-Roche afin qu'il soit jugé. Je vous engage à donner à cette dernière Commission toutes les instructions et les renseignements nécessaires relatifs à Enjubault. Vous voudrez bien, sitôt l'exécution de Talmont, faire attacher sa tête au bout d'une pique et la faire placer de suite sur la principale porte du ci-devant château de Laval pour épouvanter les royalistes et fédéralistes dont vous êtes environnés. Voudrez-vous bien aussi faire les mêmes honneurs à la tête d'Enjubault-Ia-Roche, si ce fameux fédéraliste est condamné à la peine de mort? « Du courage, de l'activité, de l'énergie, les aristocrates trembleront et ça ira. Vive la République ! « Salut et fraternité. « Votre concitoyen, « ESNUE-LAVALLÉE. « P.-S. — Accélérez par vos sollicitudes le jugement d'Enjubault, afin que, s'il subit la peine de mort, il soit exécuté en même temps que Talmont; l'agent et le seigneur feront le pendant. Talmont sera sûrement jugé demain et conduit à Laval pour y être supplicié, ainsi faites en sorte et pressez la Commission militaire de faire prompte diligence afin qu'à l'arrivée de Talmont, Enjubault soit prêt à recevoir les mêmes honneurs. « ESNUE-LAVALLÉE. ».

Condamné à mort, Enjubault est exécuté. Sa tête est mise sur une pique et exposée, ainsi que celle du prince de Talmont au-dessus de la porte de la grille du château de Laval[38].

Autres victimes[modifier | modifier le code]

Françoise Mezière est condamnée à mort le 5 février 1794 (17 pluviôse an II) en même temps que quatre autres personnes[39].

Une autre victime de la commission révolutionnaire est Thomas-Dominique Duhé[40]. Il est traduit devant la commission, le 25 février 1794, 7 ventôse an II, avec trois femmes[41]. Ils sont condamnés à mort et exécutés sur le champ.

Le 25 juin 1794, Marie Lhuillier dite sœur Monique, et Renée Gilberge, sont traduits devant la commission révolutionnaire et exécutés. Le 27 juin 1794, André-Charles d'Orgeuil[42] et 3 prisonniers subissent le même sort.

Quelques jugements[modifier | modifier le code]

« « Vu... les interrogations subis devant nous ce jourd'hui par Julien Jousselin, âgé de 17 ans, natif du Pertre, domicilié au Bignon, commune de Brielle ; Vu pareillement les actes d'accusation dirigés contre le nommé Auguste Léonor Auvray, ci-devant noble et ex-curé de la commune de la Bazouge-de-Chemeré, district de Laval, prévenu d'avoir tenu des propos contrerévolutionnaires, tendants à provoquer au rétablissement de la royauté, à favoriser les progrèts des brigands de Lavandée, et d'avoir, dans ses discours fanatiques, retardé la marche de l'esprit public; La commission militaire déclare 1. Ledit Julien Jousselin convaincu de s'être ligué à la bande exécrable qu'on appelle chouans et d'avoir participé à leurs crimes ; 2. Elle déclare pareillement Auguste Léonor Auvray convaincu d'avoir tenu des propos contre-révolutionnaires ; d'avoir cherché à étouffer la haine et la vengeance dans le cœur des républicains contre les brigands de la Vendée ; d'avoir profité de la qualité de prêtre pour propager des principes tendant à replonger dans le sommeil de l'esclavage les habitans de sa commune ; d'avoir manifesté des regrets sur l'abolition de la caste nobiliaire; d'avoir provoqué au rétablissement de la royauté, en peignant comme l'effet de la vengeance divine l'envahissement de notre territoire par les brigands et leurs triomphes momentanés sur les armes de la république ; et enfin d'avoir énoncé formellement son vœu pour le retour de l'ancien régime, et par conséquent voté la mort de l'idole de tous les hommes libres. « Considérant que celui-là est le plus scélérat des hommes qui, méconnaissant la voix de sa patrie, se révolte contre elle et s'arme d'un fer parricide pour lui porter des atteintes cruelles; que le fanatisme, aux regards sombres et aux desseins pieusement méchans et perfides, a fait couler, depuis l'époque de la fameuse insurrection des Français contre les rois et les prêtres, le sang des plus ardens républicains Ordonne que Julien Jousselin, AugusteLéonor Auvray, seront livrés au vengeur du peuple, pour être mis à mort dans les vingt-quatre heures.... » »

Le 22 germinal an II, le tribunal considère que les brigands qui désolent le département de la Mayenne sont les enjans naturels de la révolte qui a éclaté dans les contrées d'outre-Loire, qu'ils ont le même but et que leurs bras sont armés pour la même cause et les mêmes crimes, qu'ils veulent, comme eux, rassembler les débris du trône et de l'autel, pour y asseoir les rejetons d'une race impie et détestable.

La famille Chouan[modifier | modifier le code]

Les deux sœurs de Jean Chouan, Perrine et Renée Cottereau, sont arrêtées, conduites à Laval où elles sont jugées et guillotinées le . Convaincues, porte la sentence de la Commission, d'avoir servi d'espions à leurs frères, chefs des rassemblements de Brigands, de les avoir alimentés, et enfin d'avoir endossé la cuirasse et participé à leurs massacres[43]. Voici leur sentence : Condamnées à mort comme sœurs des Cottereau, dit Chouans, chefs de brigands, convaincues de leur avoir servi d'espions, de les avoir alimentés et approvisionnés, enfin d'avoir endossé la cuirasse et participé à leurs massacres. Quelques jours après, le frère de Jean Chouan, Pierre Cottereau est arrêté, jugé et guillotiné.

Liste des victimes[modifier | modifier le code]

Le procès et l'amnistie[modifier | modifier le code]

Le procès de la Terreur[modifier | modifier le code]

Dès le 11 frimaire, Midy informait Boursault du résultat de ses premières investigations (1er décembre 1794)[83].

Après avoir réuni toutes ces pièces, Midy procéda aux interrogatoires des détenus[84]. En même temps qu'il instruisait à Laval contre les inculpés, Midy s'inquiétait de savoir si ceux-ci n'avaient pas été en rapport avec les Jacobins de Paris et notamment avec Robespierre.

Il avait eu l'occasion, pendant la Terreur, de rendre des services à plusieurs membres de la famille du médecin René-François Plaichard Choltière, député à la Convention, qui lui en avait conservé une vive reconnaissance. Aussi avait-il accepté volontiers de faire les commissions de son ami, de le tenir au courant des événements et de lui donner à l'occasion des conseils des avis[85],[86]. Midy s'empresse de suivre le conseil donné par Plaichard-Choltière qui s'occupe d'activer les recherches et lui en annonce le résultat négatif dans une nouvelle lettre du 17 nivôse[87].

Tandis que s'échangeait cette correspondance, Midy n'avait pas perdu son temps. Aussitôt les interrogatoires des prévenus terminés, il avait commencé à les nombreux témoins, plus de deux cent trente, qui lui avaient été désignés et qui vinrent déposer des faits dont ils avaient eu connaissance[88]. De ces dépositions résultèrent les preuves de faits que Midy fut amené à étendre son instruction et à y comprendre de nouveaux inculpés[89]. Cette nouvelle instruction semblait devoir devenir aussi volumineuse que la première[90],[91]. Midy, en adressant cette lettre au Comité de sûreté générale, avait, comme toujours, prié Plaichard-Choltière d'appuyer sa demande auprès de ses collègues[92] Tenant compte de cet avis, Midy se tourne vers le Comité de législation, puisque c'est celui-ci qui peut donner une solution conforme à ses désirs. Fort de l'opinion de ses collègues au tribunal criminel, certain de l'appui de la municipalité qui craint que le jugement des accusés ne soit un sujet de trouble dans la ville, sentiment partagé par tous les fonctionnaires et les gens modérés, il entreprit de faire signer une pétition demandant le renvoi des accusés devant un tribunal étranger[93].

Sans attendre une solution qui pouvait tarder quelque peu, il attaqua l'instruction de la seconde affaire concernant les individus dont il avait déjà ordonné l'arrestation ou qu'il se proposait de faire incarcérer[94].

Midy est très occupé : Pour la première affaire, les pièces ont été envoyées au Comité de sûreté générale qui n'a pas encore répondu. Pour la seconde, il a déjà entendu quatre-vingt-quatre témoins et travaille tous les jours jusqu'à deux heures du matin. Il est épuisé et demande au Conventionnel de lui nommer un substitut pour le seconder à l'audience et dans les affaires ordinaires.

Justement à quelques jours de là, par suite de ce surmenage, Midy est attaqué de la goutte. La crise se prolonge, et, le 21 ventôse, n'ayant pas reçu de réponse de Baudran, il s'adresse au Comité de législation de la Convention pour réclamer un substitut, invoquant sa santé et les intérêts des prévenus[95]. Midy ne semble pas avoir réussi dans sa demande.

Les dossiers sont prêts et remis au tribunal criminel le 2 floréal (21 avril). Garnier-Duféray, juge et président du jury d'accusation, procède à de nouveaux interrogatoires des détenus[96] Puis il se décide à entreprendre un supplément d'information et entend, du 12 au 20 floréal, cent dix-sept nouveaux témoins et le jury renvoie les détenus devant le tribunal criminel.Toutefois pour éviter l'agitation fomentée par les amis des inculpés, la municipalité de Laval vraisemblablement obtint des représentants du peuple en mission dans l'Ouest un arrêté ordonnant le transfèrement des prisonniers à Alençon, en attendant que le Comité de législation ait statué sur la demande qui lui était soumise relative à la désignation d'un tribunal autre que celui de la Mayenne pour juger les accusés. C'est seulement le 30 prairial (18 juin) qu'intervint une loi (no 6.478) donnant satisfaction aux habitants de Laval.

« Le tribunal criminel du département de l'Orne jugera les prévenus de crimes, d'assassinats, de vols, de concussion, de dilapidations de deniers publics et généralement de crimes et délits commis ou exercés pour abus ou usurpation de pouvoirs dans le département de la Mayenne, notamment dans la commune de Laval, ensemble les complices des dits prévenus transférés des prisons de Laval en celles d'Alençon par ordre des représentants du peuple Guezno et Guermeur, etc. » Les inculpés avaient été en effet transférés à Alençon dès le mois de floréal C'est donc à l'accusateur public de l'Orne qu'incombait le soin de poursuivre l'affaire[97]. Son dossier est prêt et remis au tribunal criminel et Garnier-Duféray procède à l'interrogatoire des inculpés[98].

L'amnistie[modifier | modifier le code]

Mais le vent avait changé et cette instruction ne paraît pas avoir abouti. La réaction thermidorienne avait subi un temps d'arrêt. On avait bien ordonné l'arrestation de quelques Conventionnels les plus compromis, parmi lesquels Esnue-Lavallée. Mais la Convention jugea prudent de s'arrêter. Si on eût continué, un quart au moins de l'assemblée eût été emprisonné. Les dénonciations affluaient. Trop de gens eussent été condamnés dans les départements qui, pour se couvrir, invoquaient les ordres des représentants du peuple en mission. On décida donc, tout en paraissant vouloir poursuivre les coupables, d'arrêter les instructions dirigées contre eux, en attendant qu'une amnistie générale vînt les rendre à la liberté.

Les détenus d'Alençon, informés par leurs amis de cet état d'esprit de la Convention, lui adressèrent une pétition pour demander la suspension des poursuites dirigées contre eux. Une loi (no 6.703) du 17 thermidor (4 août) fit droit à leur demande[99]. Les détenus restèrent provisoirement en prison, jusqu'au moment où l'amnistie du 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), vint les rendre à la liberté et annuler toutes les procédures dirigées contre eux.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Jean-Jacques Clère, « Commissions militaires », in Albert Soboul (dir.), Dictionnaire de la Révolution française, Paris, PUF, 1989 (rééd. Quadrige, 2005, p. 262-263.
  2. Dont vingt-deux prêtres, un clerc tonsuré, une religieuse et deux sœurs de charité.
  3. Almire-René-Jacques Lepelletier, Histoire complète de la province du Maine, t.II, p. 817. lire en ligne sur google livres.
  4. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 186-203.
  5. * Du 23 au 26 décembre 1793, à Mayenne : 39 condamnations à mort et 4 acquittements :
    • Le 27 décembre 1793, à Ernée : 4 condamnations à mort.
    • Du 5 janvier au 28 février 1794, à Laval : 223 condamnations à morts, 3 aux fers, 91 à la détention et 204 acquittements.
    • Du 4 au 7 mars 1794, à Lassay-les-Châteaux : 6 condamnations à mort et 22 acquittements.
    • Du 12 au 20 mars 1794, à Ernée : 34 condamnations à mort, 4 à la détention et 39 acquittements.
    • Du 24 au 29 mars 1794 à Mayenne : 14 condamnations à mort, 3 à la réclusion, 2 à la détention et 7 acquittements.
    • Début avril ; renouvellement des membres de la commission.
    • Du 7 avril au 22 juin 1794, à Laval : 101 condamnations à mort, 44 à la détention et 273 acquittements.
    • Le 30 avril, la commission suspend ses séances à la suite d'un arrêté du Comité de salut public, mais les reprend dès le 1er mai, à la suite d'un autre arrêté du représentant Laignelot.
    • Du 13 au 24 juillet 1794, à Craon : 19 condamnations à mort, 3 à la détention et 30 acquittements.
    • Du 27 juillet au 11 août 1794, Château-Gontier : 10 condamnations à mort, 8 à la déportation et 17 acquittements.
    • Du 16 août au 12 novembre 1794, à Laval : 15 condamnations à mort, 45 à la détention et 1 déportation à vie, contre 152 acquittements.
  6. a et b Greffe du tribunal de Laval; 1er registre du tribunal criminel de la Mayenne; note du président Basile, 18 pluviôse an II.
  7. On voit, en effet, dans le journal le Sans-Culotte de la Mayenne, que ce tribunal prononce des condamnations à mort, pour insurrection contre le recrutement, ce qui, alors, était un crime politique.
  8. « Fonds 3E 36 Étude d'Ernée (voir p. 4) », sur Archives départementales de la Mayenne (consulté le ).
  9. Le tribunal composé de six membres, ne comptait que quatre juges, proprement dits. L'accusateur public et le greffier n'avaient pas ce titre ; mais leur influence n'en était pas moins puissante.
  10. Il s'agit de René Pannard.
  11. Extrait littéralement.
  12. Il renonce pendant un mois à ses fonctions de procureur de la commune de Laval, pour être greffier de la commission.
  13. Originaire de Saint-Baumer, près de Domfront, il est ordonné prêtre par Lefessier, évêque de l'Orne.
  14. Sans qu'on trouve aucun acte qui eût prorogé ses pouvoirs.
  15. Il écrit au comité révolutionnaire : Le greffier de la municipalité de Bonchamp est accusé d'avoir refusé d'accepter la constitution républicaine... [Mais], si l'on devait punir celui qui a déclaré n'en pas vouloir, il eût été inutile de consulter personne.
  16. Jean Ambroise Begeard, prêtre de la paroisse du Fuilet, arrondissement de Beaupréau, département de Maine-et-Loire, âgé de 27 ans est fusillé avec 14 autres Vendéens parmi lesquels on a prétendu qu'il y avait plusieurs prêtres et religieux, quoique le registre des jugements ne leur donne point ces qualités.
  17. Sous l'Ancien régime, il y avait la peine de l'assistance à la potence: mais elle ne s'appliquait pas aux individus acquittés. Muyart de Vouglans, Lois criminelles, 1780, in-fol., p. 64.
  18. Théodore Perrin, Les Martyrs du Maine, p. 31.
  19. Moniteur du 20 pluviôse an II, p. 576.
  20. Registre de la commission, feuillets 14 et 15.
  21. Quoique ayant suivi les brigands par les conseils d'une mère égarée.
  22. Jean Huet, Jean et Pierre Nourry et neuf autres sont condamnés à mort: les uns pour avoir fusillé les patriotes lors de la déroute de Laval; les trois derniers pour avoir assassiné des volontaires. On trouva sur eux leurs cartes et portefeuilles. Jugement prononcé (porte la minute) aux applaudissements de tout l'auditoire et aux cris réitérés de : Vive la république!
  23. Sur les conclusions du ministère public, elles donnent au président l'accolade fraternelle.
  24. Dont : 1° Henri Gautier, né à Villaines, curé de Monhoudou. 2° Roger Duchambois, chanoine régulier de la congrégation de sainte Geneviève, prieur curé de Villaines. Il avait prêté le serment, et il se rétracta entre les mains de son compagnon de prison Gautier.
  25. Après cet exemple effrayant, porte le jugement du 15, les accusés seront mis en liberté.
  26. Dont : * François-Jérôme De Couasnon de la Barillère, né à la Croixille, le 13 juin 1756, vicaire général de Limoges. * Jeanne Véron, née à Quelaines, sœur de charité de la Congrégation de la Chapelle au Riboul, exerçant ses fonctions à Saint-Pierre-des-Landes, près d'Ernée. * Françoise Tréhet, née aux environs de Fougères, également sœur de la Chapelle au Riboul, et compagne de la précédente à Saint-Pierre des Landes.
  27. Je suis l'accusateur public, écrit Jean-Baptiste Volcler au comité de Château-Gontier. La Commission est on ne peut plus satisfaite de votre manière d'opérer.. Il trouve pourtant qu'on lui envoie trop de coupables. (9 janvier 1794). Mais le 23 janvier il ajoute : Votre manière d'opérer est au pas de la Révolution... Ne nous amenez plus de suppliciables : la guillotine partout nous suit ; nous irons vous voir.. Puis le 4 février : Puisque vos prisons sont pleines et qu'il nous est impossible de nous rendre à Château-Gontier d'ici quelque temps, vous pouvez nous amener quelques charetées des plus coquins que nous guillotinerons de suite. Si vous avez quelques grands coupables, gardez-les ; nous irons leur faire chez eux-mêmes expier leurs forfaits. On vous donnera leurs têtes à afficher sur des piques. Enfin le 22 février, le zèle des terroristes de Château-Gontier devient tel qu'il est obligé de leur rappeler que les enfants de l'un et l'autre sexe au-dessous de 14 ans ne sont pas réputés émigrés ou rebelles. C'est son adieu.. Mais Publicola Garot le remplace : Les prisons sont pleines, écrit-il le 13 avril. Lorsque la Commission aura expédié les coupables, je vous préviendrai, ou plutôt j'inviterai mes collaborateurs à se transporter à Château-Gontier. Puis le 29 : J'ai reçu le paquet... On respire dans les prisons de cette ville, comme dans les vôtres un air mortel. Les prévenus sont entassés comme les moutons dans les étables.. Nouveau paquet envoyé, Garot répond le 10 juin que leur tour viendra, mais il y a à Laval 400 personnes de l'un et l'autre sexe qui doivent passer avant eux..
  28. Jour de la chute de Robespierre.
  29. Ce n'est pas mentionné par l'abbé Théodore Perrin, Les Martyrs du Maine, p. 294.
  30. Le 3 floréal (22 avril 1794), elle écrit au comité de Laval : Ne croyez point, citoyens, que votre mission se borne à prendre des mesures provisoires de sûreté générale. C'est encore à vous d'instruire les procès des détenus, [et non aux] commissions militaires, dont les opérations doivent être promptes. Le comité de Laval consulte celui de Rennes, qui répond (25 avril) : La commission militaire prétend mal à propos que c'est à vous d'instruire les procédures Vous n'êtes créé que pour surveiller les administrations et les gens suspects. En conséquence, le comité de Laval fait deux parts des dénoncés qu'il retient. Ceux qui, étant simplement suspects devront rester en état d'arrestation jusqu'à la paix, sont gardés à vue » dans leurs maisons par des gardes nationaux, ou détenus au couvent des ci devant bénédictines, transformé en maison de réclusion. Quant aux prévenus de conspiration, de désertion et autres faits graves, le comité les dirige sur le ci-devant château, transformé en maison de justice ; puis, aux termes de la loi du 18 nivôse an II (7 janvier 1794), il remet les procès-verbaux à l'agent national près le district, qui renvoie selon les cas, soit devant le tribunal de police correctionnelle, soit devant la commission militaire.
  31. 9 octobre 1794.
  32. Il s'agit de la mère de Noël Jamois
  33. Queruau-Lamerie (Girondins de la Mayenne, p. 85, et Coup. de la Mayenne, p. 62) dit que Boursault, le 23 brumaire, supprima, à Laval, le comité révolutionnaire et la commission militaire. — Ce n'est vrai que de la commission militaire, et l'arrêté est du 25 non du 23.
  34. Quantin et Bescher, membres du département, Le Roux fils, agent national de la commune, Michel Faur, officier municipal et juge de la Commission Clément, Huchedé, président, et Garot, accusateur public de la seconde commission, tous six en même temps membres du Comité révolutionnaire de Laval, Saint-Martin-Rigaudière, agent national du district de Lassay, Pottier, ancien prêtre et agent national du district de Mayenne, et Juliot-Lérardière, ex-juge au tribunal de Lassay et membre du Département, furent mis en prison.
  35. Mueller Henri, âgé de 41 ans, Hanovrien ; Schwalm Lucain, âgé de 23 ans, de Mayence ; - Wagener Pierre, âgé de 20 ans, de Namur ; Engel Joseph, âgé de 19 ans, Hongrois.
  36. Ce registre est fort mal tenu ; on n'y inscrivait pas la moitié des personnes qui entraient en prison. On y trouve à la date du 24 nivôse an II deux écrous, l'un de vingt-huit, l'autre de trente-deux individus, dont pas un seul n'est nommé ; on s'est borné à indiquer leur nombre.
  37. Marie-Thérèse de Lort, femme Hay, et ses quatre filles : Sophie, Emélie, Eléonore et Cécile. Céleste-Jeanne Alain, veuve Ledoyen de Saumur ; Marie Richardeau, de Bagneux ; René Robin, de la Mayenne.
  38. Page consacrée à des personnalités exécutées à Laval en 1794
  39. Qui lui étaient complètement étrangers. Il s'agit de Jeanne Vigneron, de Cholet ; Pierre Froger, du Loroux ; Jean Girard, de Bendoche ; Louis Rocher, de la Mayenne.
  40. Né à Blou, canton de Longué-Jumelles, arrondissement de Baugé, département de Maine-et-Loire. Il était vicaire à Jumelles, paroisse du même canton. Il avait suivi l'armée de la Vendée.
  41. Il est probable que tous les quatre ne se connaissaient même pas.
  42. André-Charles d'Orgeuil est né au Mans vers 1760. Il était, au commencement de la Révolution française, vicaire à Saint-Cosme-de-Vair, canton de Mamers. Obligé de quitter sa paroisse, il se retire dans les environs d'Angers. On ignore ce qu'il devint ensuite ; mais il y a lieu de croire qu'il suivit l'armée de la Vendée, comme le porte le jugement rendu contre lui, et qu'il se cache en Mayenne, après les désastres de cette armée. M. Bachelier, prêtre de la Bazouge-de-Chemeré se retirait souvent, pendant l'été de 179 A, chez Louis Chadaigne, laboureur, demeurant paroisse de Nuillé-sur-Ouette, sur les bords de l'étang de la Ramée. Il était veuf, et avait avec lui la veuve Boulay sa sœur, et Louise Chadaigne sa fille. Cette famille était profondément religieuse. Le 25 juin, M. d'Orgeuil va voir M. Bachelier, et passe avec lui. la nuit chez Chadaigne. Il y était encore le lendemain, quand des soldats en cantonnement à Montsurs, étant venus avec l'intention de pêcher dans l'étang, entrent pour demander si on pourrait leur prêter des lignes. À leur aspect, les deux ecclésiastiques se trahissent eux-mêmes par leur trouble, et les soldats comprennent tout de suite que, malgré leur costume de paysans, c'étaient des hommes bons à capturer. Ils se jetèrent d'abord sur M. d'Orgeuil le plus jeune et le plus vigoureux, et l'arrêtèrent sur le champ. Un soldat s'avança aussi vers M. Bachelier; Louise Chadaigne s'élança entre eux, et saisit si vigoureusement l'habit du soldat qu'elle en emporta un morceau. À la faveur de cette lutte. M. Bachelier eut le temps de s'enfuir. Les soldats arrêtèrent avec M. d'Orgeuil, les trois membres de la famille, et les conduisirent en prison à Laval, après avoir pillé et bouleversé la maison, dans laquelle ils trouvèrent le calice, les ornements, et les autres objets composant la chapelle de M. Bachelier.
  43. Duchemin, p. 211, Théodore Perrin, Les martyrs du Maine, 1832, 2 volumes in-12, t.II p. 36., Dom Piolin, L'Église du Mans pendant la Révolution, t.II.
  44. Extraite des Martyrs du Maine, de Théodore Perrin - 1830, et 1837. [1]
  45. « Son ordre seul, dit le jugement, empêchait le pillage »
  46. a et b Ils s'étaient réunis à Fougères, avec plusieurs de leurs compatriotes, à l'armée Vendéenne, lorsqu'elle passa par cette ville.
  47. II avait joint l'armée vendéenne avec un gros détachement de chouans, lors de son premier passage à Laval.
  48. Il avait suivi les Vendéens, lors de leur second passage à Laval.
  49. Ancien officier des Gardes-Françaises, qui avait abandonné les drapeaux de la république, pour s'enrôler sous l'étendard vendéen. Blessé d'une balle qui lui perça la jambe, au passage de Château-Gontier, à Laval, il n'en avait pas moins suivi ses compagnons d'armes dans leur marche.
  50. Serviteur du précédent.
  51. Accusé d'avoir eu des intelligences avec les Vendéens, donné l'hospitalité à leurs femmes et à leurs enfans, cherché à les soustraire et à la fureur de leurs ennemis et aux horreurs de la faire.
  52. Née à Saint-Domingue, elle avait épousé M. Hay, un habitant de Nantes, qui combat pour le Roi sous les drapeaux vendéens. Sa famille est prise dans les environs de Laval et jetée dans les prisons de cette ville. Seul Emile Hay, son fils, survécut, avec son âge de quatorze ans.
  53. Natif de la commune de Fougerolle district d'Ernée demeurant dernièrement à Laval.
  54. Il est condamné pour avoir, en qualité d'aristocrate enragé, probablement alimenté les ennemis de la patrie. Termes du jugement.
  55. Il exerçait, avant la Révolution française, les fonctions de vicaire à Jumelles, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Beaupreau.
  56. Elle avait avec elle deux enfants, Louis, âgé de l3 ans, et Jean, âgé de 6, ils furent condamnés seulement à la réclusion.
  57. Le nommé Jean-Jacques Bigot est accusé d'avoir aimé la cocarde blanche, avait obtenu quelques jours de suspension, pour se laver des reproches du tribunal; mais le surlendemain, il fut convaincu d'avoir regretté la royauté, montré des sentimens brigantins, et, chargé de ces deux crimes, condamné à mort sur le oui de Volcler, accusateur militaire, avec un cultivateur égoïste et perfide, Mathurin Boulard, pour être, ainsi que lui, expédié sur le champ.
  58. atteint et convaincu par témoins dignes de foi, selon les termes de la sentence, d'avoir de tout tems, par un fanatisme outré, lutté contre la révolution; que sa maison a servi de refuge aux prêtres depuis leur déportation; qu'il les a acceptés et vus avec satisfaction, à leur passage avec les brigands, (les Vendéens), et qu'il a été trouvé chez lui des ustensiles de fanatisme, et notamment des hosties.
  59. Il est né le 13 juin 1756 à La Croixille. Membre d'une famille noble, un de ses frères est aumônier de Louis XVI. Lui-même, est appelé par Louis Charles du Plessis d'Argentré aux fonctions de vicaire-général de Limoges. Lors de la Révolution française, il revient dans son pays natal où il demeure caché. Surpris dans la maison de sa mère par les républicains, il est tiré, quoique malade, de son lit. Il est ensuite traduit, après quelques jours de captivité, devant le Tribunal révolutionnaire. Ses restes mortels seront exhumés et transférés solennellement, le 16 juillet 1814, dans la chapelle de Charné.
  60. Les Herbelin aux termes du jugement, n'auraient montré que des sentimens et actions contre-révolutionnaires; voulu, différentes fois, malgré la municipalité d'Oisseau, leur paroisse, faire célébrer des messes par des prêtres réfractaires et fait des démarches vers le département ancien pour cet effet.
  61. La commission, dans son premier voyage à Mayenne, avait condamné à mort un Vendéen nommé Jean Gentilhomme. En allant au supplice, il était parvenu à s'échapper. Il est repris dans une ferme de Châtillon, cherche de nouveau à fuir; mais atteint d'une balle dans la cuisse, il est condamné derechef par ses anciens juges.
  62. Un meunier prévenu d'alimenter les chouans.
  63. a b et c Chouan.
  64. a et b Epouses, sœurs et filles de chouans.
  65. Il était issued'une famille noble du Cotentin. Au commencement de la Révolution française, il était vicaire de Saint-Aignan-en-Lassay, canton de Couptrain. Il fit le serment et devient vicaire à Juigné-sur-Loire, arrondissement d'Angers. Le 8 août 1791, les électeurs du district de Laval le nommèrent à la cure de la Bazouge-de-Chemeré. Il était à Laval, sans doute pour y attendre une cure. Plusieurs Vendéens furent arrêtés dans sa paroisse; quelques-uns même y furent massacrés. M. Auvray engagea ses paroissiens à épargner ces infortunés. Une moitié de sa paroisse le reconnaissait pour curé ; mais plus la terreur avançait, plus il cherchait à se rapprocher des aristocrates, et vers la fin il ne fréquentait presque plus qu'eux. Il leur témoignait des regrets d'avoir adhéré au schisme. Après avoir été forcé de cesser l'exercice public du culte, il resta encore quelques mois à la Bazouge-de-Chemeré. I1 paraît qu'on lui ordonna de livrer ses lettres de prêtrise, et qu'il refusa. Il prit le parti de s'éloigner ; il dit à quelques personnes qu'il allait retourner dans son pays ; mais il ne voulut pas en instruire la municipalité ; il partit donc sans passeport, dans le mois de mars 1794. Arrêté à Montsûrs, il fut conduit à Laval, et resta quelque temps en prison.
  66. Convaincu de s'être ligué à la bande exécrable qu'on appelle chouans et d'avoir participé à leurs crimes.
  67. Il jouissait parmi ces scélérats d'une certaine considération, etc..
  68. Originaire de Courbeveille, il est condamné pour avoir conduit les Brigands de la Vendée dans les maisons des patriotes
  69. Originaire de Courbeveille, il est condamné pour avoir suivi les Brigands de la Vendée jusqu'après leur déroute au Mans.
  70. Ils sont condamnés comme ayant tenu des propos contre-révolutionnaires, porté sur eux des marques de fanatisme et de ralliement.
  71. Il avait chanté des couplets aristocrates, et montré un attachement inviolable aux prêtres insermentés
  72. Elle est prévenue d'avoir retiré chez elle les sœurs Cottereau et d'avoir fait un commerce abominable de signes contre-révolutionnaires.
  73. Frère du précédent.
  74. Originaire de Deux-Évailles, domicilié à Bazougers.
  75. Il avait provoqué avec son frère le retour de la tyrannie par le cri infâme de vive le Roi.
  76. Ancien canonnier de la marine, nanti de plusieurs fleurs-de-lis et de cinq portraits des anciens tyrans scélérat consommé d'ailleurs par l'ingratitude qu'il a manifestée envers une nation généreuse de qui il venait de recevoir une récompense pour les services civils avait rendus au dernier tyran de la France.
  77. Il est condamné pour avoir joué un grand rôle dans le conseil de l'armée vendéenne.
  78. Alexandre Beaudouin, âgé de 24 ans ; le jugement le désigne comme initié au sacerdoce, et instituteur à Congrier. Il parait qu'il était seulement clerc tonsuré, ou minoré.
  79. Une plaque de marbre posée en 1886 à l'Église Saint-Pierre-aux-Liens de Congrier rappelle le souvenir d'André Royné, de Georges Dutertre, et d'Alexandre Beaudouin, guillotiné à Craon, le 21 juillet 1794.
  80. Accusé d'avoir tenu des propos liberticides
  81. Elle est accusée d'avoir propagé des principes de fanatisme, c'est-à-dire, d'avoir été fidèle aux devoirs de la religion.
  82. Elle est la mère de Noël Jamois.
  83. L'inventaire des papiers de la Commission révolutionnaire a été fini hier. Je dois rendre justice à cette commission il m'a paru y avoir beaucoup d'ordre et les pièces concernant chaque accusé étaient enliassées exactement, mais je ne puis te cacher la surprise où j'ai été de ne trouver pour toute pièce de procédure de la commission Jean Clément, Faur, Pannard, Marie, Volcler, que les interrogatoires et le jugement, et, en les parcourant, le cœur se soulève d'indignation en voyant des individus condamnés à mort, lorsque, d'après leurs interrogatoires, il ne résultait aucune charge. Si, d'après ces pièces, on examinait la conduite de cette commission, il n'est personne qui ne frémit d'horreur de voir les lois violées aussi indignement. Il paraît que, pour éviter cet examen, cette Commission a soustrait toutes les pièces qui lui avaient été remises et avaient servi à ses jugements. C'est une prévarication qui mérite la sévérité des lois. J'ai cru de mon devoir, citoyen représentant, de te faire part de ce que j'ai aperçu en parcourant ces pièces. J'y ai trouvé aussi plusieurs exemplaires d'un jugement de cette commission qui m'a paru un chef-d'œuvre debêtise.
  84. Ceux-ci se prolongèrent du 18 frimaire au 10 nivôse. Ils sont très détaillés, embrassent une quantité de faits et durèrent chacun plusieurs journées, notamment ceux de Quantin (3 jours) et de Bescher (terminé le second jour à minuit).
  85. C'est donc à lui que Midy s'est adressé pour avoir copie des lettres envoyées à Robespierre par les détenus de Laval
  86. Le Conventionnel lui répond le 28 frimaire « Pour ce que tu demandes des copies des lettres qu'on t'a dit que les détenus avaient écrit à Robespierre, il faut, si tu veux les avoir, que tu les demandes officiellement à la commission créée par la Convention pour l'examen des papiers de Robespierre et que tu donnes les noms des individus que tu crois avoir écrit. De même, pour ce qui regarde la dénonciation faite par eux contre cinq membres de la députation, ce serait au Comité de sûreté générale qu'il faudrait de même t'adresser officiellement. C'est là ce qu'on m'a répondu à l'une et à l'autre administration lorsque je les ai consultées sur ces deux objets.
  87. J'ai été un peu en retard pour répondre à tes deux lettres, parce que les recherches que tu demandais au Comité de sûreté générale sur Huchedé et Tellot ont été longues à faire, ainsi que celles que tu as pareillement demandées à la commission chargée de l'examen des papiers et correspondances de Robespierre et consorts toutes, quoique très exactes, ont été infructucuses. Nulle trace des premiers au Comité de sûreté générale, ni à la Police point de correspondance à la commission de la part de ceux que tu me désignes, ni d'autres de cette clique. Ainsi je ne vois pas que tu aies de lumières à espérer de ce côté-là, à moins qu'il ne s'en découvre quelques traces dans les pièces qui seront imprimées à la suite des rapports qui doivent se faire sur les papiers et correspondances trouvés chez Robespierre et qui sont entre les mains de la commission chargée de cette besogne.. Et comme Midy lui a posé un certain nombre de questions au sujet des inculpés qui sont actuellement poursuivis et ceux dont il se propose de provoquer l'arrestation, le Conventionnel ajoute J'ai communiqué tes questions au Comité de législation qui m'a répondu que son intention et celle de la Convention n'était point de répondre à toutes les demandes de ce genre que les membres des tribunaux avaient des lois pour les diriger et que jamais le Comité ne répondrait à tant de questions qu'on ne leur faisait que pour se décharger de la responsabilité. Tu vois que puisqu'ils le prennent dans ce sens, il faudra bien te résoudre à te conduire suivant tes propres lumières. Je suis fâché de ne pas avoir pu réussir à t'en procurer davantage. Il faut d'ailleurs te dire que l'intention de la Convention et celle des comités n'est pas qu'on recherche trop scrupuleusement les coupables de cette espèce sur les mesures ultra -révolutionnaires qu'ils ont prises dans un temps, mais bien sur les vols, les dilapidations, les vexations qu'ils ont commises pour la plupart. Notre collègue Boursault, dans la lettre qu'il nous écrivit pour nous informer des incarcérations qu'il avait fait faire et des informations qu'il t'avait chargé de faire sur les différents individus coupables, nous disait bien qu'il n'entendait par là qu'il n'en serait fait de recherches que sur les objets dont je te fais mention. Laignelot s'est exprimé de même lorsque je lui ai fait voir les questions que tu me chargeais de présenter au Comité de législation. Ainsi, d'après ces réponses et les avis, tu pren dras aisément ton parti et tu sauras, d'après la loi, suivre la route sûre pour ne point encourir le blâme ou la repréhension.
  88. Pour éviter sans doute le reproche de partialité, on n'entendit ni les anciens fonctionnaires destitués, ni les suspects conduits à Doué, à Chartres ou Alençon. Mais leurs parents, leurs amis, leurs voisins, leurs employés ou domestiques, furent entendus, ainsi que bien d'autres citoyens qui vinrent dénoncer les faits dont ils avaient été les témoins. Du reste les pièces saisies au domicile des inculpés ou communiquées par les diverses administrations de Laval, et les papiers et jugements du tribunal révolutionnaire suffisaient pour établir leur culpabilité. Des vols, des extorsions d'argent, commis au préjudice des détenus, des dilapidations du linge ou d'objets provenant des églises, des actes d'inhumanité furent relevés contre eux.
  89. En dehors de ceux dont Boursault avait ordonné l'arrestation, tels que Mélouin, ancien membre du Département, Clément, Marie-Collinière, Pannard, président et juges, et Volcler, accusateur public du premier tribunal révolutionnaire, les membres de l'ancien comité, etc.
  90. Enfin le premier dossier est terminé et Midy le transmet au Tribunal criminel qui n'ose se prononcer et décide l'envoi des pièces au Comité de sûreté générale de la Convention. Mais les partisans des inculpés se déclaraient en leur faveur et Midy joint au dossier une lettre dans laquelle il soumet au Comité, sur le danger de faire juger les prévenus à Laval, ses appréhensions qui devaient être partagées sans doute par Basile (26 pluviôse an III-14 février 1795)
  91. « J'ignore, citoyens représentants, le parti que vous prendrez sur cette affaire, mais je crois devoir vous observer que ces individus et d'autres détenus dont j'instruis la procédure, ont encore de nombreux partisans qui répandent dans le public que, lorsque ces hommes étaient en place, on ne manquait de rien et font une comparaison perfide du prix des denrées sous les administrations renouvelées par le représentant Boursault et celles dont ils étaient membres. Ces détenus, de leurs prisons, répandent avec profusion dans le public des écrits tendant à égarer l'opinion publique et à jeter de l'incertitude dans les esprits sur la bonté desprincipes adoptés par la Convention Nationale depuis le 9 thermidor. « Si ces individus sont jugés à Laval, il peut en résulter beaucoup d'inconvénients. Des mouvements sont à craindre qu'on consulte sur cela le représentant Baudran et les autorités constituées.« Il existe dans ce département deux partis bien prononcés celui de leurs partisans, qui regrettent les mesures de rigueur, et celui qui veut l'exécution des loiset de la justice.« Les jurés qui doivent prononcer sur cette affaire, si elle est renvoyée au tribunal de la Mayenne, seront nécessairement de l'un ou de l'autre parti. Les uns les regardent comme des patriotes opprimés qui ont agi pour le salut du peuple conformément aux principes révolutionnaires. Les autres, ayant à gémir sur le sort qu'ils ont fait éprouver à leurs parents, à leurs amis, ne voient en eux que des oppresseurs, des tyrans et des hommes de sang. Les uns et les autres ne pourront garder cette impartialité si nécessaire aux augustes fonctions de juré. « Ce département, citoyens représentants, comme vous l'a dit le citoyen Letourneur de la Sarthe, votre collègue, a éprouvé tous les genres d'oppression. Si un Carrier y eût été en mission, il n'eût pas manqué de nombreux agents. Mais le Ciel nous en ayant préservé, néanmoins ces hommes pervers, dans l'espace de quelques mois, ont fait connaître tout ce que le despotisme a de plus atroce. Le ressentiment des hommes de bien est profondément gravé dans leurs cœurs. Celui des oppresseurs ne l'est pas moins contre les gens de bien et la crainte du retour de la Terreur glace encore le cœur des citoyens. « C'est à vous, citoyens représentants, à peser tout, combiner tout et j'ai rempli mon devoir en vous présentant ces observations. »
  92. Celui-ci lui répond le 8 ventôse : J'ai conféré avec plusieurs de mes collègues du Comité de sûreté générale sur l'objet de ta lettre que tu me recommandais d'appuyer. C'est Laignelot qui a été chargé du rapport et de la décision du Comité, suivant ce qu'il m'a dit hier que je m'en suis informé. On n'y est point de l'avis du renvoi que tu aurais désiré si fortement par amour de la paix et de l'équité qui doit être la seule base de tout jugement. Le Comité prétend même n'avoir pas le droit de prononcer sur pareil renvoi et que cela est de la compétence du Comité de législationainsi te voilà aussi avancé que tu étais et Laignelot estchargé de la réponse qu'il m'a dit t'avoir envoyée.
  93. Plaichaid-Choltière lui écrit encore le 23 ventôse : « J'ai beaucoup tardé à répondre à ta lettre, les différents objets qu'elle contenait étant de la plus haute importance. J'ai pris du temps pour voir si on ne pourrait pas parvenir au but si raisonnable que tu désires. Quelque temps après, je reçus un paquet adressé sous mon couvert à mon collègue Boursault. Il m'a donné communication des pièces qu'il contenait et les a déposées ensuite au Comité de sûreté générale. Mais quand je lui ai demandé des nouvelles de ses démarches à cet égard, il m'a paru qu'il n'était pas satisfait et qu'on mettait de l'indifférence sur toutes ces sortes de représentations. J'en ai pris par moi-même des informations et jusqu'ici le Comité n'a rien statué. Il m'est revenu qu'il devait être présenté une pétition de la commune ou d'un grand nombre de citoyens de notre commune pour demander que les détenus soient jugés par un autre tribunal, mais, comme ces nouvelles ne sont que des bruits, je te les donne comme tels, et entre nous seulement, pour que tu en fasses l'usage que la prudence te dictera.. Cette lettre n'était qu'une suite de la précédente et Midy, quand il la reçut, s'occupait déjà de réunir le plus grand nombre possible de signatures, espérant que le Comité de législation, en constatant le nombre des pétitionnaires, se déciderait à renvoyer les détenus devant le tribunal criminel d'un autre département.
  94. Cette fois encore il fallut entendre de nombreux témoins. Le pauvre homme était à bout de forces. Obligé de s'occuper des affaires courantes, d'assister aux fréquentes audiences du tribunal nécessitées par la mise en liberté de nombreux suspects et des chouans ou présumés tels détenus dans les prisons, il ne lui restait que les matinées ou les soirées pour prendre les témoins cités à son cabinet. Pendant ce temps, les inculpés vivaient en prison, recevant leurs parents et leurs amis, protestant de leur innocence, bien certains qu'ils ne seraient pas condamnés et comptant sur leurs protecteurs ou leurs partisans pour détourner le coup dont ils étaient menacés. Bien plus, Bescher fait imprimer une brochure Premier dialogue entre un patriote détenu et un ami de la vérité dans laquelle il conteste les faits relevés contre lui et reproduit les certificats qu'il a obtenus de la municipalité de Château-Gontier. Garot suit son exemple en publiant une Première lettre d'Augustin Garot à ses concitoyens, datée de la maison de justice à Laval le 25 pluviôse an III, pour repousser les accusations portées contre lui et contenant les certificats à lui délivrés par la même municipalité. Tous les deux se plaignent des lenteurs de la procédure et Garot adresse même au conventionnel Baudran une pétition pour dénoncer les négligences du citoyen Midy. Dans un post-scriptum il le plaisante même et se moque de lui. Pourquoi tant attendre à me rendre à la société. Mais l'accusateur public manque de bois aujourd'hui. Demain il tombera de l'eau ou de la neige. Il n'aura pas de parapluie. Je crains que les jours suivants il n'ait la goutte. » Baudran transmet cette plainte à Midy le pressant d'activer l'affaire. La lettre de Baudran est datée du 29 pluviôse (17 février).
  95. « Je n'ai pu répondre plus tôt à votre circulaire du 8 ventôse, parce qu'atteint par la goutte depuis le 9 de ce mois je suis obligé de garder le lit.« Le Représentant du peuple Boursault, fit mettre en arrestation le 23 brumaire dernier les citoyens Saint-Martin, agent national du district de Lassay, Pottier, ex-prêtre, ex-agent national du district de Mayenne, Juliot-Lérardière, ex-juge du tribunal du district de Lassay et membre du département de la Mayenne Quentin, Bescher, membres du département, ex-membres du comité révolutionnaire de Laval Le Roux fils, agent national de la commune et ex-membre du comité révolutionnaire de Laval Faur, officier municipal et ex-membre de la commission révolutionnaire établie dans ce département; Huchedé et Garot, ex-membres du comité révolutionnaire de la commune de Laval.« Partie des pièces relatives à ces citoyens m'ont été remises le 14 frimaire dernier, de la part du représentant du peuple Boursault, par l'agent national du district de Laval. J'ai examiné ces pièces et j'ai procédé à l'interrogatoire de ces différents citoyens. Par suite de l'instruction, j'ai décerné des mandats d'amener contre Mélouin, ex-membre du département et du comité révolutionnaire de Laval. Je l'ai interrogé. J'ai pareillement décerné un mandat d'amener contre Volcler, ex-maire de Lassay et accusateur public de la Commission révolutionnaire établie dans ce département. Il s'est échappé et il est actuellement à la tête d'une bande de scélérats, sur le district de Lassay, qui vole et pille partout où elle passe. « Il y a quatre affaires distinctes relatives à ces particuliers, mais qui ont des ramifications très étendues. « Le 22 pluviôse dernier, j'ai fait mon rapport au tribunal assemblé relatif à Saint-Martin, Juliot-Lérardière et Volcler, pour décider si les délits qui leur sont imputés étaient de sa compétence. Mon rapport contenait l'extrait des pièces de la procédure et de cent trente déclarations de témoins. Le 23 du même mois le tribunal a décidé que les pièces seraient renvoyées au Comité de sûreté générale, conformément à la loi du 8 du même mois. Le 25 pluviôse, j'ai chargé à la poste les piècesqui leur sont relatives. « Relativement aux autres détenus j'ai recueilli quantité de pièces à charge et j'ai entendu cent et quelques témoins. Il résulte que j'aurais à décerner des mandats d'amener contre les citoyens Pannard, maréchal à Mayenne et juge de la Commission révolutionnaire, Clément, notaire public à Ernée, président de la Commission, Marie, juge de paix à la Croixille, juge de la dite Commission qui a commis les actes atroces qu'on puisse reprocher à une commission de sang, mais impossible de me procurer un secrétaire. L'obligation où je suis de suivre les affaires ordinaires du tribunal, d'assister à toute l'instruction, exécution des jugements, d'entretenir une correspondance active avec les différentes autorités constituées du département, les séances multipliées que le tribunal a été obligé de tenir pourl'exécution de la loi d'amnistie du 12 frimaire (Proclamation d'une amnistie en faveur des Chouans qui déposeraient les armes) et du 29 nivôse, enfin cette multiplicité de travaux occasionnée par la position malheureuse où se trouve notre département, entouré de Chouans, apportent forcément une longueur dans les affaires qu'il n'est pas en mon pouvoir d'éviter, malgré un travail opiniâtre de douze à quinze heures par jour, auquel ma santé n'a pu résister. « J'ai demandé au représentant du peuple Baudran un substitut dont il est impossible que le tribunal se passe pour activer ses travaux. Il a dû vous faire passer ma pétition à cet effet. L'intérêt de la chose publique et de la justice nécessite cette mesure. Elle est d'autantnécessaire que les partisans de ces individus sont plus nombreux. « Dévoué tout entier à la chose publique, je n'ai ménagé ni mes peines ni mes veilles mais les forces de l'homme ont un terme les miennes n'ont pu résister à un travail opiniâtre. Il est donc absolument nécessaire, citoyens représentants, que vous me fassiez nommer un substitut pour partager mes travaux et suivre les affaires du tribunal jusqu'à mon rétablissement. »
  96. Bescher, Garot, Le Roux, Mélouin, Quantin et Faur, du 4 au 6 floréal.
  97. Celui-ci écrit à Midy le 5 messidor (23 juin), pour lui demander de lui envoyer le dossier de l'affaire concernant ces détenus. Cependant Midy, déployant un zèle plutôt intempestif en ce moment, continuait son enquête. Il avait entendu encore plus de cent témoins et lancé des mandats d'arrêt contre les membres du tribunal présidé par Clément et ceux du premier Comité révolutionnaire.
  98. avoir, le 15 prairial Marie-Collinière et Pannard (mandat d'arrêt du 12) le 18, Cholet et Lemercier le 15 messidor, Pierre Boisard, fils jeune le 18, Louis-Zacharie Thulot (mandat d'arrêt du 25 prairial), prêtre marié, rentré dans le département d'Eure-et-Loir, dont il était originaire, et arrêté par le lieutenant de gendarmerie de Châteauneuf-en-Thymerais.
  99. « La Convention nationale, sur la pétition des citoyens Mélouin, Le Roux fils, R. F. Bescher, Faur, Augustin Garot, Juliot-Lérardière et Quantin, ex-fonctionnaires publics du département de la Mayenne, décrète la suspension de toute procédure qui pourrait être dirigée contre eux et renvoie la dite pétition à son Comité de législation pour lui en faire son rapport dans trois jours. »

Sources partielles[modifier | modifier le code]