Citoyenneté

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La citoyenneté est le fait pour un individu, pour une famille ou pour un groupe, d'être reconnu officiellement comme citoyen, c'est-à-dire membre d'une ville ayant le statut de cité, ou plus généralement d'un État.

Il n'y a pas de citoyenneté en général, même si beaucoup de personnalités se sont revendiquées comme citoyens du monde ou cosmopolites.

« Ici on s'honore du titre de citoyen. » Exemple d'écriteau, datant de 1799, affiché dans les lieux publics pendant la Révolution française.

Étymologie et histoire

Du latin civitas signifiant: droit de cité, droit d'un habitant d'un pays[1].

Dans l'Antiquité, la citoyenneté romaine était accordée par le Sénat romain à des villes ou à des peuples dans leur entier.

En France, et dans le Nord de l'Europe, la citoyenneté des villes s'appelait bourgeoisie. La citoyenneté s'est conservée pour l'appartenance aux villes du Sud de l'Europe, en particulier les cités-État comme Gêne ou Venise, et encore aujourd'hui les villes et cantons suisses comme Genève.

En France, avec la Révolution française, le terme citoyen a officiellement remplacé celui de bourgeois, puis il a été étendu au pays dans son entier: on a commencé à parler de citoyen de France.

Définition

La citoyenneté comporte des droits et des devoirs.

  • Les droits civiques permettant de participer à la vie publique et politique, de pouvoir se porter candidat à des emplois publics, d'être électeur et d'être éligible;
  • Les devoirs civiques sont essentiellement celui d'accomplir son service militaire ou civique, de voter aux élections, d'être juré.

En France, les droits liés à la citoyenneté, appelés Droits du citoyen, sont codifiés dans certains articles de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.

La citoyenneté est aussi une composante du lien social. C'est, en particulier, l'égalité de droits, et de devoirs, associées à la citoyenneté qui fonde le lien social[réf. nécessaire] religieux ou dynastique, il est politique. Vivre ensemble, ce n'est plus partager la même religion ou être, ensemble, sujets du même monarque ou être soumis à la même autorité, c'est être citoyens de la même organisation politique"[DS 1]. Les citoyens d'une même nation forment une communauté politique.

Citoyenneté et nationalité

La citoyenneté, qui implique l'exercice des droits civiques, est une notion distincte de la nationalité, qui implique pour une personne physique ou morale d'être régi par le droit civil d'un pays. Ces deux qualités sont presque toujours associées.

Il existe cependant des exceptions dans les pays où plusieurs nationalités sont reconnues, par exemple :

  • En République du Vanuatu, est déclaré citoyen nivan toute personne vivant et travaillant sur le territoire.
  • Un citoyen soviétique pouvait être de nationalité culturelle tatare, abkhaze, tchétchène, russe, juive, estonienne, etc.
  • Un citoyen israélien peut être de nationalité culturelle juive, druze, circassienne, bédouine ou arabe[2].
  • Un citoyen néo-calédonien[3] a la nationalité française et, par ce fait, la citoyenneté européenne. (Attention : la situation juridique de la Nouvelle-Calédonie est très particulière)

Citoyenneté et démocratie

La citoyenneté est intimement liée à la démocratie.
  • Être citoyen implique que l'on fait partie d'un corps politique, un État, que l'on a dans ce corps politique des droits et des devoirs. En France, un citoyen est défini comme suit : « Homme ou femme âgé de plus de 18 ans, né(e) de parents français ou étrangers naturalisés », cette exclusion des jeunes de la citoyenneté étant spécifiquement française, n'existant nulle part ailleurs en Europe et étant aujourd'hui contestée[4]. Un citoyen a plusieurs devoirs comme payer les impôts, respecter les lois ou encore être juré de Cour d'assises si besoin est.

En démocratie, chaque citoyen est détenteur d'une partie de la souveraineté politique[DS 2].

Le citoyen moderne est le sujet de droits et de devoirs : droits de l'homme - droits civils - droits politiques - droits sociaux. Les devoirs sont accomplis par les citoyens pour le bien de la collectivité (impôts, service militaire, etc.), ou de personnes (devoir dont le non-respect peut être sanctionné, par exemple, dans le cadre de la non-assistance à personne en danger) et définis par les lois des pays dans lesquels ils vivent.

La communauté des citoyens forme la nation[réf. nécessaire][DS 3].

L'expression "Citoyen du monde" qualifie celui qui proclame son attachement à l'ensemble de l'humanité, refusant les frontières nationales, tel les stoïciens.

« Le citoyen est un être éminemment politique (la cité) qui exprime non pas son intérêt individuel mais l'intérêt général. Cet intérêt général ne se résume pas à la somme des volontés particulières mais la dépasse. » (Jean-Jacques Rousseau).

Il y aurait[citation nécessaire] trois aspects de la citoyenneté :

  • la citoyenneté civile correspondant aux libertés fondamentales (liberté d’expression, égalité devant la justice, droit de propriété)[réf. nécessaire][DS 4] ;
  • la citoyenneté politique fondée sur la participation politique (le droit de vote, le droit d’éligibilité, le droit d’accéder à certaines fonctions publiques, le droit d'être protégé par cet État à l'étranger) ;
  • la citoyenneté sociale résultante de la création de droits socio-économiques (droit à la santé, droit à la protection contre le chômage, droits syndicaux)

[DS 5].

Dans le cadre de la construction européenne, est apparue la notion de citoyenneté européenne, dont disposent toutes les personnes ayant la nationalité d’un État membre de l’Union. La notion de citoyenneté multiculturelle, qui implique la reconnaissance des droits culturels des minorités, a récemment fait son apparition.

La capacité d'une personne à exercer sa citoyenneté dépend de la démocraticité du système politique et social dans lequel elle se trouve.

Historique

Égypte antique

Sous les Lagides, avec la création de grandes cités telles Alexandrie nommées par Alexandre le Grand ou Ptolémaïs, la notion de citoyenneté était réservée à l'élite macédonienne, puis avec le temps s'élargit alors aux habitants de ces cités, bien que les Égyptiens du quartier de Rakhotis dans l'Alexandrie antique n'eurent jamais vraiment accès à ce statut et la ville était constituée de quartiers bien délimités qui souvent entrèrent en conflit, démontrant ainsi l'aspect quelque peu relatif de la citoyenneté antique.

Grèce antique

La Grèce antique est à l'origine de la citoyenneté moderne grâce à l'invention de la cité grecque ou « polis ».

La politique alors se développe comme domaine autonome de la vie collective. La polis est fondée sur l'égalité de tous les citoyens, mais seuls les hommes descendant de citoyens peuvent devenir citoyens, la cité est fermée ethniquement.

Dans les cités-États grecques, les citoyens étaient ceux qui participaient aux décisions de la cité (lois, guerres, justice, administration), aux débats à l'agora et étaient les seuls à pouvoir posséder la terre par opposition aux métèques et aux esclaves (les métèques et les esclaves étant des catégories qui n'existaient qu'à Athènes). Ces citoyens devaient toutefois respecter certains critères, comme être de sexe masculin, avoir plus de dix-huit ans, être libre, être né de père citoyen et aussi, sous Périclès, à partir de -451, être de mère fille de citoyen. Ils étaient également dans l'obligation de faire leur service militaire (l'éphébie),qui duraient 2 ans, après quoi ils devenaient citoyens.

La démocratie est alors directe, la hiérarchie entre les hommes est abolie (entre les citoyens seulement et uniquement sur le plan politique - il n'y a pas d'égalité sociale, économique: c'est l'isonomie); l'activité politique reste réservée aux membres les plus favorisés de la cité. Les esclaves n'ont rien le droit de faire

Rome

La citoyenneté romaine diffère statutairement du citoyen des cités grecques.

La citoyenneté romaine est définie en termes juridiques, le civis romanus dispose de droits civils et personnels. Pour les Romains, la citoyenneté n'est pas liée à un critère d'origine ethnique, les étrangers peuvent accéder à la citoyenneté. Cette extension s'élargit au cours du Ier siècle av. J.-C., et finit par toucher tous les hommes libres de l'Empire.

Révolution française

À la Révolution française, le terme est réutilisé, prenant la place au niveau local de bourgeois, puis au niveau national de sujet. Il instaure alors une égalité, puisque tout homme peut être appelé citoyen sans hiérarchisation, contrairement aux titres de noblesse (mais aussi à la citoyenneté antique fondée sur la méritocratie).

En France, le mot nationalité est utilisé pour désigner ce que d'autres pays appellent la citoyenneté, cela en vertu du principe d'égalité des citoyens, quelles que soient leurs origines. Il est ainsi courant en France d'utiliser un mot pour l'autre, de ne pas saisir la distinction, ni les différentes acceptions de ces mots. La clé de compréhension est que la France se définit comme la République d'une seule nation, contrairement à d'autres états, qui se définissent comme multinationaux (ex : Chine, URSS, Israël...)

Adjectivation

L'adjectivation de citoyen, qui s'est répandue dans les médias à l'occasion du Bicentenaire de la Révolution française[réf. nécessaire], est controversée[Par qui ?].

Dans le Dictionnaire culturel en langue française, Alain Rey fixe à 1995, l'usage du terme citoyen comme adjectif en alternative de l'adjectif consacré qui est civique. Cet emploi tend à insister sur la connotation morale, républicaine et partisane. Ainsi, une attitude civique consisterait à remplir ses devoirs de citoyen, tandis qu'une « démarche citoyenne » (sic) afficherait une volonté d'intégrer dans ses actes des considérations éthiques et des finalités ou des solidarités sociales plus affirmées.

Notes et références

Dominique Schnapper, Qu'est-ce que la citoyenneté, Gallimard, 2000 (ISBN 978-92-871-7318-8)

  1. p. 11
  2. p.10
  3. p.231
  4. p.10 et 128
  5. p. 105

Autres références

  1. Définition Sur le site fr.wiktionary.org
  2. Citoyenneté israélienne, sur le site medea.be
  3. La Citoyenneté calédonienne, Mathias CHAUCHAT - Cahiers du Conseil constitutionnel n° 23 (Dossier : La citoyenneté) - février 2008
  4. Il manque en France un grand mouvement pour les droits civiques de l’adolescence et de la jeunesse françaises, sur le site pre-majorite.fr

Annexes

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Articles connexes

Bibliographie

  • Philippe Muray, De la citoyennophilie, Le Débat, no 112, octobre-décembre 2000.
  • Anicet Le Pors La citoyenneté, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2002 (3° éd.).
  • Jean-François Chantaraud, L'état social de la France, Éditions des journaux officiels, 2004 - 2010.
  • Violaine Hacker, « Citoyenneté culturelle et politique européenne des médias : entre compétitivité et promotion des valeurs », NATIONS, CULTURES ET ENTREPRISES EN EUROPE, sous la direction de Gilles Rouet, Collection Local et Global, L’Harmattan, Paris, p. 163-184

Liens externes