Bataille de Saint-Colombin (1794)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Bataille de Saint-Colombin

Informations générales
Date
Lieu Saint-Colombin
Issue Victoire républicaine
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Commandants
Florent Duquesnoy François Athanase Charette de La Contrie
Charles Sapinaud de La Rairie
Jean-Baptiste Joly
Forces en présence
4 000 hommes[1] 900 à 4 000 hommes[2],[3]
Pertes
100 morts ou blessés[3] 400 morts ou blessés[3]

Guerre de Vendée

Batailles

Coordonnées 47° 00′ 50,3″ nord, 1° 34′ 13″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille de Saint-Colombin
Géolocalisation sur la carte : Pays de la Loire
(Voir situation sur carte : Pays de la Loire)
Bataille de Saint-Colombin
Géolocalisation sur la carte : Loire-Atlantique
(Voir situation sur carte : Loire-Atlantique)
Bataille de Saint-Colombin

La bataille de Saint-Colombin ou bataille de Pont-James a lieu le lors de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des républicains.

Prélude[modifier | modifier le code]

Le , les forces vendéennes de Charette et de Sapinaud s'emparent de la petite ville de Legé et l'évacuent presque aussitôt[4]. Trois jours plus tard, elles sont signalées à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu[3]. Charette et Sapinaud envisagent alors d'attaquer la ville de Machecoul[5].

Cependant ils sont suivis depuis le par la colonne du général républicain Duquesnoy[6]. Celui-ci arrive à Legé le [3] et le lendemain, il se porte à leur rencontre du côté de Saint-Colombin[3].

Forces en présence[modifier | modifier le code]

Les effectifs des forces en présence sont mal connus. Dans son rapport, le général Duquesnoy estime à 4 000 le nombre des combattants vendéens[3],[7]. Ducasse, le commandant républicain battu à Legé quatre jours plus tôt, n'avait cependant évalué le nombre des Vendéens qu'à 900, dont une centaine de cavaliers[2]. Les historiens Lionel Dumarcet et Yves Gras évoquent 3 000 hommes[4],[1].

Du côté des républicains, le général Duquesnoy écrit dans son rapport avoir engagé sept de ses bataillons dans l'action[7]. Yves Gras fait état de 4 000 hommes[1].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Les républicains lancent l'attaque depuis le bourg de La Limouzinière[8]. Les Vendéens sortent également de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu[5]. La rencontre a lieu à 2 heures de l'après-midi, à un quart de lieue du Pont-de-Noyers[3],[7],[9], aussi appelé Pont-James[10], près du bourg de Saint-Colombin[10],[5],[11].

Une petite rivière sépare les deux camps[5]. Sur le flanc gauche républicain, les tirailleurs engagent le combat avec l'avant-garde vendéenne lorsque celle-ci franchit la rivière[5]. Le début de l'affrontement est à l'avantage des royalistes qui font reculer les patriotes[3],[7]. Dans ses mémoires[Note 1], le chef vendéen Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière écrit que « trois fois les républicains furent enfoncés, trois fois ils nous repoussèrent tour à tour »[5]. Dans son rapport, Duquenoy reconnait que « d'abord les brigands ont résisté et même avancé »[7].

Duquesnoy met sept bataillons en ordre de bataille, puis fait battre la charge[3],[7]. Trois bataillons vendéens avec cinq drapeaux sortent alors d'un bois et se mettent à leur tour en bataille, « sans être cependant très alignés » selon Duquesnoy[3],[7]. Les deux camps se fusillent pendant près d'une heure[3],[7].

Les républicains finissent par enfoncer les lignes vendéennes, qui se débandent[3],[7]. Selon Duquesnoy, « chacun a jeté ses sabots et a fui avec précipitation dans les bois »[3],[7].

Les Vendéens profitent de la tombée de la nuit pour échapper à la poursuite des républicains[3]. Dans ses mémoires, Lucas de La Championnière, écrit : « Notre fuite fut précipitée ; nous trouvions à chaque pas les corps des femmes et des enfants qui venaient d'être massacrés, et dans le bourg de la Limouzinière on en compta cent d'égorgées : la nécessité de marcher sur nous en sauva quelques-unes »[5]. Les fuyards se replient en direction du sud-est et se rallient à La Grole, près du bourg de Rocheservière, où ils passent la nuit[3].

Selon l'historien Lionel Dumarcet, certains points du récit de Lucas de La Championnière semblent cependant incohérents : « Il est impossible que les Royalistes fassent retraite ou soient repoussées sur La Limouzinière, puisque c'est de là que venaient les Bleus. On comprend également assez mal pourquoi les Vendéens cachèrent leurs canons avant le combat ! La mauvaise coordination de l'attaque, alors que les Blancs, aux dires de Lucas de La Championnière, étaient prévenus de l'arrivée des Bleus, et le mauvais choix du terrain montrent une fois encore les capacités manœuvrières très médiocres de Charette »[8].

Pertes[modifier | modifier le code]

Les pertes du combat ne sont pas connues avec précision. Dans son rapport à Turreau[Note 2], rédigé le soir même du combat, Duquesnoy écrit que 800 Vendéens « ont mordu la poussière »[7],[8],[10]. Le , il écrit dans un nouveau rapport : « Pour la marche des différentes colonnes, tu ordonnes de tout tuer et incendier. Pour ma part, j'estime que j'ai détruit 3 000 hommes, savoir 2 000 pris sans armes et 1 000 tués dans l'affaire du Pont-James »[13],[14].

Du coté des républicains, le général en chef Louis Marie Turreau écrit le au Comité de Salut public qu'une centaine de soldats blessés à Saint-Colombin ont été envoyés à Nantes[11].

L'historien Lionel Dumarcet donne quant à lui un bilan à 100 morts ou blessés pour les républicains et de 400 pour les Vendéens[3].

Le 2e bataillon des volontaires de Paris compte 4 hommes tués, 3 disparus et 1 blessé[15].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Duquesnoy ne se lance pas à la poursuite des Vendéens par manque de pains et de cartouches[10]. Il campe au Pont-James, où il reçoit l'ordre de Turreau de se porter sur Doué[13],[14]. Il entre dans cette ville le , où Turreau lui envoie le même jour l'instruction de se porter sur Rennes, avant de lui donner un contre-ordre[13]. Dans son courrier du 16 février, Duquesnoy avertit Turreau : « Tout ce qui reste aujourd'hui dans le sein de la Vendée est levé contre la République. Cette population n'ayant d'autre perspective que la famine et la mort, se défendra encore longtemps dans le pays qu'elle occupe, en évitant continuellement les fortes armées, ce a quoi elle réussira toujours dans un pays fourré et qu'elle connaît parfaitement »[16].

Le lendemain du combat, les Vendéens se rendent à Saligny[3]. Un différend oppose alors Charette à Sapinaud, dont les hommes se plaignent de ne pas avoir reçu de poudre malgré leur participation à la bataille de Legé[3]. Bertrand Poirier de Beauvais, émissaire de l'armée d'Anjou, arrive sur ces entrefaites avec un projet d'alliance proposé par Stofflet[3],[17]. Il tente, sans succès, de réconcilier les deux généraux[3],[10]. Sapinaud se sépare de Charette et regagne son pays avec ses troupes[3]. Poirier de Beauvais obtient cependant de Charette la promesse d'une rencontre avec Stofflet et Sapinaud à Montaigu, à une date indéterminée[3].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Nous nous rendîmes à Saint-Philbert comptant bientôt attaquer Machecoul, mais nous fûmes obligés de sortir dès le lendemain pour aller au-devant d'une colonne qui incendiait le bourg de la Limouzinière et tous les environs.

    Nous rejoignîmes l'ennemi près de Saint-Colombin ; une petite rivière nous séparait et il n'y avait point de pont pour la traverser ; on eut l'imprudence de faire attaquer avant que l'armée fût entièrement passée et c'est ce qui causa notre perte ; trois fois les républicains furent enfoncés, trois fois ils nous repoussèrent tour à tour. Un détachement conduit adroitement derrière nous décida l'affaire. Notre fuite fut précipitée ; nous trouvions à chaque pas les corps des femmes et des enfants qui venaient d'être massacrés, et dans le bourg de la Limouzinière on en compta cent d'égorgées : la nécessité de marcher sur nous en sauva quelques-unes.

    Nous avions heureusement avant le combat caché nos canons, et notre poudre était chargée sur des chevaux. Robrie le jeune fut entouré par six dragons qui le sommèrent de se rendre, il s'attacha à un seul et fut assez heureux pour lui porter un coup de sabre sur la tête ; un excellent cheval qu'il montait l'enleva par-dessus un fossé très élevé, ses ennemis ne purent pas le suivre ; il arriva à nous sans blessure.

    Nous couchâmes au bourg de la Grole et nous fûmes le lendemain à Saligny. Là M. Sapineau et toute sa suite se sépara de nous je ne sais pour quelle raison.

    Il y avait eu querelle entre ses soldats et les nôtres à Saint-Philbert. Les officiers n'étaient guère en meilleure intelligence. M. de Launay, dont les vues étaient fort ambitieuses, fut peut-être une des principales causes de la mésintelligence[5]. »

    — Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.

  2. « Enfin, général, j'ai rencontré la fameuse armée de Charette, aujourd'hui, à un quart de lieue du Pont-des-Noyers, sur la grande route de Nantes et sur ma gauche; mes tirailleurs ont engagé un feu très-vif avec leur avant-garde, à deux heures après midi. Je me suis de suite porté au lieu où s'est engagé le combat. A mesure que mes bataillons arrivaient, je les mettais en bataille et le feu était très-vif de part et d'autre. D'abord les brigands ont résisté et même avancé. Lorsque sept de mes bataillons ont été sur le champ de bataille, on a battu la charge. L'ennemi, de son côté, a fait sortir d'un bois qui l'appuyait trois nouveaux bataillons. Alors nous avons vu distinctement cinq drapeaux blancs et au moins quatre mille hommes qui se sont mis en bataille, sans être cependant très-alignés. La fusillade est devenue plus vive et il s'est engagé un combat qui a duré une bonne heure.

    Nos troupes, indignées de voir des brigands leur résister, ont chargé avec intrépidité. Rien n'a plus résisté aux républicains, ils ont enfoncé de toutes parts les brigands; alors chacun a jeté ses sabots et a fui avec précipitation dans les bois. Environ huit cents ont mordu la poussière et nous n'avons plus su de quel côté ils existaient. La nuit nous a arrêtés, j'ai rallié ma division, et comme je n'avais plus ni pain ni cartouches, j'ai été forcé de bivouaquer sur la grande route, où j'attends tes ordres.

    J'ai écrit à Nantes pour avoir du pain et des cartouches; je vais attendre ces objets importans, sans lesquels je ne puis aller plus loin. Je ne puis te dire de quel côté les brigands ont fui, ils se sont divisés df toutes parts ; demain je ferai faire des découvertes[7],[12]. »

    — Rapport du général Florent Duquesnoy, le 10 février au Pont-des-Noyers, au général Turreau.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Gras 1994, p. 131.
  2. a et b Savary, t. III, 1825, p. 154.
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v et w Dumarcet 1998, p. 323-324.
  4. a et b Dumarcet 1998, p. 322.
  5. a b c d e f g et h Lucas de La Championnière 1994, p. 77-78.
  6. Chassin, t. IV, 1895, p. 300.
  7. a b c d e f g h i j k et l Savary, t. III, 1825, p. 180-181.
  8. a b et c Dumarcet 1998, p. 333.
  9. Gabory 2009, p. 392.
  10. a b c d et e Chassin, t. IV, 1895, p. 303.
  11. a et b Savary, t. III, 1825, p. 192.
  12. Louis-Marie Clénet, Les colonnes infernales, p. 191-192.
  13. a b et c Chassin, t. IV, 1895, p. 306.
  14. a et b Savary, t. III, 1825, p. 205-207.
  15. Chassin et Hennet, t. II, 1902, p. 236.
  16. Gérard 2013, p. 386.
  17. Poirier de Beauvais 1893, p. 260-264.

Bibliographie[modifier | modifier le code]