Amphore

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Amphores au château de Bodrum en Turquie.
Amphorisque en verre, Méditerranée orientale, IIe-Ier siècles av JC

L'amphore est, dans l'Antiquité, le récipient le plus utilisé pour le transport de produits de base : le vin, l'huile d'olive, la bière (zythum et zythogala) et les sauces de poissons (de type garum).

D'usage extrêmement courant dans le pourtour méditerranéen, on la trouve parfois réutilisée, soit broyée afin d'entrer dans la composition du mortier au tuileau romain, soit telle quelle comme canalisation ou pour ménager un vide sanitaire. Parfois, elle sert de cercueil pour une sépulture d'enfant. Enfin, on la jette souvent dès que son contenu est consommé : c'est ainsi que le mont Testaccio s'est formé de l'accumulation de débris d'amphores à Rome.

Dans le domaine de l'archéologie, l'amphorologie est une spécialité très développée. L'existence d'un grand nombre de types répertoriés d'amphores, leur évolution sur une longue durée et une vaste zone dans l'Antiquité constituent un élément important de datation établie par la chrono-typologie.

L'amphore quadrantal est une mesure de capacité pour des liquides. Elle est équivalente à un pied cube.

La jarre actuelle est une amphore de terre cuite, de forme ovoïde et de différentes dimensions, où l'on conserve l'eau, l'huile, les olives.

L'amphorisque est une amphore d'origine grecque de petite taille destinée à contenir principalement des onguents et parfums. Pourvue de deux anses latérales, reposant sur un petit pied ou dépourvue de pied, elle est proche du modèle panathénaïque avec un corps qui s'évase vers le haut tandis que le col est étroit.

Histoire

L'amphore apparaît au IIIe-IVe millénaire au Proche-Orient où l'insuffisance de forêts, source de bois, favorise la fabrication de récipients en terre cuite. Les Phéniciens découvrent et utilisent l'amphore vers 1500 av. J.-C.. La substitution progressive du tonneau aux amphores (dont les inconvénients — poids, fragilité, peu empilable — en font un récipient peu pratique) à partir du IIIe siècle de notre ère, a fait parfois disparaître une source précieuse pour l'écriture de l'histoire économique de l'Antiquité. Néanmoins l'usage des amphores est poursuivi à l'époque tardive, aux derniers siècles de l'empire romain et aux premiers de l'empire byzantin, notamment dans le bassin oriental de la Méditerranée[1].

Interprétation archéologique

C'est le caractère jetable des amphores qui fait leur valeur archéologique pour l'amphorologie : sauf réemploi dans une maçonnerie ou exception, une amphore n'était pas réutilisée à une période différente de celle de sa fabrication et de sa consommation. Objets de céramique, les tessons d'amphores sont quasiment indestructibles. Par des analyses chimiques, il est possible de retrouver leur lieu de fabrication. La reconstitution de l'histoire de l'évolution des formes d'amphores a débouché sur des classements typologiques qui correspondent aussi à une chronologie. À la forme des amphores, il faut ajouter d'autres éléments de typologie : des sceaux, appelés timbres amphoriques, gravés dans l'argile ou des gravures ou encore des marques peintes. Ainsi les amphores portant la marque Sestius furent produites vers Cosa en Étrurie romaine et exportées vers la Gaule du Sud à l'époque de Cicéron.

Amphore du type Dressel 1B
Légende : 1 : lèvre - 2 : col - 3 : anse - 4 : épaule - 5 : panse - 6 : pilon ou pied

À partir d'un tesson d'amphore un archéologue peut dater, à quelques décennies près souvent mais parfois bien plus précisément, la couche stratigraphique où le tesson a été retrouvé, ou encore l'épave du navire qui les contenait. Ainsi les amphores d'époque romaine portent des noms et une numérotation qui permettent aux archéologues de les retrouver dans la typologie et de les dater. Ces noms renvoient souvent aux savants qui ont établi la chronologie (Heinrich Dressel, Pascual) où à l'origine de l'amphore (Gauloise). Les amphores Dressel[2] 1a et 1b sont typiques des amphores vinaires de la fin de la république romaine. La Gauloise 4 est une amphore à fond plat qui correspond à l'essor du commerce du vin gaulois. Les amphores Dressel 20 correspondent à des amphores à huile. Reporter les trouvailles du même type d'amphore sur une carte peut alors permettre de retracer - si les trouvailles sont assez nombreuses - des flux commerciaux[3].

L'étude de ces amphores est relativement récente et s'est construite à partir des travaux de John Riley qui a défini, au début des années 1980, sept types d'amphores romaines tardives : Late Roman Amphoras (LRA1 à 7). Ces amphores tardives ont servi, dans leur grande majorité, à contenir du vin, leur étude attestant du dynamisme de ce commerce à cette époque et de son organisation autour de Constantinople et du commerce maritime. Si les zones de production sont de mieux en mieux identifiées et si la recherche a mis en évidence des phénomènes d'imitation, l'étude des amphores tardives en est encore largement à ses débuts[4].

Fabrication

Amphore avec ses tituli picti.

L'amphore est fabriquée à partir d'argile épurée. Il faut de l'eau pour délayer l'argile, et du bois ou un autre combustible pour la cuisson. Le plus fréquemment, c'est le tournage qui est utilisé pour la façonner.

Afin de la fabriquer, le potier façonne d'abord un fût, puis y ajoute col, pointe, anses.

Une fois mise en forme, elle est mise à sécher au soleil, ou à défaut dans un lieu ventilé. Elle est ensuite mise à cuire pendant plusieurs heures.

Le poissage ou le cirage est parfois utilisé pour la rendre plus étanche : on verse à l'intérieur de la poix liquide ou de la cire, de manière à former un film imperméable. L'amphore conservant le vin est bouchée par une bourre de paille, recouverte d'une épaisse couche d'argile ou dès l'Antiquité par un bouchon de liège.

Sur la surface de certaines amphores sont peints des tituli picti (en), inscriptions qui donnent des informations sur leur origine, leur destination, le type de produit qu'elles transportent[5].

Une opinion répandue veut que le pied soit fabriqué en forme de cône pointu pour offrir à l'amphore une meilleure stabilité (on raconte ainsi à tort qu'elle est fichée dans le sable tapissant le fond des bateaux), en réalité ce pied est une poignée permettant une troisième prise au creux de la main pour verser son contenu[1].

Notes et références

  1. a et b Fanette Laubenheimer, « Quand les amphores gallo-romaine circulaient aux quatre coins du monde », émission Le Salon noir sur France Culture, 6 février 2013
  2. Amphora Types According to Dressel http://www.abc.se/~pa/mar/dressel.htm
  3. Quelques apports de l'archéologie sous-marine à l'étude du commerce romain par Françoise MAYET http://www.abc.se/~pa/publ/comm-rom.htm
  4. (en) Michel Bonifay, Jean-Christophe Tréglia, LRCW 2 : Late Roman Coarse Wares, Cooking Wares and Amphorae in the Mediterranean : Archaeology and Archaeometry, Archaeopress, (lire en ligne), p. 611-625
  5. (en) M. Lodewijckx, Belgian archaeology in a European setting, Leuven University Press, , p. 179

Annexes

Bibliographie

  • Fanette Laubenheimer, Le temps des amphores en Gaule: Vins, huiles et sauces, Errance, 1991, 181 p.
  • Fanette Laubenheimer, Les Amphores en Gaule, tome II : Production et Circulation, Presses universitaires franc-comtoises, 1998, 285 p.

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