Émile Vandervelde

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Émile Vandervelde
Émile Vandervelde (1927).
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Fonctions
Ministre des Affaires étrangères
-
Ministre de la Justice
-
Député de la Chambre des représentants de Belgique
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
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Conjoint
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Partis politiques
Membre de
Conflit
Archives conservées par
Émile Vandervelde en 1919.
Vive la Commune ! (1903).

Émile Vandervelde, né le à Ixelles où il est mort le , est un homme politique socialiste belge, docteur en droit, en sciences sociales et en économie politique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Émile Vandervelde est le fils d'Adèle Cardon et de Joseph Émile Vandervelde, un membre progressiste du barreau de Bruxelles. Le 15 février 1901, il épouse à Londres Charlotte Speyer (aussi surnommée Laïla) et, après en avoir divorcé, se remarie en 1927 avec Jeanne Beeckman à Paris. Vandervelde et sa première épouse étaient issus de milieux aisés.

Il fait des études secondaires aux Athénées d'Ixelles et de Bruxelles. En 1881, il s'inscrit en droit à l'Université libre de Bruxelles où il sympathise avec les idées du Parti libéral[4]. En 1885, il obtient son diplôme en droit et, en 1888, celui de docteur en sciences sociales. En 1892, il est docteur en économie politique[5].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Il adhère au Parti ouvrier belge (POB) dès sa fondation en 1884, alors qu'il est encore étudiant et s'affilie à la Ligue ouvrière d'Ixelles. Dix ans plus tard, alors qu'il vient d'entamer sa carrière parlementaire, c'est lui qui propose le texte idéologique de base du POB, la Charte de Quaregnon.

Il est un fervent opposant à Léopold II et au pouvoir absolu dont il jouissait au Congo durant les années 1890. Le débat s'intensifia en 1906 et amena à l'annexion du Congo par la Belgique le .

Il est élu député et représente Charleroi de 1894 à 1900, puis Bruxelles de 1900 à 1938. Il est président de la Seconde Internationale de 1900 à 1918.

Lors de la Première Guerre mondiale, il approuve la décision de résister à l'armée allemande bien qu'étant socialiste. Il entre dans le gouvernement d'Union sacrée en 1916 [6]. Dès 1916, il devient membre du Conseil des ministres du gouvernement belge en exil en France, à Sainte-Adresse, puis ministre de l'Intendance de 1917 à 1918 jusqu'à la reconquête de territoire occupé, par les troupes belges et les alliés.

Il participe ensuite à la Conférence de la Paix à Paris comme membre de la délégation officielle belge. Au cours des négociations, il s'oppose à toute forme d'acquisition de territoire. En , il fait partie de la délégation (avec Camille Huysmans, Louis De Brouckère et sa femme, Ramsay MacDonald, Thomas Shaw, Mme Philip Snowden, Pierre Renaudel, Albert Inghels, Luise et Karl Kautsky) de l'Internationale Socialiste qui visite la République démocratique de Géorgie dirigée par le Parti social-démocratique de Géorgie.

Il reçoit le portefeuille de ministre de la Justice de 1918 à 1921 où il défend la réforme pénitentiaire, la lutte contre l'alcool, les droits syndicaux, les droits de la femme, etc.

Il est ensuite ministre des Affaires étrangères de 1925 à 1927 où il contribuera à l'élaboration du pacte de Locarno patronné par le premier ministre français Aristide Briand et le secrétaire d'état américain Frank Billings Kellogg.

Il participe en 1923 à la fondation de l'Internationale ouvrière socialiste, dont il est président jusqu'en 1938 et dont Friedrich Adler est le secrétaire. Son siège se trouva successivement à Londres, Zurich puis Bruxelles à partir de 1935. Il est l'instigateur de la politique de participation délibérée des partis socialistes aux gouvernements de coalition.

En 1933, date de la création de la fonction, il assure la présidence du Parti Ouvrier Belge (P.O.B.) et ce durant les cinq dernières années de sa vie. Ses principaux combats concernent l’instauration du suffrage universel et la démocratie sociale. Du point de vue théorique, il discutera beaucoup sur le rôle de l'État dans une société socialiste.

Il est de nouveau membre du Conseil des ministres de 1935 à 1936, ministre de la Santé publique de 1936 à 1937 dans le cabinet de Paul Van Zeeland. Pendant ces vingt années, les socialistes belges voient aboutir plusieurs des réformes politiques qu’ils avaient appelées de leurs vœux :

  • le suffrage universel d'une voix par électeur remplaçant l'ancienne formule d'un suffrage universel vicié par le suffrage plural;
  • la liberté syndicale ;
  • la journée de 8 heures ;
  • la pension et l’assurance chômage ;
  • la loi contre l'alcoolisme, dite « loi Vandervelde ».

La guerre civile espagnole de 1936 à 1939 crée une véritable scission entre deux générations socialistes belges. Henri De Man et Paul-Henri Spaak prônent la neutralité dans le conflit tandis que Vandervelde s'y oppose en dénonçant la menace grandissante du fascisme. À la suite de cela, il finit par démissionner du gouvernement.

Carrière académique et varia[modifier | modifier le code]

Il est professeur à l’Université libre de Bruxelles. Il collabore au Germinal, journal littéraire, artistique et social, au Mouvement social et à la Revue Rouge.

En 1913, il est nommé membre correspondant de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l'Académie royale de Belgique, puis membre titulaire en 1929 et directeur de sa Classe en 1933.

Franc-maçon, il fut membre de la Loge Les Amis philanthropes du Grand Orient de Belgique, à Bruxelles[7].

Ses archives personnelles sont consultables à la bibliothèque et au centre d'archives de l'Institut Émile Vandervelde au boulevard de l'Empereur à Bruxelles. Le réalisateur Henri Storck relate dans Le patron est mort, l'un de ses films militants, l'annonce de sa mort, ses obsèques et l'émotion de la classe ouvrière belge[8].

Il est inhumé au Cimetière de Bruxelles à Evere.

Distinctions et hommages[modifier | modifier le code]

Il est nommé ministre d'État en août 1914 par le roi Albert Ier. Un monument avec un buste à son effigie, œuvre de Dolf Ledel, a été érigé en 1933 à Anderlecht.

Son nom a été donné à une avenue à Bellaire, Woluwe-Saint-Lambert, Orp-le-Grand, Châtelet, Grâce-Hollogne, Waremme et Niel, à une rue à Anderlecht, Monceau-sur-Sambre, Fleurus, Nivelles, Mons, Liège,Wanze et Boom et à une place à Ciney, Saint-Nicolas, Waterloo et à Dour.

Il a reçu la distinction suivante :

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Institutions patronales: Exposition universelle de Paris 1889 section d'économie sociale (1889)
  • Les Associations professionnelles d'artisans et d'ouvriers en Belgique (1891)
  • L'université d'Upsal (1892)
  • L'île de l'Occident (1892) lire en ligne
  • Parasitisme organique et parasitisme social (1893)
  • Au Monténégro (1893)
  • Le collectivisme première partie (1893)
  • Le collectivisme deuxième partie (1893)
  • Histoire du socialisme et de la coopération dans le centre (1894)
  • La décadenza del capitalismo (1894)
  • Parassitismo organico e parassitismo sociale (1895)
  • Leve de commune (1895)
  • La commune de Paris : conférence faite à la maison communale de Marcinelle le 21 avril 1895 (1895)
  • Lettre collective au courrier de Bruxelles (1895)
  • L'Enquête agricole (186)
  • Vive la commune (1896)
  • Le socialisme agricole : Discours prononcé à la Chambre (1896)
  • L'Évolution industrielle et le collectivisme (1896). Réédité en 2008 sous le titre Le Collectivisme et l'évolution industrielle.
  • Les lois sociales en Belgique : Discours prononcé le 12 mars 1897 (1897) En ligne: lire en ligne
  • Le Parti Ouvrier et l'alcool (1897)
  • L'Évolution régressive: en biologie et en sociologie (1897) lire en ligne
  • La Question agraire en Belgique (1897)
  • Vers le collectivisme (1898) lire en ligne
  • Le Parti Ouvrier et la religion (1898)
  • L'influence des villes sur les campagnes: monographies locales La Hulpe (1898)
  • Vers le collectivisme (1898)
  • Parasitisme organique et parasitisme social (1898)
  • Le Socialisme en Belgique, avec Jules Destrée (1898). Paris, V. Giard & E. Brière, 2e édition, 1903 lire en ligne
  • L'Alcoolisme et le conditions du travail en Belgique (1899)
  • Le socialisme et la transformation capitaliste de l'agriculture (1899)
  • L'influence des villes sur les campagnes : la propriété foncière dans les provinces du Luxembourg, de Namur, de la Flandre Orientale et de la Flandre Occidentale; [suivi de] La propriété foncière dans les provinces d'Anvers et de Limbourg (1899)
  • La Propriété foncière en Belgique (1900) lire en ligne
  • L'alcoolisme et les conditions du travail: conférence (1900)
  • Le collectivisme et l'Évolution industrielle (1900)
  • L'Université nouvelle de Bruxelles: Institut des Hautes Études et Faculté des Sciences sociales (1900)
  • Collectivism: and industrial evolutionbied (1901)
  • Pour les Boers: les camps de reconcentration: Discours fait à la Chambre des Représentants le 10 décembre 1901 (1901)
  • Cooperazione e Socialismo (1902)
  • L'État et les charbonnages (1902)
  • Essais sur la question agraire en Belgique, Paris, Éditions du Mouvement socialiste, , 210 p. (lire en ligne)
  • L'Exode rural et le retour aux champs (1903) lire en ligne
  • Vive la Commune ! (1903) lire en ligne
  • Socialisme et suffrage universel: Conférence-type (1903)
  • De Staat en de Koolmijnen (1903)
  • Le collectivisme et l'évolution industrielle, Paris, Société nouvelle de librairie et d'édition, , 285 p. (lire en ligne)
  • La doctrine collectiviste à la Chambre (1904)
  • La tactique du Patri Ouvrier pour la bataille de mai 1904 (1904)
  • Vingt ans après! : lettre ouverte aux travailleurs belges (1905)
  • Le Socialisme et l'agriculture (1906)
  • Essais socialistes: l'alcoolisme - la religion - l'art (1906) lire en ligne
  • Le socialisme et l'agriculture : cours professé en 1906 à l'Université nouvelle de Bruxelles (1906)
  • Les Crimes de la colonisation capitaliste (1906) ; texte procuré en ligne par Wikisource : s:Les Crimes de la colonisation capitaliste
  • Le Socialisme et la Religion, Gand, SC Volksdrukkerij, (lire en ligne)
  • Le martyre des congolais: rien de changé au Congo (1907)
  • Le socialisme agraire : ou Le collectivisme et l'évolution agricole, Paris, V. Giard & E. Brière, , 487 p. (lire en ligne)
  • Les derniers jours de l'État du Congo : Journal de voyage (Juillet Octobre, 1908), Paris, Édition de la Société Nouvelle, , 198 p. (lire en ligne)
  • Prose pour Jean Prolo (1908)
  • La Grève générale (1908)
  • Impressions d'Amérique (1909)
  • Le droit de grève: cours professé à l'École des Hautes Études sociales (1909)
  • Les socialistes et les bons templiers (1910) lire en ligne
  • Les avantages de la propriété communale (1910)
  • Les dix dernières années du règne de Léopold II : 1900-1910 (1910)
  • Les socialistes dans le récent débat scolaire (1910)
  • La Belgique et le Congo : Le passé, le présent, l'avenir, Paris, Félix Alcan, , 272 p. (lire en ligne)
  • Le Socialisme contre l'État (1911)
  • L'action socialiste : lettre à la gazette de Bruxelles (1911)
  • Le Parti Ouvrier et les prochaines élection (1911)
  • Les socialistes et les bons templiers (1912)
  • Le vote plural renversé (1912)
  • La liberté syndicale: et le personnel de l'État en Belgique (1913)
  • La coopération neutre et la coopération socialiste (1913) lire en ligne
  • Ce qu'il faut lire pour devenir un militant socialiste (1913)
  • La grève générale en Belgique (avril 1913) (1914)
  • La Belgique envahie et le socialisme international, Paris, Berger-Levrault, , 234 p. (lire en ligne)
  • Stockholm 1917 : Mémoire avec Louis De Brouckère (1917)
  • Le Socialisme contre l'État, Paris, Berger-Levrault, , 176 p. (lire en ligne)
  • Trois aspects de la Révolution Russe: 7 mai- 25 juin 1917 (1918) lire en ligne
  • Dans la Mêlée (1919). lire en ligne
  • Le collectivisme: et l'Évolution industrielle (1921)
  • Les trois promesses du Bolchévisme (1921)
  • Le procès des socialistes révolutionnaires à Moscou (1922)
  • Avant le procès de Moscou : notes au jour le jour (1922)
  • Le procès de Moscou et l'internationale ouvrière socialiste (1922)
  • La nation armée: La réorgarnisation militaire - propositions de loi (1922)
  • Réalisations socialistes: Notre action d'après-guerre (1923)
  • Le livre rouge: Choix de Lectures destinées à l'enseignement populaire (1923)
  • Le suffrage des femmes : Maintenant ou plus tard? (1923)
  • La loi sur l'alcool: et ses résultats? (1924)
  • Le problème des répartitions et les socialistes (1924)
  • Les Balkans et la paix (1924)
  • Aux pays des fraises: études monographique (1924)
  • Le Parti Ouvrier belge 1885-1925: vers la souveraineté du travail (1925)
  • Le socialisme en Europe depuis dix ans (1925)
  • Jaurès et ses contemporains (1925)
  • Vers la souveraineté du travail: le cinquantenaire du Parti Ouvrier belge 1885-1925 (1925)
  • Les intellectuels et le Parti Ouvrier belge (1926)
  • La politique international de la Belgique (1928)
  • Le Marxisme a-t-il fait Faillite? (1928)
  • La psychologie du socialisme: à propos des trois livres récents Karl Kautsky, N. Boukharine et Henri de Man (1928)
  • Le Pays d'Israël (1929). lire en ligne
  • Pour l'union de tous les travailleurs: le Parti Ouvrier aux intellectuels (1929)
  • Journalisme socialiste (1929)
  • Etudes Marxistes (1929)
  • Ce qu'il s'est passé en chine depuis mon voyage en Extrême-Orient (1930)
  • À travers la révolution chinoise. Soviets et Kuomintang, Bruxelles, L'églantine, (1931). lire en ligne
  • Le néo-capitalisme et travaillisme aux États-Unis (1932)
  • L'Alternative : capitalisme d'État ou socialisme démocratique (1933). lire en ligne
  • Le cinquantenaire du Parti Ouvrier belge 1885-1935 (1936)
  • Note sur Hector Denis (1937)
  • Ce que nous avons vu en Espagne (1938)
  • Souvenir d'un militant socialiste (1939). lire en ligne

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.archiefbank.be/dlnk/AE_4473 »
  2. « http://hdl.handle.net/10622/ARCH01516 » (consulté le )
  3. « https://www.iev.be/archives_iev_que_conservons_nous » (consulté le ) : « Fonds de papiers personnels : Émile Vandervelde »
  4. Nouvelle Biographie Nationale, Émile Vandervelde, vol. 1, Bruxelles, Académie royale belge, (lire en ligne), p. 344.
  5. « La mort d'Emile Vandervelde », Le Soir,‎ , p. 3 (lire en ligne Accès limité)
  6. Pascal Delwit, La vie politique en Belgique de 1830 à nos jours, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, 2010, p. 84
  7. Nicoletta Casano, Libres et persécutés. Francs-maçons et laïques italiens en exil pendant le fascisme, Paris, Garnier, 2015, p. 142.
  8. Pionniers en Belgique par Émile Breton d'après le journal L'Humanité.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • MAILLARD Jean, Émile Vandervelde vu par Jean Maillard Quarante croquis et dessins, Paris -Bruxelles, Éditions L'égantine, 1932.
  • ABS Robert, Émile Vandervelde, Bruxelles, Éditions Labor, 1973.
  • CASANO, Nicoletta, Libres et persécutés. Francs-maçons et laïques italiens en exil pendant le fascisme, Paris, Garnier, 2015, p. 141-148 (ISBN 978-2-8124-5143-0)
  • DELWIT, Pascal, LEPAIGE, Hugues (Eds), Les socialistes et le pouvoir. Gouverner pour réformer, Bruxelles, Editions Labor, 1998.
  • DENOËL Thierry, Le nouveau dictionnaire des Belges, 2e éd. revue et augm., Bruxelles, Le Cri, 1992, p. 722.
  • POLAKSY Janet, Émile Vandervelde, le Patron, Bruxelles, Éditions Labor, 1995 (ISBN 978-2-8040-0984-7)
  • POLASKY Janet, The Democratic Socialism of Emile Vandervelde : Between Reform and Revolution, Washington, Oxford, Berg, 1995.
  • POLASKY Janet, « Vandervelde Émile », dans Nouvelle Biographie nationale, t. I, Bruxelles, 1988, p. 344-354.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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