Utilisateur:Leonard Fibonacci/Monobaze II

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Monobaze II
Titre
Rois d'Adiabène
Prédécesseur Izatès II
Successeur Izatès III
Biographie
Dynastie Monobaze d'Adiabène
Père Monobaze Ier
Mère Hélène d'Adiabène

Monobaze II ou Monobaze bar Monobaze était un roi de l'Adiabène, un royaume qui correspond à peu près au territoire du Kurdistan actuel[1], depuis la mort de son frère Izatès II vers 55[2] jusqu'à environ 68. Il était un des fils d'Hélène d'Adiabène et de Monobaze Ier[2],[3]. Comme son frère Izatès bar Monobaze (Izatès II) et sa mère Hélène, Monobaze se convertit au judaïsme dans les années 30[4]. Monobaze, toute sa famille et la reine Hélène d'Adiabène ont été l'objet d'une quasi dévotion de la part des Juifs de Palestine, pour leur aide apportée à la population, notamment au cours d'une grande famine ayant en lieu de 45 à 48 environ[4].

À l'époque de Monobaze, l'Adiabène était théoriquement vassale du royaume d'Arménie. Toutefois, en exploitant les conflits de ses trois grands « protecteurs », les rois d'Adiabène, en particulier Izatès II puis Monobaze, s'étaient construits un espace largement autonome.

La date et les circonstances de la mort de Monobaze sont inconnues.

Le nom « Monobaze »[modifier | modifier le code]

Dans la dynastie Monobaze d'Adiabène deux rois portent le nom Μονόβαζος, le mari de la reine Hélène d'Adiabène, Monobaze Ier[5], dont le règne se termine vers les années 30 et Monobaze II, qui succède à son frère Izatès II[5]. Flavius Josèphe mentionne aussi un certain Monobaze, parent du roi Monobaze II qui s'est conduit héroïquement avec d'autres au cours d'une des toutes premières batailles contre les Romains lors de la Grande révolte juive[5] en 66. Le nom Μονόβαζος quoique rendu en grec par Flavius Josèphe et d'autres auteurs antiques et attesté dans la littérature rabbinique sous la forme Munbaz[5], est rendu sous la forme Manaḇaz dans des inscriptions d'Assur[5] qui sont justement situées dans la région qui est le cœur historique de l'Adiabène. Son parallèle le plus proche est le mot arménien Manavaz[6],[5].

Il y a consensus pour dire que ce nom est formé de deux parties Μονό et βαζος. Marquart comprend ce nom comme "Manu-bazu" et le compare à Τειριβαζος (Tiri-bazu)[7], nom du satrape arménien que Xenophon donne dans sa forme latinisée (Tiribazus). Τειριβαζος (Tiri-bazu) peut être comparé avec Tiri-date, nom de plusieurs rois d'Arménie et de l'empire Parthe de la période. « Un composé grammaticalement parallèle peut être trouvé dans les papyrus d'Avroman: Δηνοβαζος (Dénobazos), qui est interprété comme une adaptation grecque de l'iranien Dainā-Vāzah (et Daēnāuuāzah)[8],[9]. » Dans l'espace Perse, un nombre important de rois, satrapes, dynastes, ou nobles ont des noms qui se terminent par "baze" ou "vazde" qui se prononcent quasiment pareil puisqu'en grec le "béta" (β) se prononce comme le "v" latin. Les noms se terminant en Baze ou vazde sont connus au moins à partir du VIe siècle av. J.-C. chez des satrapes Achéménides en Phrygie hellépontique[10]. A partir de la période Parthe (IIe siècle av. J.-C. - 220), un grand nombre de monarques s'appellent Artavasdes en Médie-Atropatène[11], en Arménie[12] et en Characène[13].

Victor Langlois retrouve dans le premier terme de "Manu-bazu", l'appellation Ma'nu (Maanou) portée par de nombreux rois d'Édesse , ainsi que par Ma'nu Saphul roi à Nisibe jusqu'à environ 10 - 4 av. J.-C. et père du roi Abgar V[14] qui règne jusqu'à environ 50 de notre ère. La dynastie des rois d'Edesse était d'origina arabe. Dans l'onomastique parthe il est classique « que les membres d'une même famille portent des noms composés ayant un radical commun (par exemple Aramaniak et Aramayis ; Artachês et Artavazd)[15]. » Les deux dynasties étaient liées par mariages et les actions et prises de positions d'Abgar V et de Monobaze II sont étroitement liées. De plus, Abgar V est réputé s'être converti à une forme de Judaïsme tout comme la dynastie Monobaze d'Adiabène dans la même période. Selon les sources chrétiennes, Abgar V se serait converti au mouvement créé par Jésus, alors que les sources juives ne précisent pas à quelle tendance du judaïsme il appartenait.

Selon les sources antiques les Abgar et Ma'nu d'Edesse étaient des arabes, toutefois, le nom Monobazos, bien que rapporté en grec et attesté à la fois dans la littérature rabbinique et dans les inscriptions d'Assur, est considéré par Marciak « comme d'origine iranienne[5], » mais il précise que « son étymologie n'est pas tout à fait claire, et diverses suggestions ont été avancées[16]. » Il a donc « été suggéré que ce nom dérive des mots iraniens mana et vazdah, signifiant respectivement le nom propre du dieu (Vohu) Manah et la permanence[5]. »

Chagiras, fils de Nabataios[modifier | modifier le code]

« Le seul Adiabénien non royal mentionné par Josèphe dans ses écrits est Chagiras, fils de Nabataios. Cet Adiabénien présente des formes d'identification personnelle très intéressantes, formellement assez typiques de l'onomastique juive de cette époque[17]. Premièrement, il est identifié par la mention de son identité familiale, à savoir celle de son père qui s'appelle Ναβαταίος. Ναβαταίος est lié au נכרךת (?) biblique de Genèse 25:13 où il est utilisé pour le fils premier-né d'Ismaël. De plus, un certain aqyba, fils de tyybn ou ytyybn (caractères hébreux), est rappelé dans la littérature rabbinique et selon Güdemann[18], peut être identifié à Chagiras, fils de Ναβαταίος de la Guerre des Juifs (5: 474) puisque les deux sont loués pour le même genre d'exploit pendant le siège de Jérusalem. Ilan soutient que le nom «indique probablement la provenance ethnique arabe»[19]. En outre, il est également nommé Cageiraj (en grec) (ainsi dans l'édition MSS et Ilan, d'autres lectures incluent Agiraj et Aghraj[20] 'en grec)). Ce nom tel qu'il est enregistré est inconnu parmi les noms grecs, mais, bien sûr, le texte dit entre les lignes qu'il ne s'agit que d'une transcription signifiant boiteux (cwloj). En effet, boiteux en araméen traduit rgx (caractères hébreux), et de même dans d’autres langues sémitiques - l’amoraïque argx[21], l’arabe r’gx[22], le nabatéen wrygx[23], le palmyran rwgx[24]. Le cas de Chagiras est très instructif, en ce qu'il s'oppose à des étiquettes simples basées sur des distinctions nettes entre ce qui est indigène et ce qui est de l'extérieur et, par conséquent, étranger. Chagiras est considéré comme juif, mais est également qualifié d'Adiabénien, et son père porte un nom d'origine arabe[25]. » De plus selon Théodore Reynach, Chagiras signifie "boiteux" en arménien. (=>Juif, fils de Nabatai, arabe (+Nabatéen ?), arménien, Adiabène)

Biographie[modifier | modifier le code]

Régent du royaume d'Adiabène[modifier | modifier le code]

Carte de la région, avant le partage du royaume d'Hérode (4 av. J.-C.).
* 7) Adiabène ;
* 8) Atropatène ;
* 9) Characène, Mésène ;
* 10) Élymaïde ;
* 2) Royaume d'Hérode ;
* 3) Royaume dIturée » ;
* 4) Royaume de Chacis ;
* 6) Commagène

À la mort de son père Monobaze Ier, il aida sa mère Hélène à gérer une transition difficile au cours de laquelle ils parvinrent à ce que son frère Izatès soit reconnu comme successeur légitime, tout en sauvant sa vie ainsi que celle de ses autres frères[4]. Izatès vivait alors dans le pays de Carrhes, qui lui avait été donné par son père. Les grands du royaume d'Adiabène acceptèrent qu'Izatés succède à son père, mais demandèrent à la reine Hélène d'Adiabène que ses autres fils soient exécutés. C'était en effet une pratique courante dans la région pour éviter les guerres pouvant résulter de conflits dynastiques entre frères[4]. Hélène parvint à sauver la vie de ses autres fils en temporisant, mais fut contrainte toutefois de mettre ses fils en prison comme ceux des autres épouses de Monobaze Ier. Elle obtint toutefois que la mise à mort ne puisse être décidée que par Izatès, lorsque celui-ci serait rentré. Elle obtint aussi de pouvoir « établir provisoirement comme régent du royaume » Monobaze, son fils aîné[4],[26]. Monobaze a donc été régent du royaume pour le compte de son frère Izatès II pendant une courte période pour la plus grande satisfaction de celui-ci[4].

« Quand Izatès eut pris la royauté et qu'arrivant en Adiabène il vit ses frères et ses autres parents enchaînés, il fut mécontent de ce qui était arrivé. Regardant comme impie de les tuer ou de les garder enchaînés, mais jugeant dangereux de les laisser libres auprès de lui alors qu'ils se souviendraient des offenses reçues, il envoya les uns comme otages à Rome près de l'empereur Claude avec leurs enfants et il expédia les autres sous un prétexte analogue chez Artabane le Parthe[27]. »

Cette mesure ne semble avoir concerné que les fils des autres femmes de Monobaze Ier ; en effet la présence des fils d'Hélène (donc frères d'Izatès) est mentionnée plusieurs fois dans le Talmud. Ce dernier texte s'étend particulièrement les présents de Monobaze faits au Temple de Jérusalem[28] ainsi que l'aide fournie par celui-ci au temps de la grande famine de 46-48. Flavius Josèphe mentionne qu'Hélène et ses fils possédaient un palais à Jérusalem[4]. Les ruines de celui-ci sont censées avoir été découvertes en 2007. D'après Flavius Josèphe, le roi Monobaze possédait aussi à Jérusalem, un palais personnel, situé pas très loin de celui construit par sa mère[4]. Hélène et ses fils semblent avoir eu, au moins, une autre résidence dans la région Palestine à Lod (Lydda).

Conversion au judaïsme[modifier | modifier le code]

Monobaze s'est converti au judaïsme sous le règne de son frère Izatès II. À ce moment, le roi d'Adiabène et sa mère Hélène s'étaient déjà convertis[29],[2].

« Le frère d'Izatès, Monobaze, et ses parents, voyant que la piété du roi envers Dieu l'avait rendu un objet d'envie pour tous les hommes eurent eux aussi le désir d'abandonner leur religion nationale pour embrasser celle des Juifs[30]. »

Quand plusieurs parents du roi Izatès II, dont son frère Monobaze, ont ouvertement reconnu leur conversion au judaïsme, quelques nobles d'Adiabène ont alors conspiré pour le destituer. Ils paient notamment Abia, un roi arabe, puis après son échec Vologèse Ier, roi des Parthes, pour que ceux-ci fassent la guerre au roi Izatès II. Celui-ci sort victorieux de chacune des confrontations. Le Talmud indique qu'Hélène d'Adiabène avait sept fils, tous convertis au judaïsme et résidant souvent dans la province de Judée[4].

Bienfaiteur du peuple juif[modifier | modifier le code]

À partir de l'accession d'Izatès II au trône, Hélène et ses fils semblent avoir passé une bonne partie de leur vie en Judée[4]. Flavius Josèphe mentionne qu'Hélène possédait un palais à Jérusalem[4]. Il semble que la famille avait aussi un palais fortifié (« avec une tour ») en Galilée dans le bourg de Migdal près de Tarychée. Flavius Josèphe ne donne malheureusement pas le détail des noms des fils et parents présents avec la reine Hélène dans aucun des épisodes où elle apparaît. Le Talmud fait aussi référence à elle et à ses fils dans la ville de Lod (Lydda), où la famille pourrait aussi avoir eu une résidence.

Les Juifs de Judée et de Galilée semblent avoir voué une quasi dévotion à « la précieuse princesse Hélène », en dépit des aspects de sa personnalité, difficile à accepter pour un Juif du Ier siècle[4] (mariage avec son frère et probablement un fils né d'une relation hors mariage).

Hélène et ses fils sont célèbres pour leur générosité et le soutien qu'ils apportèrent en toutes circonstances au peuple juif de Judée et de Galilée. Lors d'une famine à Jérusalem, Hélène envoya des navires pour chercher du blé ou d'autres céréales à Alexandrie et chercher des figues sèches à Chypre et les fit distribuer aux victimes de la famine[4],[31],[29]. Dans le Talmud, cette action est mise au crédit de Monbaz, sans plus de précision[29],[32]. Cette référence à Monbaz est parfois considérée comme désignant non pas le monarque mais la dynastie[29],[33] et donc les deux souverains et leurs enfants[N 1]. En effet, ce sont tous les parents et alliés de la dynastie Monobaze qui semblent avoir été mobilisés pour faire face à cette famine. Izatès envoya une grosse somme d'argent et Abgar V (dit "le Noir") roi d'Osroène (cap. Edesse), qui était probablement un parent des Monobaze semble avoir fait de même.

Cette grande famine a eu lieu alors que Tibère Alexandre était procurateur de Judée, donc vers 46-48[34].

« À Fadus succéda Tiberius Alexander (le neveu de Philon d'Alexandrie), fils d'Alexander, l'ancien alabarque d'Alexandrie [...] C'est sous ce dernier qu'arriva en Judée la grande disette où la reine Hélène acheta à grand prix de blé en Égypte pour le répartir aux indigents, ainsi que je l'ai dit plus haut[35]. »

Monobaze, prosélyte juif en Judée et Galilée[modifier | modifier le code]

Le Talmud parle aussi d'importants cadeaux dont la reine Hélène a fait don au Temple de Jérusalem[36],[37],[29]. Elle avait entre autres fait don d'une plaque d'or sur lequel était écrit le passage du Pentateuque[38] (Torah) que le grand prêtre doit lire quand une femme soupçonnée d'infidélité a été introduite devant lui[39],[29]. Le choix de cette inscription ainsi que d'autres détails font penser à plusieurs historiens qu'elle aurait donné naissance à un de ses fils dans une liaison hors mariage[N 2].

D'autres dons au Temple de Jérusalem sont attribués à Monobaze II :

« Le roi Monobaze avait toutes les poignées de toutes les vaisselles utilisés le jour de Yom Kippour en or... Il a également fait à base d'or tous les composants de la vaisselle, la base des assiettes, les poignées des couverts, et les manches des couteaux[40]. »

Rabbi Juda dit : « La Soucca [érigée pour la Fête des Tabernacles] de la reine Hélène de Lydda était plus haute que vingt aunes. Les rabbins l'utilisaient pour entrer et sortir et ne firent aucune remarque à ce sujet[41],[29]. »

Monobaze se trouvait probablement sous cette très grande « Soucca » en compagnie de sa mère et de ses autres frères.

Le Talmud rapporte que Monobaze a « dépensé tous ses propres trésors et les trésors de ses pères, dans les années de disette. Ses pairs et les co-héritiers des biens de son père vinrent le voir en délégation et lui dirent : “Ton père a économisé de l'argent et l'a ajouté aux trésors de ses pères, et tu es en train de les dilapider”. Il répondit :

“Mon père a économisé pour ici-bas et je suis en train d'économiser pour là-haut...
Mon père a économisé dans un endroit qui peut être corrompu, mais j'ai conservé dans un endroit qui ne peut être altéré...
Mes pères ont réuni des trésors d'argent et moi j'ai recueilli les trésors de l'âme...”[42] »

Pour Ernest Renan, les Talmud (de Babylone et de Palestine) prêtent « à l'un des Monobaze quelques maximes qui rappellent tout à fait l'évangile[43]. »

Accession au trône[modifier | modifier le code]

Le sarcophage d'Hélène d'Adiabène.

Selon Heinrich Graetz, Izatès II mourut vers 55, à l'âge de 55 ans[4].

« Un peu plus tard Izatès mourut, après avoir achevé sa cinquante-cinquième année et après vingt-quatre ans de règne (v. 34–58), laissant vingt-quatre fils et vingt-quatre filles. La succession au trône devait revenir selon ses ordres à son frère Monobaze, en récompense de la fidélité avec laquelle il lui avait conservé son pouvoir en son absence, après la mort de leur père[44],[2]. »

Hélène ne survécut que peu de temps à son fils Izatès. Monobaze II envoie alors les restes d'Izatès et ceux de la reine Hélène à Jérusalem[45] pour qu'ils soient enterrés dans la tombe pyramidale qu'Hélène avait construite sa vie durant[29].

« Monobaze envoya [les] os [d'Hélène] et ceux de son frère à Jérusalem et les fit ensevelir dans les trois pyramides que sa mère avait fait construire à trois stades de la ville[44]. »

Ces catacombes sont désormais appelées le Tombeau des Rois. Ce tombeau, bien que situé à Jérusalem, appartient à la France[N 3].

Tigrane VI d'Arménie attaque l'Adiabène[modifier | modifier le code]

Le roi d'Arménie Tigrane VI attaque l'Adiabène, théoriquement vassale de l'Arménie, en 61. Monobaze II le roi d'Adiabène obtient le soutien des Parthes pour attaquer Tigranocerte (62). En échange de la levée du siège, Corbulon (légat romain) et Vologèse Ier (roi Parthe), s'engagent à retirer leurs troupes d'Arménie et Néron recevra l'hommage de Tiridate par la suite. Toutefois cet accord n'est pas accepté par l'empereur qui envoie Paetius avec l'ordre de reprendre la guerre. Paetius ravage le territoire arménien, mais au moment de la retraite, il se laisse enfermer dans Rhandeia (62). La situation devient rapidement intenable et Paetius capitule, malgré l'avance des forces de Corbulon.

Le roi parthe Vologèse Ier est furieux car son frère Tiridate Ier d'Arménie a été évincé du trône arménien qu'il considère comme un État vassal de l'Empire parthe, alors que les Romains revendiquent cette suzeraineté depuis Tigrane II. Avec l'aide des rois de Cappadoce, de Sophène, d'Émèse et d'Arménie Mineure (Nicopolis et Satala), le général romain Corbulon est parvenu à installer sur le trône du royaume d'Arménie, le candidat des Romains Tigrane VI. Mais Vologèse hésite à restaurer son frère alors qu'il est engagé dans un conflit avec des Hyrcaniens en révolte[46]. L'occasion va lui être donnée par Tigrane qui, en 61 envahit le nord de l'Adiabène. Son roi Monobaze II, théoriquement vassal de l'Arménie, mais en fait indépendant[47], demande le concours des Parthes pour se venger. Vologèse considère cet acte comme une agression romaine et lance une campagne visant à restaurer Tiridate sur le trône arménien. Il place sous le commandement de Monesès ou de Monobaze une force bien disciplinée de cataphractaires ainsi que des auxiliaires adiabènes, avec pour mission de chasser Tigrane d'Arménie. En ayant été informé, Corbulo envoie deux légions sous le commandement de Verulanus Severus et de Vettius Bolanus prêter main-forte à Tigrane. Il envoie également un message à Néron, l'enjoignant d'envoyer un second commandant pour défendre l'Arménie, considérant que la Syrie est à présent tout autant en danger. Corbulo dispose le reste des légions sur les rives de l'Euphrate et arme des troupes irrégulières dans les provinces adjacentes. Voyant que les forces partho-adiabéniennes piétinent devant les murs de Tigranocerte, Corbulon tente sa chance : il envoie un centurion du nom de Casperius au camp de Vologèse à Nisibe, à 60 km au sud de Tigranocerte, avec pour mission de demander la levée du siège. En raison d'une récente tempête de sauterelles et du manque de fourrage de ses chevaux, Vologèse accepte mais fixe ses exigences pour qu'une paix durable soit instaurée[46].

Rome décline l'offre de Vologèse Ier qui en échange de la paix demandait que les troupes romaines et parthes soient retirées, que Tigrane soit détrôné et que son frère cadet, Tiridate soit reconnu roi. Néron envoie Lucius Caesennius Paetus, gouverneur de Cappadoce, placer l'Arménie sous administration directe de Rome[48],[49],[50]. Paetus se révèle toutefois piètre commandant et essuie une défaite humiliante lors de la bataille de Rhandeia en 62[51].

La bataille de Rhandeia[modifier | modifier le code]

Rome ordonne à Lucius Caesennius Paetus d'attaquer les Parthes, celui-ci traverse l'Euphrate et passe en Arménie avec la XII Fulminata commandée par Calvisius Sabinus et la IIII Scythica commandée par Funisulanus Vettonianus, ainsi qu'avec une vexillation de la légion V Macédonica. Il y effectue quelques ravages, mais lors de son retour, le légat de Cappadoce est encerclé dans la ville de Rhandeia, avec ses deux légions qui seront quasiment anéanties. La situation semble très difficile pour Paetus, car les archers sont en mesure de cibler la partie intérieure de la cité, tandis que la présence des cataphractaires ennemis empêche toute sortie. Corbulon, conscient du danger ne se met pas en route immédiatement au point d'être critiqué de le faire intentionnellement[52]. Quand l'appel au secours arrive, il part avec la moitié de ses troupes syriennes et regroupe sur son chemin les troupes dispersées de Paetus en train de fuir. Mais il ne peut empêcher la capitulation de Paetus[53]. Le traité qu'il signe est humiliant pour Rome qui doit abandonner tout le territoire et ses troupes sont forcées de faire un triomphe au roi parthe Vologèse Ier[54].

Les deux forces romaines se rejoignent sur les rives de l'Euphrate, près de Mélitène, au milieu des accusations réciproques[55]. Corbulon refuse de relancer une campagne en Arménie expliquant qu'il n'en a pas le mandat et que l'armée est en trop mauvaise condition. Lucius Caesennius Paetus retourne alors en Cappadoce.

Reprise de la guerre[modifier | modifier le code]

Rome, en fait, ne semblait pas au courant des événements. Tacite note avec aigreur que par décret du Sénat « des trophées pour la guerre parthe et des arches [ont été] dressés sur le Capitole[56] ». Quelles qu'aient été les illusions des dirigeants romains, elles furent dissipées par l'arrivée de la délégation parthe au printemps 63. Leurs requêtes ainsi que les déclarations de l'escorte romaine firent comprendre à Néron et au Sénat ce que Paetus avait caché dans ses rapports et donc l'ampleur du désastre. C'est ainsi que Néron apprend qu'il n'y a plus de troupe romaine en Arménie[57].

Les Romains décidèrent qu'il valait mieux « accepter une guerre dangereuse qu'une paix humiliante »; Paetus fut rappelé et le commandement des troupes fut alors à nouveau confié à Corbulon. Il prenait la tête de la campagne d'Arménie, avec « extraordinaire imperium » qui le plaçait au-dessus de tous les autres gouverneurs et clients en Orient. Son poste de gouverneur de Syrie fut transmis à Gaius Cestius Gallus[57].

Corbulo réorganisa ses forces, renvoyant les troupes défaites et humiliées de la IV Scythica et de la XII Fulminata en Syrie, laissant la X Fretensis en garnison en Cappadoce, et prenant la tête des légions de vétérans III Gallica et VI Ferrata à Melitene, où l'armée d'invasion devait se rassembler. Il y ajouta la V Macedonica, qui avait hiverné au Pont sans être touchée par la défaite, et les troupes fraîches de la XV Apollinaris, ainsi qu'un grand nombre d'auxiliaires et contingents des clients[58]. En 63, à la tête de cette armée puissante, il traverse l'Euphrate et suit la route ouverte cent ans auparavant par Lucullus. Il fait entrer une forte armée en Mélitène et par-delà en Arménie, éliminant tous les gouverneurs régionaux soupçonnés d'être pro-parthes. Toutefois, les deux Arsacides, Tiridate et Vologèse refusèrent le choc frontal, de sorte qu'aucune décision ne put être obtenue par cette campagne. Les armées arsacides sont intactes.

La rencontre de Rhandeia[modifier | modifier le code]

Statue de Tiridate Ier d’Arménie par André, dans les jardins du château de Versailles (rampe nord).

Corbulon et Tiridate se rencontrent enfin à Rhandeia et commencent des pourparlers de paix. À son arrivée au camp romain, Tiridate retire son diadème royal et le dépose sur le sol, à proximité d'une statue de Néron, acceptant de ne le reprendre que de la main de l'empereur à Rome[59], à la demande même des Romains[51]. Tiridate est reconnu roi vassal d'Arménie, une garnison romaine s'installe de manière permanente en Sophène, et Rome aidera à la reconstruction d'Artaxata. Cependant, même si les deux armées quittaient l'Arménie, elle restaient de facto sous contrôle Parthe[60]. Corbulon charge son beau-fils Annius Vinicianus d'accompagner Tiridate à Rome et de témoigner de sa propre fidélité envers Néron[48]

La paix est conclue à Rhandeia entre les Parthes et l'Empire romain en l'an 63[45],[61], avec pour garant le roi Monobaze II d'Adiabène. Elle accordait que l'Arsacide Tiridate, frère cadet du roi parthe Vologèse Ier, resterait sur le trône arménien, mais comme client des Romains[62]. Ses successeurs seront des princes parthes, mais leur accession au trône devra recevoir l’assentiment de Rome, faisant d’eux des vassaux à la fois des Romains et des Parthes[63].

Le voyage de Tiridate vers Rome[modifier | modifier le code]

Pour matérialiser cette vassalité un peu théorique, le nouveau roi d'Arménie Tiridate traverse l'Empire romain de l'Euphrate jusqu'à Rome pour y être couronné par Néron (en 66), « amenant comme otages trois de ses neveux ainsi que les enfants de son vassal Monobaze d'Adiabène[62],[64]. » Il est escorté par Tiberius Julius Alexander (le neveu de Philon d'Alexandrie) et par le gendre de Corbulon, Annius Vinicianus. Durant son long voyage pour la Ville éternelle, il est accompagné par sa famille et une imposante suite, comprenant de nombreux vassaux et 3 000 cavaliers. Sa route passe par la Thrace, l'Illyrie, sur les côtes orientales de la mer Adriatique, et le Picenum, au Nord-Est de l'Italie. Le voyage dure neuf mois, Tiridate l'effectuant à cheval, ses enfants et la reine à ses côtés[65] ; les autres enfants de Vologèse, Monobaze and Pacorus, l'accompagnent également[66]. Fait notable, le voyage ne peut être maritime en raison des interdits liés à la fonction de mage de Tiridate[51]. Dion Cassius raconte :

« Tiridate vint à Rome, amenant avec lui non seulement ses enfants, mais aussi ceux de Vologèse, de Pacorus et de Monobaze ; leur marche à travers tout le pays depuis l'Euphrate fut une sorte de marche triomphale[67]. »

Plusieurs sources romaines contemporaines indiquent que pour la population romaine, Néron a cédé de facto l'Arménie aux Parthes[68].

Le séjour de Tiridate à Rome est resplendissant, Néron fait donner des jeux à Puteolis (Pouzzoles), en l'honneur de son invité[51]. L'empereur accueille Tiridate à Neapolis (Naples) en octobre, lui envoyant un char officiel pour les derniers kilomètres. Reflétant les sources de l'époque, Dion Cassius vante la « figure remarquable en raison de sa jeunesse, de sa beauté, de son ascendance, et de son intelligence[66] » de Tiridate, ainsi que sa force et son habileté au tir à l'arc.

Vassalité à l'Arménie réaffirmée à Rhandeia[modifier | modifier le code]

Des sources juives et arméniennes ainsi que Plutarque et Tacite racontent que vers 59, le général romain Corbulon laissa ses lieutenants et Tigrane VI poursuivre les bandes armées de Tiridate en Adiabène[69] et Atropatène[70]. Pour René Grousset, cette expédition pourrait avoir été accordée à Tigrane pour compenser les cessions territoriales que Rome avait accordées à plusieurs rois clients, au détriment du territoire arménien. En effet pour les récompenser de leur soutien, à l'installation de Tigrane sur le trône arménien, Rome agrandit les territoires de Pharasman Ier d'Ibérie, Polémon II du Pont, Aristobule roi d'Arménie mineure, Sohaemus roi de Sophène et Antiochos IV Épiphane de Commagène par la cession de cantons-frontières arméniens[62]. Monobaze se tourne alors vers le roi des Parthes Vologèse Ier qui prend prétexte de l'incursion, pour intervenir et rétablir sur le trône d'Arménie son frère Tiridate[69],[62]. Il accorde dans un premier temps une armée à Monobaze que celui-ci joint à ses forces pour pénétrer en territoire arménien[69]. Les troupes de Monobaze et Tiridate sont cependant repoussées lors de la bataille de Tigranocerte[69],[45] (vers 61)[45]. L'année suivante, Monobaze et son armée se trouvent aux côtés de Vologèse Ier et pénètrent profondément en Arménie, une campagne qui se termine par la victoire parthe de Rhandeia. « Le gouverneur romain de la Cappadoce, se laisse battre par les Parthes près de Rhandeia sur l'Arsanias (Mourad-sou ou Murat Nehri). Assiégé dans cette place, il dut y signer une capitulation aux termes de laquelle l'armée romaine évacuerait l'Arménie (62)[62]. »

Monobaze était aussi présent lorsque la paix a été conclue à Rhandeia entre les Parthes et l'Empire romain en l'an 63[45],[71]. Ce traité accordait que l'Arsacide Tiridate resterait sur le trône arménien, mais comme client des Romains[62]. Par ce traité, la vassalité de l'Adiabène au royaume d'Arménie était réaffirmée, une situation qui de fait laissait à l'Adiabène le maximum d'autonomie. En 66, Tiridate se rendit à Rome pour y être couronné par Néron, « amenant comme otages trois de ses neveux ainsi que les enfants de son vassal Monobaze d'Adiabène[62]. » Dion Cassius raconte :

« Tiridate vint à Rome, amenant avec lui non seulement ses enfants, mais aussi ceux de Vologèse, de Pacorus et de Monobaze ; leur marche à travers tout le pays depuis l'Euphrate fut une sorte de marche triomphale. »

— Dion Cassius, Histoire Romaine, Livre LXIII, 1.

Vers 71-72, Vologèse Ier sera empêché d'attaquer son ancien vassal d'Adiabène[45] par une suite d'invasions des nomades venus de l'Est (Daces et Scythes).

Règne et soutien aux révoltés juifs[modifier | modifier le code]

Alors que l'on dispose de beaucoup d'éléments fournis essentiellement par Flavius Josèphe sur les autres périodes de sa vie, on connaît très peu des événements de son règne. Ce vide qui concerne aussi la date et les circonstances de sa mort est évoqué au titre suivant.

Au détour d'une phrase, on retrouve tout de même bien dans la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe le soutien actif de Monobaze II à la révolte juive. Celui-ci semble avoir envoyé deux généraux et probablement des troupes en Palestine et participait probablement aux opérations. On est en octobre 66, au début de la guerre. Cestius Gallus le légat romain de Syrie s'avance avec la XIIe légion Fulminata pour tenter de reprendre Jérusalem d'où les Romains viennent d'être chassés. Alors que son armée campe à « Gabaô, à cinquante stades de Jérusalem », la population de Jérusalem s'arme et se précipite à sa rencontre appuyée par des détachements des différents généraux et chefs de la révolte. Les Juifs obtiennent une victoire incontestable et font 500 morts chez les Romains, qui doivent d'ailleurs par la suite se replier. Flavius Josèphe indique alors :

« Ceux qui dans leurs rangs montrèrent le plus de bravoure furent Monobazos et Kénédéos, parents de Monobazos roi d'Adiabène[72],[45], puis Niger de la Pérée et Silas le Babylonien[N 4], transfuge de l’armée du roi Agrippa. Les Juifs, repoussés de front, se replièrent vers la ville mais sur les derrières de l'armée, Simon Bargioras tomba sur l'arrière-garde romaine qui montait encore vers Béthoron (Beït-Horon), en dispersa une bonne partie[N 5] et enleva nombre de bêtes de somme qu'il emmena à Jérusalem[73],[45]. »

Cette victoire change la révolte en guerre d’indépendance à laquelle se rallient les autorités traditionnelles : Grands-prêtres, leaders pharisiens et sadducéens viennent rejoindre les zélotes, les sicaires et les forces du roi Monobaze II d'Adiabène.

La tactique utilisée par les forces combinées des défenseurs de Jérusalem et de Simon Bargiora est le même stratagème, au même endroit que celui dont fit usage Judas Maccabée, chef de la Révolte des Maccabées quelque 232 années auparavant. En effet, l’une des plus célèbres batailles qui eut lieu à Beït-Horon fut celle qui opposa Judas Maccabée à Ceïron, général de l’armée séleucide (Premier livre des Macchabées 3/24 [74]). C’est également à cet endroit que six ans plus tard, le même Judas Maccabée vainc et tue le général grec Nicanor[75]. Cela montre que les forces du roi d'Adiabène, du Babylonien Sylas et de Simon s'étaient très fortement concertées ou obéissaient à un commandement unique. Le fait que cette victoire découle de la même manœuvre décrite dans le premier livre des Macchabées 3/24[76] a probablement été considéré par la population de la région comme un signe divin en faveur de la révolte.

Pour la Jewish Encyclopedia, « il semble n'y avoir aucun doute qu'il y eut un certain nombre de Juifs originaire d'Adiabène à Jérusalem, qui appartenaient probablement à la maison princière[45]. »

La famille Monobaze pendant la révolte juive[modifier | modifier le code]

Malgré le faible nombre de sources qui ont été conservées, on peut toutefois raisonnablement déduire qu'un nombre non-négligeable de la famille Monobaze d'Adiabène asoutenu les révoltés pendant la révolte juive. C'est ce que suggère la très forte coordination des forces du roi Monobaze avec celles de Simon Bargiora et de « Silas le Babylonien, transfuge de l’armée du roi Agrippa », lors de la bataille de Beït-Horon.

Ceux que Flavius Josèphe appelle les Babyloniens et auxquels Silas appartient sont des Juifs de Batanée qui étaient les alliés des zélotes dont l'origine et le centre du mouvement est situé à Gamala. Les familles des combattants de ces « Babyloniens » se réfugient d'ailleurs pendant une bonne partie de la guerre dans cette forteresse de Gamala.

Jean de Gischala, donné comme chef des zélotes par Flavius Josèphe après la mort de Menahem, habitait aussi dans l'un des palais de la famille Monobaze, chez la [princesse] Grapté. Il y avait d'ailleurs entreposé son trésor de guerre. On lit dans la Guerre des Juifs :

« Les Iduméens en vinrent aux mains, tuèrent beaucoup de zélateurs et repoussèrent le reste dans le palais qu'avait construit [la princesse] Grapté, parente d'Izatès (Izatès III, le successeur de Monobaze), roi des Adiabéniens. Les Iduméens se ruent à l'assaut de cet édifice, en chassent les zélateurs qu'ils refoulent dans le Temple et se mettent à piller le trésor de Jean (Jean de Gischala). Celui-ci habitait, en effet, ce palais et y avait déposé le butin de la tyrannie[77]. »

Dans le Seder Olam Zuta, une chronique datée du premier quart du VIe siècle (ainsi probablement que dans le Seder 'Olam Rabbah et le Seder 'Olam de-Rabbanan Sabura'e)[N 6], Monobaze est le dernier roi des Juifs régnant au moment de la chute du Temple[78]. Cela montre qu'au moins pour certains courants juifs, Monobaze a été considéré comme le roi des Juifs pendant la révolte[N 7].

Les fils et les frères du roi Izatès[modifier | modifier le code]

Alors que Flavius Josèphe relate avec une assez grande précision les actions de cette famille, la mort de Monobaze II n'est pas relatée. Pourtant, il semble bien que celui-ci soit mort dans la période couverte par son livre, la Guerre des Juifs.

En 70, la plus grande partie de la ville de Jérusalem est déjà aux mains des Romains, mais les zélotes résistent toujours, barricadés dans le Temple. Flavius Josèphe décrit comment les Romains incendient une partie de la ville, dont le Palais d'Hélène, puis il poursuit :

« Ce jour-là, les fils et les frères du roi Izatès, auxquels s'étaient joints un grand nombre de citoyens distingués, supplièrent César (Titus) d'accepter leur soumission. Le prince, malgré son irritation contre tous les survivants, obéit à ses sentiments naturels et accueillit ces hommes. Il les fit tous mettre sous bonne garde ; plus tard, il fit aussi enchaîner les fils et les parents du roi et les conduisit à Rome pour servir d'otages[79],[45]. »

Or Izatès II est mort depuis 58, ce ne peut donc être lui et on ne connaît pas la date de la mort de Monobaze II. On constate seulement que lors de la relation d'événements se déroulant en octobre 66, Flavius Josèphe parle de lui comme d'un personnage vivant. Monobaze II est donc probablement mort entre 66 et 69[N 8].

Un autre élément laisse penser que la relation de la mort de Monobaze manque au récit de Flavius Josèphe, c'est qu'il annonce à deux reprises dans le livre XX des Antiquités judaïques, qu'il parlera plus loin de ce que le roi Monobaze fit pendant sa vie[80]. Dans un autre passage, il annonce aussi qu'il parlera « de tout ce que les rois [d'Adiabène] ont fait de bien à la ville » de Jérusalem[81]. Or ces développements annoncés sont introuvables, il en est de même de trois autres annonces faites dans ce même livre XX. Cela a fait penser qu'initialement les Antiquités judaïques ne s'arrêtaient pas au livre XX et que la Grande révolte y était relatée.

Sépulture[modifier | modifier le code]

Il est probable que Monobaze II ait été enterré dans le même tombeau que celui où reposait sa mère Hélène d'Adiabène et son frère Izatès II.

« Le troisième mur avait pour origine la tour Hippicos ; de là il continuait vers le nord jusqu'à la tour Psephina, descendait en face de la sépulture d'Hélène, reine des Adiabéniens et fille mère du roi Izatas (Ἰζάτου)[82]. »

Palais de Jérusalem[modifier | modifier le code]

Lors de la Grande révolte, les Monobaze possédaient au moins trois palais à Jérusalem[4]. Celui de la reine Hélène (morte vers 55) était le plus prestigieux et a probablement été découvert par l'archéologue Doron Ben-Ami lors de fouilles dans le quartier arabe de Jérusalem en 2007[83]. Ce palais était un ensemble monumental situé juste au sud du Mont du Temple[84] (appelé aussi esplanade des Mosquées) et a été détruit par les Romains lors de la prise de Jérusalem, en 70 de notre ère, quelques jours avant la destruction du Temple. Les ruines du Palais contenaient des pièces de monnaie datables, des vases de pierre et des poteries ainsi que des vestiges de fresques antiques. Le sous-sol renfermait aussi un Mikveh[85]. Monobaze possédait aussi son propre palais indépendant de celui d'Hélène[4],[86]. Un troisième palais situé dans le quartier de l’Ophel, appartenait à la princesse Grapté qui selon Heinrich Graetz aurait été la petite-fille de la reine Hélène[4]. Pendant la Grande révolte (66-70), ce palais était la résidence de Jean de Gischala, le chef des zélotes, il y avait aussi entreposé son trésor de guerre[87].

Palais de la reine Hélène[modifier | modifier le code]

La reconstitution du palais d'Hélène d'Adiabène à Jérusalem (un immense palais, avec une enceinte fortifiée).

Le palais royal de la reine Hélène est censé avoir été découvert par l'archéologue Doron Ben-Ami lors de fouilles dans le quartier arabe de Jérusalem en 2007[88]. Sous les couches datant du début de la période islamique et byzantine, les archéologues ont découvert les restes d'un bâtiment monumental de la période de hérodienne[84]. Le palais était un ensemble monumental situé à Jérusalem, juste au sud du Mont du Temple (appelé aussi esplanade des Mosquées) et a été détruit par les Romains lors de la prise de Jérusalem, en 70 de notre ère, quelques jours avant la destruction du Temple. Flavius Josèphe raconte:

Les soldats se tinrent en repos ce jour-là, mais le lendemain ils mirent le feu aux archives, à l'Akra, à la salle du Conseil, au quartier d'Ophlas ; les flammes s'étendirent jusqu'au palais d'Hélène, qui se trouvait au milieu de l'Akra. Ruelles et maisons, pleines de cadavres de ceux qui étaient morts de faim, furent la proie de l'incendie[89].

Les murs du « Palais d'Hélène », composés de blocs de pierre massifs ont été préservés jusqu'à une hauteur de cinq mètres. Les fouilles ont montré que les étages supérieurs se sont effondrés sur les dépendances qui étaient coiffées d'un plafond voûté. Les caves du palais, sont apparemment, restées quelque temps aux mains des Juifs insurgés. Deux squelettes (un homme et un adolescent) ont été retrouvés avec des embouts de flèches romaines. Ils ont probablement été tués par les soldats romains lors de la prise de la ville[84].

Les ruines du Palais contenaient des pièces de monnaie datables, des vases de pierre et des poteries ainsi que des vestiges de fresques antiques. Le sous-sol renfermait aussi un Mikveh[90].

Palais du roi Monobaze[modifier | modifier le code]

Le roi Monobaze avait son palais distinct de celui construit par sa mère à Jérusalem. Ainsi, dans la Guerre des Juifs, pour décrire l'affrontement entre les différentes factions qui s'opposent pour le contrôle de la ville, Flavius Josèphe écrit au sujet de la faction menée par Simon Bargioras :

« Simon occupait la ville haute, le grand mur jusqu'au Cédron et une partie de l'ancien rempart, depuis la piscine de Siloé, où il s'infléchissait vers l'orient, jusqu'au palais de Monobaze vers lequel il descendait ; ce Monobaze fut un roi des Adiabéniens qui vivent au delà de l'Euphrate. Il tenait encore la source et certains points d'Acra, la ville basse jusqu'au palais d'Hélène, mère de Monobaze[91]. »

Présentation de celui que Josèphe appelle Jésus ben Gamala[modifier | modifier le code]

« 8. [155] En conséquence, ils mandèrent une des tribus pontificales, la tribu Eniachim (05) et procédèrent au choix par le sort d'un grand prêtre : le hasard désigna un homme dont la personne témoignait trop bien de leur infamie. C'était un nommé Phanni, fils de Samuel (Φαννί τις ὄνομα, υἱὸς Σαμουήλου), du bourg d'Aphthia. Non seulement il n'appartenait pas à une famille de grands prêtres, mais il était ignorant au point de ne pas savoir ce qu'étaient les fonctions sacerdotales. Ils l'arrachèrent donc malgré lui à la campagne et, comme un acteur en scène, le parèrent d'un masque étranger ; ils lui firent revêtir les vêtements sacrés et l'instruisirent de ce qu'il avait à faire. Pour ces gens, une si grande impiété n'était qu'un sujet de moquerie et de badinage ; mais les autres prêtres, contemplant de loin cette dérision de la loi, ne pouvaient retenir leurs larmes et pleuraient sur cette dégradation des honneurs sacrés.

9. [158] Ce dernier trait d'audace parut insupportable au peuple qui se souleva en masse comme pour abolir la tyrannie. Ceux qui passaient pour les chefs du peuple, Gorion, fils de Joseph (07), et Siméon, fils de Gamaliel (Γαμαλιήλου Συμεών), encouragèrent dans les assemblées un grand nombre de Juifs, qu'ils visitaient d'ailleurs chacun en particulier, à punir sans tarder les violateurs de la liberté, à purifier le sanctuaire de ces meurtriers. Quant aux grands prêtres, les plus illustres d'entre eux, Jésus, fils de Gamala (Γαμάλα μὲν υἱὸς Ἰησοῦς) et Ananos, fils d'Ananos, reprochaient au peuple, dans des réunions, son indolence, et l'excitaient contre les zélateurs »

Monobaze dans la guerre des Juifs[modifier | modifier le code]

Livre II[modifier | modifier le code]

Livre II, XIX, 1

« 2. [517] Quand les Juifs virent la guerre aux portes de la capitale, ils interrompirent la fête et coururent aux armes : pleins de confiance dans leur nombre, ils s'élancèrent au combat, sans ordre, en poussant des cris, sans même tenir compte du repos du Septième jour, car on était précisément au jour du sabbat, qu’ils observent avec tant de scrupule. Cette même fureur qui éclipsait leur piété leur assura l'avantage dans le combat : ils tombèrent sur les Romains avec une telle impétuosité qu'ils enfoncèrent leurs unités et pénétrèrent au cœur même de l'armée en semant le carnage. Si la cavalerie, faisant un circuit, n'était venue soutenir les parties du corps de bataille qui faiblissaient, avec l'aide des troupes d'infanterie encore intactes, toute l'armée de Cestius eût couru le plus grand danger. Les Romains perdirent cinq cent quinze hommes, dont quatre cents fantassins et le reste cavaliers : la perte des Juifs ne s'éleva qu’à vingt-deux morts. Ceux qui dans leurs rangs montrèrent le plus de bravoure furent Monobazos et Kénédéos, parents de Monobazos roi d'Adiabène[262], puis Niger de la Pérée et Silas le Babylonien, transfuge de l’armée du roi Agrippa. Les Juifs, repoussés de front, se replièrent vers la ville mais sur les derrières de l'armée, Simon, fils de Gioras, tomba sur l'arrière-garde romaine qui montait encore vers Béthoron, en dispersa une bonne partie et enleva nombre de bêtes de somme qu'il emmena à Jérusalem. Pendant que Cestius s’arrêtait trois jours dans ses cantonnements, les Juifs occupèrent les hauteurs et gardèrent les défilés ; il n'était pas douteux qu'ils reviendraient à la charge dès que les Romains se remettraient en route. »

Livre IV[modifier | modifier le code]

Livre IV, V, 2.
Exécution de celui que Josèphe appelle Jesus ben Gamala, mais qui est vraisemblablement Jésus fils de Gamaliel alias Monobaze II

« 2. [314] Cette tuerie ne rassasia pas la fureur des Iduméens, qui, se tournant contre la ville, pillèrent toutes les maisons et mirent à mort ceux qu'ils rencontraient. Mais toute cette multitude leur paraissait peu digne de les occuper ; ils allèrent à la recherche des grands prêtres, et comme la plupart se portaient contre eux, ils furent bientôt pris et massacrés. Se dressant au-dessus des cadavres d'Ananos et de Jésus, ils raillaient l'un de son dévouement au peuple, l'autre du discours qu'il avait prononcé du haut de la muraille. »

Livre V[modifier | modifier le code]

Livre V, VI, 1.

A ce moment Monobaze est déjà mort ("fut"):
« 1. [248] Dans la ville, la multitude avide de combats et séditieuse, groupée autour de Simon, était au nombre de dix mille hommes, sans compter les Iduméens ; elle avait cinquante chefs, subordonnés à Simon qui exerçait le pouvoir. Les Iduméens, qui opéraient de concert avec lui, au nombre de cinq mille, avaient dix commandants, lesquels semblaient obéir à Jacob fils de Sosas et à Simon fils de Cathlas[43]. Quant à Jean, qui s'était emparé du Temple, il avait six mille soldats d'infanterie régulière conduits par vingt officiers. Son armée s'était accrue des zélateurs, qui avaient renoncé à leurs discordes, au nombre de deux mille quatre cents, sous les ordres de leur ancien chef Eléazar et de Simon, fils d'Arinos. Tandis que les factions étaient aux prises, comme nous l'avons rapporté[44], le peuple était le prix de l'un et de l'autre ; ceux qui ne s’associaient pas à leurs violences étaient pillés par les deux. Simon occupait la ville haute, le grand mur jusqu'au Cédron et une partie de l'ancien rempart, depuis la piscine de Siloé, où il s'infléchissait vers l'orient, jusqu'au palais de Monobaze vers lequel il descendait ; ce Monobaze fut un roi des Adiabéniens qui vivent au delà de l'Euphrate. Il tenait encore la source et certains points d'Acra, la ville basse jusqu'au palais d'Hélène, mère de Monobaze. De son côté Jean occupait le Temple et les lieux environnants sur un espace assez considérable, Ophlan et la vallée du Cédron. »

Izatès et Hélène dans la guerre des Juifs[modifier | modifier le code]

Conclusion: Dans la Guerre des Juifsà aucun moment Josèphe parle d'Izatès II.

Livre IV, IX, 11

« 11. [566] Cependant l'armée conspirait contre Jean. Tous les Iduméens qui s'y trouvaient firent sécession et se soulevèrent contre le tyran, tant par jalousie de sa puissance que par haine de sa cruauté. Ils en vinrent aux mains, tuèrent beaucoup de zélateurs et repoussèrent le reste dans le palais qu'avait construit Grapté, parente d'Iza, roi des Adiabéniens. Les Iduméens se ruent à l'assaut de cet édifice, en chassent les zélateurs qu'ils refoulent dans le Temple et se mettent à piller le trésor de Jean. Celui-ci habitait, en effet, ce palais et y avait déposé le butin de la tyrannie. »

Livre V[modifier | modifier le code]

Livre V, II, 2

Lors de la première inspection de Titus, sur le monument d'Hélène:
« 2. [54] Tant que Titus s'avança à cheval sur la route qui montait en ligne droite vers les remparts, personne ne parut hors des portes ; mais quand il se détourna de la route pour se rapprocher de la tour Psephinos par une marche oblique, à la tète de ses cavaliers, soudain, prés des tours appelées « tours des femmes », une innombrable multitude s'élança par la porte située en face du monument d'Hélène et se fraya un chemin au milieu de la cavalerie. »

Livre V, III, 3

Toujours le tombeau d'Hélène:
« Aussi, après avoir longtemps combattu à coups de javelots et reçu des Juifs de nombreux coups qu'ils rendaient, il est vrai, également, ils réussirent enfin à forcer le cercle qui les entourait ; dans leur retraite, les Juifs les poursuivirent en les frappant jusqu'au tombeau d'Hélène. »

Livre V, IV, 2

Lors de la description des murs de Jérusalem:
« Le troisième mur avait pour origine la tour Hippicos ; de là il continuait vers le nord jusqu'à la tour Psephina, descendait en face de la sépulture d'Hélène, reine des Adiabéniens et fille mère du roi Izatas, se développait le long des caveaux royaux, s'infléchissait à la tour d'angle près du Tombeau du Foulon, enfin, se rattachant à l'ancien retranchement, aboutissait dans la vallée du Cédron. »

Livre V, VI, 1

Lors de la description des murs de Jérusalem:
« Simon occupait la ville haute, le grand mur jusqu'au Cédron et une partie de l'ancien rempart, depuis la piscine de Siloé, où il s'infléchissait vers l'orient, jusqu'au palais de Monobaze vers lequel il descendait ; ce Monobaze fut un roi des Adiabéniens qui vivent au delà de l'Euphrate. Il tenait encore la source et certains points d'Acra, la ville basse jusqu'au palais d'Hélène, mère de Monobaze. »

Livre VI[modifier | modifier le code]

Livre VI, VI, 3

« Puis il autorisa ses troupes à incendier et à piller la ville. Les soldats se tinrent en repos ce jour-là, mais le lendemain ils mirent le feu aux archives, à l'Akra, à la salle du Conseil, au quartier d'Ophlas ; les flammes s'étendirent jusqu'au palais d'Hélène, qui se trouvait au milieu de l'Akra. Ruelles et maisons, pleines de cadavres de ceux qui étaient morts de faim, furent la proie de l'incendie. »

Livre VI, VI, 4

« 4. [356] Ce jour-là, les fils et les frères du roi Izatès, auxquels s'étaient joints un grand nombre de citoyens distingués, supplièrent César d'accepter leur soumission. Le prince, malgré son irritation contre tous les survivants, obéit à ses sentiments naturels et accueillit ces hommes. Il les fit tous mettre sous bonne garde ; plus tard, il fit aussi enchaîner les fils et les parents du roi et les conduisit à Rome pour servir d'otages. »

Adiabène et Adiabéniens dans la guerre des Juifs[modifier | modifier le code]

Livre II, XVI, 4

Dans le discours que prononce Agrippa II:
« « Quels alliés espérez-vous donc pour cette guerre ? Les tirerez-vous des contrées inhabitables ? car sur la terre habitable, tout est romain, à moins que nos espérances ne se portent au delà de l'Euphrate et que vous ne comptiez obtenir des secours des Adiabéniens, qui sont de votre race[216] ; mais ils ne s'engageront pas dans une si grande guerre pour de vains motifs, et s'ils méditaient pareille folie, le Parthe ne le leur permettrait pas ; car il veille à maintenir la trêve conclue avec Rome, et il croirait violer les traités s'il laissait un de ses tributaires marcher contre les Romains. »

Livre V, XI, 5

Cagiras fils de Nabataios (boiteux):
« 5. [473] Deux jours après, Simon et ses compagnons attaquent aussi les autres terrassements ; car les Romains ayant déjà avancé de ce côté les hélépoles, ébranlaient le rempart. Un certain Jephthaios, du bourg de Garis en Galilée, et Magassar, un des officiers royaux de Mariamme[67], et avec eux un Adiabénien, fils de Naboth Nabataios (Ναβαταίος), qui devait encore à une infirmité le surnom de Ceagiras (Chagiras selon Marciack), lequel signifie « boiteux », saisirent des torches et s'élancèrent contre les machines. »

Abgar et Izatès[modifier | modifier le code]

Tacite[modifier | modifier le code]

Annales XII[modifier | modifier le code]

ANNALES XII – 49 – 54

Mehedartès_Gortazès_Izatès_Agbar


Des nobles Parthes sont venus à Rome et ont demandé à Claude de leur donner Mahadértès pour roi (il a été élevé à Rome), pour remplacer le trop cruel Gortazès. Claude accepte, normalement Izatès et Agbar sont les soutiens de cette aventure, mais à l'approche de l'hiver, ils s'en retirent. Cela se termine par un échec et une victoire Parthe.

Cassius ramène Méherdate

XII. Cassius était alors le premier des Romains dans la science des lois. Je ne dis rien des talents militaires : on ne les connaît point dans cette inaction de la paix, qui tient au même rang l'homme de cœur et le lâche. Toutefois, autant qu'il était possible sans guerre, il faisait revivre l'ancienne discipline, exerçait continuellement les troupes, aussi actif, aussi vigilant que s'il eût eu l'ennemi en présence ; c'est ainsi qu'il honorait ses ancêtres et le nom des Cassius, déjà célèbre parmi ces nations[92]. Il appelle tous ceux qui avaient voulu qu'on demandât le nouveau roi, et campe près de Zeugma[93], lieu où le passage du fleuve est le plus facile. Lorsque les principaux d'entre les Parthes, et Acbare, roi des Arabes, furent arrivés, il avertit Méherdate que le zèle des barbares, d'abord impétueux, languit si l'on diffère, ou se change en perfidie ; qu'il fallait donc presser l'entreprise. Cet avis fut méprisé par la faute d'Acbare ; et ce traître, abusant de l'inexpérience d'un jeune homme qui plaçait la grandeur dans les plaisirs, le retint longtemps à Édesse. En vain Carrhène les appelait et leur promettait un succès infaillible s'ils arrivaient promptement : au lieu d'aller droit en Mésopotamie, ils firent un détour et gagnèrent l'Arménie, alors peu praticable parce que l'hiver commençait. 

XIII. Après de grandes fatigues au milieu des neiges et des montagnes, ils approchaient enfin des plaines, lorsqu'ils se joignirent aux troupes de Carrhéne. Ils passent le Tigre et traversent l'Adiabénie, dont le roi Izatès, en apparence allié de Méherdate, penchait secrètement pour Gotarzès et le servait de meilleure foi. On prit, chemin faisant, Ninive, ancienne capitale de l'Assyrie, et Arbèle, château fameux par cette dernière bataille entre Darius et Alexandre, où la puissance des Perses fut abattue. Cependant Gotarzès était sur le mont Sambulos, offrant des vœux aux divinités du lieu. Le culte principal est celui d'Hercule. Ce dieu, à de certaines époques, avertit ses prêtres, pendant leur sommeil, de tenir auprès du temple des chevaux équipés pour la chasse. Sitôt qu'on a mis sur ces chevaux des carquois garnis de flèches, ils se répandent dans les bois, et à l'entrée de la nuit ils reviennent tout hors d'haleine, rapportant les carquois vides. Le dieu, par une nouvelle apparition nocturne, indique les chemins qu'il a parcourus dans la forêt, et l'on y trouve les animaux étendus de côté et d'autre.  

Gotarzès contre Méherdate

XIV. Au reste Gotarzès, dont l'armée n'était pas encore assez nombreuse, se couvrait du fleuve Corma comme d'un rempart. Là, malgré les insultes et les défis par lesquels on le provoquait au combat, il temporisait, changeait de positions, envoyait des corrupteurs acheter la trahison dans les rangs ennemis. Bientôt Izatès, et ensuite Acbare, se retirèrent avec les Adiabéniens et les Arabes : telle est l'inconstance de ces peuples ; et l'expérience a prouvé d'ailleurs que les barbares aiment à nous demander des rois bien plus qu'à les garder. Méherdate, privé de si puissants auxiliaires et craignant la défection des autres, prit le seul parti qui lui restât, celui de s'en remettre à la fortune et de hasarder une bataille. Gotarzès, enhardi par l'affaiblissement de l'ennemi, ne la refusa point. Le choc fut sanglant et le succès douteux, jusqu'au moment où Carrhène, ayant renversé tout ce qui était devant lui, se laissa emporter trop loin et fut enveloppé par des troupes fraîches. Alors tout fut désespéré ; et Méherdate, s'étant fié aux promesses de Parrhace, client de son père, fut enchaîné par cet ami perfide, et livré au vainqueur. Celui-ci, après l'avoir désavoué pour son parent, pour un Arsacide, et traité d'étranger et de Romain, lui fait couper les oreilles et le laisse vivre pour être un monument de sa clémence et de notre honte. Gotarzès mourut ensuite de maladie, et Vonon, alors gouverneur des Mèdes, fut appelé au trône. Ni prospérités ni revers n'ont rendu célèbre le nom de ce nouveau roi. Son règne fut court et sans gloire, et la couronne des Parthes fut donnée après lui à son fils Vologèse.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cette interprétation est toutefois contestée par Rashi
  2. En Yerushalmi Yoma iii.8, le chandelier et la plaque sont confondus
  3. À comparer avec "L'histoire ecclésiastique", Eusèbe de Césarée, ii., ch. 12
  4. « Babylonien » ne désigne pas ici un habitant de Babylone, mais un Juif originaire d'au-delà de l'Euphrate. Silas appartenait probablement à la colonie de Juifs « Babyloniens » implantée par Hérode le Grand en Batanée (Nord-Est de la Galilée) et qui fournissait aux armées des rois juifs une aile de cavalerie particulièrement exercée aux techniques de combat parthes. Ces Babyloniens avaient conservé des liens assez forts avec la famille royale d'Adiabène.
  5. Honte suprême, la XIIe légion Fulminata perdit dans les combats son aigle, la fameuse aigle emblème représentant un éclair (fulmen en latin).
  6. Si le Seder Olam Zuta renvoie au premier quart du VIe siècle, le fait que ces passages étaient probablement contenus dans le Seder 'Olam Rabbah et le Seder 'Olam de-Rabbanan Sabura'e permet de dater ces passages du IVe siècle.
  7. L'auteur pour justifier la durée symbolique de 103 ans qui selon lui aurait été à la fois celle de la dynastie hérodienne et de celle de la dynastie des Macchabées (on retrouve la même idée dans le Seder 'Olam Rabbah), parle de la suite de trois rois : Hérode (le Grand), Agrippa (Ier) et Monobaze. C'est à la fin du règne de Monobaze qu'il situe la destruction du Temple. Il est évident que l'objet de ce travail était de montrer que les exilarques babyloniens étaient descendants directs de David.
  8. Plus précisément avant avril-mai 69 : en effet Flavius Josèphe mentionne que Simon Bargiora « devint maître de Jérusalem, la troisième année de la guerre, au mois de Xanthikos (avril-mai 69) » après que Jean de Gischala, qualifié de chef des zélotes, fut chassé du « palais qu'avait construit [la princesse] Grapté, parente d'Izatés, roi des Adiabéniens. » À ce moment, le roi d'Adiabène était donc déjà Izatès III. Cf. Guerre des Juifs, Livre VI, IX – 11

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Richard Gottheil « Adiabene » sur Jewish Encyclopedia
  2. a b c et d (en) Richard Gottheil et Isaac Broydé, « Izates » (d'Adiabène), sur Jewish Encyclopedia.
  3. Christian Settipani, Nos ancêtres de l'antiquité: études des possibilités de liens généalogiques entre les familles de l'antiquité et celles du haut Moyen-Age européen, Editions Christian, 1991, Paris, p. 80.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, Chapitre XVI — Dispersion de la nation judaïque et diffusion de sa doctrine — (40-49)
  5. a b c d e f g et h Marciak 2014, p. 181.
  6. Justi 1963, p. 189.
  7. Likewise Hinz 1975: p. 66, cité par Marciak 2014, p. 181.
  8. Voir Mayrhofer 1979: I/35 et Marquart 1903: p. 287.
  9. Marciak 2014, p. 181, note no 1344.
  10. Megabazus, Artabazos Ier de Phrygie - (r. 477 - v. 455), Pharnabazus Ier - (r. v. 455 - avant 430), Ariobarzanes de Phrygie - (r. 387-362), Tiribazus satrape achéménide d'Arménie occidentale puis de Lydie (c.440 BC-370 BC).
  11. Artavazde Ier (Ier siècle av. J.-C.), roi de Médie Atropatène et de Sophène, Artavasdes Ier, roi de Medie Atropatène et d'Arménie de 4 à 6 AD.
  12. En Arménie : Artavazde Ier, roi de 159 à 123 av. J.-C., Artavazde (II) de 123 à 95 av. J.-C., Artavazde II, roi de 55 à 34 av. J.-C., Artavazde III, roi en 6, Artavazde IV Ariobarzane III, roi de 4 à 6 ap. J.-C., Gaius Julius Artavasdes (Ier siècle), fils d'Artavasdes III d'Armenie.
  13. Artabazos de Characène, un roi florissant à la fin des années 40 av. J.-C..
  14. Victor Langlois, Collection des historiens anciens et modernes de l' Arménie, p. 92, note no 2.
  15. de Khorène, Mahé et Mahé 1993, p. 360, II, 37 note no 3.
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  26. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX II - 2
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  54. Cassius Dion, Historia Romana LXII.21 sur le site LacusCurtius.
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  63. Annie et Jean-Pierre Mahé, L’Arménie à l’épreuve des siècles, Gallimard, Paris, coll. « Découvertes Gallimard / Histoire » (no 464), 2005 (ISBN 978-2-07-031409-6).
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  71. Voir aussi les Annales de Tacite, XV - 1s
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  75. Paul K. Davis, 100 Decisive Battles from Ancient Times to the Present: The World’s Major Battles and How They Shaped History (Oxford: Oxford University Press, 1999), p. 71.
  76. Premier Livre des Machabées sur Wikisource
  77. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Livre IV, IX, 11, « Tous les Iduméens qui s'y trouvaient firent sécession et se soulevèrent contre le tyran, tant par jalousie de sa puissance que par haine de sa cruauté. Ils en vinrent aux mains, tuèrent beaucoup de zélateurs et repoussèrent le reste dans le palais qu'avait construit Grapté, parente d'Iza, roi des Adiabéniens. »
  78. (en) M. Seligsohn, « Seder Olam Zuta » dans Jewish Encyclopedia
  79. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Livre VI VI – 2, « Puis [Titus] autorisa ses troupes à incendier et à piller la ville. Les soldats se tinrent en repos ce jour-là, mais le lendemain ils mirent le feu aux archives, à l'Akra, à la salle du Conseil, au quartier d'Ophlas ; les flammes s'étendirent jusqu'au palais d'Hélène, qui se trouvait au milieu de l'Akra. Ruelles et maisons, pleines de cadavres de ceux qui étaient morts de faim, furent la proie de l'incendie. 4. Ce jour-là, les fils et les frères du roi Izatès, auxquels s'étaient joints un grand nombre de citoyens distingués, supplièrent César d'accepter leur soumission. Le prince, malgré son irritation contre tous les survivants, obéit à ses sentiments naturels et accueillit ces hommes. Il les fit tous mettre sous bonne garde ; plus tard, il fit aussi enchaîner les fils et les parents du roi et les conduisit à Rome pour servir d'otages. »
  80. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX IV - 3.
  81. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX II - 5.
  82. Guerre des Juifs, V, IV, 2.
  83. Israeli archaeologists uncover 2,000-year-old mansion 06/12/2007 [1]
  84. a b et c Michael Shenkar, (ru) Résultats des fouilles dans la « Cité de David »
  85. Dec 5, 2007 | Updated Dec 24, 2007 Second Temple palace uncovered By ETGAR LEFKOVITS , Jerusalem Post, [2]
  86. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs Livre V (VI – 1)
  87. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Livre VI, IX, 11.
  88. Israeli archaeologists uncover 2,000-year-old mansion 06/12/2007 [3]
  89. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs Livre VI (VI – 3)
  90. Dec 5, 2007 | Updated Dec 24, 2007 Second Temple palace uncovered By ETGAR LEFKOVITS , Jerusalem Post, [4]
  91. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs Livre V (VI – 1)
  92. Cassius, qui fut depuis l'un des meurtriers de César, avait défendu la Syrie contre les Parthes, après la défaite de Crassus, dont il était questeur.
  93. Le mot grec Zeugma veut dire pont, et plusieurs auteurs rapportent qu'Alexandre en fit construire un en cet endroit pour passer l'Euphrate : une ville bâtie à côté en emprunta le nom.   Gotarzès

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Sources primaires
Sources secondaires
Sources tertiaires