Sécobarbital
Sécobarbital | |
Identification | |
---|---|
Nom UICPA | 5-(1-méthylbutyl)-5-prop-2-ényl-hexahydropyrimidine-2,4,6-trione |
No CAS | |
No ECHA | 100.000.894 |
Code ATC | N05 |
DrugBank | DB00418 |
PubChem | 5193 |
ChEBI | 9073 |
SMILES | |
InChI | |
Propriétés chimiques | |
Formule | C12H18N2O3 [Isomères] |
Masse molaire[1] | 238,282 9 ± 0,012 2 g/mol C 60,49 %, H 7,61 %, N 11,76 %, O 20,14 %, |
Données pharmacocinétiques | |
Liaison protéique | 45-60%[2] |
Métabolisme | hépatique[réf. nécessaire] |
Demi-vie de distrib. |
15-40 heures[2] |
Excrétion | |
Considérations thérapeutiques | |
Voie d’administration | orale |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
modifier |
Le sécobarbital est un somnifère de la famille des barbituriques fabriqué et commercialisé par la société Eli Lilly jusqu'en 2001 sous le nom de Séconal. Il a des propriétés anesthésiques, anticonvulsivantes, et sédatives. Le sécobarbital a été prescrit dans le traitement de l'épilepsie, celui des insomnies passagères, comme médicament pré-opératoire pour induire l'anesthésie et comme anxiolytique avant des interventions chirurgicales, diagnostiques, ou thérapeutiques brèves et peu douloureuses. Avec l'apparition de nouvelles molécules pour ces indications, le sécobarbital a été relégué au second plan, et Lilly a cessé de le fabriquer en .
Pharmacologie et pharmacocinétique
[modifier | modifier le code]Le produit est proche du pentobarbital, dont il partage presque à l'identique le profil pharmacologique. Le sécobarbital possède simplement un groupe méthyle supplémentaire, ce qui induit des différences d'ordre pharmacocinétique : le sécobarbital est légèrement plus lipophile[3],[4], ce qui accélère son absorption et lui donne un délai d'action encore plus court que celui du pentobarbital et augmente la puissance de la sédation ressentie[5],[6]. Sa durée d'action discernable, bien que proche, est également réduite car la distribution (dispersion au travers des tissus graisseux) du sécobarbital est plus rapide. Contrairement à ce que suggère sa demi-vie d'élimination longue de 28h en moyenne[4], il n'est donc actif (à des doses thérapeutiques) que pendant 3 à 4 heures[7],[8].
Son canal d'action primaire est la modulation positive ainsi que l'activation directe des récepteurs au GABA de type A[9],[10]. Ces récepteurs, lorsqu'ils sont activés, ont un effet inhibiteur sur la transmission nerveuse en empêchant la dépolarisation membranaire.
Le barbiturique agit également sur d'autres canaux de manière mineure : on note une action inhibitrice de la recapture de l'adénosine, ainsi qu'un antagonisme des récepteurs AMPA et une inhibition de la sécrétion de glutamate[10],[11].
Comme pour les autres médicaments de sa classe, il présente un potentiel de surdose important, a fortiori lorsque combiné à d'autres sédatifs tels que l'alcool et les narcotiques[12].
Usage abusif et rôle du sécobarbital dans la mort de Jimi Hendrix
[modifier | modifier le code]Depuis les années 1950 jusqu'aux années 1970, le sécobarbital a connu un succès populaire important en raison de ses effets hypnotiques rapides, notamment dans les milieux de la contre-culture[13]. Son usage a été détourné à des fins récréatives et sédatives, parfois en combinaison avec l'alcool avec lequel il agit en synergie[14]. Connu en tant que « reds » (rouges) par ses usagers[15], en raison de la couleur du comprimé, le sécobarbital a été responsable de nombreuses surdoses durant cette période, la plus célèbre parmi elles étant celle du légendaire guitariste de rock Jimi Hendrix. Celui-ci aurait pris neuf comprimés de Vesparax (somnifère puissant comportant du sécobarbital) le , après une nuit bien arrosée, et a été ensuite retrouvé mort dans son sommeil dans son appartement de Londres. Hendrix s'est asphyxié avec ses propres vomissures pendant son sommeil, incapable de se réveiller à cause des effets conjugués de l'alcool et du barbiturique[16],[17].
Un an auparavant, c'était l'actrice Judy Garland qui décédait d'une surdose accidentelle de Séconal. Le Premier Ministre Winston Churchill consommait régulièrement du sécobarbital[18], qu'il était souvent de coutume de mélanger avec des amphétamines pour modérer les effets secondaires de chaque produit tout en profitant de leur effet psychotrope[19].
Le produit a également connu un usage détourné mélangé avec de l'amobarbital, sous la forme des capsules Tuinal[20]. Lorsqu'il était consommé avec retenue dans un cadre médical, le produit (tout comme les autres barbituriques) présentait néanmoins un potentiel addictif réduit comparé aux cas d'utilisation récréative détournée, impliquant souvent des doses bien plus élevées[21],[19]. Cette classe de médicaments était souvent disponible en vente libre jusqu'aux années 1950, ce qui favorisait grandement leur utilisation abusive et conduisit des centaines de milliers de personnes en Angleterre ou aux Etats-Unis à devenir dépendantes durant les années 1960, qui furent le pic de leur utilisation[22]. Par la suite le sécobarbital fut moins répandu, au profit cependant d'un produit de puissance comparable alors émergent, la méthaqualone[23],[24] et plus tard des benzodiazépines comme le Rohypnol[25],[26].
Culture
[modifier | modifier le code]Le sécobarbital tient une place importante dans le roman de Jacqueline Susann La Vallée des poupées, dont un film a été tiré. Dans le roman comme dans le film, trois jeunes femmes très douées s'élèvent aux plus hauts niveaux du succès et de la renommée, tout en recourant au sécobarbital, dont elles finissent par devenir les victimes. Le roman s'est vendu à plus de 30 millions d'exemplaires depuis sa sortie en 1966.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- Secobarbital sur Lexi-Comp. de Merck
- Bin Wang, Jun He et Shahab A. Shamsi, « A high-throughput multivariate optimization for the simultaneous enantioseparation and detection of barbiturates in micellar electrokinetic chromatography-mass spectrometry (MEKC-MS) », Journal of chromatographic science, vol. 48, no 7, , p. 572–583 (ISSN 0021-9665, PMID 20819283, PMCID 3098000, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Seconal Sodium (Secobarbital Sodium Capsules): Uses, Dosage, Side Effects, Interactions, Warning », sur RxList (consulté le )
- (en) Khalid Hussain, « Barbiturates », slideshare, (lire en ligne, consulté le )
- « General Pharmacology: Pharmacokinetics and Metabolism of the Barbiturates. », sur www.pharmacology2000.com (consulté le )
- (en) Jack DeRuiter, « THE BARBITURATES »,
- Jeanie Skibiski et Sara Abdijadid, « Barbiturates », dans StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 30969553, lire en ligne)
- (en) Rho, J. M. ; Donevan, S. D. ; Rogawski, M. A. (1996). « Direct activation of GABAA receptors by barbiturates in cultured rat hippocampal neurons » The Journal of physiology 497 (Pt 2): 509–522. PMC 1161000. .
- (en) Wolfgang Löscher et Michael A. Rogawski, « How theories evolved concerning the mechanism of action of barbiturates », Epilepsia, vol. 53, no s8, , p. 12–25 (ISSN 1528-1167, DOI 10.1111/epi.12025, lire en ligne, consulté le )
- Eichi Narimatsu, Tomohisa Niiya, Mikito Kawamata et Akiyoshi Namiki, « [The mechanisms of depression by benzodiazepines, barbiturates and propofol of excitatory synaptic transmissions mediated by adenosine neuromodulation] », Masui. The Japanese Journal of Anesthesiology, vol. 55, no 6, , p. 684–691 (ISSN 0021-4892, PMID 16780077, lire en ligne, consulté le )
- (en) Dymock Rb et James Ra, « Tuinal as a Drug of Abuse », sur The Medical journal of Australia, (PMID 7432291, consulté le )
- Donald R. Wesson M.D, « Psychedelic Drugs, Hippie Counterculture, Speed and Phenobarbital Treatment of Sedative-Hypnotic Dependence: A Journey to the Haight Ashbury in the Sixties », Journal of Psychoactive Drugs, vol. 43, no 2, , p. 153–164 (ISSN 0279-1072, PMID 21858961, DOI 10.1080/02791072.2011.587708, lire en ligne, consulté le )
- (en) Finn Sandberg, « A Quantitative Study on the Alcohol-Barbiturate synergism », Acta Physiologica Scandinavica, vol. 22, no 4, , p. 311–325 (ISSN 1365-201X, DOI 10.1111/j.1748-1716.1951.tb00781.x, lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « What Prescription Barbiturates Get Abused? | Sunrise House », Sunrise House, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « How Did Jimi Hendrix Die? », sur YourDictionary (consulté le )
- (en-US) Rolling Stone et Rolling Stone, « The 27 Club: A Brief History », sur Rolling Stone, (consulté le )
- (en-GB) Andrew M. Brown, « Winston Churchill's drinking was one thing, but what about his drug-taking? », Daily Telegraph, (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )
- (en) « UNODC - Bulletin on Narcotics - 1962 Issue 2 - 003 », sur United Nations : Office on Drugs and Crime (consulté le )
- (en) Adam K. Raymond, « PCP, Quaaludes, Black Beauties, Mescaline. What Became of Yesterday's "It" Drugs? », sur The Fix, (consulté le )
- (en) Havelock F. Fraser, Abraham Wikler, Carl F. Essig et Harris Isbell, « DEGREE OF PHYSICAL DEPENDENCE INDUCED BY SECOBARBITAL OR PENTOBARBITAL », Journal of the American Medical Association, vol. 166, no 2, , p. 126–129 (ISSN 0002-9955, DOI 10.1001/jama.1958.02990020014002, lire en ligne, consulté le )
- Francisco López-Muñoz, Ronaldo Ucha-Udabe et Cecilio Alamo, « The history of barbiturates a century after their clinical introduction », Neuropsychiatric Disease and Treatment, vol. 1, no 4, , p. 329–343 (ISSN 1176-6328, PMID 18568113, PMCID 2424120, lire en ligne, consulté le )
- (en-US) David Herzberg, « Quaalude Nostalgia: A Retro Drug That Everyone Remembers Fondly », sur The Atlantic, (consulté le )
- (en-GB) Harry Low and Tom Heyden, « The rise and fall of Quaaludes », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- « Rohypnol Fast Facts », sur www.justice.gov (consulté le )
- (en-US) « Rohypnol Addiction and Abuse - Treatment Options », sur Addiction Center (consulté le )