Mélodie (genre)
Une mélodie est, dans la musique française, une forme musicale particulière chantée sur un texte généralement emprunté à une œuvre poétique.
La mélodie française doit beaucoup au Lied allemand.
- Le lied est utilisé spécifiquement dans la musique savante de langue allemande. Le Lied se distingue par sa volonté de puiser aux sources populaires et son origine peut être datée de la première moitié du XVIIIe siècle. Le Lied s'épanouit surtout au XIXe siècle, en Allemagne. Il puise son inspiration dans le romantisme poétique et musical allemand, avec des situations sombres où toute l'intimité de l'âme peut s'épancher au travers des poèmes : le Lied tire sa notoriété de grands compositeurs, allemands ou autrichiens, tels Ludwig van Beethoven, Franz Schubert, Robert Schumann, Johannes Brahms, Gustav Mahler et Hugo Wolf.
- Le mot art song correspond en anglais aux mélodies ou Lieder.
Histoire
La mélodie française naît vers le milieu du XIXe siècle, en France, bien sûr, mais en empruntant son nom aux Irish melodies de Thomas Moore (poète irlandais). Cette forme musicale pour voix et piano (parfois pour voix et orchestre) se développe de manière autonome tout en empruntant à la romance dont elle est fille et au lied auquel on l'oppose fréquemment. On prétend que le lied, d'essence germanique, serait plus populaire et plus proche de la chanson que la mélodie. Cette assertion est manifestement fausse quand on analyse bon nombre de lieder de Schumann, de Brahms,de Hugo Wolf, de Strauss... Cependant, la mélodie française est particulièrement attentive à la qualité et au sens des vers qu'elle met en musique et l'extrême raffinement de sa courbe vocale, de ses rythmes et de ses harmonies la distinguent incontestablement. Les deux livres majeurs qui éclairent l'histoire et l'esthétique de la mélodie française sont :
- F. Noske, La Mélodie française de Berlioz à Duparc, Amsterdam, puis Paris, 1954 ;
- M. Faure et V. Vivès, Histoire et poétique de la mélodie française, Paris, 2000.
Si Les Nuits d'été (1841) d'Hector Berlioz sont souvent considérées comme le premier exemple de ce genre, La Captive du même compositeur (1831), avec ses nombreux remaniements, en est sans doute la première trace. Néanmoins, certaines compositions de Charles Gounod peuvent prétendre au nom de mélodies.
Recueils majeurs
- Hector Berlioz : Les Nuits d'été (1841), sur des textes de Théophile Gautier
- Claude Debussy : Ariettes oubliées (1885), sur des textes de Paul Verlaine
- Gabriel Fauré : La Bonne Chanson (1894), sur des textes de Paul Verlaine
- Maurice Ravel : Histoires Naturelles (1907), sur des textes de Jules Renard
- Francis Poulenc : Tel jour telle nuit (1937), sur des textes de Paul Éluard.
Dans la deuxième moitié du XXe siècle, mentionnons aussi l'importante contribution de Léo Ferré au genre : 55 poésies de Charles Baudelaire, une quinzaine de poèmes de Paul Verlaine, à peu près le même nombre pour Arthur Rimbaud et pour Guillaume Apollinaire (voir Liste des poètes chantés par Léo Ferré). Héritiers directs de la mélodie française, ces cycles ont été publiés sous la forme d'albums discographiques et non de recueils de partitions, ce qui peut expliquer - au-delà de l'étiquette chanson de leur compositeur - en partie pourquoi les interprètes classiques ne s'en sont que très peu emparés à ce jour (bien que les partitions existent).
Compositeurs principaux
La mélodie française atteignit ses sommets par de nombreux compositeurs :
Caractéristiques
Le poème est le point de départ de la composition d'une mélodie. Ce genre est marqué par la clarté de l'expression, et la précision des formes qui découle de la volonté de rendre le poème le plus intelligible et musical possible.
Interprétation
Le problème interprétatif posé par la mélodie
Si la relation très particulière qu'entretiennent texte et musique dans le genre de la mélodie requiert du compositeur une parfaite connaissance des règles poétiques et de la diction, il en est de même pour l'interprète, qui se doit d'avoir également une prononciation parfaite.
Chanteurs et chanteuses
Le lied et la mélodie française demandant un style vocal particulier : des voix très souples, plus confidentielles, et donc s'y faisant moins fortes qu'à l'opéra, avec une diction irréprochable, pour exprimer mais sans emphases indues les subtils sentiments sous-tendus par l'œuvre. Le genre étant dès l'origine fait pour le salon plutôt que pour de très grandes salles, leurs interprètes s'y sont spécialisés par plusieurs années de formation pratique auprès d'un maître. Mais ils n'ont pas toujours nécessairement renoncé à tenir aussi en parallèle des rôles à l'opéra, où ils doivent déployer tout le volume de leur voix, qui s'y fait alors moins intimiste.
- Femmes
- Elly Ameling
- Juliane Banse
- Jane Bathori
- Régine Crespin
- Claire Croiza
- Suzanne Danco
- Mireille Delunsch
- Véronique Gens
- Felicity Lott
- Françoise Masset
- Sandrine Piau
- Françoise Pollet
- Anne-Marie Rodde
- Christine Schäfer
- Maggie Teyte
- Geneviève Touraine
- Ninon Vallin
- Rachel Yakar
- Hommes
Accompagnateurs
La mélodie française n'est pas seulement affaire de voix : l'accompagnement (le plus souvent au piano) n'est pas à négliger. Là aussi, certains pianistes se sont spécialisés dans le genre.
- Dalton Baldwin
- Lily Bienvenu
- Jacqueline Bonneau
- Nicolas Chevereau
- Jeff Cohen
- Julius Drake
- Billy Eidi
- Irwin Gage
- Olivier Godin
- Christian Ivaldi
- Graham Johnson
- Nicolas Kruger
- Claude Lavoix
- Anne Le Bozec
- Noël Lee
- Pierre Maillard-Verger
- Malcolm Martineau
- Gerald Moore
- Magdeleine Panzera-Baillot
- Théodore Paraskivesco
- Francis Poulenc
- Pascal Rogé
- David Selig
- Roger Vignoles
Voir aussi
Bibliographie
- Marie-Claire Beltrando-Patier, « Mélodie », dans Marc Honegger, Dictionnaire de la musique : technique, formes, instruments, Éditions Bordas, coll. « Science de la Musique », , 1109 p., Tome I & II (ISBN 2-04-005140-6, OCLC 3033496), p. 588–593.
- Brigitte François-Sappey et Gilles Cantagrel (dirs.), Guide de la mélodie et du lied, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 916 p. (ISBN 2-213-59210-1, OCLC 417117290, BNF 35723610)
- Michel Faure, « Mélodie », dans Joël-Marie Fauquet (dir.), Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle, Fayard, , xviii-1406 (ISBN 2-213-59316-7, OCLC 936927646, BNF 39052242), p. 768.