Fernand Faniard

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Fernand Faniard
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Fernand Faniard,Fernand Smeets le 9 décembre 1894 à Saint-Josse-ten-Noode (commune de Bruxelles, Belgique) et mort à Paris (12e) le 3 août 1955[1], est un chanteur de l'Opéra de Paris naturalisé français en 1949[2].

Inscrit dans le Dictionnaire des Chanteurs de l'Opéra de Paris de Jean Gourret, Fernand Faniard est décrit comme l'un des ténors wagnériens les plus représentatifs des années 1930 à 1950[3].

Sa petite-fille Odile Faniard[4], qui a repris le nom de scène de son grand-père, est elle-même artiste lyrique[5].

Biographie[modifier | modifier le code]

Fernand Smeets naît à Saint-Josse-ten-Noode (Belgique) le 9 décembre 1894. Son pseudonyme, Faniard, est un hommage à sa mère, dont c'est le nom de jeune fille.

Formation et débuts[modifier | modifier le code]

Il effectue ses premières études de chant au conservatoire de la ville, dans la classe du ténor Laurent Swofs[6], puis avec Désiré Demest, au Conservatoire royal de Bruxelles.

Il se produit comme deuxième Baryton au théâtre de La Monnaie de Bruxelles ainsi qu'à Gand, en compagnie d'un autre débutant : le ténor André Burdino.

Son registre évoluant, Fernand Faniard se met à étudier les partitions de ténor, d'abord avec Éric Audoin, puis avec Tilkin-Servais. Il acquiert alors une excellente tessiture de ténor et débute, en tant que tel, à l'Opéra Français d'Anvers en 1926 pour Samson, Hérodiade, Boris Godounov (création en Français), Le Roi d'Ys, La Jane (création), et sera engagé à nouveau dans ce théâtre en 1927.

Il est par la suite engagé à l'Opéra de Monte-Carlo où, au cours des saisons 1928, 1929, 1930, il crée en langue française les rôles d'Hérode de Salome et de Ménélas dans Hélène d'Égypte, deux œuvres de Richard Strauss.

Il y reprend également, sous la direction de Raoul Gunzbourg, quelques grands ouvrages du répertoire tels que : Samson, La Damnation de Faust, la Walkyrie et Boris Godounov (dans le rôle de Grégory Dimitri), aux côtés de Féodor Chaliapine.

Le succès remporté à l'Opéra de Monte-Carlo lui procure un engagement de Jacques Rouché, directeur de l'Opéra de Paris. Fernand Faniard débute alors sur la scène du Palais Garnier, aux côtés de Laure Tessandra, dans Samson et Dalila le 24 mai 1930.

Il reste fidèle à ce théâtre (1931, 1932, 1933, 1937, 1942) y chantant, outre Samson, Hérodiade (Jean), La Juive (Éléazar), les rôles de Siegmund de la Walkyrie, Tannhäuser, Lohengrin et Tristan de Tristan et Isolde, et en y remportant, à ces occasions, de véritables triomphes.

Il crée, en 1931, Samson et Dalila à l'Opéra de Luxembourg.

Invité à l'Opéra Royal Flamand d'Anvers, il donne en 1931 et 1932 une importante série de représentations, en allemand, d'œuvres wagnériennes (Lohengrin, Tristan, Walküre, Tannhäuser, Parsifal) et reviendra dans ce théâtre en 1942 et 1943 pour interpréter ces œuvres, cette fois en néerlandais.

Fernand Faniard prête également son concours à de très nombreuses manifestations musicales chez Colonne, Pasdeloup, aux concerts Poulet-Siohan, aux conservatoires de Bruxelles, Metz, Valenciennes, Tournai, Charleroi, ainsi qu'aux concerts populaires d'Angers, Brest, Kursaal d'Ostendeetc. À l'issue d'un concert au Palais des beaux-arts de Bruxelles, vers 1935, il a l’honneur d'être félicité personnellement par la Reine Élisabeth de Belgique.

Sur les ondes, entre 1935 et 1940, on peut l'entendre sur Radio-Paris, en compagnie de l'Orchestre National sous la direction de Désiré-Émile Inghelbrecht, sur Le Poste Parisien, sur Radio Tour Eiffel et, en Belgique, sur les antennes de l'INR Français, de l'INR Flamand, ainsi que sur Radio Luxembourg.

Engagé à l'Opéra de Francfort s/ Main en 1933 pour y interpréter des œuvres de Richard Wagner, son contrat est cassé par les autorités nazies.

En 1937, il est à l'affiche du Teatro Reale de Parme dans Lohengrin, chanté en italien. Sa carrière italienne est cependant de courte durée, le public jugeant son art du chant trop académique[7].

La même année, dans le rôle de Faust de La Damnation de Faust, il est aux côtés de Ninon Vallin (Marguerite) et de Vanni-Marcoux (Méphistophélès) pour la représentation exceptionnelle donnée à l'occasion du Bicentenaire du Capitole de Toulouse.

Les 4 et 6 mars 1938, en pleine guerre civile et malgré les alertes aériennes perturbant les représentations, il chante au Liceo de Barcelone : Samson et Dalila avec Lucienne Anduran.

En 1939, des projets d'engagements au Colon de Bunos Aires et au Metropolitan de New York sont interrompus par la déclaration de guerre et, comme bien d'autres artistes résidant en France, Fernand Faniard poursuit sa carrière dans son pays d'adoption aussi bien qu'en Belgique, avec toujours le même succès.

Il est présent sur presque toutes les scènes de France (Lyon, Marseille, Toulouse, Nice, Lille, Amiens, Vichy, Rouen, Orange, Vaison-la-Romaine, etc.), d'Algérie (comme les représentations à guichets fermés d'Alger et d'Oran par ses interprétations de l'Éléazar de La Juive et du Jean d’Hérodiade), du Maroc (Casablanca), de Belgique (Gand, Liège, Namur, Verviers) ainsi qu'en Suisse, au Grand Théâtre de Genève (1940).

En 1942, aux côtés de José de Trévi et de José Beckmans, il incarne le Cardinal Bernardo Novagiero dans le Palestrina de Hans Pfitzner (version française).

Après-guerre[modifier | modifier le code]

En 1949, 1950 et 1951, sous la direction de Georges Hirsch – et plusieurs fois même au pied levé – il reprend les rôles de Lohengrin et Tristan aux côtés de Suzanne Juyol, en compagnie de René Bianco et Pierre Froumenty, sous la baguette de Georges Sébastian.

Au Grand Théâtre de Bordeaux, il est le partenaire de la célèbre vedette de Bayreuth : Germaine Lubin (Tristan et Isolde) et d'André Pernet (Damnation de Faust).

En 1951, à Strasbourg, dans le rôle du Cardinal-Archevêque de Mayence, il participe à la création, en français, de Mathis le peintre de Paul Hindemith, en compagnie de Rita Gorr, Andine Yosif et Roger Barsac, sous la baguette d'Ernest Bour.

Après la guerre et son adoption de la nationalité Française en 1949, il participe, sur les ondes de la "Radiodiffusion Française" et notamment avec Suzanne Juyol pour des extraits de Tristan et Isolde et de Siegfried, à plusieurs émissions de Roland-Manuel : « Plaisir de la Musique » (1949, 1950).

On peut l'entendre également dans Geneviève de Paris de Marcel Mirouze (1950), dans Guercœur d'Albéric Magnard (Heurtal), ainsi que dans l'intégrale de L'Attaque du moulin d'Alfred Bruneau, diffusée le 9 octobre 1952, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort d'Émile Zola, inspirateur de l'œuvre. Ces deux derniers opéras sont sauvegardés par l'INA.

Toujours sur les ondes françaises et comme il l'avait déjà fait à l'École normale en 1938 (ce qui avait suscité l'étonnement admiratif de nombreux connaisseurs), il donne en 1950 et 1951 l'intégrale des "Amours du Poète (Dichterliebe) de Robert Schumann, chanté en allemand et accompagné au piano par Pierre Capdevielle. En 1951, sur les antennes de "Radio-Stuttgart" et de "Radio Francfort", il se produit dans un récital de mélodies de compositeurs Français (Fauré, Duparc, Saint-Saëns, Debussy, Chausson).

Contraint, en 1953, de cesser toute activité après les premières atteintes de la maladie qui le fera mourir, Fernand Faniard s'éteint à Paris à son domicile, 68 boulevard Soult, le 3 août 1955.

Après le décès du ténor Van Dyck, en 1923, les costumes de l'artiste furent mis en vente. Fernand Faniard en acheta la plus grande partie, dont le manteau de Tristan qui lui servira de linceul.

Répertoire musical[modifier | modifier le code]

Samson et Dalila, Faust, Monna Vanna, Antar, Alceste, Quo Vadis, Messalin, Castor et Pollux, Lohengrin, Tannhäuser, Tristan et Isolde, Parsifal, Rienzi, Aïda, Salomé, Boris Goudonov, Palestrina, Patrie, ...

Fernand Faniard a notamment travaillé avec Maurice Corneil de Thoran et fait partie de la troupe de La Monnaie[8].

Il a collaboré avec le réalisateur de cinéma et coauteur de la célèbre pièce de théâtre Le Mariage de Mademoiselle Beulemans Fernand Wicheler et les comédiens Gilberte Legrand et Willy Maury.

Après la mort de Wicheler (en 1935), Willy Maury devient le compagnon de Gilberte Legrand (la veuve Wicheler). Le couple et Faniard poursuivent leur collaboration, enregistrant même quelques 78 tours chez "Perfectaphone" et chez "Ultraphone", sous le pseudonyme de Darfany. Une opérette intitulée Ces Messieurs aux chapeaux noirs (en contrepoint de la célèbre pièce de théâtre Ces dames aux chapeaux verts tirée du roman du même nom) était en cours d'élaboration en 1937–1938, la création étant prévue pour 1940, projet réduit à néant par la déclaration de guerre.

Enregistrements[modifier | modifier le code]

En dehors d'un 78 tours confidentiel de deux mélodies flamandes, les enregistrements de Fernand Faniard sont rarissimes.

C'est sans doute à la suite de cette première expérience que, par scrupule et par crainte, il a toujours refusé les propositions des compagnies de disques.

En effet, il se jugeait avec la plus extrême sévérité et redoutait par-dessus tout de se décevoir lui-même.

Les seuls témoignages sonores qui nous restent proviennent, pour la plupart, d'émissions radiophoniques dont la trace a été conservée presque par hasard et, en particulier, deux enregistrements provenant de "Radio-Alger", réalisés et emmenés en France par Jacques Bedos. Ce dernier les a déposés aux archives de l'INA/Radio-France où ils ont été miraculeusement retrouvés.

Aucune trace de ses interprétations wagnériennes n'a pu être préservée.

C'était pourtant le domaine où il manifestait la pleine mesure de son talent et dans lequel il a connu ses plus grands succès.

  • Mélodies Flamandes (en néerlandais) :
    • Hoe lustig zweeven [Quelle joie de planer] (Geodel-Ottoy-Jennesky),
    • Het huisje bij den toren [La maisonnette près de la tour] (J. van Laar Sr.) Polydor 1936, Serie JAP 512.673
  • Mélodies de compositeurs français :
    • Clair de lune
    • Fleur jetée (Fauré)
    • Chanson triste (Duparc)
    • Le Manoir de Rosemonde (Duparc)
    • Tendresse (Bachelet)
    • La chanson des trois roses (Bachelet)
    • Sabre en main (Saint-Saëns)
    • Beau soir (Debussy) - Mandolines (Debussy)
    • La Caravane (Chausson). Heirich Baumgartner, piano (Radio Stuttgart, 6 décembre 1951, Archives du Süddeutscher Rundfunk).
  • Ah! quels tourments (Zémire et Azor / Grétry) - "Bannis les craintes et les alarmes" (Alceste./ Gluck). Orchestre sous la direction de Roger Ellis (Radio Alger, 18 août 1949, Archives INA/Radio-France).
  • Dichterliebe / Les amours du poète (Schumann). Extraits : nos 1-4, 6-8, 10, 13, 16 (en allemand)
  • Schwanengesang/ "Le chant du cygne" - Extraits : Der Doppelgänger / Le sosie (Schubert) (en allemand). Pierre Capdevielle, piano (enregistrement privé : Studio Technisonor, 1950, Archives INA/Radio-France).
  • Prométhée (Hugo Wolf) Paroles françaises de Fernand Faniard.
  • Le voyage nuptial du chevalier Conrad (Ritter Kurts Brautfahrt - Hugo Wolf) Paroles françaises et orchestration de Fernand Faniard. Orchestre et direction inconnue (Radio Strasbourg, 1950, Archives INA/Radio-France).
  • Guercœur (Albéric Magnard), avec Marcelle Bunlet, Jacqueline Delusseux, Denise Scharley, Flora Betty, Marisa Ferrer, Yvette Darras, Bernard Demigny. Orchestre Radio-Lyrique de la R.T.F./ Direction : Tony Aubin (mars 1951, Archives INA/Radio-France, publié sur disque 33 tours).
  • L'Attaque du moulin (Alfred Bruneau), avec Jeanne Rolland, Hélène Bouvier, Yvette Darras, Charles Cambon, Lucien Lovano, Jacques Bouet, Marcel Hénot, Bernard Lefort, Joseph Peyron. Orchestre Radio-Lyrique de la R.T.F./ Direction : Eugène Bigot (9 octobre 1952, Archives INA/Radio-France).
  • Mélodies et Airs d'Opéra. Catégorie "Enregistrements Historiques" (CD Musique en Wallonie : Août 2009)

Versions françaises :

  • Mélodies d'Hugo Wolf sur des Poèmes de Gœthe (Éditions Hinrinchsen, Londres, 1951)
  • Ritter Kurt Brautfahrt (le voyage nuptial du Chevalier Conrad) (+ orchestration)
  • Gutmann und Gutweib (Bonhomme et Bonne femme) (+ orchestration)
  • Cophtisches Lied (Chanson Cophte)
  • Beherzigung (Discernement)
  • Prometheus (Prométhée)
  • Ganymed (Ganymède) (+ orchestration)
  • Grenzen der Menscheid (Les Limites Humaines)

Orchestration seule :

  • Les Deux Grenadiers , [Mélodie de Robert Schumann sur un Poème de Heinrich Heine]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Son acte de décès (n°1955) dans les registres de décès du 12ème arrondissement de Paris pour l'année 1955
  2. Raymond Smeets-Faniard
  3. Odile Faniard mezzo soprano par Jean-Michel Oberland
  4. « Odile FANIARD, Chanteuse », sur www.musiciens.fr (consulté le )
  5. Les Copains d'abord à Salbris - Lutz Griebel, témoignage de Raymond Smeets, son fils
  6. « Laurent Swolfs », sur Discogs (consulté le )
  7. Algemeine Muziek-Encyclopedie de Corbet/Wouter Paap/Robijns - Volume 2. Zuid Nederlandse Uitgeverij - Édition de 1958 (R. Verbruggen).
  8. Hommage à Corneil de Thoran, chef d'orchestre et directeur du théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles (Liège, 15 janvier 1881- Bruxelles, 6 janvier 1953)

Sites externes[modifier | modifier le code]